GENRE ET CHANGEMENT CLIMATIQUE

GENRE ET CHANGEMENT CLIMATIQUE

Impacts du changement climatique

Un impact est le changement observé dans la forme ou le fonctionnement d’un système biophysique ou humain à la suite d’un changement environnemental. L’impact est mesuré comme la différence entre la situation avant et après le changement environnemental. Dans le cas spécifique de l’impact du changement climatique sur la production végétale, l’impact est la différence entre le rendement observé avant et après le changement climatique.

Impacts du changement climatique en Afrique de l’Ouest

Les impacts observés en Afrique de l’Ouest

Dans la moitié nord de l’Afrique de l’ouest, appelée Sahel52, les conditions climatiques, caractérisées toujours par une variabilité spatiale et temporelle, sont devenues sujettes à des perturbations d’ampleur significative, notamment depuis le début des années 1970. La série de sécheresses qui a affecté le sahel au cours des quatre dernières décennies, est marque par une baisse des précipitations et des flux d’eau, dans le temps et dans l’espace. Cette situation s’est traduite par un processus accéléré de désertification, de migration massive des populations 52 Région bordant le désert. Analyse genre des facteurs déterminants des stratégies d’adaptation des exploitants agricoles dans les communautés rurales du Benin 49 rurales vers les centres urbains etc. Qu’elles soient appelées «changement climatique» ou «conditions climatiques extrêmes», ces nouvelles conditions ont eu un impact sur tous les secteurs, en particulier, dans le secteur agricole et des ressources en eau. b) Impacts sur l’agriculture et la croissance économique L’importance des précipitations annuelles dans la croissance économique s’explique par deux facteurs principaux. Le premier concerne la dépendance de l’agriculture, qui représente entre 29 et 66% du PIB régional. Le deuxième facteur concerne un mauvais contrôle de l’eau. La situation de 2002 résulte principalement de la forte baisse des activités du secteur primaire, principalement due aux aléas climatiques, qui ont affecté certaines zones de la sous-région. (Abdulai Jalloh et al, IFPRI, 2013). 

Les effets du changement climatique observés au Bénin

Deux principaux impacts observés ont conduit à la baisse de la productivité agricole ces dernières années au Bénin, notamment : la baisse des précipitations et la baisse de la main d’œuvre agricole. Baisse des précipitations Le Bénin présente deux grandes régions climatiques, à savoir le Sud-Bénin (la diagonale Nord-Ouest / Sud-Est) qui est soumise à de fortes précipitations et le Nord-Bénin (la diagonale Nord-Est / Sud-Ouest) qui est plus sec. La variabilité interannuelle des pluies observée au cours de la période 1951-2010, révèle que sur l’ensemble du pays, de courtes périodes déficitaires alternent avec quelques années de courtes périodes excédentaires. A l’échelle annuelle, la baisse des précipitations est comprise entre 11 et 28%. Alors que la pluviométrie annuelle était de 1215 mm/an de 1961 à 1975, elle est de 1090mm/an après 1975 (Konrad-Adenauer, Michel Boko et al, 2012).  Une brusque interruption des pluies intervenant au cœur de la saison des pluies.  Analyse genre des facteurs déterminants des stratégies d’adaptation des exploitants agricoles dans les communautés rurales du Benin 50  L’inexistence pour certaines années, d’une démarcation nette entre les deux saisons pluvieuses dans le sud du pays (cas de l’année 2010), ce qui accroit le phénomène d’inondations. Nous observons, par endroits, dans la partie méridionale des retards au-delà de deux mois pour le démarrage des pluies, ce qui explique la perturbation du calendrier des activités agricoles. La baisse des précipitations est observée dans tout le pays. La fréquence des années de sécheresse a également augmenté (figure 13). Certaines régions (zones sombres de la figure 13) ont connu un déficit pluviométrique moins important par rapport aux autres régions (zones claires de figure 13) qui ont enregistré un déficit pluviométrique significatif supérieur ou égal à 30%. Ce sont les effets observés du changement climatique au Bénin. Sources: Yabi & Afouda, (2011). a) Baisse de la main d’œuvre agricole La proportion de ménages engagés dans l’agriculture a considérablement diminué depuis 2008. Elle est passée de 53% à 36% en 2013. De nouvelles activités telles que les taxi-motos ont conduit un grand nombre de jeunes ruraux vers les centres urbains. L’agriculture peine à satisfaire les besoins des communautés rurales, comme en témoignent les taux élevés de pauvreté rurale. Les moyens de production rudimentaires, l’infertilité du sol due aux effets du changement climatique et l’irrégularité des pluies ne permettent pas aux rendements agricoles de couvrir les Figure 13 : Fréquence des années de déficit pluviométrique extrême GENRE ET CHANGEMENT CLIMATIQUE Analyse genre des facteurs déterminants des stratégies d’adaptation des exploitants agricoles dans les communautés rurales du Benin 51 besoins des ménages. La baisse de la main-d’œuvre agricole est entre 12% à 20% et varie d’un département à l’autre (figure 14). 

Mesures d’adaptation au changement climatique

L’Afrique de l’ouest est confrontée à la sécheresse depuis les années soixante-dix avec notamment, la grave crise alimentaire de 1972 qui se traduisit par des changements profonds dans l’environnement naturel et dans les modes de vie des populations. En réponse à cette situation, un grand nombre d’initiatives furent menées ou sont en cours à tous les niveaux. 

Au niveau international

Quelques politiques internationales portant sur le changement climatique La politique internationale au changement climatique a commencé par la mise en place de la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC) en 1992. Cette dernière établit un cadre d’action visant à stabiliser les concentrations atmosphériques de gaz à effet de serre, à fin de limiter «les interférences anthropiques dangereuses» avec le système climatique. La CCNUCC est entrée en vigueur le 21 mars 1994 (IISD 2012). Conférence de Paris, 2015 : COP 21 La conférence sur le climat de Paris, dite « COP21 », s’est tenue du 30 novembre au 12 décembre 2015 au Bourget. 53 International, régional, national et local. Il s’agit de la 21e conférence des parties de la Convention-Cadre des Nations Unies sur le changement climatique. Elle a réuni les 195 pays signataires de cette Convention qui reconnaissent par-là la nécessité de lutter contre le changement climatique (il existe un 196e signataire : l’Union européenne). La COP21 a permis d’aboutir à un accord historique engageant l’ensemble de ces pays à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Cet accord a pour objectif de stabiliser le réchauffement climatique dû aux activités humaines à la surface de la terre « nettement en dessous » de 2°C d’ici à 2100 par rapport à la température de l’ère préindustrielle54et de poursuivre les efforts pour limiter ce réchauffement à 1,5°C. La quasi-totalité des parties ont remis leurs engagements nationaux (INDC) aux Nations Unies. Il est prévu que ceux-ci soient révisés à la hausse tous les 5 ans après 2020. (http://www.voaafrique.com/a/cop21 , (consulté le 12/04/19) Conférence de Marrakech au Maroc, 2016 : COP 22 La conférence sur le climat de Marrakech, dite « COP22 », s’est tenue du 7 au 18 novembre 2016 à Marrakech au Maroc. Plus de 20 000 personnes étaient présentes dont les 196 pays signataires de la COP 21, les ONG, les entreprises, les syndicats, les scientifiques La COP 22 est la 22ème conférence des parties de la convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique. Elle avait pour objectif de définir un plan d’actions par rapport à la signature de l’Accord de Paris lors de la COP 21. Suite à la COP 21 de Paris, la COP 22 était considérée comme la « Conférence de l’action ». Quelques résultats de la COP 22.  La rédaction du « manuel d’opération » a été avancée de deux ans. Celui-ci était prévu pour 2020 mais il sera finalement rédigé pour 2018.  Au cours de cette « Conférence de l’action », les pays riches ont confirmé leur souhait de rassembler la somme de 100 milliards de dollars d’ici 2020 afin d’aider les pays développés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.  Le fonds vert pour le climat a approuvé deux plans d’aide pour le Libéria et le Népal à hauteur de 2,2 millions de dollars pour l’un et 2,9 millions de dollars pour l’autre afin de les aider à mettre en place des projets pour lutter contre les effets du changement climatique.  Période de référence (1861-1880)  Lors de la COP 22, des dizaines d’initiatives et de nouveaux outils d’évaluation sur les villes, l’énergie, l’eau, les transports etc. ont été adoptés. Le pays hôte a par exemple présenté son projet « Ceinture bleue » visant à préserver les communautés côtières et à promouvoir une pêche durable.  Le Climate Vulnerable Forum (Groupe de 47 Etats parmi les plus vulnérables) a publié une déclaration qui renforce l’appel à limiter la hausse de la température mondiale aussi près de 1,5 degrés Celsius que possible suivi d’une Décision de passer à 100 % d’énergies renouvelables. (http://www.voaafrique.com/a/cop22 , (consulté le 12/04/19). Conférence de Bonn en Allemagne sous la présidence de Fidji, 2017 : COP23 Présidée par les îles Fidji, la 23ème conférence des parties à la convention cadre des nations unies sur le changement climatique55s’est tenue du 6 au 18 novembre 2017 au siège de la Convention cadre des nations unies sur le changement climatique, à Bonn en Allemagne. La COP23 visait un « dialogue de facilitation » pour accélérer des contributions nationales des Etats à partir de 2018. Elle a regroupé près de 200 pays à Bonn sous la présidence de Fidji. Les parties ont réalisé des progrès concrets qui contribueront à transformer l’accord historique conclu en 2015 en actions sur le terrain dans le monde entier. Des mesures concrètes ont également été adoptées en ce qui concerne le programme de travail pour la mise en œuvre de l’accord de Paris. Des clarifications ont été apportées en ce qui concerne les modalités du «dialogue de Talanoa»56qui vise à examiner la manière dont l’action mondiale pour le climat pourrait être accélérée au cours des années à venir. La COP23 a également permis d’obtenir des résultats dans un certain nombre d’autres dossiers importants à savoir :  Dialogue de facilitation (de Talanoa) Les modalités du dialogue de Talanoa ont été convenues, à Bonn, afin d’établir une base solide propice à une accélération ambitieuse des efforts déployés au niveau mondial pour lutter contre le changement climatique. Ce dialogue offrira, pour tous les pans de la société, un espace où présenter les progrès réalisés et échanger les bonnes pratiques en matière de lutte contre le changement climatique. 55 COP23 56 Dialogue de facilitation GENRE ET CHANGEMENT CLIMATIQUE Analyse genre des facteurs déterminants des stratégies d’adaptation des exploitants agricoles dans les communautés rurales du Benin 54  Niveau d’ambition d’ici à 2020 Les débats relatifs au niveau d’ambition d’ici à 2020 ont abouti à un accord sur un texte de décision prévoyant deux états des lieux concernant la mise en œuvre et le niveau d’ambition des objectifs fixés pour la période allant jusqu’à 2020.  Pertes et dommages Les parties sont convenues d’un texte de décision essentiel. Elles ont en effet élaboré une proposition de compromis qui tient compte des demandes des petites îles, particulièrement vulnérables, tout en préservant un équilibre avec le contenu des accords antérieurs. Un dialogue entre les experts sera organisé en mai 2018 en vue de renforcer le soutien consenti pour les pertes et dommages.  Plan d’action pour l’égalité entre les sexes Les participants à la COP sont convenus du premier plan d’action pour l’égalité des sexes dans le cadre de la convention, que la présidence fidjienne considérait comme une priorité. L’union a soutenu activement cette action, et bon nombre d’états membres ont consenti des efforts au plus haut niveau pour que cette initiative soit approuvée.  Plateforme pour les populations indigènes Les parties se sont mises d’accord sur le fonctionnement de la plateforme pour les communautés locales et les populations indigènes, crée lors de la COP21 de Paris. Conférence de Katowice en Pologne, 2018 : COP24 La 24ème conférence des parties (COP24) à la convention-cadre des nations unies sur le changement climatique, s’est tenue à Katowice du 2 au 14 décembre 2018, aboutissant à :  Accord sur le « Rulebook », règlement d’application de l’Accord de Paris adopté à la COP21 en 2015 : Les pays devront communiquer tous les cinq ans, à partir de 2020, leurs contributions déterminées au niveau national (CND) (objectifs d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre) et publier tous les deux ans un rapport de « transparence » ; une marge de « flexibilité » est prévue pour les pays les moins favorisés. Par ailleurs, un mécanisme de bilan mondial (Global Stocktake) se tiendra tous les cinq ans, à partir de 2023 pour évaluer les progrès ;  L’approbation du programme de travail de l’Accord de Paris. L’Accord de Paris sera rendu pleinement opérationnel par son programme de travail, qui instaure des mesures ambitieuses visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, à permettre aux pays de s’adapter ;  Proposition de directive claire en matière de financement de la lutte contre le changement climatique pour susciter davantage de soutien à l’action climatique dans les pays en développement. (http://www.voaafrique.com/a/cop24 , (consulté le 12/07/19) 

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE 1: CONTEXTE ECONOMIQUE ET CLIMATIQUE AU BENIN
INTRODUCTION
SECTION 1 : SITUATION SOCIO-ECONOMIQUE DU BENIN
SECTION 2: PRINCIPALES CARACTERISTIQUES DE LA ZONE D’ETUDE
SECTION 3: VULNERABILITE ET IMPACTS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE
CONCLUSION
CHAPITRE 2: GENRE ET CHANGEMENT CLIMATIQUE : REVUE THEORIQUE ET EMPIRIQUE
INTRODUCTION
SECTION 1: CONCEPTS ET METHODES UTILISEES DANS L’ANALYSE DE CHOIX DES STRATEGIES D’ADAPTATION
SECTION 2: L’APPROCHE GENRE DANS LE CONTEXTE DU CHANGEMENT CLIMATIQUE
SECTION 3: REVUE EMPIRIQUE DU GENRE ET LE CHANGEMENT CLIMATIQUE
CONCLUSION
CHAPITRE 3: ANALYSE DES FACTEURS DETERMINANTS DES STRATEGIES D’ADAPTATION
DES EXPLOITANTS AGRICOLES FACE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE
INTRODUCTION
SECTION 1 : CADRE CONCEPTUEL ET MODELE ECONOMETRIQUE
SECTION 2 : METHODE D’ECHANTILLONNAGE ET PRESENTATION DU QUESTIONNAIRE
SECTION 3: LES FACTEURS DETERMINANTS DES STRATEGIES D’ADAPTATION
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIES
ANNEXES
ANNEXE 1 : Tests IIA de Hausman
ANNEXE 2 : Questionnaire

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