GÉOGRAPHIQUE AVEC UNE MÉTROPOLE AVANTAGE OU INCONVÉNIENT
La notion de métropolisation est apparue dans les années 1980, corolaire pour les villes du processus de mondialisation des échanges (epures, 2015). La plupart des chercheurs s’entendent sur le fait que ce phénomène produit une accentuation des concentrations de population, d’activités économiques et de richesses dans les métropoles. Cependant, ce terme recouvre des acceptions de diff érentes nature, tant en terme d’échelles que d’entrées thématiques. Il convient donc de défi nir ce qu’est et ce qui participe à la métropolisation avant de pouvoir utiliser cette notion.Tout d’abord, caractériser la métropolisation dépend de la posture et de l’échelle qu’on adopte pour défi nir la métropole. Car la métropolisation est le processus par lequel une ville devient métropole. Pour Saskia Sassen, l’appellation «métropole» est à réserver à un nombre limité de grandes agglomérations mondiales, telles que Tokyo, New-York ou Londres. Elle serait le lieu d’articula- tion des diff érents réseaux, le nœud de communication, le lieu de la coordination économique, chargée d’orchestrer la mondialisation. La métropolisation serait donc principalement liée à la concentration des centres de commandement d’envergure internationale, telles que les fonctions bancaires pour Londres. Au contraire, des auteurs comme Gilles Sénécal ou Claude Lacour ont une vision beaucoup plus large de la métropole. Ces auteurs se sont attachés à démontrer que, « loin de la poignée de villes globales, de nombreuses agglomérations, dont l’ouverture et le rayonnement sont moins considérables mais qui prétendent au statut de métropole, [participent] toutes à des degrés divers, aux multiples fl ux et interactions qui tissent la trame et la chaîne du système-monde » (MANZAGOL, 2009, p.28). Par la profonde transformation de leur base économique, ces villes redistribuent les rôles, remodèlent les rapports sociaux, le contenu et les interre- lations des territoires métropolitains. Ayant un spectre géographique plus varié, cette défi nition de la métropole implique plusieurs niveaux dans le processus de métropolisation, que Claude Lacour (1999) identifi e de cette façon :
La métropolisation continentale, qui dispose des mêmes caractéristiques que la métropolisation mondiale, mais elles s’appliquent aux villes ayant un rayonnement plus restreint (continent). Selon Lacour cela concerne les «villes incomplètes», c’est-à-dire qui ne disposent pas de toutes les fonctions entrainant une compétitivité d’ordre international. En Europe, c’est le cas de villes telles que Milan, Madrid, Lyon ou Rome. D’un point de vue démographique, les aires urbaines de ces villes concentrent toutes plus d’un million d’habitants.La métropolisation de niveau régional qui s’applique aux villes possédant, éventuellement, une spécifi cité mondiale qui sont attractives au-delà de leurs limites administratives, mais qui « ne peuvent prétendre à des fonctions d’entraînement mondial » (LACOUR, 1999). L’auteur prend l’exemple de Toulouse réputé pour le secteur de l’aéronautique.Ensuite, le concept de métropolisation est expliqué selon diff érentes entrées thématiques. D’abord les économistes tels que Baumont et Huriot (1997) expliquent le phénomène de métropolisation en mobilisant le concept d’économie d’agglomération. Grace à son développement, l’agglomération entraîne des externalités positives, telles que la concentration d’équipements et infrastruc- tures, ou des activités économiques modernes. Ainsi, les activités économiques choisissent de s’implanter dans ces agglomérations car elles bénéfi cient d’in- frastructures de transport de qualité, de bons moyens de communication, d’une main d’œuvre potentielle. De la même façon, les habitants (notamment les plus qualifi és) choisissent de venir habiter dans l’agglomération qui propose un éventail d’emploi important, des infrastructures et des équipements de qualité, une off re culturelle et de loisirs… Cette concentration d’habitants entraîne par la suite une nouvelle off re d’équipements et d’infrastructures susceptibles d’attirer les entreprises : c’est le cercle vertueux où chacune des composantes s’auto alimente. Cependant la métropolisation ne peut se comprendre qu’avec cette simple défi nition puisque toute agglomération n’engendre pas forcément métro- polisation.
Pour Pierre Veltz, le processus de métropolisation est principalement subordonné à l’organisation en réseau et aux stratégies d’implantations des entreprises, essentiellement de celles qui produisent et vendent des services. Ces choix stratégiques tendent à privilégier certains centres urbains au détriment d’autres (SAVY & VELTZ, 1993). Davezies et Talandier ont également démontré que, hormis le choix de localisation des entreprises, la métropolisation dépend de la spécifi cité économique du territoire. Selon leur analyse, ce sont les territoires à la fois productifs et résidentiels1 qui sont les plus susceptibles d’engendrer ce phénomène d’économie d’agglomération (et donc de métropolisation).D’autres, comme Richard Florida, expliquent que l’émergence d’une métropole dépend de la capacité d’une ville à attirer la « classe créative », classe qui participerait activement au développement économique et culturel d’une ville, ainsi qu’à sa polarisation.