Habitudes alimentaires
La transition de l’adolescence à l’âge adulte n’est pas sans laisser de traces sur les habitudes alimentaires. Plusieurs chercheurs provenant de différents pays (Canada [7, 36], États-Unis [37] Belgique [2] et Allemagne [38]) se sont intéressés soit aux modifications des habitudes alimentaires directement, ou aux facteurs reliés au gain de poids retrouvé chez cette population. D’abord, selon les données de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) de 2014 [36], c’est lors de la transition de l’adolescence (12 à 19 ans) à l’âge adulte (20 à 34 ans) que l’on retrouve la baisse la plus importante relativement à la proportion de gens qui rapportaient consommer au moins cinq fruits et légumes par jour, passant respectivement de 39,3 % à 33,5 % chez les hommes, et de 48,2 % à 44,3 % chez les femmes .
Or, les dernières données de l’ESCC de 2016 [39], rapportent différentes habitudes de consommation de fruits et légumes durant cette transition (12-17 ans à 18-34 ans). Effectivement, on observe toujours une diminution de la proportion d’hommes rapportant consommer au moins cinq fruits et légumes par jour (27,7 % à 24,4 %, respectivement), mais une augmentation de la proportion de femmes rapportant consommer au moins cinq fruits et légumes par jour (30,5 % à 36,4 % respectivement) . Outre la différence de fréquence de consommation de fruits et légumes lors de cette transition, on peut remarquer que la proportion des hommes et des femmes d’âge universitaire (18-20 à 34 ans) rapportant consommer au moins cinq fruits et légumes par jour a diminué depuis 2014, passant de 33,5 % à 24,4 % et 44,3 % à 36,4 %, respectivement [36, 39].
Au niveau des habitudes auto-rapportées de consommation excessive d’alcool de l’ESCC de 2016 [39], c’est-à-dire boire cinq verres d’alcool ou plus pour les hommes, et quatre verres d’alcool ou plus pour les femmes, et ce, en une seule occasion, au moins une fois par mois au cours de la dernière année, ce sont les individus issus du groupe d’âge de 18 à 34 ans qui avaient la proportion la plus élevée de consommateurs abusifs d’alcool, soit 34,4 % des hommes et 23,4 % des femmes.
Une autre étude s’étant intéressée aux habitudes de vie d’étudiants universitaires provenant de huit institutions réparties dans cinq provinces canadiennes en 2013 [7] a observé des résultats similaires. Effectivement, 7 241 des 8 182 étudiants (88,5 %) ayant pris part à l’étude ont rapporté manger généralement moins de cinq portions de fruits et légumes par jour [7]. Dans ce même échantillon, 60 % des étudiants rapportaient avoir consommé plus de cinq consommations d’alcool en une seule occasion au cours des 15 derniers jours.
D’autre part, les chercheurs américains Levitsky et al. [37] ont répertorié, par l’intermédiaire d’une étude portant sur l’évaluation du gain de poids auprès de 60 étudiants universitaires inscrits à deux cours d’introduction axés sur la santé à l’Université de Cornell, différentes variables reliées aux apports et habitudes alimentaires ayant une influence sur la prise de poids de cette population. Ainsi, près de la moitié (47 %) de la variance du poids a été associée à la consommation de malbouffe, au nombre de repas consommés durant la fin de semaine et à la consommation de collations en soirée. À cet égard, Laska et al. [40] démontrent, par leur étude menée auprès de plus d’un millier d’étudiants universitaires, que les comportements alimentaires sont associés positivement ou négativement aux habitudes alimentaires des jeunes adultes. Par exemple, les résultats démontrent que la préparation des repas à domicile, l’intégration de légumes aux repas, puis le fait de souper et de déjeuner favoriseraient la consommation de fruits et légumes, tandis que manger sur le pouce, manger en écoutant la télévision ou devant son ordinateur, ou acheter de la nourriture sur le campus seraient associés à la consommation de malbouffe et de breuvages sucrés [40]. Or, les résultats de cette étude indiquent qu’en moyenne, moins d’un repas (0,7) par jour est préparé à domicile, tout juste 3 repas (2,9) par semaine sont préparés avec des légumes, près de 3 (2,8) déjeuners et 1 (0,8) souper sont sautés par semaine et que 3 repas par semaine sont consommés devant un écran [40].
Outre-mer, Deforche et al. [2] ont mesuré les variables anthropométriques et les habitudes de vie de 291 étudiants belges à partir de leur dernier semestre d’études secondaires jusqu’à la fin de leur première année collégiale ou universitaire. Les résultats concernant les habitudes alimentaires de ces étudiants ont démontré des similarités avec les résultats des études canadiennes tant chez les hommes que les femmes, soit une diminution au niveau de plusieurs variables, dont la consommation de fruits et légumes, de fibres alimentaires, de calcium, et de la variété dans l’alimentation, et une augmentation au niveau de la consommation d’alcool, mais celle-ci observée uniquement chez les hommes [2]. Par ailleurs, Hilger et al. [38], ayant interrogé près de 700 étudiants universitaires allemands dans plus de 40 universités différentes, ont observé qu’une faible proportion (moins de 30 %) consommaient des fruits et des légumes plusieurs fois par jour, et que les hommes rapportaient consommer davantage de fast-food et de viandes et moins de fruits et de légumes comparés aux femmes.
Habitudes d’activité physique
Tout comme les habitudes alimentaires, les habitudes d’activité physique ont tendance à changer au cours de la transition de l’adolescence à l’âge adulte [6, 7]. En effet, une étude longitudinale ayant suivi 640 canadiens pendant 12 ans, soit durant leur transition de l’adolescence (12-15 ans) à l’âge adulte (24-27 ans), a permis d’observer une diminution moyenne de 24 % de la pratique d’activité physique, sexe et trajectoire scolaire (poursuite des études postsecondaires ou entrée sur le marché du travail) confondus [6]. Or, toujours selon cette étude, une diminution plus marquée a été rapportée chez les hommes qui ont fait des études postsecondaires, comparativement à ceux n’ayant pas poursuivi leurs études. Chez les femmes fréquentant des institutions postsecondaires, cette diminution était moins marquée que chez les hommes. Cependant, il est à noter que celles-ci étaient déjà moins actives au secondaire que leurs confrères [6]. En ce sens, les résultats d’une autre étude menée par Kwan et al. [7] et s’étant intéressée aux comportements de santé à risque d’étudiants fréquentant des institutions postsecondaires dans cinq provinces canadiennes, dont la pratique d’activité physique d’intensité modérée à élevée, indiquent que 72,2 % des étudiants étaient considérés comme étant physiquement inactif. Sans surprise, ces constatations ont également été retrouvées dans d’autres pays. Par exemple, aux États-Unis, 40,8 % des adultes de 18 à 44 ans n’atteignent pas les niveaux d’activité physique recommandés [41]. En Australie, les données de 2011 et 2012 chez les jeunes de 15 ans et plus suggèrent que 66,9 % étaient sédentaires ou faiblement actifs [42]. Finalement, en Angleterre, des données de 2004 suggèrent que 73 % des étudiants et 79 % des étudiantes universitaires n’atteignent pas les recommandations en matière d’activité physique [43].
D’autre part, une méta analyse menée par Keating et al. [44] s’est intéressée plus précisément aux habitudes générales d’activité physique d’étudiants universitaires de premier cycle. Répertoriant également une faible pratique d’activité physique, soit seulement 50 % des étudiants atteignant les recommandations de l’American College of Sports Medicine, ceux-ci ont également été en mesure de déterminer leurs habitudes et préférences au niveau des différentes activités physiques [44]. Par exemple, comparativement à d’autres populations adultes, les étudiants seraient plus actifs durant les jours de semaine que durant la fin de semaine. De plus, ceux-ci s’engageraient davantage dans des activités physiques qu’ils maîtrisent par rapport à celles où ils se sentent moins confortables [44].
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