Historique de Sakalava Anjoaty
Tradition orale Selon le Mpjôro16, leurs ancêtres passèrent par Mijomby (Mer Rouge) et débarquèrent à Ampasindava dans la région d’Ambilobe, zone des Antakarana. Pendant leur voyage, ils ont rencontré des longs périples et au cours de ces voyages, des cataclysmes naturels (tempêtes, ouragans, cyclones,…) sont devant eux. N’auront aucun espoir s’ils vont être morts ou vifs, naufragée ou non, ils se sont mis d’accord pour alléger leur bateau en jetant tous les objets lourds dans le bateau à la mer. Pourtant, cette tentative était en vain, ils décidèrent dans des choix le plus difficile de jeter les plus vieux et les enfants dans la mer. Les Makoa17 qui sont les esclaves des Anjoany ont jeté les leur dans la mer tandis que les Anjoany qui sont les maîtres ont préféré cacher les leur. Après, le temps fut beau, la mer se calmait et au bout de quelques jours dans la mer encore en continuant leur voyage, les Makoa ont douté que leur maîtres n’ont pas jeté leurs enfants mais en tant qu’esclave, ils ne disent rien. Mais une fois arrivé à Vohémar sur la terre ferme qu’ils aimaient tant tous s’installer, les Makoa avec l’un de leur chaman qui est redouté de son pouvoir, ont convaincu leur maître (par des menaces disent-ils, un menace du genre à maudire à jamais les descendants de son maître) et enfin, ils ont eu le droit de choisir leur propre terrain et du coup, ils s’installèrent dans la partie nord de 30km de la ville et puisqu’ils aiment la pêche, ils s’installèrent au bord de la mer. Mais avant de gagner Vohémar, ils ont été trouvés dans la région d’Ambilobe là où se trouvent les Antakarana et le roi de cette tribu leur assigna la Babaomby au Cap d’Ambre, l’extrême nord de l’île, pour leur refuge. Ce fut seulement leur Chef qui s’installa dans ce lieu avec quelques hommes et femmes qui ne sont pas les membres de sa famille mais de ses serviteurs. Ses 16 Mpijôro, c’est celui qui possède des connaissances suprêmes sur la tradition. Il est le chef naturel de la tradition et le plus haut gardien du sacré. 17 Makoa est le nom d’ethnie qui par la suite est le Mpiloha-teny du Sakalava Anjooaty. Ce Mpiloha-teny a quasiment la même signification que celle du Ziva mais leur sens le plus profond et la manière dont ceux-ci apparaissent semble différent et possède de multiple nuance. 36 compatriotes ne s’y plaisant pas de continuer leur voyage pour débarquer à Vohémar où le nombre des refugiés s’installa tels : les deux femmes et les quatre hommes avec leur esclaves. Quant au groupe restant de l’équipage, il continua le voyage vers le Sud pour débarquer et se fixer définitivement à Matitanana (Manakara) qui a formé les ancêtres des Antemoro. A Vohémar ces nouveaux venus se livrèrent à la pêche et l’extraction de l’huile de coco pour leur subsistance, et choisissent l’endroit où ils vont faire des prières et des lieux pour leurs tombeaux. Bref, Anjoaty est la forme actuelle du mot qui sert à désigner une autre contingente d’immigrants islamiques qui se sont fixés à Vohémar. Il a aussi pour sens d’Andafy ou outremer ; ses ancêtres étaient rescapés d’une île appelée « Mijoa » située en Arabie et dévastée par la tempête à une époque qu’on ne peut pas déterminer approximativement. Ces co-originaires d’autres régions (Sakalava Boina, Sakalava Melaky, Antemoro,…) viennent souvent en pèlerinage à Ambavan’Iharana qui est la pointe nord de la plaine de Vohémar qui recèle les nécropoles d’Anjoaty ; c’est ainsi que Vohémar est devenu la capitale de ce groupe. – Les premiers habitants de Vohémar Selon la tradition recueillie sur place, les premiers habitants occupant le comté furent les Antavaratra et des Antiharana (anta : originaire ; avaratra : nord ou nordistes et harana : rocher ou les habitants des rochers). Des arabes, sans autre précision y pratiquaient le commerce. La ville de Vohémar prit naissance aux quartiers d’Androronana (litt. Pourdescendre) et Antsorolova sis au pied du contrefort qui limite la plaine Sud. Le Nord de la ville tout couvert de buissons de dara (ou phœnix reclinata, aux fruits comestibles) fut alors appelé Andronovaka et des mangroves. Des vestiges de cette végétation se trouvent encore en place dans la ville.L’extension de la ville vers la plaine, par la suite, amène à la découverte de nécropoles avec mobilier auquel l’ignorance de la population n’attacha aucune importance. La tradition se contente de transmettre que les squelettes qu’on y voit avaient été ceux des personnes de petite taille. Leur disposition spéciale et méthodique dans les nécropoles leur fait attribuer une origine non aborigène. Ils doivent être ceux de « mpihavy » connu sous le nom de Rasikajy. C’est à la suite d’un creusement des canaux dirigé par Maurien, fonctionnaire français, receveur des PTT de Vohémar qu’une fouille rationnelle a été entreprise par 37 Gaudebout et Vernier en 1941. Voici ce qu’écrit P. Vérin18 (Chef de Département d’Archéologue à la Faculté des Lettres de Madagascar) notamment au sujet d’une nécropole découverte au Nord-est de la ville qu’il a qualifiée en mobile funéraire comprenant en particulier des poteries chinoises et islamiques. A cet égard, ils ont tiré une déduction qu’ « aucune des pièces étudiées n’est antérieure au XIV ème siècle, s’il existait un autre site plus ancien à Vohémar, ses occupants n’étaient pas ceux qui ont été retrouvés dans les fouilles en 1941. Et on désigne habituellement sous le nom d’Antalaotra, les anciens habitants des comptoirs du Nord-Ouest et de Rasikajy ceux de Vohémar. Les Rasikajy étaient sincèrement islamisés puisqu’on les a retrouvés couchés la tête à l’Est, les yeux tournés vers le Nord dans l’attente du coup de trompette du jugement dernier. » Mais à leur dépouilles étaient associéestous leurs objets précieux, bijoux, poteries, ustensiles, armes, coutumes malgache très différentes des normes d’inhumation authentiquement musulmane. Les marmites tripodes et autres ustensiles finies au tour ont été taillées dans du chloristoschiste. Les Rasikajy de Vohémar se mélangèrent aux habitants du Nord et beaucoup de leur descendants figurent parmi les Anjoaty actuels, mais d’autre émigrèrent vers le Sud. En ce qui concerne, les rasikajy, leur descendant se trouve actuellement dans la partie Nord-est de Vohémar, plus précisément dans la commune rurale de Sahaka, là où les principales activités sont la pêche. Il ne semble pas avoir de relation avec le mot sikajy, nom de monnaie division malgache. Ce mot peut aussi être rattaché à la locution dialectique locale « tsy kajo » (infatigable), préfixée de l’article personnel malgache Ra-. Cette version est d’autant plus évidente et vraisemblable que l’art de tailler des ustensiles dans du chloritoschiste exigeait beaucoup de patience, de soins, de répétitions surtout à une époque où les outils étaient encore rudimentaires. Le chloritoschiste est connu à Vohémar sous le nom de vaton-dRasikajy. Il vient du deux mots arabes : « Rais » qui veut dire « savant » et « Hadj » qui a pour sens « saint ». Ces sont des juifs nomades. Ni les vohémariens, ni les descendants de Rasikajy n’ont pas continué cet art qui, avec les outils modernes, se réaliserait avec plus de facilité. Il est aussi à signaler par ailleurs que dans la liste généalogique des Bezanozano19, les Rasikajy figurent en bonne place dans la catégorie des castes nobles.
Caractéristiques et spécificités de la culture du Sakalava Anjoaty
Période de grossesse – Accouchement Une fois qu’une femme Sakalava tombe enceinte, qu’elle le veuille ou non, elle doit se soumettre à la tradition tout au long de sa grossesse, si elle veut vraiment que son accouchement soit bien à terme. Si la fille ou la femme en question demeure encore dans la maison de sa mère, celle-ci doit la surveiller de tous ses faits et gestes. Mais si elle demeure dans la ville où se trouve son époux, elle doit rentrer chez sa mère dès son 3ème mois surtout s’il s’agit encore de sa première grossesse. Les trois premiers mois, elle peut encore faire et manger tout ce qu’elle veut ou tout ce qu’elle désire. Mais à partir de ce troisième mois, on l’interdit de ne plus manger du poulet, boire du lait, le anagna mafana, les épices, les aliments cuits avec le coco, les aliments mous comme le sabeda ou sosoa,…En l’occurrence, quant à son époux ou le père de l’enfant, il ne doit plus égorger ou tuer des animaux. Il lui est aussi interdit de voir et de toucher le corps d’un défunt. Pourtant, il peut assister aux funérailles. En outre, lors de cette grossesse, même si la femme a grandi dans la ville, c’est-à-dire ayant la connaissance du bien fait de la médecine moderne, elle préfère presque toujours accoucher chez la matrone. Cette dernière possédant un don quasi divin. Elle exerce des traitements purement traditionnels et très pratiques et efficaces. Elle pourrait prédire l’enfant que la femme porte s’il est de sexe masculin ou féminin sans avoir recourir à l’échographie alors qu’il lui suffit de poser sa main sur le ventre de sa patiente. Elle peut également prédire sans aucune erreur le mois et le jour où cette femme va accoucher en lui disant en toute franchise et avec une manière respectable sans que sa patiente ne soit traumatisée si son accouchement va se dérouler à merveille ou non. Bien que les matrones soient nombreuses dans cette ville, la femme enceinte ne doit plus aller d’une matrone à l’autre. Elle n’a droit qu’à une seule matrone. La première qu’elle consulte serait la seule jusqu’à ce qu’elle accouche. Il lui est interdit d’accoucher dans la grande maison 22. Elle doit le faire strictement dans « lakoziny » (la cuisine). Après l’accouchement, elle doit directement aller dans une 22 Grande maison composée de deux ou quatre chambres ou « Tragno Be », c’est là où les Sakalava Anjoaty reçoivent leur invité, là où ils se couchent. Tout ménage possède deux ou trois maison ou plus. Cette Tragno Be 41 rivière ou dans un cours d’eau le plus proche pour se laver et/ou se baigner. Et voici quelques étapes qu’elle doit faire pour aller dans cette rivière : elle doit porter un couteau pour la servir comme arme et ce dans le but de se protéger contre les esprits maléfiques qui chassent et qui aiment les odeurs des femmes qui viennent d’accoucher. Dans cette rivière, pour tremper, elle doit verser de l’eau de la tête au pied mais non l’inverse, en quelques sortes du bon au mauvais. Pour eux la partie haute du corps est sainte. Dans les 24heures qui suivent, de bon matin, on oblige aussi cette nourrice à se baigner dans la mer pour plus de fortification et de tonification à la sainteté de son corps dans le but de chasser les esprits maléfiques. On appelle les Sakalava Anjoaty des « Ranginala 23 ». Puisque comme nous venons de montrer, au lieu de prendre de l’eau chaude ou tiède, la femme qui vient d’accoucher se baigne toujours de l’eau froide. Dans le lieu où se trouve cette femme et son nouveau-né doit toujours avoir un « vatritra24 », c’est-à-dire un bâton que l’on sculpte et qui contient au total six traits de trois couleurs différentes successivement l’une après l’autre : rouge, blanche et noire. On obtient à l’aide d’un antrozamena (une pierre à la couleur rouge) une couleur rouge; on obtient ensuite la couleur blanche à l’aide d’une tanifotsy (c’est comme la craie mais elle a un gout un peu gras) et la couleur noire est tirée à l’aide d’un arimbelogno (le résultat du grillage de l’horefo ou harefo ou encore Eleocharis acutangula (Roxb.) Schult (c’est une plante et c’est aussi la matière première pour fabriquer les sacs ou les nattes artisanales mélangée à de l’huile de coco). Pendant une semaine, elle doit être enfermée dans cette maison et ne sortir que pour faire ses petits besoins. Et pendant la première semaine, seules les femmes peuvent visiter la mère et son nouveau-né. Celles qui ne sont pas assistées ou qui ne sont pas présentes durant son accouchement doivent être soumises à cette tradition. Celle-ci exige qu’on doit d’abord tremper ou asperger de l’eau propre le devant de la porte et après elles peuvent entrer. Et pendant cette première semaine, les hommes n’ont pas encore le droit d’entrer dans ce lieu. La première semaine s’achève. A partir de là, tout le monde peut faire leur visite, parents, ami(e)s ou autre. C’est à partir de cette deuxième semaine que la nouvelle maman doit se baigner très tôt le matin ou pendant l’aurore (ou bien avant que le soleil se lève) avec de l’eau chaude, eau chaude qui a été bouillie avec des feuilles de raomba (romba ou Ocimum n’inclut pas la cuisine. Celle-ci se construit à part et se trouve devant la Tragno Be, c’est-à-dire de préférence à l’Ouest du Tragno Be. 23Ranginala ou Ranginalo,ou encore Ranginaly, l’appellation varie de l’individu à l’autre, interdiction de se laver ou de se baigner de l’eau chaude ou tiède plus précisément cela signifie ne boire, ne se laver et ne se baigner que de l’eau froide, qu’il soit malade ou non. Le fait d’agir de cette manière leur donne une grande fraicheur et un grand incroyable soulagement surtout lorsqu’il venait de travailler. A titre d’illustration, lorsqu’il a un maux de tête, il lui suffit de mouiller sa tête avec de l’eau froide et la maladie disparait. 24 Vatritra sert pour aider la mère et son enfant à éloigner les esprits maléfiques. 42 gratissimum Linné, c’est la famille de LAMIACEAE) et des feuilles de traoha (ou voangy dia, famille de RUTACEAE). Après, on rassemble ces feuilles et on les rince puis elle s’assoit dessus et on les met sur toutes ses articulations : avant-bras, coudes, …etc. Cette technique purement traditionnelle aide cette femme à se rétablir plus vite. II.1.2Naissance Durant quatorze jours après la naissance, la mère ne jette pas les selles de son enfant et elle doit les emballer dans un petit pagne pour les rassembler ensuite dans un petit panier neuf. Deux semaines tapantes, si l’enfant est du sexe masculin, tous les hommes et les garçons du village vont à la forêt en portant avec eux les selles du nouveau-né. Tous sans exception portent à leurs mains des objets que les hommes du village usent tous les jours tels des haches, des longs couteaux (dans la langue vernaculaire, ce long couteau est appelé « boriziny »), des armes de guerre (lance, sabre,…), des bâtons, des cordes… Pendant cette grande cérémonie, l’oncle de l’enfant se met au premier rang et c’est lui qui porte le petit pagne rempli de la selle. Il les guide et les dirige là où il veut mettre les selles de son neveu. En arrivant dans la forêt, il met les selles auprès du pied d’un arbre que lui-même a choisi et il dit au « Rakakabe » (Grand monstre imaginaire) que ce présent lui appartienne. Et enfin, il brûle ce panier horefy en mettant de l’huile de coco dedans pour faire sortir l’odeur. Ces ports d’armes ou d’objets conçus pour les hommes ont un sens symbolique car une fois adulte, l’enfant n’aurait plus à s’inquiéter du Rakakabe et qu’il pourra sans problème se promener dans la forêt tout seul. Puisqu’il n’est plus l’appât ou la cible du Rakakabe, ses selles lui ont déjà été offertes et ses odeurs sont déjà connues par celui-ci. Si l’enfant est du sexe féminin, le rituel s’avère le même que celui de l’enfant du sexe masculin mais de manière opposante mais le fond reste similaire. Pendant cette cérémonie, ce sont les femmes et les filles du village qui vont dans la forêt en portant des ustensiles de cuisine, ou des objets que les femmes utilisent quotidiennement, d’autres portent sur leur tête des paniers neufs et vide, ou des nattes.