Genetique humaine et procreation approche ethico-philosophique

Actuellement, et de plus en plus, la science ne cesse d’approfondir ses connaissances sur l’homme aussi bien dans la compréhension des processus biologiques, qui le définissent, que dans le traitement de ces processus par des techniques aujourd’hui appliquées par les sciences médicales. Une des grandes révolutions de ce XXIe siècle qui commence a été sans doute celle concernant les progrès en biologie humaine. En effet, avec une meilleure connaissance, la génétique humaine a donné lieu à des progrès fulgurants dans les sciences médicales, plaçant l’humanité devant des choix éthiques essentiels, voire philosophiquement inédits.

PRESENTATION DES PROGRES DE LA GENETIQUE MODERNE

Historique

De l’étude du vivant à l’étude des gènes 

A cette période correspond une approche scientifique de la vie. La biologie, qui étudie le fonctionnement de l’appareil et des organes, découvre la cellule pour aboutir au stade de la biologie contemporaine. Par ceci, elle a adopté une méthodologie propre à sa recherche, où la démarche expérimentale avec ses trois phases : observation – expérimentation – vérification, garde toute sa valeur, où l’esprit scientifique reste le même.

Cette méthodologie est déjà problématique à ce niveau de l’histoire de la science, car la compréhension du vivant, un être pourvu de vie à la différence des êtres inertes, nécessiterait une méthode d’approche différente de celle des autres sciences de la nature. L’homme requiert une méthodologie différente de celle appliquée à la science des autres êtres vivants. La réussite incontestée de la méthodologie ne faisant distinction entre le vivant et le non-vivant, entre l’homme et les autres êtres vivants, a permis à la biologie de continuer dans ce sens. La découverte des molécules (naissance de la biologie moléculaire) par exemple, ne fait pas de cas à la spécificité humaine. Ce qui entraîne des problèmes fort débattus entre science et la conception de l’homme.

Si telle est la méthodologie, qu’en est-il de la procédure expérimentale ?

En biologie, l’expérience sur l’être vivant, y compris l’homme, n’a pu se faire sans certaines techniques, telles que le prélèvement d’organe (ablation) sur un être vivant, technique toujours problématique, en ce sens qu’elle agit sur la vie de l’être, soit pour alléger la souffrance soit pour l’aider à survivre, quitte à mutiler une partie de son corps.

Il y a également la technique de dissection anatomique. C’est une opération qui semble aller de soi mais qui, au fond, ne manque pas de poser des problèmes réels à savoir :
– la dissection d’une partie du corps jugée défaillante et vouée à la mort.
– la nécessité de prendre une ou de(s) personne(s) cobaye pour servir de test et d’objet d’expérience. Le choix des individus de test n’est pas neutre.

L’histoire de la science, même contemporaine, nous révèle des circonstances qui heurtent la conscience.

En face de ces problèmes réels, les scientifiques ne peuvent pas faire autrement, s’ils veulent que leurs recherches soient vérifiées. D’où le tiraillement entre la science et l’éthique. En apportant ses réflexions éthiques sur l’expérience sur l’homme, GUILLEBAUD Jean-Claude formule ses idées ainsi :

« La morale ne défend pas de faire des expériences sur son prochain, ni sur soi-même ; dans la pratique de la vie, les humains ne font que faire des expériences les uns sur les autres. […], celles qui ne peuvent que nuire sont défendues » .

Mais comment savoir ce qui ne peut que nuire ? C’est justement cette question qui conduit à ce tiraillement. C’est qu’en science, l’expérience est une phase obligatoire et dans bien des cas elle ne peut que nuire et les scientifiques le savent d’avance. Mais à long terme, cette expérience pourrait pourtant être la source d’un bienfait pour l’Humanité entière.

De l’étude des gènes au génie génétique 

A partir de 1900, l’étude des gènes a suivi trois phases pour en arriver au stade actuel de la génétique moderne.

La génétique mendélienne correspond à la première phase du développement qui suit la naissance de la génétique : 1900 à 1915. Pendant cette période s’est fondée l’analyse des produits des croisements. A ce stade, des controverses ont déjà divisé l’opinion publique face aux pratiques expérimentales et aux espèces obtenues.

La génétique chromosomique est la deuxième phase, caractérisée par la découverte d’une petite portion de chromosome qui commande la transmission d’un caractère héréditaire précis : le gène. Les gènes, facteurs de l’hérédité animale ou végétale, sont des particules disposées en chaîne selon un certain ordre dans les chromosomes. Ce sont eux qui donnent à l’organisme ses caractères distinctifs.

La découverte de la structure moléculaire de l’ADN par James WATSON et Francis CRICK en 1953, a été l’une des découvertes scientifiques les plus importantes du XXe siècle.

L’ADN est composé d’unités chimiques élémentaires, les nucléotides. On en compte trois milliards par cellule et les cellules sont au nombre de cinq milliards par individu. Ces nucléotides offrent quatre variétés appelées : adénine, guanine, cytosine, thymine. On les assimile à des lettres A, G, C, T, car elles s’enchaînent les unes aux autres pour former des mots, qui ne sont rien d’autre que les gènes, séquences de ces quatre éléments, en un certain ordre assemblé. Par l’étude de l’emplacement des gènes, leur rôle et leurs interactions, on découvre la nature physico-chimique du gène, ainsi que son mode d’action.

En effet, le gène, défini comme un segment d’ADN, porte tous les caractères héréditaires de tout individu. Il présente les propriétés suivantes, d’abord, l’autoreproductibilité : le gène est constitué d’acide nucléique, qui est la seule molécule capable d’autoreproductibilité. Cette propriété est la caractéristique fondamentale de la vie. Ensuite, la transmissibilité : les gènes contenus dans les chromosomes seront transmis dans l’espace et dans le temps lors des phénomènes de reproduction cellulaire en général, et lors de la procréation. Enfin, la transcriptibilité : une partie de la molécule d’ADN est transcrite fidèlement en ARN messager. Cet ARN messager constitue une copie exacte en « négatif » du brin d’ADN transcrit et sert d’intermédiaire dans le processus de la synthèse protéique. Tout ceci a été à l’origine de l’essor extraordinaire de la biologie moléculaire, la troisième phase.

A ses débuts, l’étude s’était limitée au décodage des informations génétiques et de localiser l’endroit et les structures de ces informations, afin d’en dégager les origines des diverses malformations : le mongolisme ou trisomie 21, Syndrome de Turner, etc. En ce temps-là, la génétique ne s’était pas encore constituée en une science indépendante. Les résultats peu conséquents n’étaient appliqués que pour comprendre simplement le mécanisme de transmission de caractères héréditaires donnés.

C’est à partir de 1970 qu’est née véritablement la génétique dite moderne, parce qu’il ne s’agissait plus désormais de décoder simplement les informations contenues dans les gènes, l’objectif fut de les reproduire à l’identique, de leur faire subir des transformations aux informations qu’ils portaient. La génétique est ainsi devenue une clef de la maîtrise de la vie. La vie est ainsi considérée comme un langage codé, dont les messagers sont les gènes, et la vie a été définie comme un ensemble de molécules complexes, où les protéines déterminent les fonctions du vivant.

Les techniques et les démarches étaient basées surtout sur l’observation et la compréhension des premières transmissions génétiques, suivies de dépistages et de cultures des cellules fœtales, et son développement de nos jours fait d’elle une science de succès tant dans la recherche que dans la procréation humaine.

Placée et subordonnée à la biologie, elle s’en est peu à peu détachée pour devenir au XXe siècle une science à part entière avec ses méthodes et sa propre méthodologie. La molécule où est présent l’ADN, objet d’étude de la génétique, présente des caractères de vie et de mort. Néanmoins, elle suit les lois de la physique et est traitée comme la physique. Donc, toute méthodologie pouvant être appliquée à la physique est jugée bonne par les généticiens pour être utilisée en génétique.

Quant à sa procédure expérimentale, la manipulation génétique englobe les techniques offertes par les progrès. La technique initialement appelée «manipulation génétique » ou « ingénierie génétique » est désormais appelée «génie génétique ». Elle se définit comme « une discipline qui assemble les opérations, les recherches permettant ces transformations » . Il s’agit de la congélation des embryons surnuméraires à des fins expérimentales, la manipulation des cellules à programme génétique identique, la création d’espèces transgéniques, la modification du patrimoine génétique d’un être vivant, l’amélioration des caractères de certaines espèces.

Table des matières

INTRODUCTION
PEMIERE PARTIE : PRESENTATION DES PROGRES DE LA GENETIQUE MODERNE
Chapitre I – Historique
1- De l’étude du vivant à l’étude des gènes
2- De l’étude des gènes au génie génétique
3- De la génétique humaine à la génétique procréative
Chapitre II – La PMA : Procréation médicalement assistée
Chapitre III – Le clonage
DEUXIEME PARTIE : LA GENETIQUE HUMAINE ET SES IMPLICATIONS ETHICO-PHILOSOPHIQUES
Chapitre I- La place accordée à l’homme dans la génétique
1- Le réductionnisme
1-1- Le réductionnisme matérialiste
1-2- Le réductionnisme méthodologique
1-3- Le réductionnisme métaphysique
2- L’objectivité
3- L’analyticité
4- L’empiricité
Chapitre II – Les problèmes éthiques et philosophiques soulevés par la génétique procréative
1- Du risque de l’instrumentalisation de l’homme
2- L’oubli de la personne
3- Le chaos de la filiation
4- Le problème d’identité
5- La dissociation de l’acte de procréation
Chapitre III- Perspective de continuation de la recherche
TROISIEME PARTIE : CONTRIBUTION AUX REFLEXIONS BIOETHIQUES ET PHILOSOPHIQUES
Chapitre I- La compréhension de l’homme
1- Qui suis-je ?
2- Dimension métaphysique de l’homme
3- Dimension éthique de l’homme
Chapitre II- Quelques repères éthiques
1- Le principe de moralité
1-1- Le bien de l’enfant
1-2- Le bien des parents
1-3- Le bien de la société
2- Le principe de sollicitude
3- Le principe de recherche d’une vie bonne
Chapitre III- Pour une continuation de la recherche
PLAN DE DOCTORAT
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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