Les concepts et leur relation
Afin d’éclairer les lanternes de nos lecteurs et éviter tout malentendu, nous commençons par mettre en évidence les concepts clés de notre travail et établir la relation entre eux.
Comme dit précédemment, notre recherche est principalement centrée sur le concept de groupes solidaires et celui d’insertion socio-économique des ménages. Après une première réflexion, nous nous rendons compte que ces concepts de base sont reliés par la relation d’impact, du fait que le travail cherchera concrètement à analyser l’impact des groupes solidaires sur l’insertion socio-économique de leurs membres.
En fait, il ressort de l’état de la question sur notre sujet de recherche ainsi que la problématique que les groupes solidaires ont une influence sur l’insertion socio-économiques de leurs membres. En effet, ces derniers n’auraient pas la motivation d’adhérer aux AVEC, MUSO et autres groupes solidaires d’épargne et de crédit sans attendre en retour un avantage durable en terme d’intégration socio-économique. Cette influence sera analysée sous forme d’impact au niveau de la ville de Goma.
Cadre opérationnel
La variable indépendante :
Dans le cadre du présent travail, l’action des groupes solidaires peut fortement agir sur l’insertion socio-économique de leurs membres. Comme dit précédemment, la relation d’impact se joue sur trois variables spécifiques :
❖ Les mécanismes mis en place pour faciliter l’insertion socio-économique : de toute évidence, l’application de mécanismes appropriés ne manquera pas d’agir positivement sur l’insertion socio-économique. Par contre, la mise en œuvre de mécanismes inadaptés n’aura que des résultats médiocres en matière d’insertion socio-économique des membres des groupes solidaires respectifs. Au départ, nous pensons que les mécanismes mis en place par les groupes solidaires pour faciliter l’insertion socio-économique de leurs membres en ville de Goma sont de principalement :
– la constitution de l’épargne ;
– l’octroi de crédit ;
– la capacitation entrepreneuriale ;
– le travail en réseau.
❖ Les retombées socio-économiques des groupes solidaires dans les activités de leurs membres se réfèrent aux avantages tirés par ces derniers en termes d’autonomisation économique au moyen de leurs activités génératrices de revenu. Dans ce travail, nous partons de l’hypothèse selon laquelle ces retombées socio-économiques me manifesteraient par :
– La création des activités génératrices de revenu ;
– La bonne gestion de l’argent
– Le développement d’une vision entrepreneuriale solidaire.
❖ Les stratégies pour pérenniser l’insertion socio-économique : sur base des hypothèses de départ, nous estimons qu’il faudra mettre en place les stratégies ci-dessous :
– mettre en place un fonds de financement des projets d’affaires ;
– développer les capacités entrepreneuriales des membres ;
– organiser les acteurs en réseaux solidaires.
La variable dépendante :
Dans le cadre du présent travail, l’insertion socio-économique des membres des groupes solidaires est la variable dépendante qui peut varier positivement ou négativement selon la nature et le type de manipulation faite sur les variables ci-dessus.
NOTIONS SUR LES GROUPES SOLIDAIRES
Dans la ville de Goma, une multitude de groupes solidaires interviennent en faveur des couches sociales pauvres. Certains groupes sont formels mais le plus grand nombre de groupes sont informels. Quant à leur nature, nous rencontrons souvent des mutuelles de solidarité, des associations villageoises d’épargne et de crédit, des tontines (communément appelés « Likilimba ») pour la pratique informelle de l’épargne, etc.
Les Mutuelles de Solidarité (MUSO)
Processus de création d’une mutuelle solidaire
Le processus de création d’une mutuelle solidaire prend du temps, et toute précipitation peut être dangereuse. C’est le point crucial du processus de création car l’animateur doit conseiller les membres sans leur imposer ou leur suggérer des choix ou des orientations. Les membres qui créent une mutuelle le font parce que, ensemble, ils adhèrent pleinement à l’idée, ils se l’approprient.
Pratiquement, on remarque qu’une ONG ou toute autre organisation ne peut «créer» des mutuelles solidaires pour la population locale. Son travail consiste uniquement à en faciliter l’émergence ou d’en promouvoir l’idée. De plus, une institution ne peut, du jour au lendemain, se décider de promouvoir les mutuelles de solidarité. Ceci demande un travail de préparation en cinq temps :
1. Approfondir le concept et la méthodologie (voir le guide de la Mutuelle de solidarité) ;
2. Préparer le matériel (fabrication des 3 caisses : les populations analphabètes retiendront plus facilement les couleurs que des longues explications) ;
3. Définir et tester la méthodologie de promotion (choix raisonné de la zone cible, méthodes d’animation adaptées à la population cible, laisser le temps de réflexion aux populations après la sensibilisation, le nombre minimal des personnes réunies, etc.) ;
4. Définir le calendrier et le budget de l’opération ;
5. Créer les outils de suivi pour assurer la pérennité des mutuelles solidaires : le tableau de bord, la synthèse statistique des mutuelles, le tableau de suivi des rapports des animateurs, la situation des prêts appelée encore situation de portefeuille.
Principes de bases et gouvernance d’une mutuelle solidaire
La mutuelle solidaire s’inspire de la tontine tout en introduisant des règles comptables simples. A la différence de la tontine, elle permet l’accumulation des fonds, elle est un outil de gestion des flux d’argent et d’auto-organisation des membres de la communauté sur base des règles démocratiques.
Pour bien fonctionner, la mutuelle solidaire organise trois caisses : une caisse d’épargnecrédit ou de microfinance (caisse verte), une caisse d’assistance sociale ou de micro-assurance (caisse rouge) et une caisse de refinancement (caisse bleue). Elle allie donc la microfinance à la micro-assurance, le tout dans une dynamique dont les membres sont les seuls habilités à prendre toutes les décisions en assemblée générale.
Cinq principes de base sont au centre de la philosophie de la mutuelle de solidarité:
– des cotisations uniformes et régulières, sur base des parts prédéfinies ;
– des ressources en progression constante (collecte continue des cotisations) ;
– des décisions collectives et autonomes (seuls les membres prennent part aux processus de décision : montant des crédits, leur durée, le coût du crédit, le montant de cotisation, leur fréquence, le nombre de membres, etc.) ;
– une comptabilité simplifiée et transparente ;
– la séparation des caisses et des clefs.
Chapitre 0. INTRODUCTION GENERALE |