Histoire de l’hygiène hospitalière

Histoire de l’hygiène hospitalière :

Dans le monde

L’hygiène hospitalière (HH) est un thème d’actualité, mais pas du tout nouveau. En effet, 500 ans avant JC, Susruta, médecin en Inde recommandait aux chirurgiens de nettoyer et de désinfecter les salles d’opérations avant et après toutes opérations par l’émission de vapeur. Au 12ème siècle, le calife demanda à Al Rhazi (Rhazès) de choisir à Bagdad le meilleur emplacement pour la construction d’un nouvel hôpital. Al Rhazi suspendit des moreaux de viandes en divers endroits de la ville, puis choisit le lieu où la viande se putréfiait le moins vite, il est également l’initiateur de l’usage de l’alcool en médecine .

C’est au XIVème siècle que deux médecins de l’Espagne musulmane, Ali Ibn Khatima El Ansari à Almeria et Ibn Al Khatib, énoncèrent pour la première fois la notion de contagiosité, recommandant d’isoler les malades et de détruire le linge avec lequel ils avaient été en contact .

La naissance de l’infectiologie au XIXe siècle et les travaux de Pasteur établissant la nature microbienne des infections ont permis de codifier les règles d’hygiène, d’asepsie et d’l’antisepsie, en plus du progrès de l’anesthésie , la chirurgie se pratiquait avec succès .

A la fin du XVIIIe siècle, l’hôpital était encore un lieu d’accueil des invalides, des vieillards, des malades, des pauvres et des enfants abandonnés. Dans la description des hôpitaux de Paris, Tenon disait que les malades couchaient six à huit par lit, il décrivait : « là est le dépôt général des morts ; ici les vestiaires ; plus haut sont les maladies les plus contagieuses, avec des écoles pour l’étude de l’anatomie ». Les maladies contagieuses se propageaient par l’intermédiaire des malades et des serviteurs, par les linges, les lits, les hardes et les latrines. Tenon préconise alors de séparer les malades contagieux les uns des autres et de ceux qui ne le sont pas .

Des salles ont été réservées aux fièvres les plus malignes et les chirurgiens et les infirmiers mouraient aussi de fièvre. En 1664, la fièvre puerpérale tuait un nombre important d’accouchées et on a remarqué que parmi les indigentes, celles qui accouchaient à domicile était moins attaquées que celles qui accouchaient à l’hôtel dieu, hôpital de Paris. Une épidémie de fièvre puerpérale de 1774 à 1786, faisait périr beaucoup d’accouchées et sa contagiosité fut reconnue en 1773 par Charles White, accoucheur à Manchester et Alexander Gordon constatait que seules les femmes examinées ou surveillées par des médecins ou des sages-femmes ayant été déjà au contact avec les malades en sont atteintes. En 1829 Robert Collins, obstétricien à Dublin arriva à contrôler une épidémie en faisant désinfecter les chambres au chlore naissant .

Ces travaux n’eurent pas de retentissement. Tout comme l’article publié en 1842 par Oliver Wendel Holmes de Boston dans lequel il dit que la fièvre puerpérale est le plus souvent transportée de malade à malade par les médecins et les infirmières .

C’est indiscutablement Ignaz Semmelweis, assistant d’obstétrique hongrois, qui décrivait le mode de transmission de la fièvre puerpérale et les moyens de l’interrompre grâce au relevés statistiques au niveau de la maternité où il exerçait et qui est organisée en deux divisions, il constata une mortalité chez les jeunes mères de 9,92% dans la division réservée à l’enseignement des médecins et 3,38 % dans la deuxième division réservée à l’enseignement des sages-femmes. Semmelweis a compris que la fièvre puerpérale était introduite dans la première division par les étudiants en médecine qui pratiquaient chaque jour des autopsies avant d’examiner les accouchées. Il fait la déduction que la cause de la maladie était ce qu’il appela le poison cadavérique. Il concluait que des parcelles cadavériques adhérentes aux mains des étudiants en médecine devaient être introduites dans les voies génitales des femmes lors de l’examen obstétrical. Il fit alors installer des cuvettes contenant du chlorure de chaux et exigea des accoucheurs un lavage méticuleux des mains avant tout examen. En quelques mois la mortalité dans la division I devint inférieure à celle observée dans la division II. Ensuite il montra que le cadavre n’est pas la seule source d’infection mais aussi les particules organiques en décomposition .

La doctrine de Semmelweis fut publiée treize ans après (1861) dans un ouvrage ayant pour titre : « Die Atiologie, der begriff und die prophylaxis des kindbettfiebers », « Etiologie, prise en charge et prophylaxie de la fièvre puerpérale ». Dans cet ouvrage Semmelweis indique que la désinfection des mains ne suffit pas mais que les objets doivent également être désinfectés, ainsi il fut réellement le premier à élaborer la méthode d’asepsie et à prouver son efficacité .

James Simpson, professeur d’obstétrique à l’université d’Édimbourg observa que la mortalité des amputations effectuées à l’hôpital était quatre fois plus élevée que la mortalité effectuée hors de l’hôpital. De plus celle-ci était d’autant plus élevée que le nombre de lits était grand [15] . De nombreux investigateurs se lancent dans la recherche des germes et ce sont L .Coze et V. Feltz qui en 1869 dans la gazette de Strasbourg décrivirent et dessinèrent le germe en chainette dans le sang d’une jeune femme morte d’une fièvre puerpérale [15] . Joseph Lister, professeur de chirurgie à Glasgow, se préoccupait de comprendre pourquoi les fractures ouvertes suppuraient alors que les fractures fermées guérissaient sans complications. Comprenant que les suppurations sont dues à des fermentations d’origine microbienne, il utilisa l’acide phénique comme antiseptique en le pulvérisant dans l’air de la salle d’opération ainsi qu’en l’appliquant sur la peau des patients, sur les mains des chirurgiens et sur le pansement .

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En 1871, Alphonse Guérin, chirurgien, fit diminuer significativement la mortalité après amputation en utilisant un pansement ouaté occlusif à la place du pansement de charpies alors usuellement utilisé [15] . Il devint clair que de nombreuses contaminations de plaies étaient manuportées ou véhiculées par des instruments ou des pansements. C’est alors que Félix Terrier et Octave Terrillon, deux chirurgiens parisiens codifièrent la méthode d’asepsie. L’asepsie devait prévenir toute souillure microbienne au cours d’un acte chirurgical pratiqué sur des tissus non infectés [15] . C’est en 1874 que les chirurgiens français commencèrent à appliquer les méthodes d’asepsie proposées par Lister en 1867. Au début du XXe siècle, les taux de mortalité chez les accouchées à l’hôpital et à domicile se sont inversés [137] . Vers 1880, les instruments emmanchés de bois furent remplacés par des instruments entièrement en métal faciles à nettoyer. En 1883, Poupinel adapta à la chirurgie l’étuve sèche capable de porter les instruments à 180°C et Chamberland mit au point l’autoclave permettant la stérilisation à la chaleur humide. Le masque opératoire fut adopté par Von Mikulicz en 1897, à la suite des travaux de Flügge sur la flore bactérienne des gouttelettes de salive [15] . De 1885 à 1900, la mortalité opératoire en chirurgie abdominale va passer de 50 % à 2 % [137] . L’utilisation de gants en salle d’opération, en 1889, se doit à Halsted, un chirurgien américain [15] . Le XXe siècle sera marqué par la découverte des antibiotiques [15] . Dans les propos du professeur René Roué, membre du Haut Conseil de Santé Publique(France) [137] , « Si les facteurs de risque d’infections nosocomiales ont totalement changé en un siècle, les piliers de la lutte restent l’asepsie et l’antisepsie, notamment par la désinfection des mains. J’ai le souvenir que les traités de chirurgie et de médecine de mes études médicales débutaient par un chapitre sur ces deux concepts fondamentaux et que le premier apprentissage en stage de chirurgie était de se laver les mains avec brossage, selon les règles, pendant de longues minutes… Il faut ajouter qu’à l’école primaire, le lavage des mains était obligatoire avant de passer à table… Aujourd’hui, nous avons curieusement besoin de nouvelle preuves, statistiques de préférence, de la nécessité d’avoir un comportement qui a longtemps été naturel, évident… , social autant que sanitaire » .

Table des matières

I.- Introduction
1.- Histoire de l’hygiène hospitalière
1.1.- Dans le monde
1.2.- En Algérie
2.- Définitions
2.1.- Définition de l’infection nosocomiale
2.2.- Définition de l’infection du site opératoire (ISO)
3.- Pathogénie des ISO
3.1.- Paramètres déterminants la survenue d’ISO
3.2.- Voies de contamination
3.3.- Sources
3.3.1.- Sources endogènes
3.3.2.- Sources exogènes
3.4.- Agents pathogènes
3.5.- Chirurgie et défenses contre l’infection
3.6.- Mécanismes potentiels de l’immunodépression
4.- Facteurs de risque
4.1.- Facteurs de risque liés au patient
4.2.- Facteurs de risque liés aux caractéristiques de l’intervention
5.- Programme de surveillance des ISO dans le monde
5.1.- Objectifs
5.2.- Méthodologie
5.3.- Généralisation de la surveillance
6.-Situation des ISO
6.1- Place des ISO parmi les infections nosocomiales
6.1.1.- Dans le monde
6.1.2.- En Algérie
6.2.-Variabilité des taux d’ISO
6.3.-Taux d’ISO
6.3.1.- Pays développés
6.3.2.- Pays en voie de développement
6.3.3.- En Algérie
7.- Prévention des ISO
7.1.-Surveillance épidémiologique des ISO
7.1.1.- Stratification du risque infectieux des ISO
7.1.2.- Méthodes de surveillance
7.2.- Recommandations pour la prévention des ISO
7.2.1.-Antibioprophylaxie en chirurgie
7.2.2.-La préparation cutanée de l’opéré
7.2.3.-Autres mesures
II.-Problématique
1.- Définition du problème
2.- Hypothèses de recherche
3.- Objectifs de l’étude
III.- Méthodologie de recherche
1.- Enquête de prévalence
1.1.- Population cible
1.2.- Définition des variables
1.3.- Méthode de collecte des données
1.4.- Codage des données
1.5.- Traitement des données et tests statistiques
2.- Enquête d’incidence
2.1.- Population cible
2.2.- Méthode d’échantillonnage
2.3.- Définition des variables
2.4.- Méthode de collecte des données
2.5.- Codage des données
2.6.- Traitement des données et tests statistiques
IV.- Résultats
1. Enquête de prévalence
1.1-Description de la population enquêtée
1.1.1- Age et sexe des opérés
1.1.2- Spécialités chirurgicales
1.2- Taux de prévalence des ISO
1.2.1-Taux de prévalence globale
1.2.2- Taux de prévalence spécifiques des ISO
1.3- Identification des facteurs de risque
1.4- Caractéristiques des ISO
1.4.1.- Profondeur des ISO
1.4.2.- Bases de diagnostic
1.4.3.- Germes en cause
1.5.- Caractéristiques de la préparation cutanée des opérés
1.6.- Fréquence du traitement infectieux en cours
2. Enquête d’incidence
2.1-Description de la population enquêtée
2.1.1.- Qualité des données recueillies
2.1.1.1.- Données manquantes
2.1.1.2.- Suivi des opérés
2.1.2.- Age des opérés
2.1.3.- Sexe des opérés
2.1.4.- Etat de santé des opérés
2.1.4.1.-Score pré-anesthésique ASA
2.1.4.2.- Affections associées
2.1.4.3.- Néoplasie
2.1.5.- Durées des séjours hospitaliers
2.1.6.- Caractéristiques des interventions chirurgicales
2.1.6.1.-Type de chirurgie
2.1.6.2.- Conditions d’interventions chirurgicales
2.1.6.3.- Classe de contamination d’Altemeier des interventions
2.1.6.4.- Durée d’interventions
2.1.7.- Caractéristiques de l’antibioprophylaxie
2.2.- Taux d’incidence des ISO
2.2.1-Taux d’incidence cumulée
2.2.1.1.- Période d’hospitalisation
2.2.1.2.- Période de suivi
2.2.2.- Densité d’incidence
2.2.3.-Taux d’incidence spécifique
2.2.3.1.- Selon le score pré-anesthésique ASA
2.2.3.2.- Selon la classe de contamination d’Altemeier
2.3.-Description des ISO
2.3.1.- Profondeur des ISO
2.3.2.- Bases de diagnostic
2.3.3.- Délai d’apparition des ISO
2.3.4.- Prise en charge des cas d’ISO
2.3.4.1.- Séjour post opératoire
2.3.4.2.-Ré hospitalisation des ISO et reprise chirurgicale
2.4.-Etude des facteurs de risque
2.4.1.- Analyse univariée
2.4.2.- Analyse multivariéé
V.- Discussion
VI.- Conclusion 

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