Au début de l’analyse économique, deux canaux de transmission de la politique monétaire ont été évoqués par la théorie économique traditionnelle, à savoir : le canal du taux d’intérêt et le canal du taux de change. Ces deux canaux paraissent incomplets pour apprécier l’efficacité de la transmission de la politique monétaire puisqu’ils ne considèrent pas le rôle de la structure financière.
Les insuffisances de l’analyse traditionnelle des mécanismes de transmission de la politique monétaire ont amené certains économistes à chercher si les problèmes d’information sur les marchés des crédits aident à étudier l’impact de la politique monétaire sur la sphère réelle. Alors le canal du crédit apparaît pour compléter le mécanisme de la politique monétaire.
Le développement du système financier a nuancé la capacité de transmission dans la mesure où le rôle de ces canaux est vivement contesté. De ce fait, l’autorité monétaire, qui est la Banque Centrale, se trouve confrontée à un défi majeur puisqu’elle est tenue d’atteindre ses objectifs fixés tout en intégrant la structure financière comme variable pouvant perturber la bonne conduite de la politique monétaire. Afin de pouvoir disséquer l’impact des structures financières sur les divers canaux, il convient tout d’abord de les identifier.
Le canal du taux d’intérêt
L’analyse du canal du taux d’intérêt nécessite la compréhension de la définition du taux d’intérêt. Ce dernier est le rapport en pourcentage du revenu annuel par rapport à la somme prêtée. Pour l’emprunteur ou débiteur, le taux d’intérêt est le montant qu’il faut rembourser au fournisseur de l’argent prêté ou le prêteur. Pour ce dernier, il s’agit de la rémunération pour le service qu’il rend à l’emprunteur ainsi que pour le risque qu’il encourt de ne pas être remboursé.
Pour les économistes néoclassiques, le taux d’intérêt est la rémunération de l’abstinence à une consommation immédiate de la part de celui qui épargne pour prêter. Le taux d’intérêt est en quelque sorte le prix du temps, autrement dit, la récompense de l’attente pour épargner. Pour Keynes : « le taux d’intérêt est la récompense de la renonciation à la liquidité » . Le taux d’intérêt permet aux agents économiques d’arbitrer entre actifs liquides ou actifs placés contre rémunération. Le taux d’intérêt occupe alors une place très importante dans l’analyse économique que les autorités monétaires prennent comme centre d’analyse pour influencer le système économique tel que la demande globale et le marché monétaire. Nous allons commencer la présentation des mécanismes de transmission de la politique monétaire par les canaux de taux d’intérêt étant donné qu’il s’agit d’un thème classique. Les modèles macroéconomiques traditionnels considèrent le taux d’intérêt comme étant le premier mécanisme de transfert de la sphère monétaire vers la sphère réelle. Dans ce point, il est le centre de la politique monétaire dans le modèle keynésien.
Mécanisme de transmission
Le rôle du canal de la transmission de la politique monétaire est de modifier le comportement des ménages qui gèrent un portefeuille composé de deux sortes d’actifs à savoir la monnaie et les titres financiers. Un choc de politique monétaire affecte sensiblement le portefeuille des ménages qui cherchent instantanément à atteindre leur équilibre en modifiant l’offre et la demande des différents actifs. Ainsi, les autorités monétaires provoquent une modification de l’ensemble des taux d’intérêt se répercutant sur le coût du capital qui présente le taux directeur des décisions d’investissement. Il s’ensuit une variation des investissements qui se répercute sur la production et la demande globale .
Le mécanisme de transmission passe en premier lieu par l’intermédiaire du taux d’intérêt réel de long terme. Le principe de ce phénomène s’explique par l’hypothèse de la rigidité des prix qui joue un rôle essentiel dans le processus de transmission de la politique monétaire.
En effet, une expansion économique est susceptible à une augmentation du niveau des prix ou à une inflation anticipée, ce qui entraîne une baisse des taux d’intérêts réels et une augmentation des dépenses. Et vice versa, la contraction de la masse monétaire stabilise le niveau général des prix et augmente le niveau des taux d’intérêt sur le marché financier, donc l’épargne augmente et les dépenses en investissement diminuent.
Alors, la politique monétaire reste toujours efficace pour influencer les comportements des agents économiques et de rétablir l’environnement économique. Dans le cas où les prix s’ajustent à court terme, un changement du stock de monnaie se répercuterait aussitôt sur les prix et les encaisses réelles resteraient inchangées. De ce fait, un changement de la politique monétaire n’a de conséquences que si les agents économiques jugent que les grandeurs nominales ne vont pas s’ajuster instantanément.
Ainsi, si les prix sont rigides et ne s’ajustent pas instantanément, la contraction monétaire induit une baisse de la masse monétaire réelle détenue par les agents et une montée des taux d’intérêts. Cette hausse du taux réel va augmenter le coût du capital et entraîne une baisse de l’investissement en capital fixe des entreprises, de l’investissement en logement des ménages, des dépenses de biens de consommation durable et de la variation des stocks. Cette évolution provoquera la réduction de la production globale.
La transmission de la politique monétaire par le canal du taux d’intérêt se fait en deux étapes :
– Une contraction monétaire génère et un déséquilibre des portefeuilles des agents économiques est dû à la diminution des encaisses réelles avec l’ancienne combinaison d’équilibre taux d’intérêt-revenu. Les agents possèdent par conséquent moins de liquidités, ce qui les amène à modifier la composition de leur portefeuille en cédant des actifs, en agissant sur leur prix et sur leurs rendements.
– La seconde étape consiste à l’impact négatif de la hausse du taux d’intérêt réel sur la demande à travers son effet sur l’investissement. En effet, cette hausse du taux d’intérêt réel de long terme augmente le risque concernant les projets d’investissements dans le futur suite à l’augmentation des coûts du capital ; ce qui décourage la demande globale et ralentit les activités économiques.
Un changement de la politique monétaire engendre des variations des taux d’intérêts ce qui conduit à trois effets : les effets de substitution, les effets de richesse et les effets de transferts d’intérêts. Une contraction monétaire laisse les agents économiques à chercher l’équilibre de leur portefeuille après la hausse du taux d’intérêt, donc un processus de substitution entre les actifs se déclenche sur la base de leurs nouveaux prix. De même, les fluctuations du taux d’intérêt affecteront le comportement des agents économiques en variant leurs recettes et leurs charges financières. En effet, la hausse du taux d’intérêt affecte positivement la situation des ménages qui sont considérés comme créanciers nets de l’économie. Cependant, la situation financière des entreprises, débitrices, va être aggravée suite à la diminution de leur activité économique .
INTRODUCTION |