GESTION PARTICIPATIVE DE PERIMETRE IRRIGUE
ET DEVELOPPEMENT LOCAL
LA PARTICIPATION
La participation représente une composante essentielle dans toute action ou approche de développement, et toutes les interventions ne cessent de souligner l’importance de considérer les populations comme acteurs principaux de développement. Le développement d’un pays ne résulte pas seulement des mesures économiques : investissement, planification et transfert de technologie. L’échec est probable si la population ne se sent pas concernée, reste passive, son élan est l’une des clés du succès. La participation n’est certes pas un thème nouveau. Ce concept fait partie du jargon du développement depuis les années 1960, mais il n’avait généralement trait qu’au rôle de la population dans des projets ou programmes particuliers. L’idée principale de cette approche (aussi celle de développement local) est le changement rural qui ne viendra pas principalement par l’appui de techniques extérieurs, mais par le développement d’un dynamisme interne aux sociétés rurales. En somme, la participation est devenue une nécessité accrue et clé de réussite et de promotion de toute action de développement durable. Ainsi, nous allons essayer à travers ce chapitre de clarifier ce concept qui reste trop ambigu et l’objet d’une grande divergence de la part des acteurs de développement. Dans un essai de définition de la participation MEISTER (1971), cité par KARIM (2001) considère la participation comme étant l’association de deux ou plusieurs individus dans une activité commune dont ils n’entendent pas uniquement tirer des bénéfices personnels immédiats. Le même auteur, souligne que la participation de la population est une composante essentielle dans toute intervention dans le monde rural et tout développement doit passer nécessairement par la participation de la population. SALANAS (1983), explique que l’expression « participation des populations au développement » renferme trois aspects importants à savoir : Un aspect créatif où la population prend une part active à la construction de la croissance économique et à l’élaboration du changement social (rôle généralement joué par une minorité). Un aspect de prise de conscience et d’identification socioculturelle, c’est-à-dire connaître les potentialités et les blocages propres aux populations ou groupes sociaux. Etre conscient de leurs besoins d’avoir une identité propre, un sens en tant que collectivité et une certaine puissance en tant que groupe social. Un aspect de partage. Si la population participe à la création des biens, elle doit aussi participer à la redistribution équitable de ces produits. Toutefois, il convient de rappeler que la participation est un concept plus vaste et qui englobe celui de la concertation et de la consultation. Consultation : consulter c’est demander avis ou conseil auprès de quelqu’un, celui qui reçoit le conseil est libre d’agir à sa façon. Concertation : concerter signifie projeter quelque chose en commun ; elle désigne le processus par lequel les acteurs s’entendent pour agir de concert. Cela engage plus les partenaires en agissant dans le même sens mais chacun de son côté. Participation : implique une contribution de chaque partie, l’aspect le plus important, c’est de partager le pouvoir et de se situer sur le même pied d’égalité. Ceci est illustré par le schéma suivant :
Conditions exigées par la participation
En tant que processus complexe, la participation passe par plusieurs stades avant sa différentiation. Ces stades se résument comme suit : Stade d’initiation : c’est la création d’entourage favorable ; Stade de prise de conscience des différents problèmes et les possibilités de les résoudre ; Stade de réflexion ; Stade de désir de résoudre les problèmes identifiés et de satisfaire les besoins ressentis ; Stade de l’essai ; Stade de l’adoption qui conduit à la participation effective. Après cette subdivision des stades qui précèdent le phénomène de participation, on peut dire que la participation effective repose sur l’intérêt des participants à satisfaire leurs besoins et résoudre leurs problèmes. En résumé, pour avoir une participation effective, il faut que la population : Soit informée de l’objet de la participation ; Réfléchisse et forme une attitude positive vis-à-vis de l’objet de participation et surtout visà-vis des partenaires et des autres groupes impliqués. Pour cela, elle doit comprendre le but et le pourquoi de l’activité et surtout son impact sur les individus, sur leurs familles et sur l’environnement d’une façon générale ; Accepte et décide de participer : pour cela il faut qu’elle ait un besoin et que l’activité en question réponde à ce besoin ou apporte des solutions concrètes à des problèmes précis ; Adopte des comportements et des pratiques compatibles avec les objectifs de l’action de développement.
Notion voisine : l’engagement
N’importe quel être humain ne fournirait d’efforts que s’il est motivé : Cette motivation peut être considérée comme étant un stimulus qui provoque l’animation, l’activité et la mobilisation des efforts humains. Ce stimulus correspond à un besoin ressenti ou créé. La recherche de la satisfaction de besoin crée un intérêt chez la personne concernée. Par conséquent l’analyse de problème des agriculteurs, permettrait la mise en place d’un cadre incitatif et leur engagement dans l’AUE. Université d’Antananarivo-Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie-Département d’ECONOMIE DESS ECONOMIE Option : Développement Local et Gestion de Projet Page 18 4. L’ORGANISATION 4.1. Définition16 Selon CROZIER (1977), l’organisation est un « construit politique et culturel, un moyen dont les acteurs sociaux se dotent pour régler leurs interactions afin d’obtenir le minimum de coopération nécessaire pour atteindre les objectifs collectifs ». SARRAZIN, cité par BENAZZOUZE (2000), définit l’organisation comme étant « un système particulier régi par des règles stables et le plus souvent formalisées ».
Conditions d’existence des organisations
BERNARD (1982), cité par Gérard C17. et al., a explicitement réfléchit aux conditions à remplir pour qu’une organisation existe. Pour lui l’apparition d’une organisation nécessite: Un ou des buts ; Un ou des créateurs ; Des participants. En effet, la fonction fait l’organe et le but est la raison initiale d’exister, celle qui pose le problème auquel le créateur veut faire face, qu’il ne peut résoudre seul et par lequel il est nécessaire de s’organiser à plusieurs. Le second élément est l’existence de plusieurs initiateurs, qui obéissent à une raison d’apporter une solution au problème créé par le but qu’ile cherchent. Le troisième élément est l’existence d’individus qui acceptent de participer aux actions nécessaires pour réaliser le but des créateurs et pour lequel l’organisation a été créée. Cela appelle immédiatement l’attention sur le fait que les raisons d’appartenir à l’organisation de ces individus vont être différentes de celles des créateurs. Toujours selon BERNARD (1982), la raison des créateurs de participer à l’organisation est la satisfaction du but qu’ils ont eux-mêmes fixé à cette organisation, mais ce but ultime n’est pas obligatoirement, ni même le plus souvent, la raison de l’appartenance à l’organisation des individus qui acceptent de participer aux actions et activités initiées par les acteurs. En d’autres termes, leurs motifs individuels d’adhésion à l’organisation seront différents des buts de l’organisation. Une conséquence directe doit être tirée de cette distinction, une organisation pour réussir doit donc produire deux catégories de résultats : Les résultats pour lesquels elle a été créée ; Les résultats qui assurent la satisfaction des besoins de ses membres. En cherchant à promouvoir la participation d’une population il faut tout d’abord promouvoir son organisation. Mais il ne faudrait jamais oublier que n’importe quel groupe humain a ses propres formes d’organisations (organisations traditionnelles, informelles, locales,…). C’est pour cela qu’il est intéressant d’essayer de répondre aux questions suivantes : Comment sont organisées les populations pour exploiter, produire et repartir tel produit ou tel service en commun ? Quels sont les types d’organisations qui existent ou qui ont existé ? Dans un tel contexte et pour tels objectifs comment peut-on aider les gens à développer leurs propres AUE ? La principale contrainte qui limiterait les efforts en matière de formation et non de création des organisations participantes qui se pose aux acteurs du développement ou plutôt agents de développement, c’est d’essayer d’organiser les populations dans le cadre d’un calendrier imposé, dans des délais courts, moyens limités et des dates fixées au préalable, pour créer à tout prix des associations. Ainsi donc, nous pouvons constater que personne ne saurait mettre en doute la pertinence du concept participation et sa mise en application. Par ailleurs, nous rappelons que la question de la participation ne peut être comprisse que dans le contexte social et historique dans lequel elle est posée. Il est illusoire de parler de participation de façon abstraite, comme recette ou ultimatum, parce que la participation n’a de sens que dans un contexte social donné. De ce fait, une conception de participation effective dans notre cas doit être adaptée, avec une prise en compte de l’existence et la vitalité des expériences locales des agriculteurs que nous avons tendance à occulter, voire même à qualifier, à tort, de résistance au changement. De notre côté, nous optons pour la conception qui favorise l’implication et l’entente des agriculteurs dans les différents échelles, définition des problèmes, besoins, recherche de solution, réalisation et suivi-évaluation.
PARTIE I : PROBLEMATIQUE ET CADRE METHODOLOGIQUE 1. CONTEXTE ET PROBLEMATIQUE PARTIE II : CADRE THEORIQUE 3. LA PARTICIPATION PARTIE III : RESULTATS, ANALESES ET PROPOSITIONS 7. LE SYSTEME AGRICOLE IRRIGUE MIGODO |