Généralités sur les grands mammifères 

Impact Environnemental et Social des industries minières sur la connaissance de la grande faune sauvage

Généralités sur les grands mammifères 

Les mammifères constituent la classe des vertébrés les plus évolués. Les glandes mammaires, qui caractérisent leurs femelles, secrètent du lait pour nourrir les petits. Leur corps est couvert de poils ; les organes de sens sont très développés (Ngaba Mbezele, 2015). Les termes « grands mammifères » désignent ici un ensemble de mammifères terrestres allant de l’éléphant aux plus gros rongeurs (Lamarque, 2004). Ainsi, les micromammifères (rongeurs et insectivores de petite taille) et les Chiroptères (chauves-souris) ne sont pas traités dans cette étude. Les mammifères sont considérés comme un groupe important de la faune et jouent des rôles importants et variés en participant activement à l’équilibre dynamique de l’écosystème forestier. Ils jouent également un rôle primordial dans la fonctionnalité des écosystèmes par la dissémination des graines de fruits consommés (Prié, 2001). Ils représentent les éléments les plus importants des divers ordres de consommateurs de la biocénose (Niang, 2017). Ainsi, l’étude de la répartition de ces espèces au travers des échelles spatiales et temporelles interpelle depuis de nombreuses années les scientifiques et naturalistes (Blondel, 1995). Ces travaux biogéographiques présentent un grand intérêt pour la conservation des espèces. Ils permettent de mieux appréhender leurs interactions avec l’environnement (Newman et al., 2003). Cependant, il apparaît que l’état d’avancement des inventaires au niveau géographique et taxonomique soit très contrasté (Bouché, 2008). En Europe et en France, par exemple, il existe plusieurs Atlas sur l’avifaune et l’étude des mammifères est moins fréquente (Yeatman-Berthelot, 1991). La principale explication à cette observation est que ces organismes constituent un taxon très hétérogène d’un point de vue biologique, écologique et comportemental. Ce qui rend leur étude complexe. De plus, l’observation de ces êtres-vivants, aux mœurs parfois nocturnes et discrètes est souvent opportune et brève (Tissier, 2008). Le continent africain quant à lui est marqué par une forte dynamique d’expansion humaine. Celle-ci s’accompagne de processus d’intensification et d’extension rapide de l’utilisation des milieux naturels, qui conduisent à la fragmentation des habitats naturels. Ces milieux naturels abritent en Afrique une communauté de grands mammifères sauvages d’une richesse exceptionnelle (Gaidet et Le Doze, 2004). La faune sauvage africaine, en particulier celle du Sénégal est relativement diversifiée grâce à une variété d’écosystèmes et de biotopes (Niang, 2017). La disponibilité et la conservation des biotopes naturels indispensables à la survie des espèces animales s’amenuisent chaque 4 jour d’avantage consécutif à la croissance démographique galopante, la déforestation et les monocultures extensives (Heymans, 1996). Ces milieux naturels abritent, en effet, une communauté de grands mammifères très variés (Gaidet et Le Doze, 2004). Ainsi, la mise en œuvre de stratégies de conservation efficaces, dans les zones d’exploitation minières comme Massawa, doit se baser sur la disponibilité de données scientifiques sur la biodiversité et des mesures de conservation adéquates. Cependant, ces informations sont pour le plus souvent inexistantes ou, incomplètes ou inaccessibles (Sanderson et al., 2005; Diouf, 2015). Or, c’est dans ces zones rurales non protégées que se joue l’avenir de la biodiversité (Gaidet et Le Doze, 2004). Au Sénégal, peu d’études ont portés sur les grands mammifères sauvages (Galat et al., 1998). La plupart des travaux effectués ont portés sur les Primates non humains, en particulier le chimpanzé. Cependant, Séne, (2017) et ; Ndiaye et al., (2018) ont travaillé sur l’inventaire de la grande faune mammalienne dans la zone non protégée de Diaguiri (Kédougou, SENEGAL). Ils ont répertorié au total 16 espèces de grands mammifères sauvages qui appartiennent à 12 familles et 4 ordres. Ces travaux présentent un grand intérêt pour la conservation des espèces animales. Ils permettent de mieux appréhender les interactions entre les espèces animales et leurs environnements (Ndiaye et al., 2018). La faune du Sénégal constitue un capital mal connue et qui malheureusement s’érode de façon alarmante (Ndiaye et al., 2018). Avec ces zones amodiées, synonyme d’une biodiversité immense et variée (ANSD, 2013), la région de Kédougou abrite une faune diversifiée d’une importante richesse. Cette diversité tend à disparaitre du fait de la dégradation progressive de ces écosystèmes liée aux activités anthropiques (surexploitation des ressources naturelles) et aux aléas climatiques (Badji, 2019). Cette dégradation des milieux naturels impacte directement sur le développement de la faune inféodée à ces milieux (Pereboom, 2006). Dans une zone menacée de fragmentation et de dangers divers comme la zone orientale du Sénégal ; les menaces de disparition de certains vertébrés pourraient sévèrement affecter la structure de la forêt. Or, ces animaux jouent un rôle important dans la dissémination des graines par zoochorie contribuant fortement ainsi à la régénération naturelle et au maintien de l’équilibre biologique (Badji, 2019). 5 I.2 Zone d’étude 

Localisation 

Notre étude a été effectuée dans la zone de Massawa (figure1) située dans le permis de Kanoumba, au Sud-Est du Sénégal (821901 E. 1434437 N). Massawa est situé à environ 700 kilomètres au sud-est de Dakar et à 35km des limites du PNNK (Randgold, 2013). Figure 1 : localisation de la zone d’étude

Données physiques 

Le substratum géologique de la région de Kédougou est constitué essentiellement de socle précambrien. Ces terrains anciens, communément appelés « formations birimiennes », constituent une province métallogénique de grande importance qui abrite de nombreux gisements et indices d’or, de fer, d’uranium, de lithium, d’étain, de molybdène, de cuivre et de nickel (ANSD, 2014). La région de Kédougou recèle un important potentiel minier ; ce qui en fait un pôle d’attraction pour les investisseurs (ANSD, 2018).  Relief Le relief de la région est le plus accidenté du pays avec un point culminant à 581 m à Sambangallou au Sud (ANSD, 2014; Thiam, 2015; Ndiaye, 2016; Séne, 2017). 6 La région est bordée à l’ouest par les collines du pays Bassari et le mont Assirik qui domine le Parc National de Niokolo – Koba. Ce relief est entrecoupé par des plateaux et des vallées qui constituent les principales zones de culture (ANSD, 2013).  Type de sol Les principaux types de sols de la région sont les suivants : les sols minéraux bruts d’érosion (lithosols), les sols peu évolués d’érosion gravillonnaire, les sols ferrugineux tropicaux (non lessivés, lessivés sans concrétions et lessivés avec concrétions), les vertisols, les sols hydromorphes et halomorphes. Il est à noter que les sols ferrugineux tropicaux et les sols peu évolués d’érosion prédominent dans la région (ANSD, 2013)

 Données climatologiques 

 Température

 La région a un climat de type soudano-guinéen (ANSD, 2014). On y distingue deux grandes périodes pour le régime thermique. La période de basses températures, allant de juillet à février avec plus de fraîcheur aux mois de décembre et de janvier et la période de hautes températures allant de mars à juin. Les températures sont généralement élevées avec des maximas variant entre 34° et 42° et des minimas de 21° à 25°.  Humidité L’humidité relative est très élevée en hivernage. Elle dépasse 97% entre Août et Octobre (ANSD, 2014). De janvier à mars, elle baisse pour atteindre une valeur minimale voisine de 10%. L’évaporation croît du Sud au Nord, à l’inverse du gradient pluviométrique de décembre à mai, elle est supérieure à 200 mm.  Vents La région est soumise aux types de vents que sont les alizés continentaux de direction NordEst, l’harmattan du secteur Est avec de l’air chaud et sec et la mousson avec de l’air chaud et humide. Entre avril et mai, la vitesse des vents observée à Kédougou est supérieure à 2 m/s (ANSD, 2014).  Pluviométrie Elle est l’une des régions les plus pluvieuses du pays avec au moins 1300 mm/an (ANSD,2018). La saison des pluies dure environ six (06) mois, de mai à octobre, avec une saison sèche de six (06) mois allant de novembre à mai (ANSD, 2014). Toutefois, cette pluviométrie se caractérise par une grande variabilité spatio-temporelle, les mois d’août et septembre étant les plus pluvieux.

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 Données hydrographiques 

Le réseau hydrographique est dense et dépend très fortement de la pluviométrie. La région est arrosée par la Falémé, le fleuve Gambie et ses affluents tels que le Niokolo (Thiam, 2015; Ndiaye, 2016; Séne, 2017). La Gambie et la Falémé qui constituent les deux grands fleuves entrent en étiage par endroits et jouent un rôle important dans le développement local (agriculture, alimentation en eau des hommes et du bétail). Il existe également des points d’eau permanents qui jouent un rôle très important sur la survie de la faune sauvage en particulier les mammifères, car ils constituent une source d’approvisionnement en eau très importante durant la saison sèche (Ndiaye, 2016). La région compte également une multitude de petits cours d’eau, mais intermittents dont le Diougol, le Daléma, le Dialé, le Diaguiri, le Diarra, le Thiokoye, le Sandoundou (ANSD, 2014)

Faune de la région de Kédougou

 La région représente l’un des derniers bastions de la faune du Sénégal (Ndiaye, 2016). En effet, elle abrite une faune abondante et très diversifiée, où on rencontre la quasi-totalité des espèces emblématiques du domaine soudano-guinéen à tendance forestière distribuées principalement dans le Parc National de Niokolo Koba (avec près 80 espèces de mammifères) (Dekeyser et Villier, 1956 ; DPNS, 1993), mais également en zone rurale, ce qui constitue une particularité remarquable de la région selon Séne (2017). La région abrite aussi une grande partie du Parc national du Niokolo Koba qui joue un rôle important dans la conservation de la faune sauvage (ANSD, 2014). La faune animale renferme des grands herbivores (élans de Derby (Taurotragus derbianus), buffles (Syncerus caffer), hippotragues (Hippotragus equinus) des insectivores (hérissons( Paraechinus hypomelas)), Chiroptères (chauve-souris), Lagomorphes (lièvres), Rongeurs (ordre des Myomorphes) en passant par les grands fauves (lions, panthères, hyènes tachetées), les petites antilopes (masewel, guib harnaché, ourébi) et les singes (galagos, cynocéphales, patas, cercopithèques, chimpanzés) (Ba et al., 1997). La région compte actuellement six (06) zones amodiées, une zone d’intérêt cynégétique et une (01) concession en ZIC (ANSD, 2013). La région de Kédougou a la particularité d’abriter la seule zone où se pratique la grande chasse au Sénégal. Il s’agit de la zone d’intérêt cynégétique de la Falémé (ANSD, 2014). 

 Types d’habitats à Kédougou

 La végétation de la région est influencée par une forte pluviométrie. Elle est l’une des dernières réserves forestières du pays (ANSD, 2014). Une caractéristique importante de la 8 région de Kédougou est la présence de galeries forestières le long des rivières permanentes et dans les vallées ou ravins à humidité. Les forêts claires rencontrées contiennent des espaces nus indurés. Les boisements denses se présentent sous forme de galeries, le reste se partageant entre les savanes arborées, les savanes arbustives issues d’anciennes zones cultivées et les savanes herbeuses peu nombreuses. En saison sèche, les savanes sont brûlées et les plantes herbacées détruites ne laissent que des souches noircies tandis que les arbustes superficiellement brûlés reverdissent rapidement, mais leur croissance est ralentie. Entre autre habitat nous avons : Savane arbustive : type de savane est dépourvu des canopées et est dominé par les arbustes et une étendue d’herbe continue. La strate arborée y est très faible et limitée à quelques pieds isolés des différents grands arbres de savane. Savane boisée : écosystème de savane caractérisée par une mosaïque d’arbres épars et d’arbustes formant un couvert clair. Savane arborée : La savane arborée comporte de grands arbres épars à la canopée très éparse. Arbustes et herbes peuvent être présents dans la canopée moyenne et la couche au sol, car la canopée laisse suffisamment de lumière. Forêt galerie : les forêts galeries sont des bandes étroites de végétation persistante relativement dense, à biodiversité typique, présentes dans les vallées humides le long de cours d’eau éphémères ou intermittents protégées du feu et sur des sols très fertiles. Bowal : Type de végétation présent sur les plateaux de latérite rocheuse couverts d’herbes, d’arbustes et de petits arbres à la saison des pluies et de roche nue/de latérite à la saison sèche. Les écosystèmes de la région de Kédougou recèlent une importante biodiversité végétale mais se dégradent à une allure très rapide (Diouf, 2015; Thiam, 2015; Séne, 2017). L’évolution de la végétation est liée aux changements d’utilisation des terres dues à des facteurs anthropiques tels que l’agriculture, l’exploitation forestière pour le combustible ligneux et le bois d’œuvre (ANSD, 2014). Cette dégradation se répercute sur la répartition et l’abondance des ressources faunistiques qui sont étroitement liées à l’existence et à la nature des formations végétales constituant un habitat privilégié à partir duquel s’organisent la vie sauvage (Séne, 2017)

Table des matières

INTRODUCTION
Chapitre I. Synthèse bibliographique
I.1 Généralités sur les grands mammifères
I.2 Zone d’étude
I.2.1 Localisation
I.2.2 Données physiques
I.2.3 Données climatologiques
I.2.4 Données hydrographiques
I.2.5 Faune de la région de Kédougou
I.2.6 Types d’habitats à Kédougou
I.2.7 Population et activités humaines
I.2.8 Exploitation aurifère
I.2.8.1 Exploitation artisanale de l’or ou orpaillage
I.2.8.2 Exploitation industrielle
I.2.8.3 Procédés d’extraction des minerais
I.2.9 Impacts de l’exploitation aurifère
I.2.10 Cartographie des sites d’orpaillage de Massawa et environs
Chapitre II. Matériel et Méthodes
II.1 Matériel
II.2 Méthodes
II.2.1 Prospections
II.2.1.1 Transects linéaires
II.2.2 Transects de reconnaissance
II.2.3 Pièges photographiques
II.2.4 Traitement de données
Chapitre III. Résultats et discussion
III.1 Résultats
III.1.1 Les grands mammifères de la zone d’étude et leur statut
III.1.2 Pourcentage des grands mammifères rencontrés à Massawa
III.1.3 Localisation des indices de présence de grands mammifères sauvages
III.1.4 Etat des lieux des activités anthropiques dans le site d’étude et sa périphérie
III.2 Discussion
Conclusion, recommandations et perspectives
Références bibliographiques

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