La question relation ville- campagne est un des problèmes majeurs que connaissent les pays sous-développés. Cet aspect constitue un fléau pour leur développement parce qu’il ne permet pas de valoriser et mesurer leur niveau de développement. Les villes des pays sous développés deviennent de plus en plus peuplées et il est impossible de les aménager qualitativement. Parmi ces pays sous développé, Madagascar n’est pas épargné par ce phénomène par ce que la plupart des grandes villes malgaches connaissent cette difficulté. L’extension de la Capitale est due en partie au phénomène de migration ; cela se manifeste surtout dans les lieux proches des stationnements de taxi-brousse. Dans ces quartiers populaires subsistent tout un tas de petits métiers et de population amalgamée.
Depuis l’indépendance, le nombre de la population urbaine a augmenté, particulièrement dans la Capitale qui connaît une démographie galopante (baby room). Or, nous savons bien qu’il y a eu un changement dynamique sur tous les plans, en matière économique, sociale et politique. Ce phénomène s’explique par deux facteurs : le taux de natalité est très élevé car auparavant, il n’y a pas encore eu une politique de sensibilisation de planification familiale. A ce s’ajoute l’irruption massive des immigrants en quête d’une nouvelle vie. Nous tenons compte seulement des questions dans ce mémoire des zones rurales, du fait que cela apporte un changement rapide, même brusque, sur les caractéristiques de la vie quotidienne dans l’espace urbain.
Etant donné que la sociologue est l’étude de faits sociaux à caractère scientifique, les facteurs sociaux entrent en dépendance les uns des autres ; il y a alors un lien d’interdépendance des faits. C’est pourquoi, nous avons décidé d’orienter notre approche sur la sociologie générale, qui à notre avis, constitue le domaine, permettant de globaliser les faits sociaux et de les faire aboutir à des domaines particuliers.
GENESE DE LA MIGRATION ET DE L’ANALYSE DES MANIFESTATIONS SOCIOLOGIQUES DE L’EXODE RURAL
HISTORIQUE DE L’EXODE RURAL A MADAGASCAR DE LA COLONISATION A NOS JOURS
• La colonisation
En tant que déplacement d’une population vers la ville, l’exode rural est un phénomène inexistant durant cette période. Pour tout le pays, basé sur l’agriculture et l’élevage, le secteur primaire est prédominant.
Le régime colonial a installé un centralisme administratif, qui nécessite des représentants de l’autorité coloniale à différents niveaux : canton, sous- préfecture, province et Capitale.
Cette structure territoriale instaure progressivement la mise en place de différents chefs lieux administratifs, qui transforment certains villages en petites villes, et créent les centres urbains.
• L’indépendance
Par la suite, la fonction publique se présente comme la fonction valorisante. Les fonctionnaires, dans différents domaines, deviennent indispensables au fonctionnement du système. Cela explique la place privilégiée accordée aux secteurs d’activités requérant diplômes et compétences. Une nouvelle exigence s’impose aux familles : envoyer les enfants à l’école, les études donnant accès aux emplois de l’administration.
CARACTERISTIQUES DE L’EXODE RURAL DE LA COLONISATION A NOS JOURS
Suivant les périodes, l’exode rural apparaît sous différents aspects :
• Période coloniale
Pendant la colonisation, les Malgaches, choisissant d’être fonctionnaires dans les institutions publiques ou société d’Etat, ont été amenés à vivre dans les centres urbains : les administrateurs indigènes du régime colonial, les employés des sociétés d’Etat coloniales.
Il ne s’agit pas encore d’exode rural, la société malgache, restant toujours profondément rural. Cependant, il a été constaté l’émergence des classes d’administratifs et de commerçants propres à une ville. L’exode rural n’était pas encore un fait.
• Depuis l’indépendance
La colonisation a créé une mutation dans la société : la ville, petite ou grande, constitue désormais un pôle d’attraction.
Progressivement, la population rurale considère la ville comme un monde offrant diverses activités génératrices de revenus : transport, commerce, … Un mode de vie propre à la société urbaine y est également développé, créant différentes activités répondant aux multiples besoins d’un centre urbain. Cette mutation explique l’abandon progressif du monde rural au profit du monde urbain, phénomène dont l’ampleur s’est développée au fil du temps, créant une surpopulation dans la Capitale, pour la citer en exemple.
• Lors de la Première République
Les parents restent à la campagne et envoient de l’argent et des provisions toutes les semaines à leurs enfants, qui étudient dans les centres urbains. Beaucoup d’entre eux reviennent aux villages tous les week-end pour les provisions de la semaine.
C’est à ce moment que le système pensionnat assure les conditions d’hébergement au sein même des établissements scolaires, fixant les élèves internes en ville. De ce fait, l’exode rural concerne surtout les jeunes scolaires. Certains villageois manifestent déjà les tendances à quitter le village pour se rapprocher de leurs enfants en ville.
• Lors de la Deuxième République et du début de la Troisième République
Pour cette période considérée, l’exode rural gagne du terrain. La désertion de la campagne s’intensifie. Des familles entières quittent alors la campagne qui n’offre plus de conditions de viabilité. La ville, tant bien que mal, leur permet de survivre.
Bien qu’ayant quitté la campagne, ces familles restent propriétaires de leurs rizières.
Il en résulte deux systèmes d’exploitation de la terre :
− La friche pour une durée indéterminée ;
− Le métayage.
• A l’heure actuelle
Le phénomène exode rural s’est amplifié. Une grande partie de la population rurale abandonne son lieu d’origine et rejoint le milieu urbain. Il est à noter que le sondage effectué ultérieurement révèle les motifs qui justifient cette migration.
A part cette migration définitive, l’exode rural apparaît aussi sous une autre forme. Les ruraux quittent la campagne temporairement en basse saison pour des travaux d’artisanat et de petits métiers. Cela favorise le développement du secteur informel. La transaction entre les produits de la campagne (riz, manioc, maïs) et les produits manufacturés nécessaires aux paysans (piles, pétrole, sucre, sel, bougies, savon, …) figurent parmi les affaires qui procurent un certain bénéfice pour les migrants temporaires. Ce petit commerce provoque un va-et-vient entre le milieu rural et la ville. L’essentiel, pour eux, est de réaliser un profit par le commerce.
Beaucoup, pour se constituer un capital de démarrage, vendent une partie de leurs terres ou de leur petit élevage. Malgré cette activité, on ne peut pas les considérer comme des citadins à part entière : systématiquement, ils reviennent au village pendant les périodes de travaux agricoles.
GENESE DE LA MIGRATION
LES INFORMATIONS COMPLEMENTAIRES
Une contribution à l’étude de l’exode rural suppose avant tout la prise en compte des différents facteurs engendrant la migration et les dispositions psychiques et psychologiques, face à la situation des migrants. Cette approche se réalise par le biais de diverses informations et indicateurs fournis par l’analyse des résultats de l’enquête.
CONTEXTE GENERAL : ORIGINE DE L’EXODE RURAL
L’exode rural est aussi qualitatif ; il n’est pas toujours quantitatif, qui se mesure par des chiffres. Sur ce, ce sont les élites ; c’est-à-dire les étudiants qui quittent en premier leur village.
Il est constaté aussi que l’exploitant âgé reste à la campagne ; par contre, le petit exploitant, qui ne possède pas une surface de terre suffisante pour cultiver, quitte le monde rural. Actuellement, les descendants des grands propriétaires, qui ont déjà reçu une formation en ville, et deviennent des ingénieurs, des médecins, etc, n’ont pas l’intention de revenir en campagne.
De ce fait, le vestige du passé, qui est la vieille maison familiale, devient une maison de vacances. Malgré tout cela, suivant la tradition malagasy, les descendants ont un sentiment de rattachement à leur village de campagne. Cela est marqué par la présence des « zanak’ampielezana », au moment des fêtes ou pendant le week-end.
L’inconfort de la campagne
Depuis la colonisation jusqu’à nos jours, la campagne ne connaît pas un développement dans le cadre de l’aménagement du territoire :
− l’absence de l’électricité même dans le noyau d’une commune rurale ; c’est-à dire le quartier centre pilote d’une commune rurale, surtout dans les faritany ;
− l’absence d’eau, l’adduction d’eau potable n’existe pas. La population cherche de l’eau dans un puit, dont on ne sait pas la qualité de salubrité de la source ;
− l’inconfort total du logis : la maison à la campagne est construite, en majorité, par le système traditionnel ; plusieurs maisons n’ont pas de toilettes. Plusieurs familles vivent dans une même pièce.
La crise agricole
Le produit agricole reste, en général, dans l’impasse car on rencontre beaucoup de difficultés telles que la faible quantité de production et le fort prix du produit local sur les PPN, ainsi que la pratique d’un élevage n’ayant pas une opportunité commerciale durable.
La faible quantité de production
Aujourd’hui, la surface de la terre cultivée se réduit de jour en jour, à cause du nombre d’héritiers, qui ne laissent qu’une petite partie pour une famille, ainsi que l’absence de technique agricole pour une meilleure production.
Il est constaté que même une famille propriétaire en question n’arrive pas à vivre seulement grâce au travail agricole. La consommation de sa récolte ne dure pas une saison. Il est alors obligé d’acheter les produits de subsistance, alors que les moyens financiers lui font cruellement défaut. Il est très difficile de trouver un emploi temporaire à la campagne parce que presque chaque famille se débrouille seule avec ses membres pour assumer les tâches quotidiennement. Ce sont les propriétaires, n’habitant pas à la campagne, qui appellent les « zanatany » (ceux qui restent à la campagne), pour faire un travail de deux à quatre jours en moyenne comme l’entretien et le gardiennage périodique de la maison familiale.
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