GÉNÉRALITÉS SUR LES DÉCHETS BIOMÉDICAUX (DBM)
Les déchets dus aux activités de soins ou déchets biomédicaux (DBM) peuvent être regroupés en deux grandes classes : les déchets assimilables aux ordures ménagères (DAOM) et les Déchets d’Activités de Soins à Risque Infectieux (DASRI) ou déchets dangereux. Ce sont des déchets comparables à ceux que l’on trouve dans les ménages. Ils comprennent tous les déchets n’ayant pas été infectés comme ceux de bureaux, les emballages et les restes alimentaires. Les DAOM sont similaires aux ordures ménagères ou municipales courantes et peuvent être traitées par les services municipaux de nettoyage (PNUE/OMS, 2004). Ils sont aussi appelés déchets banals (Dakhli, 2014). Ces déchets sont sans risque biologique, chimique, radioactif ou physique et représentent 85% des DBM produits dans les structures de soins (OMS, 2018 ; Hafiane et Khelfaouni, 2011).
La classification des DBM dépend des pays (Nagpal, 2019), ainsi d’un pays à un autre, le nombre de DBM peut varier. Selon l’OMS (2018), les déchets dangereux représentent seulement 15% des DBM. La classification de ces types de déchets varie selon les auteurs. Le manuel d’aide à la décision pour la préparation des plans nationaux de gestion des déchets de soins médicaux en Afrique Subsaharienne (PNUE/OMS, 2004) a donné une définition détaillée et exhaustive des DBM. Cependant, la classification de l’OMS en 2018 réunit toutes les autres et fait un résumé concis des déchets dangereux. Ainsi, elle a défini sept types de DBM dangereux.
Documents juridiques
Dans le cadre de la gestion des DBM, il convient d’abord de rappeler le cadre politique défini par la réglementation du Sénégal et qui encadre cette activité. C’est ainsi que différents documents juridiques en rapport avec les déchets biomédicaux ont été consultés. Il s’agit notamment du Code de l’environnement (2001), du Code de l’hygiène (1983), du Décret n° 2008-1007 du 18 août 2008 portant réglementation de la gestion des déchets biomédicaux, du Décret n° 2009-364 du 20 avril 2009 portant application de la loi n° 2009-11 du 23 janvier 2009 relative aux laboratoires d’analyses de biologie médicale, du Plan national de gestion des déchets biomédicaux (2014) et de l’actualisation du Plan national des déchets biomédicaux (Projet Regional Disease Surveillance Systems Enhancement (REDISSE, 2016)).
La gestion des DBM implique plusieurs acteurs dont le but est « l’amélioration du cadre de vie et la santé des populations » (Primature, 2016). Elle concerne non seulement les personnes à l’intérieur des structures de soins mais également celles à l’extérieur. La gestion inclue le personnel soignant, les patients et les visiteurs, les travailleurs des services sanitaires, le grand public (République du Sénégal, 2008). Cette pluralité d’acteurs augmente les risques liés à la manipulation des DBM. En effet, chaque catégorie d’acteurs – de la production à l’élimination ou la réutilisation, en passant par le transport, le stockage – est exposé au danger lié aux DBM si la gestion ne répond pas aux normes. En outre, ces dernières (les normes) doivent être le plus précis et le plus complet possible afin de prendre en compte tous les aspects. C’est d’ailleurs une non prise en compte de certains documents juridiques comme le Code de l’environnement, le Code de l’hygiène, le Décret portant application de la loi relative aux laboratoires d’analyses de biologie médicale qui ne donnent pas de solutions concrètes sur la gestion des DBM. La gestion des déchets revient à leur producteur (Code de l’environnement, 2001 ; Plan national de gestion des déchets biomédicaux, 2008). Cependant, le Code de l’environnement ne définit pas les modalités d’élimination de ces déchets. Le Code de l’hygiène dans son article L34 stipule que les déchets anatomiques et ceux contagieux doivent être incinérés (Code de l’hygiène, 1983), mais il faut préciser que l’incinération peut comporter des risques si les normes ne sont pas respectées.
Documents de l’OMS
L’OMS, en tant que référence mondiale en matière de santé, s’intéresse au plus haut point à la question de la gestion des déchets issus des activités de soins qui constituent le deuxième type de déchets le plus dangereux (OMS, 2005). De plus en plus, on retrouve des produits dangereux dans les DBM comme les métaux lourds qui entrent dans la composition de certains produits (OMS, 2005) utilisés en médecine nucléaire et en radiologie (Parlons Sciences, consulté le 10/11/2020) ; ce qui rend nécessaire leur gestion. Ainsi, l’OMS a établi des directives, des documents d’orientation et des manuels et guides pour accompagner les pays à gérer leurs DBM de façon à éviter les risques néfastes sur la santé des populations et sur l’environnement. Dans ce sens, elle recommande de faire au préalable une évaluation pour le choix d’une méthode de traitement des DBM car une mauvaise gestion des DBM est la cause de décès et d’invalidités (OMS, 2004) et pollue l’environnement (OMS/PNUE, 2006 ; OMS, 2018). Cependant, les directives de l’OMS concernent tous les pays, quel que soit le revenu. Étant donné que le niveau Les autres documents scientifiques consultés pour la plupart sont des mémoires, des articles, des thèses. Beaucoup d’études sur les DBM se sont intéressées sur leur gestion et les risques que cela peut avoir sur la santé des populations et sur l’environnement. Les documents consultés montrent qu’il n’y a pas de doute quant au caractère nocif que peuvent avoir les DBM sur le sol, l’air, l’eau et la santé (Khelladi, 2005 ; Hafiane et Khelfaoui, 2011). En effet, les DBM favorisent la propagation de certaines maladies comme le Sida (Ministère de la Santé Publique et de la Lutte Contre le SIDA, 2012). Le personnel chargé de sa gestion est très exposé et a des risques de souffrance de pathologies qui peuvent être liées directement ou indirectement à leur travail (Kasuku et al., 2016). La gestion des DBM rencontre beaucoup de difficultés surtout dans les pays à revenu faible (Billau, 2008) comme le Sénégal où des études ont montré que les principaux problèmes sont entre autres l’insuffisance de moyens financiers alloués à ce secteur, le manque de formation du personnel à ce sujet (Ndiaye et al., 2003 ; Diop, 2007 ; Ndiaye et al., 2012). Cependant peu d’études ont été menées sur la caractérisation et sur la quantification des DBM.