L’IMMUNOTHÉRAPIE EN ONCOLOGI
Généralités sur les cancers
Le cancer est une maladie qui occupe beaucoup d’espace dans la pensée médicale et collective. Cette pathologie est ancrée dans notre société comme une grande menace, source d’angoisse et rapidement assimilée à la mort. Le mot « cancer » vient du mot latin homonyme et dérive du grec « karkinos » (καρκινος) qui signifie « crabe ». Ce terme aurait été trouvé par le père de la médecine, Hippocrate (460-377 avant J.-C.), voyant une ressemblance morphologique entre le crustacé et une tumeur du sein étendue à la peau. Cette idée sera plus tard reprise par Galien (131-201 après J.-C) (1). D’après l’INCa (Institut National du Cancer) le cancer est défini comme une « Maladie provoquée par la transformation de cellules qui deviennent anormales et prolifèrent de façon excessive. Ces cellules déréglées finissent par former une masse qu’on appelle tumeur maligne. Les cellules cancéreuses ont tendance à envahir les tissus voisins et à se détacher de la tumeur. Elles migrent alors par les vaisseaux sanguins et les vaisseaux lymphatiques pour aller former une autre tumeur (métastase). » (2). Le cancer a une origine cellulaire monoclonale. Le délai entre l’initiation et le début de la croissance de la maladie varie selon le type de cancer.
Epidémiologie
Avec 157 400 décès estimés par cancer sur 610 000 décès toutes causes confondues en 2018,le cancer est responsable d’environ un décès sur quatre en France (3, 4). Selon les chiffres de 2016, il est globalement la première cause de mortalité dans le pays (première cause chez l’homme, et deuxième cause chez la femme après les maladies cardiovasculaires) (5).Tableau 1 : Nombre estimé de nouveaux cas de cancer et taux d’incidence standardisé (pour 100 000 personnes-années) chez les personnes de 30 ans et plus en France métropolitaine en 2015*. D’après Marrant-Micallef et al. (6).D’après la onzième édition du rapport de synthèse de l’INCa sur les cancers en France, rassemblant des données récentes pour les professionnels et le grand public, en 2018 il y a eu 382 000 nouveaux cas de cancers en France (7). 177 400 chez les femmes et 204 600 chez les hommes. Pour les femmes les cancers du sein suivis des cancers colorectaux et du poumon restent les plus fréquents, pour les hommes ce sont les cancers de la prostate suivis des cancers pulmonaires et colorectaux. On dénote entre 2010 et 2018 une diminution du taux de mortalité de 0,7% chez les femmes et 2% chez les hommes. La proportion des hommes qui développent un cancer (âge médian au diagnostic : 68 ans) est également en diminution mais il y a un léger accroissement chez les femmes (âge médian au diagnostic : 67 ans). Pour l’homme, le cancer du poumon est le plus mortel (22 761 décès en 2018), puis vient le cancer colorectal (9 209 décès) et le cancer de la prostate (8 115 décès).En ce qui concerne la femme, c’est le cancer du sein qui est responsable du plus grand nombre de décès (12 146), devant le cancer du poumon (10 356 décès) et le cancer colorectal (7 908 décès) (8).Les taux de survie varient selon les pays, l’accessibilité aux soins et aux informations médicales n’étant pas la même. En France, malgré de grandes variations possibles selon les cancers et leur stade, globalement, selon InfoCancer plus de 50% des patients traités sont en vie après 5 ans, et 38% guériront (9). Facteurs de risque en France métropolitaine en 2015 parmi les adultes de 30 ans et plus. Adapté de Marrant-Micallef et al. (10).D’après la fondation ARC pour la recherche sur le cancer, on dissocie deux types de facteurs de risque. Il y a premièrement les facteurs de risque évitables relatifs à nos comportements quotidiens comportant notamment la consommation de tabac et d’alcool qui sont les causes d’environ 20% et 8% des cancers. Ainsi en 2015, plus de 2 cancers sur 5 étaient potentiellement évitables (10). Il y a ensuite les facteurs de risque non évitables comme par exemple le sexe, l’âge et les prédispositions génétiques. Les facteurs de risques peuvent donc être comportementaux (consommation de drogues, alimentation déséquilibrée, activité physique insuffisante, exposition abusive au soleil), environnementaux (infections, pollution, certaines émanations de gaz) ou liés à l’histoire de l’individu (âge avancé, imprégnation hormonale, hérédité, maladies inflammatoires ou autoimmunes, prise de certains traitements) (11). Les technologies utilisant les ondes électromagnétiques (téléphones mobiles, réseaux Wi-Fi, antennes) sont suspectées, mais il n’existe actuellement aucune preuve les associant avec un risque accru de développer un cancer (12).
Diagnostic
Pour dépister ou diagnostiquer le cancer, il y a globalement trois pratiques selon le stade de la maladie : la détection des lésions précancéreuses possible pour certains cancers, le diagnostic précoce avant que la tumeur n’atteigne une taille suffisante pour être mise en évidence par les examens cliniques, ou la recherche de la cause des symptômes qui ont incité le patient à consulter un médecin (13). Les examens comprennent très souvent l’imagerie médicale et optique : radiographie, scanner, échographie, IRM (Imagerie par Résonance Magnétique), endoscopie, tomographie par émission de positons (PET-Scan), scintigraphie. Ils peuvent être associés à des examens anatomopathologiques (biopsie, frottis), à la recherche de biomarqueurs tumoraux sanguins et à l’analyse génétique et moléculaire (14, 15). D’autres examens, plus spécifiques dépendront de la nature (tumeurs solides ou cancers hématologiques), de la localisation et du type de cancer. C’est aussi le cas des signes révélateurs de la maladie qui sont très nombreux. De manière générale, plus un cancer est détecté précocement, meilleur est le pronostic.
Prévention
Les moyens de prévention sont nombreux, il faut premièrement s’exposer le moins possible aux facteurs de risque évitables évoqués ci-dessus mais aussi être informé de l’existence de facteurs non évitables spécifiques afin d’adapter la surveillance médicale à l’individu. La prévention se doit aussi d’être collective avec par exemple la mise en place d’actions d’amélioration de la qualité de l’air extérieur, la réduction de l’utilisation d’agents cancérogènes et l’utilisation de mesures de protection adaptées en milieu professionnel risqué. Tous ces éléments sont rappelés dans les campagnes de prévention comme de manière générale dans le discours des soignants, celui des médias ou par le biais d’actions menées par les associations et institutions engagées dans la lutte contre le cancer..