Géographie du Dévonien moyen
Avant d’entreprendre l’étude géologique, il nous paraît important, de présenter un cadre globale de la configuration de la terre au Dévonien moyen et de positionner géographiquement la zone d’étude par rapport au contexte régional.
La paléogéographie à une époque donnée, peut être synthétisée à partir de plusieurs sources : des données paléomagnétiques, de la précision biostratigraphique, de la chronologie isotopique, de l’analyse des bassins et des facies, des modèles tectoniques et des activités ignées, et des indications paléoclimatiques (évaporites, coraux etc.). Les caractéristiques climatiques et océanographiques sont suggérées d’après l’interprétation des phénomènes locaux (action des marées et des courants de fond marin thermohalins, direction des vents.. etc.) tout en se basant sur les exemples actuels (Dineley, 1984).
Configuration des paléocontinents au Dévonien moyen
Gondwana
Le Gondwana est le plus grand paléocontinent et le mieux connu. Stabilisé par l’évènement panafricain à la fin du Précambrien, il a gardé presque la moitié de sa configuration. Il était constitué de l’Amérique du Sud, de l’Afrique, de l’Arabie, du Madagascar, de l’Inde, de l’Australie, de l’Antarctique, de la Floride, de l’Europe centrale et du Sud, de la Turquie, de l’Afghanistan, de l’Iran, du Tibet et la Nouvelle Zélande (Dineley, 1984).
Notre secteur d’étude serait donc situé sur la marge nord gondwanienne.
Laurentia, Baltica (Nord atlantique)
Laurentia incluait le craton de l’Amérique du Nord, la Scotland, l’Irlande, le Nord de la suture calédonienne, le Groenland, le Spitsberg et la péninsule Chukotka de la Sibérie Nord-est. Scotese et al. (1997) considèrent le Mexique, le Yucatan et l’Honduras comme étant des parties séparées de ces assemblages.
Baltica était constituée du Fenno-scandinave (Finlande et les payes scandinaves), une partie de l’Europe du Nord, le Nord de la suture hercynienne et l’Ouest de la suture ouralienne. Avec l’achèvement de la phase calédonienne (Dévonien moyen supérieur), les îles britanniques se sont rattachées à Laurentia, et Baltica au supercontinent Laurussia (Dineley, 1984).
Sibérie, Kazakhstan et la Chine
Au Nord de l’Himalaya, se situent trois principaux paléocontinents. La Sibérie qui durant tout le Paléozoïque et jusqu’à nos jours est orientée à 180°.
Le Kazakhstan occupait le Sud-ouest de la Sibérie et a continué à s’agrandir durant tout le Paléozoïque par l’accrétion de l’arc volcanique et les sédiments océaniques. A la fin du Paléozoïque, il rentre en collision avec la Sibérie et Baltica et forme la partie Est de Laurussia (Scotese et al. 1997).
La Chine englobait plusieurs blocs distincts qui en ont été suturés à la fin du Paléozoïque et au début du Mésozoïque. Scotese et al. (1979) considèrent ces blocs comme une seule et unique unité en raison de leur proximité l’un à l’autre et de la similitude des provinces floristiques et faunistiques.
Aspects structuraux de la chaîne d’Ougarta
Les monts d‘Ougarta comptent parmi les grands ensembles géologiques du Sahara algérien nord occidental. Ils correspondent à une zone de plissement hercynien édifiée sur l’emplacement d’un sillon subsident allongé NO-SE (Hervouet &Duee, 1996). L’interférence des deux directions de plissement NO-SE et E-O a engendré, dans la partie Nord de la chaîne, un motif en dômes et bassins (Donzeau, 1971 a et b).
Le socle des monts d’Ougarta affleure à la faveur de boutonnières où l’on observe principalement des formations ignimbritiques (Djebel Bou Kbaïsset, Collomb et Donzeau, 1974) et molassiques panafricaines. Les formations sédimentaires qui constituent le corps des monts d’Ougarta reposent sur un matériel volcano sédimentaire constitué de grès arkosiques de la base du Cambrien (Fabre, 1976, 2005 ; Aït Kaci, 1990).
Le Cambro-ordovicien et le Siluro-Dévonien de l’Ougarta-Saoura ont une épaisseur de près de cinq fois supérieure à celle des autres secteurs de la plate-forme saharienne. Le contexte géodynamique de l’Ougarta pourrait donc être celui d’un domaine ou d’un bassin lié à l’effondrement de la chaîne, qui s’est développé à l’aplomb de la suture panafricaine (Donzeau, 1974 ; Collomb et al., 1974 ; Hervouet et Duée, 1996). Les plissements qui affectent les séries paléozoïques de l’Ougarta ont commencé au Viséen (Fabre, 1976), et l’édification s’est achevée au Permien, bien après l’Autunien (Donzeau et al., 1981). L’évolution structurale semble faire suite à un phénomène d’inversion tectonique d’anciennes structures du socle (Donzeau, 1971, 1972). Des rejeux des structures ont également eu lieu localement au Crétacé (Aït-Kaci, 1990, in Akkouche, 2007).
CHAPITRE PREMIER PROBLEMATIQUE & GENERALITES |