Identifier les risques et les facteurs de stress au travail des techniciens du dégivrage
Une revue bibliographique a été réalisée entre 2000 et 2012, centrée sur les activités de travail des techniciens du dégivrage au sol par (Mounet, Morency, & Nadeau, 2013). Ces derniers ont identifié l’ensemble des risques à la santé et la sécurité documentés auxquels les techniciens du dégivrage étaient exposés.
Ces études ont été complétées par (Nadeau & Morency, 2017) en s’appuyant sur une large littérature interdisciplinaire entre 2009 et 2014 dans le but de recueillir des connaissances sur le facteur humain dans le domaine de la maintenance aéronautique et plus particulièrement les activités de dégivrage au sol des avions. En effet, ils ont notamment relevé qu’il s’agit d’un secteur à risques d’accidents en identifiant les principaux risques tels que les chutes de hauteur, les éclaboussures de liquide dégivrant et antigivrant, les risques de glissements, de collisions avec des avions, l’aspiration par les moteurs, les risques liés à l’environnement (e.g. froid), les lésions musculosquelettiques, la fatigue ou encore les risques liés à la pression temporelle.
(Torres et al., 2013) ont par ailleurs réalisé une observation de l’activité de dégivrage au sol ce qui leur ont permis d’identifier et d’organiser en quatre catégories, les facteurs influençant les performances au travail des techniciens du dégivrage au sol, encore appelés facteurs de stress par (Helbig & Rohmert, 2011). Treize facteurs ont été relevés tels que les facteurs organisationnels (heure travail/repos, rémunération, programme de formation), les facteurs technologiques (cabine fermée/ouverte, équipement de dégivrage, flexibilité des activités de travail), les facteurs économiques (quantité de liquide pulvérisé, temps de cycle, coût des équipements de dégivrage) et enfin les facteurs ergonomiques et sécuritaires (environnement de travail, communication, travail d’équipe, fatigue et charge de travail). Les techniciens du dégivrage sont exposés, sans distinction interpersonnelle entre eux, simultanément à plusieurs de ces exigences, ce qui aboutit à un stress combiné, parfois difficile à maîtriser.
Nous nous sommes intéressés essentiellement à l’influence des facteurs de stress ergonomiques et sécuritaires sur la performance au travail des techniciens du dégivrage, dont voici la synthèse des études réalisées sur ce sujet jusqu’à ce jour, dans les sections suivantes . L’influence de certains facteurs de stress technologiques sera détaillée dans la section .
La communication entre les acteurs
À partir d’une revue littéraire centrée sur la terminologie ainsi qu’une observation de l’activité de dégivrage au sol dans sa globalité (Günebak, Nadeau, Morency, & Sträter 2016) ont conclu que ce procédé, eus égard aux communications entre les différents acteurs, était un système socio-technique complexe. En effet, l’étude met en avant qu’il s’agit d’un système complexe, car il y a deux langues de communication impliquant la présence de deux fois plus de codes et de langages techniques. De plus, ce système est composé d’un ensemble de composants agissants en interactions pour atteindre un même but, mais ce système est complexe, car dynamique et il présente des dangers potentiels. (Landau, Nadeau, Le Floch, & Morency, 2017) ont par ailleurs décrit l’activité de dégivrage en nacelles ouvertes et répertorié toutes les interactions macroscopiques homme-machine système (Voir ANNEXE IV, Figure-A IV-1).
De plus (Günebak, Nadeau, Morency, & Sträter, 2015) se sont appuyés sur un rapport de la European Aviation Safety Agency (EASA) pour présenter les problèmes de communication comme l’une des causes d’incidents et d’accidents les plus fréquentes dans les activités de dégivrage et d’antigivrage. Cela représenterait entre 25% et 30% de l’ensemble des incidents et accidents durant l’année 2009. Une des raisons avancées dans l’étude serait que les procédures de communication dans le dégivrage au sol ne sont pas normalisées internationalement, mais l’équipe de dégivrage doit suivre des règles différentes, instaurées par diverses organisations. (Günebak et al., 2015) concluent qu’il est nécessaire qu’il y ait d’autres investigations pour approfondir le sujet de la communication au sein des équipes de dégivrage.
Organisation du travail
Les informations qui suivent dans cette partie ont été obtenues auprès de l’entreprise qui a accepté d’être étudiée. Ces données concernent seulement cette entreprise. Le personnel de dégivrage au sol est réparti sur la journée par quart de travail, du matin (5h-14h) ou du soir (14h-23h). Ces horaires peuvent être amenés à être modifiés selon l’importance du trafic aérien et selon l’évolution des conditions météorologiques. Une équipe réduite de nuit (23h-5h) peut également être en poste, afin de répondre aux besoins de l’aéroport. De plus, cette activité de dégivrage est saisonnière, car la période d’activité la plus importante se déroule entre le 1er décembre et le 31 mars environ, selon les évolutions météorologiques chaque année. Ce travail est réalisé par deux types de techniciens du dégivrage, ceux en nacelles ouvertes et ceux en nacelles fermées. En pleine saison, il y a jusqu’à 125 techniciens du dégivrage actifs, avec en moyenne douze techniciens du dégivrage en nacelles ouvertes et huit techniciens du dégivrage affectés en nacelles fermées sur les quarts de travail de jour. Ces techniciens du dégivrage ont tous été formés théoriquement durant 40h, suivis d’une formation pratique d’environ 40h également. Ces techniciens du dégivrage réalisent d’autres activités de travail que celle du dégivrage d’avions (e.g. : entretien des camions de dégivrage). Dans notre cas d’étude, nous nous intéresserons seulement au travail des techniciens du dégivrage dans la nacelle au moment du dégivrage d’avions.
INTRODUCTION |
