Hermann Rorschach, sa vie et son œuvre
Hermann Rorschach est un psychiatre suisse né à Zurich en 1884 (O’Roark & Exner, 2013). Son père, mort en 1903, était un peintre qui enseignait le dessin. Hermann Rorschach, ayant un côté artistique développé plus particulièrement prononcé pour le dessin et la peinture, reçoit une éducation où l’ expression de sa créativité est très encouragée par son père (EIl enberger, 1954).
Il hésite longtemps entre se lancer dans une carrière dans le domaine des arts ou aller faire des études en médecine. Son choix va finalement pour les études médicales, suite à une rencontre avec le biologiste Haeckel, qui lui conseille la carrière scientifique. Il parcourt plusieurs universités d’Europe et passe environ un an en Russie, avant de revenir s’établir en Suisse pour de bon. Au cours de son cheminement, il se spécialise dans le domaine de la psychiatrie, influencé grandement par l’ atmosphère qui règne dans la clinique psychiatrique de Zurich, où l’ effervescence de la psychanalyse l’amène à côtoyer notamment Carl Gustav Jung, qui aura plus tard une influence sur son travail. Il continue cependant à peindre toute sa vie. n est d’ ailleurs le premier à faire de l’ art-thérapie, en introduisant la peinture comme technique thérapeutique avec les schizophrènes. Étudiant, il est surnommé «Kleck », ce qui signifie «barbouilleur aux taches d’ encre ».
À cette époque, en suisse, un jeu d’ enfant nommé klecksographie consiste à mettre une tache d’ encre sur une feuille et de la replier sur elle-même pour obtenir, par exemple, un papillon ou un oiseau. La thèse de médecine de Hermann Rorschach, qu’ il soutient en 1912, sous la direction de Bleuler, porte sur les hallucinations-réflexes et les phénomènes associés. Malgré le fait qu ‘ il n’ a pas lui-même suivi de cure psychanalytique (cela étant à l’époque – et encore aujourd’ hui – un prérequis pour pratiquer la psychanalyse), il pratique sur les patients avec qui il travaille des cures psychanalytiques l’ amenant à comprendre la maladie mentale dans la perspective de ces théories (Ellenberger, 1954). Il fréquente le groupe psychanalytique de Zurich de 1909 à 1913 (Bleuler, Jung, Maeder, Binswanger et Pfister), et publie des articles, notes et comptes rendus assez nombreux dans Zentralblatt für psychoanalyse.
Ce groupe est dissout suite au départ de Jung et du commencement de la Première Guerre Mondiale. En 1919, lors de l’ après-guerre, une société suisse de psychanalyse est fondée. Rorschach y est nommé vice-président. Il commence à faire des présentations sur le test qu ‘ il développe, test qui éveillera l’ intérêt entre autres de Oberholzer et de Zulliger, des membres fondateurs de la société suisse de psychanalyse . Son Psychodiagnostik (Rorschach, 1942) est l’ œuvre sur laquelle une très grande partie de son temps est consacré à la suite de sa thèse en médecine. Ce texte de 127 pages, paru en 1921, contient les résultats de ses études sur ses patients, de même que les 10 cartes qui sont aujourd’ hui utilisées dans le Test de Rorschach.
Ce test a pour objectif d’évaluer les caractéristiques psychiques du patient, en lien avec ses réponses et ses réactions aux taches d’ encre qui lui étaient présentées (Pichot, 1984). Il compare les réponses des patients qu’ il traite avec celles d’ individus normaux, et découvre que les caractéristiques psychologiques ont une influence sur la perception visuelle.
La typologie utilisée pour son test projectif est celle de Jung, qui est basée sur quatre dimensions : introversif (ou introverti), extratensif (ou extraverti), coarté (caractérisé par la faiblesse de ses énergies instinctuelles et de la résonance affective), ambiéqual (qui alterne entre introverti et extraverti). Ce test projectif, dont l’utilisation débute environ 10 ans après la mort de Rorschach, connait une évolution considérable et est désormais un des tests projectifs les plus utilisés. Ses écrits concernent principalement les observations et les recherches qu’ il a effectuées sur certaines sectes suisses, dont les gourous étaient en faveur de l’ inceste. Son point de vue sur les comportements des leaders de ces sectes, considérés comme psychotiques ou névrosés, est en lien avec les théories psychanalytiques, et il voit dans les agissements de ces derniers l’ expression de complexes intrapsychiques inconscients (Pichot, 1984). Hermann Rorschach était quelqu’un de réservé, d’intelligent et ayant beaucoup de culture. Il était quelqu’un d’ introverti, avec un côté créateur développé, remarquable dans les dessins qu’ il faisait. Il pouvait sembler timide aux premiers abords, mais était très présent pour ses proches. Rorschach termine sa vie comme directeur de l’Hôpital Psychiatrique de Herisau, où il meurt en 1922, suite à une crise d’ appendicite qui n’a pu être opérée (Ellenberger, 1954).
Suite à son décès, d’ autres chercheurs, notamment Klopfer et Beek, s’efforcent d’améliorer son système de cotation. Plus tard, Exner développe un autre système de cotation, le Système intégré, en se basant sur les travaux de ses prédécesseurs et en essayant d’établir une méthode de cotation plus rigoureuse sur le plan statistique.
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