HYDROBIOLOGIE ET ICHTYOLOGIE DE QUELQUES
ÉCOSYSTÈMES AQUATIQUES
Introduction générale
Les lacs salés sont géographiquement très répandus, se trouvant dans toutes les régions continentales du monde et sont généralement concentrés dans les zones arides et semi-arides (Williams, 1998). Les eaux qui forment ces écosystèmes peuvent provenir de deux sources principales; les précipitations directes et les eaux souterraines (Bryant et Rainey, 2002). Les lacs salés en Afrique du Nord, ne sont généralement remplis d’eau qu’au cours de la saison pluvieuse en hiver et au printemps (Aubert, 1976). Bien qu’ils ne représentent que 10 % des zones humides protégées au niveau international (Jellison et al., 2008), les lacs salés ont un intérêt particulier pour de nombreuses disciplines scientifiques y compris l’écologie, la biologie, l’hydrologie, la limnologie, la microbiologie et la modélisation des écosystèmes (Jellison et al., 2008). Il s’agit d’indicateurs de changements climatiques par excellence. Ils sont très reconnus pour le rôle qu’ils jouent pour la migration et la reproduction des oiseaux d’eaux (Jellison, 2005). Ces milieux renferment les plus grandes réserves du monde de sels minéraux tels que le lithium. Ils n’échappent pas aussi au loisir et au tourisme. Le Sahara algérien représente plus de 80 % de son territoire et s’étant de l’Atlas saharien au nord (34°N) à l’extrême sud du pays (19°N). Il comprend 2 écozones; le Paléarctique qui est majoritaire et une partie Afrotropicale dans la région de l’Ahaggar. Il est considéré comme le désert le plus chaud du monde, où la température dépasse les 40 °C à l’ombre et peut dépasser les 50 °C. Cependant, les écarts journaliers de température sont énormes (plus de 30° C). Le climat est aride à hyperaride avec des taux d’évaporation 4 fois plus élevées que les précipitations qui sont de quelques dizaines de millimètres seulement. Selon Beadle (1948), avant le Pliocène et avant le soulèvement des montagnes de l’Atlas, le Sahara du nord a été envahi par la mer à plusieurs reprises et à des degrés divers. L’extension maximale du sud de la mer, qui comprenait El Goléa, s’est produite pendant l’Eocène. Plus tard, c’est à l’Atérien que les milieux aquatiques du Sahara algérien ont connu le maximum d’extension, il y a environ 10.000 ans. Les principaux bassins continentaux sont le bassin de l’Igharghar à l’extrême sud et le bassin de la Saoura à l’extrême ouest. Le premier bassin est un réseau fossile qui drainait les eaux de l’Ahaggar du Tassili et de l’Atlas saharien oriental vers l’ancien lac d’Ouargla dont l’emplacement est actuellement occupé par une série de sebkhas : chott d’Ouargla, chott Melghrir et même chott El Djerid de Tunisie. Le bassin de la Saoura draine les eaux de l’Atlas saharien occidental, du Mouydir, de la Teledest et de l’Ahaggar vers la dépression de l’ancien lac Touat dont les témoins actuels sont la sebkha de Timimoun et la sebkha Mekkerrane du sud de Reggane (Le Berre, 1989). Depuis cette époque, ces milieux continentaux ont progressivement régressé ; d’une part en raison de l’accumulation continue des alluvions transportées dans ces zones d’épandage, d’autre part en raison de la modification progressive du climat, qui depuis l’Atérien a tendance à devenir plus aride. Le changement de la faune et de la flore se situe vers les années – 4.000 ans. Les lacs régressent et s’assèchent, le réseau hydrographique devient temporaire, puis se morcelle et devient progressivement encombré par le sable (Le Berre, 1989). L’effondrement de la couche de Debdeb et des couches sous- jacentes dans la nappe phréatique, sous la poussée artésienne de ces eaux a mené à la formation de petits lacs dans la dépression du Bas Sahara. Selon Berbrugger (1862), ces milieux ont été définis comme des étangs artésiens ou Bhour (pluriel d’une mer), formés par les eaux des sources jaillissantes ou des puits artésiens, et qui sont actuellement alimentés par les eaux de drainage et de la nappe libre, dont la salinité varie au nord de la région d’Oued Righ (Ayata) entre 2,36 et 14,78 g.L-1 (Chebbah et Allia, 2015). En Algérie, les Bhours les plus connus sont situées dans les Zibans et Oued Righ (Le Berre, 1989). Actuellement, les milieux humides du Sahara sont très diversifiés, ils sont variés entre chotts, sebkhas, oasis, Gueltas, Bhour et même, lacs salés permanents. Ces derniers sont alimentés essentiellement par des eaux qui proviennent des deux grands bassins souterrains, le complexe terminal et le continental intercalaire. Selon Blanchard (1891), les milieux aquatiques du Bas Sahara communiqueraient avec le golf de Gabes par la dépression du chott Djerid en Tunisie qui arrive jusqu’au Bas Sahara comprenant les grands chotts Melghir et Marouene en Algérie. Si l’on considère la classification de Jorgensen et al. (2012), qui tient compte de la profondeur (˃ 3 m) et de la superficie (˃ 0,1 km²), les Bhours du Bas Sahara peuvent être considérés comme des petits lacs, contrairement aux chotts et sebkhas qui sont de larges étendues d’eaux salées peu profondes (Gagneur et Kara, 2001)
Lac Ayata
Les variations de la température de l’eau sont illustrées dans la figure 10a. La valeur maximale à été enregistrée en août (31,05 ± 0,21 °C) et la minimale en février (15,85 ± 0,63 °C). La figure 10b montre les fluctuations mensuelles de la salinité, elle varie entre 8,02 ± 0,07 et 11,56 ± 0,92 g. L-1 . La conductivité varie entre 12,40 ± 0,81 et 15,33 ± 2,33 mS.cm-1 (Fig. 10c). Le pH est alcalin > 7 dont les fluctuations sont comprises entre 7,59 ± 0,09 et 8,03 ± 0,13 (Fig. 10d). Les teneurs en oxygène dissous sont faibles (Fig. 10e et f) ; les valeurs sont presque stables durant toute la période d’étude et n’excèdent pas 3,04 ± 0,09 mg. L-1. Les concentrations en nitrites sont généralement faibles durant la période d’étude (Fig. 10g), et la valeur la plus élevée est de 0,08 ± 0,01 mg. L-1 . Les valeurs les plus élevées en nitrates sont enregistrées en période froide (9,52 ± 0,56 mg. L-1 ). Les valeurs minimales sont enregistrées en septembre (2 ± 0,14 mg. L-1 ) (Fig. 10h). Les concentrations des ions chlorure et sulfate sont les plus élevées par rapport aux autres ions. Les concentrations en chlorures atteignent 3,97 ± 0,04 g. L-1 (Fig. 11a). Les concentrations en sulfates sont comprises entre 1,88 ± 0,13 et 2,79 ± 0,10 g. L -1 (Fig. 11b) avec des fluctuations mensuelles faibles. Les concentrations en hydrogénocarbonates varient entre 171,37 ± 0,35 et 201,47 ± 0,10 mg. L-1 et les valeurs les plus élevées sont enregistrées durant la période chaude (Fig. 11c). Les concentrations en sodium varient entre 34,45 ± 0,62 et 38,48 ± 1,99 mg. L-1 avec des fluctuations mensuelles faibles (Fig. 11d). Les concentrations en potassium varient entre 34,93 ± 2,55 et 51,26 ± 1,51 mg. L-1 et les valeurs les plus importantes sont enregistrées en période chaude (Fig. 11 e). Les concentrations en calcium varient entre 398,52 ± 0,38 et 423,64 ± 4,87 mg. L-1 (Fig. 11f).
Lac Mégarine
Les variations de la température de l’eau sont illustrées dans la figure 12a. Les valeurs extrêmes observées dans ce lac sont comprises entre 15,70 ± 0,28 °C en décembre et 34,25 ± 0,35 °C en août. La figure 12b montre les fluctuations mensuelles de la salinité; elle varie entre 9,49 ± 0,79 et 35,00 ± 0,28 g. L-1 . Les valeurs les plus élevées de la conductivité électrique sont enregistrées pendant la période chaude (53,06 ± 0,05 mS.cm-1 ), avec d’importantes fluctuations entre les deux périodes, chaude et froide (Fig. 12c). Les valeurs du pH sont illustrées dans la figure 12d, dont les fluctuations sont comprises entre 7,23 ± 0,00 et 8,05 ± 0,08. Les teneurs en oxygène dissous sont illustrées dans la figure 12e et f ; les valeurs sont presque stables durant toute la période d’étude et n’excèdent pas 2,80 ± 0,08 mg. L-1 . Les concentrations en nitrites sont généralement faibles durant la période d’étude (Fig. 12g), les valeurs les plus élevées (0,13 ± 0,11 mg. L-1 ) sont enregistrées en décembre. Les valeurs les plus élevées en nitrates sont enregistrées en nouvembre (7,11 ± 0,27 mg. L-1 ) et les minimales en septembre (2,4 ± 0,98 mg. L-1 ) (Fig. 12h). Les concentrations des ions chlorure et sulfate sont les plus élevées par rapport aux autres ions. Les chlorures atteignent 18,79 ± 1,00 g. L-1 en période chaude (Fig. 13a). D’importantes concentrations en ions sulfates sont enregistrées dans ce lac où les valeurs maximales sont 4,66 ± 0,05 g. L-1 et les valeurs minimales sont 2,96 ± 0,05 g. L -1 avec des fluctuations mensuelles importantes (Fig. 13b). Les hydrogénocarbonates ont des valeurs maximales de 429,75 ± 0,63 mg. L-1 (Fig. 13c). Les concentrations en sodium varient entre 79,59 ± 0,82 et 96,34 ± 0,48 mg. L-1 (Fig. 13d). Les concentrations en potassium varient entre 250,58 ± 0,61 mg. L-1 et 359,25 ± 4,30 mg. L-1 (Fig. 13e). Les concentrations en calcium ont des valeurs maximales de 626,10 ± 7,20 mg. L-1 (Fig. 13f).
CHAPITRE I : PRÉSENTATION DES MILIEUX D’ÉTUDES |