Histoire de l’éducation à l’image au lycée Beauséjour

L’éducation aux médias, mère de l’éducation à l’image ?

Difficile d’envisager de partir sur les traces de l’histoire de l’éducation à l’image sans évoquer l’histoire de l’éducation aux médias. Ces deux éducations sont intrinsèquement liées et parfois chez les enseignants l’éducation à l’image n’est pas distinguée de l’éducation aux médias. L’image est considérée comme un objet médiatique au même titre que les autres médias : télévision, internet, radio, … L’inscription officielle de l’éducation aux méDIAS DANS LE SOCLE COMMUN DES compétences ET DES CONNAISSANCES EST INTRODUITE DANS LA LOI EN 2005. ELLE EST MISE EN place AU PRIMAIRE EN 2008, AU collège EN 2009, ET DEVIENT nécessaire à l’obtention du Diplôme National du Brevet en 2011.
C’est en 1976, que les premières circulaires autorisent l’introduction de la presse à l’école comme support pédagogique, sous l’impulsion du ministre René Haby. La lecture et l’étude des journaux sont introduites dans les programmes des différentes disciplines, dans le strict respect de la neutralité d’opinion, par les professeurs. L’objectif est pédagogique, la comparaison de différentes sources devant permettre l’évaluation critique et de « bien distinguer entre les faits et leur interprétation ».
En 1982, l’UNESCO invite les différents gouvernements à organiser et soutenir des programmes intégrés d’éducation aux médias, avec comme objectif de développer une conscience critique des jeunes publics, de former les éducateurs et de stimuler les activités de recherche lors du « Symposium international sur l’Éducation du public aux médias de masse » à Grünwald du 18 au 22 janvier 1982. Après 1982, faire l’histoire de l’éducation aux médias, c’est faire l’histoire du Clemi qui est créé en 1983. Ce Centre de Liaison pour les Moyens d’Information est créé par arrêté ministériel, confié à Jacques Gonnet qui, en 1982, avait signé avec Pierre Vandevoorde, « Introduction des moyens d’information dans l’enseignement : Rapport au ministre de l’Éducation nationale ». La mission confiée au Clemi est de « promouvoir, notamment par des actions de formation, l’utilisation pluraliste des moyens d’information dans l’enseignement afin de favoriser une meilleure compréhension par les élèves du monde qui les entoure tout en développant leur sens critique ». Le 25 mars 1993, un décret confirme la mission confiée au Clemi. Celle-ci reste inchangée. C’est en 2007 que le Clemi devient, par décret, le Centre de Liaison de l’Enseignement et des Médias d’information ; il constitue un service du CNDP, Centre National de Documentation Pédagogique, aujourd’hui appelé réseau Canopé. Le Clemi est « chargé de l’éducation aux médias dans l’ensemble du système éducatif ».
Nous avons vu que l’éducation aux médias était encadrée par trois textes. Voici un extrait de la loi du 8 juillet 2013 qui nous permet de cerner les fonctions attribuées au Clemi : « Il est impératif de former les élèves à la maîtrise, avec un esprit critique, de ces outils qu’ils utilisent chaque jour dans leurs études et leurs loisirs et de permettre aux futurs citoyens de trouver leur place dans une société dont l’environnement technologique est amené à évoluer de plus en plus rapidement ».
Les professeurs-documentalistes doivent être particulièrement concernés et impliqués dans les apprentissages liés au numérique.
Cela passe notamment par l’inscription dans la loi du principe d’une éducation numérique pour tous les élèves, qui doit permettre aux enfants d’être bien formés et pleinement citoyens à l’ère de la société du numérique. La formation scolaire comprend un enseignement progressif et une pratique raisonnée des outils d’information et de communication et de l’usage des ressources numériques qui permettront aux élèves tout au long de leur vie de construire, de s’approprier et de partager les savoirs, tout au long de leur vie.
La formation à l’utilisation des outils et des ressources numériques comporte en outre une sensibilisation aux droits et aux devoirs liés à l’usage de l’internet et des réseaux, qu’il s’agisse de la protection de la vie privée ou du respect de la propriété intellectuelle. Elle comporte également une sensibilisation à la maîtrise de son image et au comportement responsable.
Au collège, l’éducation aux médias, notamment numériques, initie les élèves à l’usage raisonné des différents types de médias et les sensibilise aux enjeux sociétaux et de connaissance qui sont liés à cet usage ».
Ainsi l’éducation aux médias devient l’EMI : l’éducation aux médias et à l’information. Ces travaux de recherche commencés en 2012 doivent tenir compte de cette évolution avec son intégration dans le socle de connaissances, de compétences et de culture dès la rentrée scolaire de septembre 2016.
Nous mesurons la difficulté de faire des recherches sur un thème de recherche actuel. Difficile de définir avec précision les liens qui unissent éducation aux médias et à l’information et éducation à l’image. Nous posons l’hypothèse que l’éducation aux médias n’est pas la mère de l’éducation à l’image mais la mère de l’EMI en prenant appui sur l’histoire récente. L’EMI prend en compte les nouvelles pratiques des jeunes et l’image photographique en fait partie. Elle est intégrée au parcours citoyen, que nous avons présenté, définie par le nouveau socle commun de connaissances, de compétences et de culture, dans le Décret n°2015-372 du 31 mars 2015, le bulletin officiel n°17 du 23 avril 2015, avec une entrée en vigueur à la rentrée 2016. « Les programmes d’EMC comportent des chapitres dédiés à l’éducation aux médias ainsi qu’aux réseaux sociaux et à l’usage d’internet ». Pour les enseignants des « repères pour se former » sont proposés dans des dispositifs de formation continue tutorée et interactive à travers M@gistère, nouveau service pour intégrer le numérique à l’école. Des MOOC (Massive Open Online Courses, c’est-à-dire des cours en lignes ouverts à tous) sont proposés à partir de la plateforme FUN, dont le slogan est : « se former en liberté », lancée par le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche en octobre 2013. Nous avons suivi deux d’entre eux, parmi une offre de trois : le MOOCdocTICE EMI, (en 2015-2016) et un autre proposé sur la plateforme FUN : MOOC eFan EMI intitulé : Éducation aux médias et à l’information à l’ère du numérique (en 2016-2017), alimenté par l’Ecole normale supérieure de Paris-Saclay connue sous l’appellation ENS Cachan et l’ENS de Lyon. Le troisième fera l’objet d’une inscription l’année prochaine. Le MOOC DIY EMI pour Do it Yourself d’une durée de 2 mois, a été proposé en 2015 par l’Université Sorbonne Paris 3. Il propose de répondre aux questions posées par cette éducation aux médias : Pourquoi ? Qui ? Quoi ? Comment ? Et annonce vouloir favoriser les échanges entre les professionnels.
Le premier que nous avons suivi était conduit par l’académie de Besançon pour développer une pédagogie numérique et une culture de l’information auprès des élèves. Les professeurs documentalistes ont été choisis comme destinataires. Sous forme de webinaires, des thématiques liées aux médias étaient présentées, chaque semaine. Ensuite, des groupes avec un tuteur ont été créés et des thèmes de réflexion proposés. Les équipes devaient produire des séquences pédagogiques.
Le deuxième MOOC auquel nous nous sommes inscrite donnait la possibilité d’obtenir une certification. Les cours ont été divisés en 5 modules : Module 0 : Introduction eFAN EMI
Module 1 : citoyenneté et pratiques de l’information
Module 2 : EMI et sciences
Module 3 : information/désinformation
Module 4 données, partage, les facettes du numérique
Chaque module proposait un cours, des activités, des vidéos, des ressources « Pour aller plus loin » et une énigme qui entretenait notre motivation. Un quizz final permettait d’obtenir une attestation. En tant que participant, nous avons été conviée à intégrer un des projets nommés « fil rouge » pour co-construire un projet, à finaliser à présenter en dernière semaine. Le MOOC venait en amont du colloque « Cultures numériques, éducation aux médias et à l’informations », les 9 et 10 janvier 2017, auquel nous avons participé pour présenter notre projet de recherche sous forme de poster. Afin de proposer un bilan des formations suivies, nous avons pu observer qu’il s’agit de formations de qualité, les ressources proposées sont riches et les supports choisis variés. L’équipe accompagne les internautes. La motivation est maintenue par des jeux, des défis lancés semaine après semaine, et par le travail de groupe proposé dans les deux MOOC. Nous avons relevé au moins deux freins à ces dispositifs: le manque de temps prévu par les MOOC pour pouvoir suivre correctement la formation à côté d’un emploi à temps plein et la méconnaissance de cet outil par les enseignants n’est pas pris en compte. Nous avons, par la suite, beaucoup communiqué sur l’existence de ce type de formation car, lorsque nous avons sondé l’ensemble des professeurs de disciplines, au sein des établissements scolaires, aucun ne connaissait ces dispositifs.
A l’avenir, il s’agira de faire connaître ces outils qui permettent de mener une Éducation aux Médias et à l’Information (EMI et d’assurer une médiation auprès des enseignants.
L’EMI couvre quatre compétences qui se déclinent ensuite en plusieurs sous-compétences : utiliser les médias et les informations de manière autonome, exploiter l’information de manière raisonnée, utiliser les médias de manière responsable, produire, communiquer, partager des informations.
Parmi les compétences énoncées aucune ne nomme précisément l’éducation à l’image. Les textes préconisent « l’acquisition des compétences de l’éducation aux médias et à l’information est mise en œuvre tout au long du cycle, notamment dans le cadre des enseignements pratiques interdisciplinaires ; chaque compétence présentée ici peut être réinvestie d’une année à l’autre selon les projets ». Tous les professeurs sont invités à investir ce champ puisque l’EMI est intégrée dans les programmes disciplinaires et dans les enseignements tout comme l’éducation à l’image.

Histoire de l’éducation à l’image

Il semble que l’éducation à l’image ait commencé en étant une éducation par l’image. Nous préférerons défendre l’expression « éduquer avec l’image » aujourd’hui plutôt que de nourrir le débat entre éduquer « à » ou éduquer « par ». En effet, au début de nos travaux nous avions voulu et tenté de faire une distinction entre « l’éducation à l’image » qui regroupait selon nous un ensemble de savoirs sur les images (leur fabrication, leur usage,…) décontextualisé d’une pratique de l’image que nous distinguions de « l’éducation par l’image » qui réunissait des savoirs, des savoir-faire et des savoir-être sur l’image en proposant de lire l’image ou de la construire. Au cours de ces travaux, c’est l’expression « éduquer avec » que nous avons choisi de retenir. « Avec » indique la manière et fait de la photographie l’outil que l’élève utilise pour s’éduquer tandis que « par » marquerait une traversée de, et nous ne voulons pas que l’élève ne fasse que « passer par » l’image, il doit apprendre des savoirs, des savoir-être, des savoir-faire pour continuer à « faire avec » dans la société de l’information. Nous gardons donc, dans cette première partie, son appellation institutionnelle : « Éducation à l’image » puisque nous voulons l’étudier. Les premières initiatives pourraient être attribuées à Bernard Georgin qui a enseigné le cinéma à la Sorbonne en 1948. (Hébuterne-Poinssac, 2000). D’autres auteurs attribuent ces débuts en 1936, lors de la naissance de l’éducation populaire. (Hébuterne-Poinssac, 2000). François Campana, Directeur de Kyrnéa, association visant à promouvoir les échanges et projets interculturels, autour du spectacle vivant et de l’image, sur la scène nationale et internationale, avance la date de 1946. Il note la tenue de clubs cinéma. L’éducation à l’image serait donc née après la seconde guerre mondiale.

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