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Stockage et gestion du stock
Pour la mise en place du jegesi naa, les districts devaient disposer d’un magasin de stockage, des étagères et d’un dépositaire. Ceci était nécessaire pour assurer une bonne disposition des médicaments dans le district et pour garantir la bonne gestion du stock. Bien que tous les districts ai répondu à ces exigences, les locaux étaient parfois très étroits notamment à Bounkiling et à Goudomp ce qui ne permettait pas à ces districts de disposer de grands stocks de médicament et ne facilitait pas non plus une bonne gestion de ce stock. Des outils de gestion de stock (fiches de stock, registre journalier de distribution des médicaments et vaccins, carnet de commande) ont accompagné la mise en place, mais faisaient parfois état d’un mauvais usage. Ce problème était plus présent au niveau des postes de santé ou les fiches de stock étaient soit absentes soit mal remplis. Certains utilisaient des bouts de papier pour préparer leur commande et une fois leur commande validé, ils reportaient les produits disponibles sur le carnet de commande et laissaient la case réservé aux ruptures vide. A cet effet, les données relatives aux taux de satisfaction des commandes n’ont pas pu être évaluées.
Commande des médicaments
Le système dépôt vente du jegesi naa constitue un atout approuvé par tous les acteurs de la région. Il permet aux districts de disposer de médicament sans débourser de l’argent et de revendre au PPS en ajoutant une marge bénéficiaire. Les recettes sont ensuite versées dans le compte jegesi naa de la PNA. Cette dernière ce charge de reverser la marge bénéficiaire aux districts. C’est sur ce dernier point que les problèmes subsistent, les MCD ont déploré le fait que la PNA tarde à reversé les marges bénéficiaires, ils restaient plusieurs mois sans recevoir leur bénéfice. La vente des médicaments étant la principale source de revenu du district, une telle situation avait fait que le MC du district de Sédhiou avait arrêté le jegesi naa. En outre certains postes de santé comme Medina Wandifa faisaient des commandes parallèles. En effet, ce dernier ce ravitaillait à Bignona quand il venait à épuiser son stock et que le district n’avait pas reçu de livraison ou que certains médicaments n’étaient pas disponible au niveau du district. C’est aussi le cas de Goudomp qui parfois se ravitaillait à Ziguinchor qui est plus proche que la PRA de tutelle. Au niveau des Points de Prestation de Service, le jegesi naa n’apporte pas un réel changement. Puisque, même si le médicament est disponible dans le district, le pouvoir d’achat n’a pas évolué. Cependant les Infirmiers Chefs de Poste se sont plaints du manque d’infrastructure bancaire dans la région ce qui ne facilite pas les versements pour le compte du jegesi naa.
Transport des médicaments
Dans la région, tous les protocoles, de la commande jusqu’à la livraison n’existent que sur le papier. En réalité la planification des livraisons du jegesi naa est faite dans des délais imprévus, brefs et parfois même le responsable du PRA renforce les stocks au niveau des districts lors des déplacements occasionnés par les réunions de coordination des activités de la région. Il faut aussi noter le manque d’infrastructure routières ce qui ne facilite pas les déplacements, surtout lors de la saison pluviale. Certains Postes très enclavés ont des difficultés à se rendre au district pour faire leur commande à temps ainsi ils attendent parfois les ateliers de formation pour satisfaire leurs besoins en médicaments.
Disponibilité des médicaments
Une liste modèle de 100 médicaments essentiels, établie par note de service de la Direction Générale de la PNA a été utilisée comme référence lors de cette évaluation dans les Points de Prestation de Service ainsi qu’au niveau de la PNA et de la Pharmacie Régionale d’Approvisionnement de Kolda. Les résultats obtenus au niveau des départements de Sédhiou et de Goudomp montrent une diminution de la disponibilité des médicaments à presque tous les niveaux de la structure sanitaire durant le jegesi naa. La comparaison de nos résultats avec les quelques études mener dans ce domaine ont soutenu notre conclusion. La proportion moyenne de la disponibilité de médicaments et produits essentiels au niveau de la PNA rapport par Diouf [11] dans son étude était :
• 2013 = 93%
• 2014 = 96%
• 2015 = 88%
La disponibilité avait connu une légère hausse (+3%) de 2013 à 2015. Il s’en est suivi une diminution de -8% en 2015. Dans la même période, le taux de rupture (TR) se présentait comme suit :
• 2013 = 18%
• 2014 = 11%
• 2015 = 25%
Les ruptures ont diminué de 2013 à 2014 puis ont augmenté considérablement de +14% en 2015. A Sédhiou, la disponibilité des Médicaments et Produit Essentiels dans les différents districts avant et avec le jegesi naa était dans l’ensemble assez élever dépassant la barre des 65% aussi bien avant qu’avec le jegesi naa excepter le district de Bounkiling dont le taux avant le JN était de 43% ce que le MCD a affirmé en disant « qu’il n’y avait pratiquement pas de Médicament avant l’arrivée du jegesi naa ». Le DC de Sédhiou et le CS de Moricounda ont connu des diminutions de la disponibilité importante pendant le jegesi naa qui se sont élevé respectivement de 11% à 19%.
Dans le poste de santé de Dembo Coly les taux ont varié de 90% à 81%, soit une diminution de -9% pendant le jegesi naa. On observe dans le poste de santé de Bémet Bidjini une faible diminution allant de 87% à 83%. Si on comparable ces résultats avec ceux de Sow [44] dans le cadre de l’évaluation du jegesi naa a Fatick effectué à la même période on constate les mêmes tendances dans le district de Fatick qui a enregistré une baisse de la disponibilité des MPE entre le période d’avant et d’avec le jegesi naa avec des taux généralement faibles (72% à 54%). Si on compare ses résultats au niveau du district de Gossas (DS : 69% à 92% ; CS : 73% à 93%) avec ceux que nous avons obtenu à Bounkiling (DS : 43% à 88% ; CS : 54% à 86%) on constate le même phénomène d’une augmentation fulgurante de la disponibilité. Les résultats obtenus par Niang [26] dans son étude menée dans les districts de Dakar sur une liste de 25 médicaments essentiels étaient plus élevés :
• Diamniadio = 88%
• Pikine = 76%
• Dakar centre = 100%
• Guédiawaye = 84%
• District Sud Dakar = 80%
• Keur Massar = 68%
• Mbao = 100%
Outre des périodes différentes, cela peut être expliqué par le fait que dans notre étude nous avons utilisé une liste de 100 médicaments alors que Niang [26] n’a utilisé qu’une liste de 25 médicaments. faiblesse de ces résultats peut être due aussi à des insuffisances qui ont été observées au niveau de certains dépôts (district/poste de santé) en matière de gestion des stocks. Il s’agit particulièrement :
• Des erreurs d’enregistrement lors de la réception ou de la livraison des produits.
• Du nom remplissage immédiat des fiches de stock après réception ou livraison.
• De la mauvaise gestion des fiches de stock.
• De la mauvaise gestion des registres de sortie des médicaments.
Une mise à jour régulière des outils de gestion des stocks permettrait ainsi de limiter les erreurs de comptage. Dans son étude sur la gestion des ME au niveau des PS de Bargny mener en 2005, Guéye [15] avait trouvé une TD de 46,97% au niveau du Centre Youssou Mbargane Diop ce qui est comparable à la disponibilité au niveau du district de Bounkiling (43%) avant le jegesi naa. Pour ce qui est des taux de rupture le district de Sédhiou affiche le plus grand taux. En effet, on constate une augmentation des ruptures des Médicaments et Produits Essentiels sur la totalité des structures enquêtés dans le district de Sédhiou avec une augmentation allant jusqu’à +47,33 au niveau du CS de Moricounda. Dans le district de Goudomp la durée moyenne de rupture (DMR) a également augmenté au niveau du district et du CS mais au niveau du PS de Niagha elle a légèrement diminué de -2,32 (soit 10,32 jours). Dans l’étude de Sow [44], il à rapporter une augmentation des jours de rupture pendant le jegesi naa dans le district de Fatick avec 84,33 à 164,66 jours. Même si dans certain district comme Dioffior les ruptures ont diminué avec le jegesi naa, la structure (CS dioffior) qui a enregistré le plus faible score a atteint 98,78 j. Si on compare avec notre étude on constate que les ruptures ont été plus longues dans la région de Fatick. L’évaluation du secteur pharmaceutique du Sénégal mené en 2003 a fait états de +30j de rupture dans 13% des FSP enquêtées. Dans cette étude les régions Sud du pays n’étaient pas concernées alors qu’ils constituent un des zones les plus enclavées du Sénégal. Cependant il est plus probable de rencontré des cas de rupture plus élever [22]. Dans le district de Bounkiling, les ruptures passent de 126,9j à 25,77j (soit – 101,13j) au niveau du dépôt district, de 108,21j à 32,05j (soit -76,16) au niveau du CS de Bounkiling et de 26,3j à 11,42j (soit -14,88) au PS de Médina Wandifa. Les ruptures ont considérablement diminué à Bounkiling, en effet le MCD a affirmé qu’ « avant le jegesi naa il n’y avait pas de médicaments du tout », pour dire que le district ne disposait pas de source suffisante pour couvrir ses besoins en médicament.
Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : revue de la littérature
I.Définitions
I.1.Médicament
I.1.1.Médicament générique
I.1.2.Médicaments essentiels
I.2.Déconcentration
II.La stratégie des médicaments essentiels génériques
II.1.Historique
II.2.L’Initiative de Bamako
II.2.1.Objectifs de l’initiative de Bamako.
II.2.2.Principes directeurs de l’IB
II.3.Critères de sélection des médicaments essentiels
III.Gestion des médicaments essentiels génériques
III.1.La sélection
III.2.L’acquisition
III.3.La distribution
III.4.L’utilisation
IV.Stratégie de déconcentration des stocks de médicaments
IV.1.Les centrales d’achat de médicaments en Afrique
IV.2.La déconcentration des stocks de médicaments aux Sénégal
V.Accessibilité aux Médicaments dans les pays en Développement (PED)
V.1.L’accessibilité géographique
V.2.L’accessibilité financière ou économique :
V.3.La disponibilité du médicament :
VI.La politique et la règlementation pharmaceutique au Sénégal
VI.1.La Direction de la Pharmacie et des Laboratoires (DPL)
VI.2.Le Laboratoire National de Contrôle des Médicaments
VI.3.La Pharmacie Nationale d’Approvisionnement
VI.3.1.Historique et Présentation
VI.3.2.Mission
VI.3.3.Organisation
VI.4.Les grossistes répartiteurs privés
VI.5.Les établissements de fabrication
VI.6.Les structures de dispensation
VI.7.Ordre National des Pharmaciens
DEUXIEME PARTIE : travail personnel
I.Cadre d’étude
I.1.Système sanitaire du Sénégal
I.1.1.Présentation du Sénégal
I.1.2.La politique de santé
I.1.3.Organisation du système de santé
I.1.3.1.Organisation du Ministère de la Santé et de l’Action Sociale
I.1.3.2.Offre de services et système de référence contre référence
I.2.Le MODISC ou jegesi naa
I.2.1.Contexte
I.2.2.Fonctionnement
I.3.Région médicale de Sédhiou
I.3.1.Situation géographique
I.3.2.Aspects économiques
I.3.3.Evolution de la population
II.METHODOLOGIE
II.1.Type et période d’étude
II.2.Définition opérationnelle des variables clé de l’étude
II.3.Échantillonnage
II.3.1.Sélection des sites d’intervention
II.3.2.Sélection des médicaments traceurs
II.4.Collecte des données.
II.4.1.Outils et cibles
II.4.2.Evaluation du taux de disponibilité des médicaments et produits essentiels
II.4.3.Evaluation du taux de rupture et de la DMR des médicaments et produits essentiels
II.4.4.Evaluation des aspects organisationnels et logistiques
II.5.Analyse des données
III.RESULTATS
III.1.Evolution de la disponibilité et des DMR des médicaments
III.2.Analyse «en cascade» des taux de disponibilité des médicaments
IV.DISCUSSION
IV.1.Stockage et gestion du stock
IV.2.Commande des médicaments
IV.3.Transport des médicaments
IV.4.Disponibilité des médicaments
IV.5.Analyse en cascade de la disponibilité des médicaments
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
WEBOGRAPHIE
ANNEXES