IElevage porcin

IElevage porcin

Les éleveurs de cochons ont aussi effectué une tentative d’intégrer les écrevisses marbrées dans l’alimentation de leur petit élevage. En raison de son abondance dans les rizières, les ruraux ont pensé qu’elles pourraient contribuer à l’alimentation des cochons. Alors les EMs sont devenues un supplément du classique son de riz et de bouilli avec des restes de la préparation des repas. Dans un but d’obtenir un résultat efficace, les éleveurs de cochons n’ont pas lésiné sur l’alimentation de leur petit cochon. Les écrevisses marbrées sont données aux cochons à volonté qu’ils les rejettent à force d’en manger ou ils les digèrent mal et attrapent des urticaires comme les personnes allergiques aux crustacés. Ces cas ont été confirmés par quelques éleveurs de cochons à Soavimasoandro. La consommation d’écrevisses par ces cochons peut aller jusqu’à un seau par jour. Parmi une centaine de tête dans les trois sites, le taux d’adoption de l’insertion des écrevisses marbrées dans l’alimentation de leurs cochons chez les enquêtées est encore faible (40%) par rapport à la consommation des canards qui est de 100%.

Une vente libre des écrevisses

Au deuxième semestre de l’année 2006, les écrevisses marbrées n’apparaissaient sur le marché qu’en petite quantité. La vendeuse d’écrevisses se promène dans les marchés de la capitale avec une cuvette sur la tête. Peu à peu avec le temps, les écrevisses marbrées occupaient l’étal des marchands de poissons pour arriver sur les comptoirs des épi-bars de la capitale. Crue ou cuite, tout le monde dégustait cette nouveauté sans se poser de question. Personnes n’en interdisaient ni la vente ni la consommation. Au fur et à mesure que le temps avançait, les écrevisses gagnaient de plus en plus de terrain sur les marchés de la capitale jusqu’à saturation.

Vente des écrevisses : activité populaire et rémunératrice

Lors de son percé sur le marché, le kapoaka se vendait à 700 Ar. Avec l’accroissement des vendeurs jusqu’à saturation du marché, le prix baissait jusqu’à 300 Ar voire 200 Ar le kapoaka. Mais malgré cela un vendeur pouvait percevoir jusqu’à 20 000 Ar par jour. En effet, une vendeuse d’écrevisses au marché d’Analamahitsy pouvait écouler plus de 4 seaux par jour. Un seau peut contenir 20 kapoaka vendu chacun à 250 Ar, donc son chiffre d’affaire peut allé jusqu’à 20 000 Ar à la fin de la journée. Cette dernière est réellement déçue qu’il y ait eu cette conscientisation puisque sa petite affaire qui marchait si bien s’est interrompue. Quand on s’écarte un peu de la ville, le prix est un peu plus avantageux pour les vendeurs (500 Ar le kapoaka). D’après un entretien mené auprès d’un vendeur résidant à Ambavahaditokana Itaosy dans le fokontany d’Ambohimandroso, il emmènerait un demi-sac d’écrevisse à Imeritsiatosika deux fois par semaine. Un demi sac peu contenir 25 kapoaka ; ce qui lui laisserait une somme de 20 000 Ar également une fois le frais de transport défalqué du prix total de la production. Le prix du kapoaka est le même que celui du précédant vendeur pour une vendeuse qui écoule ces écrevisses à Mahitsy. Originaire du quartier du Mamba elle étend sa zone de commerce jusqu’à Firavahana (région Itasy) où elle troque les « Foza orana » contre du paddy, c’est plus avantageux ainsi, a-t-elle affirmé. Une véritable filière allait s’organiser. Les écrevisses marbrées ramassées sont vendues et consommées par les habitants de la plaine. Mais une campagne de sensibilisation est survenue et par la suite, elle a déferlé ce ramassage et la vente des écrevisses marbrées. Cette activité a connu une courte pause avant de reprendre son cours. Mais des changements se sont opérés dans la «filière écrevisse ». Ces changements ainsi que les causes de sa persistance seront développées dans ce troisième chapitre.

La conscientisation menée par le DBA a largement modifié la forme de vente des écrevisses. Les impacts de cette campagne de sensibilisation se sont surtout matérialisés par leurs diffusions dans les journaux quotidiens de la capitale malgache. Les écrevisses sont classées des êtres dangereux autant pour les activités économiques que pour la santé humaine ainsi que pour la biodiversité. Presque la majorité des journaux en ont fait leur une (cf. annexe 1), relatant des faits qui pourraient dégoûter les consommateurs. Des artistes ont également écrit des chansons sur ces écrevisses étrangères. Des paroles qui se rajoutent au propos tenus par les journaux. Pour les urbains le nom « foza orana » englobe tout ce qui est bon marché et vulgaire comme les téléphones mobiles ZTE A35 ou les ALCATEL OTE 311 qui ont fait l’objet de vente promotionnelle chez les opérateurs en télécommunication. Les jeunes filles un peu frivoles sont également traitées de « foza orana » pour la simple raison que ces écrevisses se reproduisent dès leurs jeune âge. Même la manière de penser de certaines personnes qui répètent les mêmes erreurs sont classées de « foza orana ». L’usage de ce nom ne connaît pas de limite car pour cette année 2009, certains partisans politiques accusent d’autres de « foza orana ». Ces cas cités ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres qui montrent que le mot « foza orana » est dévalorisant voire péjoratif pour certaines personnes qui ne veulent ni être traitées de ce nom ni en consommer. Par conséquent, les riverains aux abords immédiats de la plaine ont légèrement hésité avant de reprendre l’exploitation de ces nouvelles ressources. Malgré cette campagne de sensibilisation, les ruraux de Betsimitatatra poursuivaient de tirer profit de la présence de ces écrevisses étrangères. Même si le ramassage, la vente et la consommation des EMs ont repris leur cours, il est à noter que des changements ont été constatés dans la « filière écrevisses marbrées ».

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