La question de la santé est aujourd’hui parmi les préoccupations les plus difficiles à définir. Il s’agit à la fois d’un concept existentiel et scientifique dont le sens est éclairé par les sciences biologiques, psychologiques et sociales et qui est changeant dans l’espace et dans le temps. « Il n’y a pas de définition universelle »(1), « c’est un concept-système, un carrefour, notion riche, ouverte, inachevée, questionnant en permanence, insaisissable dans une exclusive pensée linéaire »(2).
Mais le concept de la santé a fait l’objet d’une définition célèbre, celle de l’OMS en 1946 « « L’état de bien être physique, mental et social sans maladies ni infirmités .La possession du meilleur état de santé qu’il est capable d’atteindre, constitue l’un des droits de tout être humain »(3).
Cette définition de l’OMS à un double sens, la première partie de la définition considère la santé comme un état durable et permanent, une vraie dichotomie qui existe entre bien-mal, santé-maladie, cette première phrase conçoit la santé en tant qu’état statique. Cependant la deuxième partie de la définition donne plus un sens de qualité meilleure, un projet d’un devenir en perspective et par conséquent exprime mieux la réalité d’un acte dynamique.
Donc pour être en possession d’une santé de qualité meilleure, il faut disposer de moyens d’accomplissement. La dimension politique entre doncdans cette définition car elle est exigible par les collectivités par conformité à une règle morale, c’est un droit qui ouvre une question de devoir, de responsabilité et de liberté. La santé en tant que droit pose un problème politique et par conséquent la conception de la santé sera liée à une conception sociale.
Dans le journal, des savants cité dans le dictionnaire de Trévoux en 1732 : « La santé n’est autre chose qu’une harmonie, une symétrie et un parfait équilibre des parties solides avec les fluides »(4).Nietzsche considérait en 1888 que, « La santé et la maladie ne sont pas essentiellement différentes comme le croyaient les médecins et comme le croient encore certains praticiens de nos jours »(5).
Afin de faire la différence entre concept scientifique, maladie et concept existentiel, santé, Jules Renard, écrivait dans son journal, en 1896, « La meilleure santé, c’est de ne pas sentir sa santé »(6), en 1936 R.Leriche déclare, « La santé, c’est la vie dans le silence des organes »(7).
L’étymologie latine indique que la santé est une valeur fondamentale (Valère, valetudo), et il existe dans le vocabulaire grec et latin un enracinement étymologique commun de la salutation et de la santé. A cette époque la religion valorisait la salut au détriment de la santé mais au cours de l’histoire la santé est devenue une valeur personnelle est une valeur la, plus éminente de l’individu.
La revue Prévenir(8) fait part des travaux et recherches de vingt acteurs de différentes spécialités pour donner une définition de la santé.Donc c’est qu’audelà du geste spécifique médical, la santé n’équivaut pas simplement à la médecine. Ce sont les besoins multiples, à savoir le confort, la disponibilité et le comportement, car la frontière qui existe entre la demande sociale et la demande médicale est floue(9).
Le slogan de la santé pour tous à l’horizon 2000 était lancé comme défi depuis la rencontre d’Alma Ata en 1978(SSP), (10). Elle souligne la nécessité d’une action urgente de tous les gouvernements, de tous les personnels des secteurs de la santé et du développement ainsi que de la communauté internationale pour protéger et promouvoir la santé de tous les peuples du monde. Donc cette définition de la santé est au delà de la notion de médicalisation (silences des organes, le normal et le pathologique…) ; et il existe aussi le concept de « sanitarisation du social»(11). On assiste dans les Etats du sud qui ne sont plus des acteurs, mais des clients auprès des entreprises de santé, ces dernières participant et contribuant au financement de ces activités et surtout dans le domaine de l’éducation infantile et de la santé reproductive, cependant que le nord de la planète s’investit de plus en plus dans la gestion des risques, et par conséquent c’est un acteur politique.
La santé peut être définie selon plusieurs abords :
– Un abord perceptuel: l’OMS définit la santé comme étant un état complet de bien être physique, mental et social.
– Un abord fonctionnel: la santé est considérée comme étant un état de capacité optimale d’accomplir efficacement les rôles et les tâches pour lesquels le sujet a été socialisé.
– Un abord qui utilise le concept d’adaptation, la santé étant alors l’ajustement réussi et permanent d’un organisme à son environnement. La maladie correspond à un défaut d’ajustement.
La notion de santé revêt ainsi un caractère multidimensionnel selon les contextes sociaux et culturels et selon d’autres caractéristiques relatives aux individus, notamment leur niveau socio-économique et leurs accès aux soins. Le domaine de la santé est multifactoriel et dépend de plusieurs déterminants, d’ordres physiques, démographiques, socio-économiques, culturels, et politiques.
La politique de santé :
La notion de politique de santé recouvre des réalités différentes selon les points de vue. Schématiquement, on peut distinguer deux perspectives. « D’une part, dans l’usage qu’en font les développeurs(Etats, institutions internationales ou Organisations non gouvernementales), la santé est un secteur de l’activité économique au même titre que l’éducation , et constitue donc un lieu d’intervention des pouvoirs publics, que ce soit pour la construction d’un hôpital ou pour la réalisation d’une campagne de vaccination ;en même temps, elle est un domaine de la vie sociale où l‘État définit ses choix en matière de solidarité nationale, ce qui apparaît aussi comme un moyen de contrôle politique.
D’autre part, aux yeux des sociologues et des anthropologues, la santé est le révélateur d’enjeux sociaux où se dessinent des rapports de pouvoir et des pratiques de distinction, qu’il s’agisse de la façon dont les gens se soignent et sont soignés, ou de celle dont ils se représentent la maladie et les thérapeutes, elle est le lieu privilégié où sont mis en jeu, dans la société civile, des formes d’entraide qui traduisent la nécessité de gérer collectivement les inégalités dans la maladie et le malheur. Autrement dit, la santé, objet de politiques pour les uns, est un objet politique pour les autres; tel est le double point de vue adopté et consacré aux politiques de santé »(12).
Dans le passé, associer les mots « Politique » et « santé » semblait incongru car pour le politique, la santé ne faisant pas partie de sa culture au 18éme siècle, elle concerne surtout le comptage des cas (malades et morts), Début 19 ème siècle, l’école VILLERME constitue la 1ère école de santé publique mais elle s’effondre à la moitié de ce siècle car la santé publique suppose la mise en œuvre de règles contraignantes, elle s’oppose alors à la liberté individuelle et à la propriété privée(13). Envisager un ministère pour s’occuper de la santé raisonne comme une hérésie jusqu’en 1920, année de la grippe espagnole. A partir de 1940 les différents systèmes de santé apparaissaient à savoir le système de santé national, l’assurance maladie et le système libéral, et à compter des années 1960, l’Etat s’intéresse à l’hôpital puis à la maîtrise des dépenses de santé(1980).
Aujourd’hui, l’approche est différente, et le politique est questionné et prend position sur le fait : du développement des connaissances, de la vision sociale des pathologies, de la diminution des maladies infectieuses qui conduisent à une augmentation de l’espérance de vie; de l’organisation du système de santé qui comporte la lutte contre les épidémies, l’organisation de la profession médicale, la réglementation des établissements et le développement de l’offre de soins ;
la construction de la Sécurité Sociale qui permet d’avoir une population en bonne santé et donc capable de produire davantage , mise en œuvre de la sécurité sanitaire notamment suite à des crises, la nécessité de la régulation des dépenses.
Le système de santé
Par système de santé, l’on entend les personnes, institutions et activités dont l’objectif fondamental, est d’activer à rétablir ou à maintenir l’état de santé des populations. Le système de santé doit mettre des mécanismes en place pour l’application de la politique de santé.
Analyse de la construction des problèmes de la santé
Dans L’Etat providence, les problèmes de la santé publique sont gérés par les pouvoirs publics. La sécurité de la santé de la population est multiple (eau, alimentation, environnement, OGM, nucléaire, mobile….).
Les différentes mutations et transformations qui touchent à la santé publique conduisent à la mobilisation de multiples acteurs, à savoir les scientifiques, les associations, les professionnels et les profanes qui appréhenderons les mass medias afin de pousser l’Etat et les pouvoirs publics à prendre au sérieux les problèmes de la santé publique. Le processus d’intervention est fonction des problèmes de la santé publique qui s’imposent d’eux même selon leurs spécificités, et ou leurs gravités et accentuent les pressions sur les pouvoirs politiques pour les prendre en charge et trouver les solutions adéquates afin de les résoudre.
Introduction |