Groupes technologiques supportant la transformation numérique des entreprises

Historique des révolutions industrielles

Une révolution industrielle entraîne une modification profonde du fonctionnement des entreprises (Schwab, 2016). Ce changement provient de la découverte et de l’utilisation de nouvelles technologies et d’une nouvelle pensée qui impactent les modes de production, les produits et les services (Larousse). Les effets de cette révolution dépassent l’industrie ellemême. Elle a des conséquences sur la société et son mode de vie, l’économie et l’environnement (Schwab, 2016). Avant l’apparition de l’« Industrie 4.0 », les entreprises ont connu trois révolutions industrielles. Dans cette section, une description de ces révolutions donne un aperçu sur des facteurs qui provoque une transformation majeure de l’industrie et la société. Elle repose essentiellement sur le contenu disponible dans l’encyclopédie en ligne Larousse et les termes les plus appropriés ont été retenus.

Première révolution industrielle : la mécanisation de l’industrie et la machine à vapeur A la fin du XVIIIe siècle, l’industrie a commencé à se mécaniser avec l’arrivée des énergies hydraulique et fossile (Beaudoin et al., 2016). Ainsi, la première révolution industrielle a été marquée par l’apparition de la machine à vapeur dans les industries textiles et de la métallurgie. Elle a provoqué un véritable changement dans la société. D’une part, la population, encore rurale à l’époque, a été appelée à travailler dans les usines. La production a été considérablement accrue. D’autre part, cette première révolution a eu un impact sur les moyens de transport. Les premiers chemins de fer et le train à vapeur ont été développés au début du XIXe siècle. La propagation à travers le monde, de ces nouvelles technologies, n’a cependant pas été uniforme. Cette révolution a débuté au Royaume-Uni, ce qui lui a permis de prendre de l’avance sur ses concurrents et de conserver sa domination sur les autres pays industrialisés. Elle s’est ensuite étendue en France, en Belgique et en Suisse au début du XIXe siècle. Enfin, dans la seconde moitié du XIXe siècle, l’Allemagne et les Etats-Unis ont été les derniers pays où la première révolution a eu un impact significatif.

Deuxième révolution industrielle : l’électricité, la production de masse et la division du travail La deuxième révolution industrielle a eu lieu à la fin du XIXe siècle. Elle a reposé sur le développement de chaînes de production telle que celle des abattoirs de Cincinnati en 1870 selon le Centre de recherche allemand sur l’intelligence artificielle (DFKI) (cité par Kagermann et al., 2013) et sur l’extension de l’électricité (au cours des années 1880). L’électricité a apporté de nouvelles technologies comme le tramway, le moteur électrique ou encore l’éclairage. Cette deuxième révolution a également permis une réorganisation plus logique des entreprises qui ont abandonné les systèmes complexes et coûteux des poulies/courroies imposés par les machines à vapeur. La division du travail, avec les méthodes de Taylor et de Ford, a permis une nouvelle fois d’augmenter la production des usines qui n’ont cessé de s’agrandir. L’économie s’est ainsi structurée autour de « grandes usines » (Larousse, s.d.). De nouveaux matériaux ont été utilisés comme l’acier. Le niveau de vie des ouvriers s’est amélioré. Cette révolution a commencé aux États-Unis puis a atteint l’Europe avec la production de masse en armement pour la Première Guerre mondiale.

Troisième révolution industrielle : les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) L’arrivée de l’énergie nucléaire, des NTIC et de la production automatisée a constitué la troisième révolution industrielle. Elle est intervenue dans la deuxième moitié du XXe siècle. Elle a également été soutenue par l’apparition de l’électronique, notamment des microprocesseurs ainsi que des automates programmables. Dans les pays occidentaux (ÉtatsUnis, Europe de l’Ouest) et le Japon, le secteur tertiaire s’est développé au détriment des entreprises manufacturières qui se sont automatisées. Cette révolution a promu l’utilisation des énergies renouvelables et réduit la consommation des énergies fossiles (pétrole, charbon). Les États-Unis ont encore été à l’origine de cette révolution qui s’est ensuite répandue au Japon et en Europe occidentale. Elle s’est par la suite généralisée au monde entier.

Quatrième révolution industrielle : la connectivité ubiquitaire

La quatrième révolution industrielle est une nouvelle rupture dans le monde de l’entreprise, autant dans sa gestion que dans son organisation, comme les révolutions précédentes. Elle englobe le concept d’« Industrie 4.0 » et un ensemble de technologies (sous-section 1.2.2). « It is the fusion of these technologies and their interaction across the physical, digital and biological domains that make the fourth industrial revolution fundamentally different from previous revolutions » (Schwab, 2016, p. 12). Cette révolution nécessite l’utilisation de plusieurs technologies simultanément. Le concept d’« Industrie 4.0 » est basé sur la connexion des systèmes de production pour accroître leur productivité et leur autonomie et impacte également les produits et les services. De plus, les outils virtuels deviennent importants, puisqu’ils sont en mesure de collaborer avec les systèmes physiques pour personnaliser et créer de nouveaux produits (Schwab, 2016). La quatrième révolution est parfois qualifiée de « transformation numérique » (en anglais « digital transformation ») comme dans l’ouvrage de Schaeffer (2017) ou le rapport de (Lichtblau et al., 2015). L’Allemagne s’est lancée en premier dans cette révolution et l’a annoncé officiellement en 2011 (Kagermann et al., 2013).

Elle a été propulsée par une des initiatives d’innovation supportées par le gouvernement allemand depuis 2006 (Kagermann et al., 2013). Les ÉtatsUnis ainsi que les pays d’Europe occidentale (à l’exception de l’Allemagne), la Chine, le Japon et la Corée du Sud ont lancé des programmes d’investissements pour soutenir la transformation des entreprises vers ce nouveau modèle. Elle se généralise progressivement à l’ensemble des pays industrialisés. L’annexe I fournit le détail des requêtes menées à partir de la base de données Scopus pour observer, via les publications scientifiques et industrielles, l’engouement du monde entier pour la transformation numérique. Elle s’inspire d’une étude menée par Danjou, Rivest, & Pellerin (2017). Ainsi, le nombre de publications en lien avec la transformation numérique double quasiment chaque année depuis 2015. Cet essor montre l’intérêt croissant que portent les chercheurs à l’égard de la transformation numérique. Cette annexe montre également que l’Allemagne est le pays qui publie le plus sur le sujet de la transformation numérique. Elle est suivie par les États-Unis et la Chine. Les États-Unis ont lancé leur projet de numérisation peu de temps après le concept allemand. La Chine a pris conscience de l’importance de la transformation numérique en 2015 et cherche à rattraper son retard. Cette révolution s’étend au monde entier et 80 pays possèdent au moins 10 publications sur le sujet de la transformation numérique (contre 34 dans l’étude de Danjou et al., 2017).

Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE 1 REVUE DE LITTÉRATURE
1.1 Historique des révolutions industrielles
1.1.1 Première révolution industrielle : la mécanisation de l’industrie et la machine à vapeur
1.1.2 Deuxième révolution industrielle : l’électricité, la production de masse et la division du travail
1.1.3 Troisième révolution industrielle : les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC)
1.1.4 Quatrième révolution industrielle : la connectivité ubiquitaire
1.2 La transformation numérique et ses technologies
1.2.1 Définition des concepts autour de la transformation numérique
1.2.1.1 Liste des définitions
1.2.1.2 Synthèse
1.2.2 Les technologies associées à la transformation numérique
1.2.2.1 Différentes approches
1.2.2.2 Groupes technologiques supportant la transformation numérique des entreprises
1.3 Évaluation de la maturité numérique
1.3.1 Définitions
1.3.2 Étude des modèles évaluant la maturité numérique
1.3.2.1 Outils d’auto-évaluation ou d’audit et articles scientifiques
1.3.2.2 Structures des modèles de maturité
1.3.2.3 Questionnaires d’évaluation de la maturité numérique
1.3.2.4 Définition et attribution de niveaux de maturité
1.4 Méthodologies permettant la création d’un modèle de maturité
1.4.1 Développement des modèles de maturité
1.4.2 Méthodes de comparaison des modèles de maturité
1.4.3 Méthodes de prise de décision
1.4.3.1 Définition de poids
1.4.3.2 Aide à la décision
1.5 Synthèse
CHAPITRE 2 PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE LA MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE
2.1 Choix relatifs à la méthodologie
2.2 Démarche méthodologique
2.2.1 Sélection des modèles de maturité numérique
2.2.2 Comparaison des modèles de maturité numérique
2.2.3 Synthèse des KPI de la littérature
2.2.4 Validation
2.2.5 Ressources de l’étude
CHAPITRE 3 DÉMARCHE DE COMPARAISON DES MODÈLES DE MATURITÉ ET DE SYNTHÈSE DES INDICATEURS DE MATURITÉ NUMÉRIQUE DE LA LITTÉRATURE
3.1 Notations
3.2 Première méthode de comparaison des KPI de la littérature (méthode « manuelle »)
3.2.1 Rédaction des KPI de la littérature
3.2.2 Méthode de comparaison manuelle des KPI de la littérature
3.2.3 Taux de remplissage : premier indicateur statistique pour analyser le résultat de la comparaison
3.2.4 Bilan
3.3 Deuxième méthode de comparaison des KPI de la littérature (méthode « semi-automatique »)
3.3.1 Attribution des mots-clés
3.3.2 Création d’une matrice basée sur les mots-clés
3.3.3 Calcul des correspondances des KPI de la littérature
3.3.4 Introduction de nouveaux indicateurs statistiques
3.3.4.1 Couverture des dimensions par les modèles de maturité
3.3.4.2 Appui des sous-dimensions sur les modèles de maturité
3.4 Ajustement et généralisation de la méthode semi-automatique
3.4.1 Superposition des matrices de comparaison obtenues avec les deux méthodes
3.4.2 Divers ajustements à différentes étapes des méthodes de comparaison
3.4.3 Généralisation de la méthode semi-automatique
3.5 Démarche pour synthétiser les KPI de la littérature
3.5.1 Collecte des données
3.5.2 Analyse des données
3.5.3 Rédaction des nouveaux KPI
3.5.4 Contrôle des KPI CAN
3.6 Synthèse
CHAPITRE 4 RÉSULTATS DE LA COMPARAISON DES MODÈLES DE MATURITÉ RETENUS
4.1 Modèles de maturité numérique retenus pour l’étude
4.2 Premiers résultats obtenus à partir de la comparaison de deux modèles de maturité
4.2.1 Comparaison manuelle des modèles de maturité
4.2.2 Comparaison semi-automatique des modèles de maturité
4.3 Ajustement des matrices de comparaison
4.3.1 Résultats de la superposition des matrices de comparaison …………
4.3.2 Ajustement des méthodes de comparaison manuelle et semi-automatique
4.4 Résultats de la comparaison semi-automatique des KPI de la littérature
4.4.1 Analyse générale des mots-clés employés
4.4.2 Classification des mots-clés et identification de dimensions et
de sous-dimensions
4.4.3 Convergence des résultats
4.4.4 Analyse des matrices de comparaison obtenues avec la méthode
semi-automatique
4.5 Comparaison des modèles de maturité étudiés
4.5.1 Étude des similarités et des différences entre les modèles de maturité retenus
4.5.2 Importance relative de chacune des sous-dimensions
4.6 Synthèse
CHAPITRE 5 RÉSULTATS DU TRAVAIL DE SYNTHÈSE DES KPI DE LA LITTÉRATURE
5.1 Mise en place de la démarche de synthèse des KPI de la littérature
5.1.1 Organisation du travail de synthèse des KPI
5.1.2 Exemple de synthèse des KPI d’une sous-dimension
5.2 Résultats de la synthèse des KPI de la littérature et suivi de leur utilisation
5.2.1 Liste de KPI CAN pour évaluer la maturité numérique des entreprises
5.2.2 Suivi de l’utilisation des KPI de la littérature
5.2.3 Couverture des dimensions et appui des KPI CAN sur les modèles de maturité retenus
5.3 Comparaison avec la liste de KPI établie par l’équipe allemande
5.3.1 Comparaison semi-automatique des KPI GER à l’aide des indicateurs statistiques
5.3.2 Analyse manuelle des correspondances entre les KPI CAN et les KPI GER
5.4 Synthèse
CHAPITRE 6 DISCUSSION
6.1 Avantages de la démarche proposée
6.2 Limites de la démarche adoptée
6.3 Validité de la méthodologie et de la liste de KPI CAN
CONCLUSION
ANNEXE I ÉVOLUTION DES PUBLICATIONS SUR LA TRANSFORMATION NUMÉRIQUE
ANNEXE II DÉFINTIONS DES 9 GROUPES TECHNOLOGIQUES SUPPORTANT LA TRANSFORMATION NUMÉRIQUE
ANNEXE III INVENTAIRE DES MODÈLES DE MATURITÉ NUMÉRIQUE
ANNEXE IV CLASSIFICATION DES MOTS-CLÉS DANS LES DIMENSIONS ET LES SOUS-DIMENSIONS
ANNEXE V EXEMPLE DE CALCUL D’UNE CORRESPONDANCE ENTRE DEUX KPI DE LA LITTÉRATURE AVEC LA MÉTHODE DE COMPARAISON SEMI-AUTOMATIQUE
ANNEXE VI COUVERTURE DES DIMENSIONS PAR LES MODÈLES DE MATURITÉ RETENUS
ANNEXE VII APPUI DES SOUS-DIMENSIONS SUR LES MODÈLES DE MATURITÉ NUMÉRIQUE RETENUS
ANNEXE VIII LISTE DES KPI CAN OBTENUS AVEC LA SYNTHÈSE DES MODÈLES DE MATURITÉ RETENUS
ANNEXE IX APPUI DES KPI CAN SUR LES MODÈLES DE MATURITÉ NUMÉRIQUE RETENUS
LISTE DE RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES.

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