Identification des menaces et suivi de la
reproduction des oiseaux marins
Historique du PNIM
Le Sénégal, sous la haute diligence des autorités des parcs nationaux a créé un parc insulaire en 1976 par décret N°760033, nommé Parc National des Iles de la Madeleine (PNIM) suite aux recommandations des diverses conférences internationales et précisément de la deuxième conférence mondiale sur les parcs nationaux qui s’est tenue à Yellowstone en 1972 (Dème, 2003). Ces îles ont été érigées en forêt classée dès 1949 à cause de leur caractère sacré pour la communauté Lébou qui habite la presqu’île du Cap-Vert (Dakar). Sa candidature à une inscription sur la liste du patrimoine mondial a été soumise à l’UNESCO le 18 novembre 2005. Aussi, la biodiversité de ces îles a permis, en 1976, de faire évoluer leur statut en parc national. En effet, ces Iles sont le lieu de reproduction de plusieurs espèces d’oiseaux marins dont la plus attractive est le Phaeton aethereus mesonauta (DPN, 2007 ; DPN, 2009). Selon BirdLife International (2013), cette espèce ne serait observable que sur les îles tropicales et subtropicales telles que les Iles Galápagos et les Îles Caïmans. Selon C. Descamps et Barbey (1968), l’appellation « iles aux serpents » est récente et ne figure sur aucune carte antérieure au 20ème siècle. Les reptiles venimeux sont peut-être à l’origine de ce nom mais rappelons qu’il n’y a qu’une espèce de couleuvre bien inoffensive sur cette ile et que ce nom serait peut-être issu d’une légende dont on ignore l’origine. Par contre d’autres disent que cette expression est une déformation de l’ilot Sarpan du nom d’un sergent qui a travaillé sur l’île au temps des colons. I.2. Organisation et gestion L’élaboration d’un plan de gestion s’inscrit dans la mise en œuvre de la Convention de Ramsar notamment en son article 3 ; celui-ci stipule que « les parties contractantes élaborent et appliquent leurs plans de gestion de façon à favoriser la conservation des zones humides ». Comme tous les parcs du monde, le PNIM a aussi trois types de missions : protéger la nature, soutenir les activités traditionnelles et gérer la fréquentation du public. Cependant l’objectif de gestion à long terme du PNIM est de préserver la biodiversité tout en valorisant ses diverses potentialités touristiques, culturelles. Sous l’autorité de la direction des parcs nationaux et du Ministère de l’environnement et du développement durable, l’équipe de gestion en place comprend, outre le conservateur et son adjoint, le comptable et de trois lieutenants responsables des suivis ornithologiques et les agents en charge de la surveillance du parc (DPN ,2010). Mémoire de Master II /2016.Abdou Karim HOUMENOU/ Ecologie et Gestion des Ecosystèmes
Caractéristiques physiques
Relief
Le volcanisme des îles de la Madeleine date du tertiaire, est considéré comme appartenant au système éruptif de Dakar (Gorodiski, 1952). Ainsi les îles de la Madeleine sont essentiellement constituées de brèches et de coulées volcaniques. Elles sont en grande partie recouvertes par une cuirasse latéritique ou des couvertures récentes. L’île principale est bordée au nord, à l’est et au sud-est par des falaises abruptes ; elles peuvent atteindre une hauteur de 35 mètres sur la côte est face à Dakar. Ces falaises forment un plateau horizontal dominé par deux cuestas dont l’une porte une ancienne construction en ruine. Le plateau tombe en pente douce vers une baie qui s’ouvre sur une crique située au sud appelée la crique Hubert ; c’est la seule voie d’accès à l’île. A l’arrière de cette crique, se trouve un bassin naturel de 30 mètres de long sur 10 mètres de large avec une profondeur de 4 mètres. De par son caractère insulaire et sa composition essentiellement faite de basanites le PNIM couvre une superficie globale de 45 ha et comprend : – l’île principale (île de la Madeleine ou île aux serpents) d’une superficie de 17 ha (longueur 600 m, point ne culminant à 30 m) ; – les îles ‘Lougnes’ très difficiles d’accès et qui correspondent à des affleurements rocheux à environ 250 m au sud-est de l’île principale ; – une partie maritime correspondant à une bande de 50 m en marée basse ceinturant les îles et d’une superficie de 22 ha (DPN ,2010).
Hydrodynamisme du milieu
Du fait de la position très avancée de Dakar dans l’atlantique, les Iles de la Madeleine, situées au large de Dakar, sont animées par des conditions hydrodynamiques très complexes rendant parfois son accès très difficile. La marée varie entre 0,4 m et 1,6 m par rapport au zéro hydrographique en période de vives eaux et entre 0,7 et 1,3 m en période de mortes eaux. En ce qui concerne les courants : – En hiver : le courant général des Canaries partant du nord vers le sud, parallèlement à la côte, les eaux littorales sont froides et riches, – En été : on observe un contre-courant équatorial partant du sud vers le nord, ces eaux océaniques sont chaudes et pauvres. Les houles sont de trois (3) sortes au Sénégal : – La houle du nord nord-ouest qui a lieu toute l’année, – la houle du sud sud-ouest apparaît pendant l’hivernage, – la houle d’ouest observée aux environs du mois de novembre (DPN ,2010).
Climat et température
Le climat de la région de Dakar est de type canarien subit fortement l’influence des facteurs géographiques et atmosphériques. Par la présence d’une façade maritime ceinturant presque toute la région, il est caractérisé, pendant une bonne période de l’année, par un micro – climat marqué par l’influence de l’alizé maritime ; d’où l’existence d’une fraîcheur et d’une humidité quasi permanente et relativement forte de l’ordre de 70%. Toutefois, le harmattan, l’alizé continental saharien, se fait sentir faiblement en saison sèche et au fur et à mesure que l’on s’éloigne des côtes. La température varie entre 17° et 25° C de décembre à avril et de 27° à 30 ° C de mai à novembre. Le régime des vents est marqué par l’influence prédominante de l’alizé. Ce dernier est issu de l’anticyclone des Açores. Sa direction principale varie du nord-nord-ouest au nord-nord-est. La pluviométrie est caractérisée par une durée relativement courte de l’hivernage, variant entre trois et quatre mois de juin à octobre. Elle est marquée, d’une part, par une inégale répartition dans le temps et dans l’espace et, d’autre part, par une faiblesse des quantités d’eau enregistrées. Les mois d’été, en particulier les mois d’août et septembre, s’avèrent particulièrement humides, avec le mois d’août enregistrant des précipitations moyennes de 193 mm (Fig. 2). L’humidité de l’air est de l’ordre de 70% en moyenne au cours de l’année (DPN, 2010). Les pluies sont faibles à Dakar toute l’année Selon la classification de Köppen-Geiger, le climat à Dakar affiche 24.9 °C de température en moyenne sur toute l’année. La moyenne des précipitations annuelles atteints 469 mm (DPN, 2010)
Végétation
La végétation est une steppe arbustive. L’inventaire floristique dans le Parc national des Iles de la Madeleine a permis de recenser 48 espèces, réparties en 44 genres et 27 familles. Parmi ces familles, les plus importantes sont les Poacées (7 espèces) : Andropogon gayanus, Brachiaria lata, Enteropogon prieurii, Dactyloctenium aegyptium, Digitaria horizontalis, Pennisetum pedicellatum, Pennisetum polystachion) ; et les Euphorbiaceae (4 espèces) : Phyllanthus amarus, Jatropha curcas L., Jatropha chevalieri Beille, Euphorbia hirta. (Nzengue et al., 2015). Par ailleurs, l’étude phytosociologique a permis de mettre en évidence huit groupements végétaux au sein desquels Cissus quadrangulaire est l’espèce la plus fréquente (Nzengue et al., 2015). Actuellement, les falaises rocheuses du nord et de l’est de l’île sont parsemées de sites de nidification du Grand Cormoran. Cet oiseau utilise les fragments de tige de C. quadrangularis pour construire son nid (Nzengue et al., 2015).
Faune
Ce petit parc insulaire aux caractéristiques écosystémiques particuliers est riche et diversifié au point de vue faunistique ; en effet on y dénombre un certain nombre d’espèces terrestres et marines. La faune terrestre compte 72 espèces dont 2 espèces de mammifères, 7 de reptiles, 48 d’oiseaux et 15 d’insectes (la liste n’est pas exhaustive) alors que celle marine beaucoup plus riches et diversifiée n’a pas l’objet d’un dénombrement précis néanmoins on y trouve de nombreuses espèces de poissons, de mollusques, de crustacés et de tortues (DPN, 2010). Le parc posséde trois (3) espèces d’oiseaux qui nichent sur l’ile ; il s’agit du grand Cormoran Phalacrocorax carbo lucidus du Phaéton à bec rouge Phaethon aethereus mesonauta et de la Sterne bridée Sterna anaethetus ;
Relations sociales, culturelles et économiques
Le PNIM se trouve dans une zone ou l’activité économique principale des populations autochtones est la pêche or celle-ci est interdite sous toutes ses formes dans les limites du parc (50 mètres autour du parc). Par conséquent ; cela provoque de vives altercations entre agents du parc et les écogardes car ce sont eux ou leurs familles qui sont à l’origine de la pêche illicite au niveau du parc (DPN, 2010).
Tourisme
Les « Iles de la Madeleine » sont peu connues et ne sont pas du tout diffusées par les opérateurs de tourisme classiques, malgré sa proximité de Dakar. Mais quelques agences de tourisme à vocation pédagogique, proposent des excursions sur l’île ; les périodes les plus intéressantes pour l’écotourisme semblent être à la sortie de l’hivernage (pour la végétation) et entre décembre et mars (pour les oiseaux). Les visiteurs sont principalement des résidents ou des Mémoire de Master II /2016.Abdou Karim HOUMENOU/ Ecologie et Gestion des Ecosystèmes 7 touristes sénégalais, français et maghrébins qui organisent eux même individuellement leurs visites sans passer par une quelconque agence touristique (DPN, 2010). I.6. Espèces étudiées Deux espèces d’oiseaux marins font l’objet de notre étude, il s’agit du grand Cormoran Phalacrocorax carbo lucidus du Phaéton à bec rouge Phaethon aethereus mesonauta.
Grand Cormoran
Biologie
Description de l’espèce
Le grand cormoran est un oiseau d’eau, il fréquente les côtes et les eaux douces de l’intérieur des terres ; il a un bec jaunâtre est assez long et crochu à l’extrémité, les pattes sont noires et palmées. Posé, l’adulte est noir avec le bas des joues, la gorge et le jabot blancs et il présente des taches blanches à la cuisse en plumage nuptiale. Les immatures sont noirâtres avec le dessous en partie blanc. Son vol est rapide et direct avec le cou tendu et la queue en forme de losange (Girard, 2003). Il mesure 85-100 cm, c’est le plus grand des Cormorans d’Afrique (Barlow & Dodman, 2015). Ils sont de taille moyenne et les plumes sont imperméables. La queue en forme de palette natatoire est noire. La commissure des lèvres est cernée de jaune ce qui le distingue d’autres sous espèces .
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