Quelles sont les principales activités d’une société de capital-risque?
Le processus que déroule une société de capital-risque se décompose en six activités principales :
1. La définition d’une stratégie d’investissement.
2. La levée du fonds : la société de capital-risque doit rassembler de l’argent avant de l’investir (elle fait appel à des souscripteurs).
3. L’investissement : la société de capital-risque investit l’argent levé en entrant dans le capital d’entreprises à fort potentiel de créa-tion de valeur.
4. Le suivi des investissements/réinvestissements/reporting : la société de capital-risque participe à la stratégie des entreprises dans lesquelles elle a investi. Elle est parfois amenée à refinancer des entreprises dans lesquelles elle est actionnaire. Elle doit par ailleurs rendre régulièrement des comptes de ses investissements à ses souscripteurs.
5. Le désinvestissement ou «sortie» : la société de capital-risque vend les participations qu’elle a prises lors de la phase 2, à l’occa-sion de cessions industrielles ou d’inscriptions sur un marché financier (Alternext, Euronext, Nasdaq, etc.) des entreprises dans lesquelles elle a investi.
6. La liquidation du fonds : la société de capital-risque rend à ses souscripteurs l’argent encaissé dans la phase 5. Selon qu’elle aura ou non fait de bons investissements, elle rendra plus ou moins d’argent.
Pour fixer les idées, et avant de détailler les différentes activités ci-dessus exposées, disons que la durée totale de déroulement du pro-cessus est de l’ordre de huit à dix ans : quelques mois pour définir la stratégie, de douze à dix-huit mois pour la levée de fonds, entre deux et trois ans pour trouver les entreprises que la société de capi-tal-risque souhaite financer, entre trois et cinq ans pour que les investissements soient réellement créateurs de valeur, puis un à trois ans pour trouver la meilleure sortie (cession de l’entreprise, inscrip-tion en Bourse, etc.).
Ce processus est déroulé autant de fois que l’équipe d’investisseurs lève et gère de fonds. On verra plus loin que, du point de vue de l’entrepreneur, il est important de savoir avec quel fonds un investis-seur est susceptible de rentrer dans son capital, lorsque celui-ci en gère plusieurs, et surtout dans quelle phase du processus le fonds en question se trouve. Annonçons déjà que plus la société de capital-risque est avancée dans le processus, plus un investissement nouveau devra créer de la valeur rapidement.
Définition d’une stratégie d’investissement
Comme toute entreprise, une société de capital-risque doit avant tout définir une stratégie. Il s’agit pour elle principalement de déter-miner une politique d’investissement, c’est-à-dire :
les secteurs d’activité dans lesquels elle va investir (biotechnolo-gie, nanotechnologie, électronique, téléphonie, télécoms, e-com-merce, logistique, industrie «traditionnelle», etc.);
les secteurs géographiques dans lesquels elle réalisera ces investissements;
le niveau de maturité des entreprises recherchées (en est-on au stade de l’idée, d’un premier produit, des premières ventes, du lancement de l’activité à l’international, etc.?);
le type de risque que la société de capital-risque souhaite prendre (risque produit, risque client, risque d’industrialisation, etc.);
Une société de capital-risque, comment ça marche ?
le niveau de risque souhaité : «fort enjeu/fort risque» ou «faible enjeu/faible risque»;
la «taille des tickets» (c’est-à-dire le montant moyen investi dans une entreprise à l’entrée dans son capital) et l’exposition moyenne (c’est-à-dire le montant moyen investi dans une entre-prise lors de son accompagnement); etc.
C’est sur la base de cette politique d’investissement que la société de capital-risque lèvera des fonds (voir l’étape suivante du processus).
L’entrepreneur qui souhaite faire appel à une société de capital-ris-que doit clairement identifier la stratégie d’investissement de cette dernière pour déterminer si le projet qu’il propose est susceptible de correspondre à ce qu’elle recherche ou non. Notons ici qu’il ne s’agit donc pas uniquement d’avoir un «bon projet» pour trouver un par-tenaire financier, faut-il encore que le projet réponde à une demande.
Levée du fonds
Dans cette deuxième phase du processus, la société de capital-risque va à la rencontre de souscripteurs éventuels, leur présente son projet d’investissement et les rendements espérés, et essaie de les convain-cre de lui confier de l’argent à investir.
La levée de fonds se déroule différemment, selon que la société de capital-risque s’adresse à des souscripteurs présentant la qualité d’investisseur averti ou non. En effet : «La qualité d’investisseur averti doit être appréciée au regard des trois critères cumulatifs, à savoir : la compétence professionnelle, la nature des opérations réalisées et la connaissance des instruments financiers, et le volume des opérations.»1
Plus concrètement, certaines sociétés de capital-risque vont s’adres-ser en direct à un petit nombre de très grands institutionnels (ou à quelques personnes très fortunées) qui confieront chacun de grosses sommes d’argent (plusieurs millions, voire dizaines de millions, d’euros), quand d’autres vont faire appel à de l’épargne publique, s’adressant, par le biais de réseaux commerciaux (banques, gestion-naires de patrimoine, assurances) à un grand nombre de personnes physiques. C’est, dans ce cas, plusieurs milliers de personnes qui confieront chacune quelques milliers d’euros à la société de capital-risque.
Dans tous les cas, l’exercice de la levée de fonds n’est pas simple. En effet, le type de placement proposé aux souscripteurs présente deux inconvénients majeurs :
La non-liquidité. Une fois l’argent levé par la société de capital-risque, celui-ci est investi dans des sociétés qui vont elles-mêmes l’investir dans leurs projets de développement, lesquels ne pro-duiront leurs effets qu’au bout d’un laps de temps généralement de l’ordre de quelques années. Pas question donc, une fois une participation prise dans le capital d’une entreprise, de «récupérer sa mise» à court terme. Du point de vue du souscripteur, les pla-cements dans le capital-risque n’offrent donc pas de perspectives de sortie avant la date de liquidation du fonds, contrairement par exemple à certains investissements directs en Bourse, dont on peut sortir relativement facilement.
Un horizon d’investissement relativement long, de l’ordre de huit ans. On l’a vu plus haut, la durée de déroulement de l’ensemble du processus d’investissement/suivi/désinvestissement est de cet ordre de grandeur.
Les sociétés de capital-risque doivent donc, pour rester motivantes, présenter des rendements meilleurs que ceux proposés par des place-ments plus liquides, ou à horizon plus court. En clair, une équipe de capital-risque ne peut prétendre lever un fonds que si elle peut faire valoir des performances de l’ordre de 20 à 30 % par an! Malheur aux équipes qui ne performent pas, elles ne lèveront plus de fonds et seront de ce fait amenées à disparaître.
Une société de capital-risque, comment ça marche ?
Le tableau ci-après présente les performances moyennes des fonds de capital-risque européens et américains sur la période 1990-2000.