Effet de produits alternatifs utilisés en champs écoles de producteurs (CEP) sur la faune entomologique d’un agroécosystème chou
Quelques parasitoïdes de P. xylostella
Plutella xylostella est attaquée par de nombreux parasitoïdes, une centaine d’espèces au moins a été recensée (Talekar et Shelton, 1993). Elles appartiennent essentiellement à l’ordre des Hymenoptera. Au Sénégal, jusqu’à 1995, trois parasitoïdes ont été recensés sur le chou pommé dans la zone des Niayes de Dakar. Il s’agit d’Apenteles litae (Bourdouxhe, 1983), de Brachymeria sp et d’Oomyzus sokolowskii (Ndiaye, 2011). Les travaux de Sall-Sy (2005) ont pu attester de la présence d’autres parasitoïdes indigènes associés à Plutella xylostella dont principalement Cotesia plutellae. Tous ces parasitoïdes présentent chacun des caractéristiques morphologiques et éthologiques spécifiques sur lesquels se basent souvent leur identification. Cotesia plutellae (K., 1912) : c’est un petit parasitoïde (3mm) solitaire de couleur marron foncée. Il émerge de l’hôte à l’état larvaire et tisse immédiatement un petit cocon blanc. Oomyzus sokolowskii K. : c’est le plus petit parasitoïde de P. xylostella (1,1 à 1,6 mm). Plusieurs individus émergent de la même nymphe. Ils sont de couleur noire. Figure 5 : Individu de C. plutellae (photo : vegedge.umn.edu) Figure 6 : Individu d’O. sokolowskii (photo : nbaii.res.in) Effet de produits alternatifs utilisés en CEP sur la faune entomologique d’un agroécosystème chou dans la zone des Niayes. Apanteles litae N. : c’est un parasitoïde qui a une tête et un thorax noirs, ses tibias sont majoritairement sombres et le gaster est noir dorsalement (Sall-Sy, 2005). L’adulte émerge seul, mais la larve sort de l’hôte et tisse son cocon à côté du cocon de P. xylostella : c’est un endoparasitoïde.
Quelques prédateurs de P. xylostella
Un certain nombre de prédateurs souvent non spécifiques et oligophages, jouent un rôle non négligeable dans la limitation des populations de la teigne des crucifères, particulièrement en fin de végétation. Ces ennemis naturels sont des stabilisateurs de la population de P. xylostella en ce sens ils s’attaquent au stade larvaire. Parmi ces ennemis naturels on note : Les Syrphidae : ce sont des diptères, dont les larves se nourrissent de pucerons ou de larves d’autres insectes selon les espèces ; Les Coccinellidae : sont des coléoptères aux élytres rouges avec des points noirs et blancs. Les pucerons représentent 60% de leur nourriture, mais elles mangent aussi de petites chenilles, des thrips ou des acariens ; Les Fourmicidae : ce sont des insectes sociaux et prédateurs généralistes. Ils consomment tous les invertébrés de petites tailles. Cependant, ils entretiennent des relations mutualistes avec les pucerons ce qui pourrait être compromettant pour la culture du chou (Diédhiou, 1996). I.1.6. Autres insectes rencontrés dans les agroécosystèmes chou : Les dermaptères Les dermaptères constituent un ordre d’insectes regroupant des espèces plus communément appelées forficules ou encore perce-oreilles. Ils sont dotés d’élytres courts, qui recouvrent les ailes très repliées et parfois absentes, et ont un abdomen bien visible terminé par des cerques en forme de pinces caractéristiques (plus petites chez la femelle). Polyphage, le forficule Brachymeria sp (W., 1829) : l’adulte est trapu, noir et mesure 1,5 à 2mm. Il est recouvert de poils courts et sombres. Figure 7 : Individu de Brachymeria sp (Photo : www.flickr.com) Effet de produits alternatifs utilisés en CEP sur la faune entomologique d’un agroécosystème chou dans la zone des Niayes. 15 (notamment Forficula auricularia) passe pour une espèce nuisible au jardin (dégâts parfois importants sur des parties tendres des végétaux : jeunes pousses, cœurs de légumes, fruits mûrs), bien que sa présence soit également utile pour la régulation de certaines espèces (pucerons) (Albouy et Caussanel, 1990).
METHODES DE LUTTE
Selon Bassène (2003), le contrôle chimique est le moyen le plus employé pour réduire les pertes causées par les ravageurs ; particulièrement P. xylostella. De plus des études menées par Sall-Sy (2005) ont montré qu’au Sénégal ce sont les pyréthrinoïdes de synthèse et Les organophosphorés qui sont les plus utilisés. En revanche il existe un certain nombre de pratiques alternatives mobilisables pour la gestion des bio-agresseurs. Cependant, il est nécessaire d’acquérir des connaissances pratiques sur leur efficacité, ainsi que leur faisabilité technique et socio-économique.
Les pratiques alternatives contre les bio-agresseurs peuvent être regroupés en 3 catégories : la lutte culturale (la rotation, les associations variétales, le travail du sol, une bonne ventilation), la lutte génétique (le choix des variétés végétales résistantes ou tolérantes, le choix de variétés tardives ou précoces) et la lutte biologique qui se définit comme étant une méthode de lutte contre un ravageur, une maladie ou une plante adventice, utilisant des agents naturels antagonistes de ceux-ci, c’est-à-dire des phytophages (s’il s’agit d’une plante adventice), des parasites ou parasitoïdes, des prédateurs, des agents pathogènes (bactéries, virus, champignons), des extraits de plantes à potentiel insecticide. Dans tous les cas, les agents naturels utilisés sont réunis sous le concept de bio-pesticide (Anonyme, 2011). Cas particulier des insecticides d’origine botanique. Plus de 2000 espèces végétales dotées de propriétés insecticides ont été répertoriées (Grainge et Ahmed, 1988). Dès l’Antiquité, les Chinois, les Grecs et les Romains utilisaient des plantes ou extraits de plantes avec du soufre et de l’arsenic (NAS, 1969). Il a été rapporté que les Romains utilisaient des poudres préparées à partir de Veratrum sp comme insecticides et rodenticides tandis que des extraits d’ifs (Taxus baccata) ont été utilisés par certains peuples de l’hémisphère nord (Schmutterer, 1992). Sous les tropiques, l’utilisation du neem (Azadirachta indica J.) est répertoriée depuis au moins 4 000 ans (Larson, 1989) ; le Neem ou « Neem tree » (nom commun anglais utilisé dans le monde entier) fait partie de la famille des Meliaceae. C’est un arbre qui peut atteindre 30 m et vivre 2 siècles, mais qui est en général plus petit (5 à 10 m), son feuillage persistant est imparipenné (5 à 8 paires de folioles Effet de produits alternatifs utilisés en CEP sur la faune entomologique d’un agroécosystème chou dans la zone des Niayes. falciformes à base très inégale), les fleurs en panicules sont blanches ou jaunâtres, le fruit est une drupe de 1 à 2 cm, jaune à maturité.
Il est répandu en Inde et dans le Sud-Est asiatique et a été introduit en Australie, en Afrique, aux Antilles, en Amérique tropicale. Les études modernes ont montré que toutes les parties de cet arbre contenaient des substances possédant des propriétés pharmacologiques intéressantes (une cinquantaine de tétranortriterpénoïdes oxydés), mais c’est surtout dans la lutte contre les insectes ravageurs que le neem semble le plus prometteur. Depuis 1963, des recherches ont révélé la présence d’un limonoide l’azadirachtine, le composé le plus actif contre les insectes, qui est en fait un mélange de 7 composés isomériques (A à G). L’isomère A est le plus abondant mais c’est l’isomère E qui est le plus actif comme insecticide. Il agirait à la fois sur la croissance et le développement de l’insecte (croissance larvaire, mue) et comme facteur antinutritif. Sur le développement des insectes, l’azadirachtine semble bloquer la synthèse de l’ecdysone (Philogene, 1991 in Rochefort, 2006). Sa molécule serait répulsive envers les adultes d’insectes et tue leurs larves. D’autres composés présents dans le neem (les feuilles, le bois ou l’huile) ont aussi un pouvoir insecticide principalement de type « hormonal » ou anti nutritif. L’écorce de l’arbre et des racines, ainsi que des jeunes bois contiennent des tanins médicinaux (astringents) mais aussi des tri-terpénoïdes. Les feuilles contiennent entre autres : nimbine, nimbinène, nimbandial, nimbolide, quercétine, nimbine, nimbinène, nimbandial, nimbolide, quercétine (Mouffok et al., 2008).
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