INTRODUCTION
Le paludisme reste aujourd’hui l’une des maladies parasitaires les plus graves dans le monde et représente une menace majeure pour près de 3,2 milliards de personnes, avec 300 à 660 millions de cas cliniques par an [64]. Il tue 1 à 2 millions d’individus surtout les enfants de moins de 5 ans. Le paludisme tue un enfant toutes les 30 secondes dans le monde, la plupart en Afrique au sud du Sahara [50]. Le paludisme est endémique dans 107 pays dont 45 pays en Afrique [51]. Dans les pays d’endémie africains, il est à l’origine de 25% à 35% des consultations ambulatoires, de 20% à 45% des hospitalisations et de 15% à 35% des décès à l’hôpital, faisant ainsi peser une lourde charge sur des systèmes de santé déjà fragiles.[71, 20]. Le coût que le paludisme occasionne aux pays est estimé à plus de 12 milliards la perte annuelle de PIB (Produit Intérieur Brut) en Afrique, et se compose du coût de lutte et de celui des journées perdues [51]. Chez les enfants, il est une cause d’absentéisme scolaire chronique et parfois d’une baisse des facultés d’apprentissage. Les femmes enceintes, les voyageurs et les immigrés des zones non endémiques constituent un autre groupe à risque. Les stratégies actuelles de lutte sont basées essentiellement sur : • La chimioprophylaxie des femmes enceintes (Traitement Présomptif Intermittent). • La prise en charge précoce des cas cliniques • La réduction du contact homme – vecteur par l’utilisation de supports imprégnés d’insecticides. Des quatre espèces inféodés à l’homme : Plasmodium falciparum, Plasmodium malariae, Plasmodium ovale, Plasmodium vivax ; Plasmodium falciparum est de loin la plus redoutable car elle est responsable du neuropaludisme et des décès liés au paludisme et représente 85 à 95% de la formule parasitaire.
Les échecs des campagnes d’éradication menées jusqu’à présent sont essentiellement dus à la résistance acquise du vecteur, l’anophèle femelle, aux insecticides et celle progressive du parasite aux antipaludiques classiques notamment à la chloroquine. Aujourd’hui, pratiquement tous les médicaments antipaludiques semblent être touchés à des degrés divers par la chimiorésistance qui s’étend géographiquement et en intensité. De plus l’emploi d’antipaludiques efficaces telles que l’amodiaquine ou l’association sulfadoxine/pyriméthamine a du être réduit à cause d’effets secondaires sérieux [8]. Les vaccins constituent à cet effet les outils privilégiés de lutte contre les maladies infectieuses, les outils les plus bénéfiques en santé publique. De nouvelles stratégies de luttes antipalustres deviennent nécessaires. La vaccination en diminuant l’incidence des accès palustres, sera un atout majeur dans la lutte contre ce fléau. Les efforts de développement de vaccins antipaludiques se sont concentrés essentiellement sur deux étapes dans le cycle biologique de Plasmodium falciparum notamment l’invasion des hépatocytes par les sporozoïtes et des érythrocytes par les merozoïtes. Un vaccin visant les merozoïtes permettrait d’éviter les manifestations cliniques en bloquant l’invasion des érythrocytes. Les signes cliniques du paludisme sont dus à la multiplication des parasites sous forme de merozoïtes dans les globules rouges. Un vaccin qui provoquerait la production d’anticorps dirigés contre ces merozoïtes de P.falciparum, pourrait réduire la morbidité et la mortalité liée au parasite mais n’empêchera pas l’infection. Les vaccins ciblant les stades sexués du parasite visent à interrompre la transmission du paludisme. Les anticorps produits par un tel vaccin sont ingérés par le moustique lors d’un repas sanguin en même temps que les gamétocytes et bloquent le développement du parasite dans l’estomac du moustique.
Le centre de recherche et de formation sur le paludisme (MRTC) de l’université de Bamako (Mali), en partenariat avec l’institut national de la santé (NIH) des Etats Unis a conduit depuis 1996 des études de préparation de sites à Donéguébougou en vue de tester les candidats vaccins antipaludiques à savoir la MSP1-42 (Protéine de Surface du Merozoite) et AMA1 (Antigène Apicale de Membrane).
Objectif général
Evaluer la réponse humorale contre le candidat vaccin AMA1 (Fvo et 3D7) chez les volontaires de l’essai vaccinal de Donéguébougou par la technique ELISA au laboratoire d’immunologie du MRTC.
Objectifs spécifiques
1. Effectuer le contrôle de qualité du dosage des anticorps anti-AMA1 (Fvo et 3D7) chez les volontaires de l’essai vaccinal de Donéguébougou par la technique ELISA au laboratoire d’immunologie du MRTC ;
2. Déterminer la dose de AMA1-C1 qui génère la concentration la plus élevée d’anticorps par la technique ELISA chez les volontaires de l’essai vaccinal de Donéguébougou ;
3. Mesurer et comparer la dynamique de la réponse des anticorps anti-AMA1 (Fvo et 3D7) selon l’âge chez les volontaires de l’essai vaccinal de Donéguébougou;
4. Comparer la réponse des anticorps anti-AMA1 (Fvo et 3D7) chez les volontaires qui ont reçu le vaccin AMA1-C1 et ceux qui ont reçu le vaccin Recombivax.
5. Déterminer la corrélation de la réponse humorale de souches Fvo et 3D7 P.falciparum à l’inclusion et au cours du suivi (J0-J540) chez les volontaires de l’essai vaccinal de Donéguébougou.
Immunologie du paludisme
Au cours d’une infection palustre l’organisme humain se défend par deux mécanismes immunitaires : L’immunité naturelle ou innée : cette résistance se traduit chez l’homme par un état réfractaire au parasite dès le premier contact, relevant de la constitution génétique de l’homme. Les mécanismes qui déterminent cette résistance innée impliquent les paramètres biologiques influant sur le parasite et la susceptibilité de l’hôte selon l’âge, la race, le sexe. L’immunité acquise qui est une réponse spécifique, impliquant la réponse humorale et cellulaire, un état immunitaire acquis progressivement, provoqué et entretenu par la présence du parasite dans l’organisme ou l’exposition en zone d’endémie.
Les paramètres biologiques influant sur le parasite
Diminution de la pathogénicité
L’immunité congénitale, anticorps IgG passés de la mère immune au nouveauné, protège celui-ci pendant environ six mois contre les accès graves du paludisme.
Les hémoglobines anormales, HbF (thalassémies) et HbS (drépanocytose), HbC perturbent la schizogonie et diminuent donc la virulence du parasite.
La déficience en glucose-6-phosphate déshydrogénase (G-6PD) gène considérablement le développement du parasite.
La malnutrition protéique gêne également la croissance du parasite ; un régime exclusivement lacté entrave la schizogonie.