Histoire des pratiques corporelles
La rénovation des Jeux Olympiques :
Un projet pédagogique
-1888 : publication par P.de Coubertin de « l’éducation en Angleterre »
-1889 : publication par P.de Coubertin de « l’éducation Anglaise en France ».
« L’éducation est encore aujourd’hui ce que l’empire, greffé sur l’ancien régime, l’a faite : l’enfant est un numéro, on écarte de lui tout ce qui pourrait exercer son initiative, on lui refuse toute responsabilité…Le sport, tout doucement et sans secousse, détruira tout cela »(P. de Coubertin, L’éducation anglaise en France, 1889)
-1887 : création par P.de Coubertin du « Comité pour la propagation des exercices physiques » (dit « comité Jules Simon »).
« Ouvrons ces prisons où nous enfermons ces innocents et où ils s’énervent et s’étiolent et tâchons de leur faire, au grand air, des corps sains et vigoureux. Qu’on suspende enfin cette fabrication à jet continue de bureaucrates, de politiciens, d’avocats, de journalistes, de beaux esprits sceptiques, railleurs et stériles. Pour fonder la vraie démocratie, il nous faut autre chose que des phrases, il nous faut des caractères et des actes, il nous faut des colons, des industriels, des pionniers, des voyageurs, des producteurs, des citoyens. Il serait grand temps de songer à nous refaire une bourgeoisie virile »(E.Manœuvrier, L’éducation de la bourgeoisie sous la République, 1890)
-Les JO devront être « La fête universelle du printemps humain, qui constituera une école de noblesse et de pureté morale autant que d’endurance et d’énergie physique, à condition que la conception de l’honneur et du désintéressement sportifs soient élevés à la hauteur de l’élan musculaire »(P. de Coubertin, discours pour la rénovation des JO, Paris, Sorbonne, 1896)
La renaissance des Jeux
-1892 : déclaration par P. de Coubertin (congrès de l’USFSA à la Sorbonne) de sa volonté de re-fonder les JO.
-1894 : Conférence à la Sorbonne pour la rénovation des JO, constitution du premier CIO.
-1896 : Premiers JO modernes à Athènes :
(12 pays, 295 athlètes, + de 50.000 spectateurs)
-1900 : JO de Paris
-1904 : JO de St Louis (USA)
-1908 : JO de Londres (GB)
-1912 : JO de Stockholm (Suède)
(28 pays, 2541 participants)
-1924 : JO de Paris et 1er JO d’Hiver à Chamonix
Jeux antiques et sports modernes
Brève histoire des Jeux Olympiques antiques
-776 avant J.C : premiers JO à Olympie
-582 avant JC : premiers Jeux Pythiques (Delphes)
-566 avant JC : premiers Jeux Panathéens (Athènes)
-564 avant JC : premiers Jeux Isthmiques (Corinthe)
-472 avant JC : les JO durent 5 jours
-« Les Romains vont à l’amphithéâtre non pour assister à des démonstrations d’escrimeurs, mais pour scruter des mises à mort et, plus encore, jouir du pouvoir de commander l’exécution »
(N.Bancel et J.M.Gayman, Du guerrier à l’athlète, PUF, 2002)
« La ferveur religieuse n’existe plus, les rencontres deviennent des foires où marchands et coquins côtoient les prostituées »
(M.Durand, La compétition en Grèce antique, Paris, l’Harmattan, 1999)
-394 (après JC) : fin des JO (interdiction par l’empereur Romain Théodose)
-476 ap. J.C : capitulation de Romulus, dernier empereur romain d’occident.
Analyse thématique
-de 776 avant JC à environ 400 avant JC, c’est l’ « ère d’or des jeux panhellénique »
(M.Durand, Ibid.)
Le rapport à la religion
« La première caractéristique essentielle de l’olympisme ancien aussi bien que l’olympisme moderne, c’est d’être une religion. En ciselant son corps par l’exercice comme le fait le sculpteur d’une statue, l’athlète moderne exalte sa patrie, sa race, son drapeau »(P. de Coubertin, Les assises philosophiques de l’olympisme moderne, allocution radiodiffusée lors des JO de Berlin, 1936)
Le rapport à la violence
« Les Grecs, les hommes les plus humains de l’antiquité, possèdent un caractère cruel et portent la marque d’un désir de destruction »(Nietsche, La joute chez Homère, in Ecrits posthumes, 1870-1873, Ed Française, 1973)« Creugas, le premier, frappa Damoxène d’un grand coup sur la tête ; celui-ci demanda ensuite à Creugas de tenir son bras tendu en hauteur. Aussitôt, Damoxène lui plongea les doigts tendus dans le flanc, sous les côtes, avec tant de violence qu’il le perça de ses ongles pointus ; il introduisit sa main dans le ventre de l’autre et lui arracha les boyaux. Creugas mourut sur le champ »(Pausianas, in Le Floch’moan, La genèse des sports, Payot, 1962)
Utilisation et relativisation de la thèse de N.Ellias
« C’est le même esprit de compétition qui faisait s’affronter les guerriers Archéens sur la grève près de Troie, lors des jeux funèbres en l’honneur de Patrocle, les champions des grands jeux de la Grèce ancienne, les premiers athlètes des Jeux Olympiques du début de notre siècle, les premiers concurrents du tour de France »(M.Durand, La compétition en Grèce antique, l’Harmattan, 1999)« Si la volonté de puissance est an-historique, ses déterminations matérielles seront bien marquées du sceau du temps dans lequel elles se déroulent ».(M.Durand, ibid)
Conclusion ; des JO antiques aux sports modernes, continuité ou rupture ?
« La comparaison du sport grec et du sport britannique révèle tout ce qui les sépare. Elle permet aussi de constater tout ce qu’on de simpliste la plupart des théories du sport. Elles veulent que le sport traduise à sa façon des traits permanents de la nature humaine »(J.Ulmann, De la gymnastique aux sports modernes, Paris, Vrin, 1967)
-Pour en savoir plus :
-N.Bancel et J.M.Gayman, Du guerrier à l’athlète, PUF, 2002.
-M.Durand, La compétition en Grèce antique, Paris, l’Harmattan, 1999.
-G.Goetghebuer, Les mythes fondateurs de l’Olympisme, in Sport et vie °62, sept-oct 2000.
Histoire des pratiques corporelles – L 1
CM de G.VEZIERS
Les jeux dans la société d’ancien régime
Les jeux de la noblesse, de la préparation à la continuation de la guerre :
Les tournois
« le grand sport du moyen-âge était le tournoi » (J.J.Jusserand, Les sports et les jeux dans l’ancienne France, 1905).« Pour quantité de chevaliers guerre et tournoi c’est tout un » (G.Duby, Les tournois, matchs du moyen-âge, in Historia n°457, janv 1985)
-Les joutes
La chasse
« Elle prétend (la chasse) réactiver le combat avec la nature et illustre la guerre, plaisir de roi, au point d’être mêlée avec elle, confondant meutes de chiens et troupes de soldats »
(G.Vigarello, Passion sport, Paris, Textuel, 2000)
-Les jeux-traditionnels, diversité des pratiques et des modalités :
« Peu de « vitesse » ou de « résistance au souffle », ces notions inventées dans le monde moderne avec le bouleversement des exigences techniques et des analyses physiologiques »
(G.Vigarello, ibid.)
Un jeu qui se « sportivise » : le jeu de paume :
-Nombre de « tripots » à la fin du 16è s :
Paris : 250 Orléans : 40 Poitiers : 22
Le jeu « roi » du peuple ; la Soule :
« La Soule a été lancée. Les deux armées n’en forment plus qu’une, se mêlent, s’étreignent, s’étouffent. A la surface de cet impénétrable chaos, on voit mille têtes s’agiter, comme les vagues d’une mer furieuse, et des cris inarticulés et sauvages s’en échappent…Grâce à sa vigueur ou à son adresse, l’un des champions s’est frayé un passage à travers cette masse compacte et fuit en emportant au loin la soule. On ne s’en aperçoit pas d’abord, tant l’ivresse du combat met hors d’eux mêmes ces combattants frénétiques !…Mais lorsque ceux à qui il reste un peu plus de sang froid qu’aux autres voient enfin qu’ils s’épuisent en inutiles efforts…cet immense bloc d’une seule pièce se rompt, se divise, se disperse. Chacun vole soudain vers le nouveau champ de bataille en y courant, on s’insulte, on s’attaque, on se culbute et vingt actions partielles s’engagent autour de l’action principale ».
Le cousin Britannique de la Soule ; le Hurling
« Dans ce jeu, on peut comparer la balle à un esprit infernal, car celui qui l’attrape s’enfuit immédiatement comme un fou, se démenant et se battant contre ceux qui tentent de le saisir ; et dès qu’il n’ a plus la balle, il passe sa fureur au porteur suivant, et lui même redevient paisible comme auparavant » « lorsque le hurling est terminé on les voit rentrer chez eux comme d’une bataille rangée, la tête en sang, les os brisés et disjoints, et avec de telles contusions que leur vie en est abrégée »(Témoignage d’époque (1602), cité par E.Dunning in Sport et civilisation, la violence maîtrisée, 1986)