Impact de la cétose sur la reproduction chez la Jersiaise en élevage intensif Cas de la ferme de Wayembam dans la zone périurbaine de Dakar
INTRODUCTION En Afrique sub-saharienne, le développement des villes consécutif à l’accroissement démographique et à l’exode rural rend difficile leur approvisionnement en produits alimentaires en général et en produits laitiers en particulier. Cette demande en lait et produits dérivés, qui ne cesse d’accroître malgré les efforts fournis par certains pays dont le Sénégal depuis quelques années, est devenue de plus en plus préoccupante et angoissante pour les gouvernements. Pour pallier à ce déficit, le Sénégal importe 51 p.100 de lait et produits laitiers [39] . Malgré ces importations qui occasionnent des lourdes dépenses sur le budget national, la consommation par habitant ne cesse de baisser. Compte tenu des coûts élevés des importations (35 milliards de FCFA [39]), des enjeux socio-économiques et de l’importance du lait dans l’alimentation de l’homme à travers sa valeur nutritionnelle et ses vertus thérapeutiques (aliment nutraceutique), l’Etat sénégalais a déployé depuis les années 60 plusieurs stratégies pour augmenter la production laitière. En dépit de tous ces efforts, les premières expériences (SOCA : Société Agro-alimentaire) ont connu des échecs et les exploitations laitières existantes ont présenté des résultats mitigés.
L’essor des ressources animales passe par l’intensification de la production qui nécessite une connaissance et une maîtrise de tous les facteurs pouvant entraver la productivité du cheptel, dont les maladies métaboliques chez les vaches laitières hautes productrices (VLHP) en élevage intensif. Ces dernières sont bien souvent le reflet de l’intensification de l’élevage et de la production surtout laitière. Parmi ces maladies de productions on a la cétose encore appelée “maladie économique”, car elle coûte chère aux exploitations laitières par les diminutions brutales de la production, les troubles de la reproduction et les frais thérapeutiques qu’elle engendre. Notre étude intitulée “Impact de la cétose sur la reproduction chez la Jersiaise en élevage intensif : Cas de la ferme de Wayembam dans la zone périurbaine de Dakar ” est une réponse à la question posée. L’objectif de ce travail est d’évaluer l’incidence de la cétose et ses effets sur l’état de subfertilité des bovins laitiers en élevage intensif, afin de formuler des recommandations et proposer des solutions d’amélioration aux exploitations intensives au Sénégal.
Potentialités de la production laitière au Sénégal
Les races locales sont constituées de trois types génétiques : le zébu Gobra, le taurin Ndama et le Djakoré (métisse issu de ces deux races). Ces races recèlent des caractéristiques intéressantes qui leur confèrent une adaptation à leur environnement et s’accommodent bien aux systèmes de production traditionnels. Le cheptel autochtone dénombre 34 p.100 de reproductrices avec un taux de fécondité de 61 p.100 et un taux de mortalité post vêlage (entre 0 et 3 mois) de 10 p.100 [44]. L’intervalle vêlage-vêlage chez les vaches est de 19 ± 6,4 mois [36]. D’une manière générale, leur potentiel génétique sur le plan boucher est très intéressant, contrairement au potentiel laitier qui est médiocre [12]. Cependant, le niveau de la production laitière des métisses, obtenu au cours des expériences de croisement faites par le projet PAPEL (Projet d’Appuis à l’Elevage), entre les races locales et les races laitières tempérées (Holstein et Montbéliarde), a donné de bons résultats. Leur production varie entre 5,5 à 7,5 litres/jour/vache. En outre ces produits croisés sont plus exigeants du point de vue conduite et alimentation.
La mise en place des fermes laitières dans la zone des Niayes a permis l’introduction des races exotiques entre autres la Pakistanaise, la Montbéliarde, la Tarantaise, la Jersiaise et la Holstein. De façon générale, le rendement laitier de ces animaux est satisfaisant (6 à 20 litres/jour), comparé à celui de nos races locales. Cependant le potentiel génétique de certaines races a montré ses limites par rapport aux conditions environnementales et à la conduite d’élevage. Pour améliorer le niveau de production laitière, le gouvernement sénégalais avait mis en place plusieurs stratégies, visant l’intensification des systèmes de production laitière à travers des actions portant sur l’amélioration des conditions d’élevage par la réduction des contraintes sanitaires et nutritionnelles, l’amélioration du niveau génétique des races locales par l’insémination artificielle (IA) et l’introduction des races exotiques. C’est dans cette optique qu’on remarque depuis quelques années, l’émergence du secteur intensif dynamique, implanté surtout dans la zone des Niayes et préoccupé par des règles de rentabilité financière et de maximisation du profit [45]. Ce système est caractérisé par un recours important aux intrants et des investissements considérables. Il est constitué de deux types d’acteurs; d’une part les grandes fermes privées telles que la ferme de Niacoulrab et la ferme de Wayembam et d’autre part les petites exploitations organisées en coopérative (COPLAIT). Il concerne une faible partie du cheptel bovin (1 p.100) et ne permet qu’une production d’un million de litres par an de la production nationale [39].