Pourquoi la richesse produite dans les pays les plus développés a-t-elle été multipliée par quatorze depuis 1820 ? Pourquoi, depuis la seconde guerre mondiale, le Japon a-t-il une croissance beaucoup plus rapide que les autres pays occidentaux »?
Ayant fait l’objet de l’œuvre de D. Guellec et de P. Ralle intitulé « Les nouvelles théories de la croissance », ces questions sont aujourd’hui d’un intérêt capital dans la détermination des réels facteurs de la croissance économique. En effet, l’incapacité à expliquer cette dernière par les fonctions de production traditionnelles a conduit les économistes à explorer d’autres voies de recherche jusqu’à analyser l’apport de l’éducation à la croissance. Autrefois considérée comme une simple consommation, l’éducation constitue désormais un investissement intimement lié au développement. Les pays présentant des déficiences en capital physique auraient la possibilité de pallier celles-ci par la valorisation de leur capital humain. La théorie du capital humain a ainsi trouvé sa place au côté de celle du capital financier.
GENERALITES SUR L’EDUCATION
Un grand nombre de théoriciens ont tenté de donner une définition au terme éducation. Etymologiquement, le mot éducation tire son origine du latin « educre » signifiant élever et auquel sont liés les termes « educere » ou faire sortir ce qui est dedans, faire ressortir le potentiel et « ducere » ou conduire. Ainsi, l’éducation est l’« action de développer les facultés morales, physiques et intellectuelles». Plus clairement, c’est le processus à travers lequel sont transmises délibérément ou non les connaissances, les compétences et les valeurs d’une génération à une autre.
Notions sur l’éducation
Définitions de l’éducation
L’éducation est « toute action de formation portant principalement sur les enfants et les adolescents, mais également et de manière croissante sur les adultes, et qui a pour résultat selon les termes de Littré : l’ensemble des habiletés intellectuelles ou manuelles, qui s’acquièrent, et l’ensemble des qualités morales qui se développent ». Cette définition présente comme intérêt de souligner les diverses catégories de personnes sur lesquelles peut porter cette action d’éducation. Quoique partiellement et imparfaitement, les mots « enseignement, formation et instruction » constituent les substituts de celui d’éducation et démontrent que cette action peut être poursuivie par toute personne de toute classe d’âge. On enseigne habituellement les enfants mais on forme les adultes.
Selon une vision sociologique, Emile DURKHEIM se prononce en ces termes : «l’éducation est l’action exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale ». Elle a pour objet de susciter et de développer chez l’enfant un certain nombre d’états physiques, intellectuels et moraux que réclament de lui et la société politique dans son ensemble et le milieu spécial auquel il est particulièrement destiné » . La sociologie privilégie ainsi l’éducation de type informel. Mais revenons à l’économie.
Les théoriciens T.W. Schultz et G. Becker, quant à eux, soulignent dans leur définition le rôle économique de l’éducation, celui de former de la main d’œuvre. «L’éducation est un paramètre qui définit la mesure, le poids et l’importance de la ressource humaine dans le processus de production ». Effectivement, sans mains d’œuvre qualifiées et techniques, le capital physique serait gaspillé. Plus loin encore, l’éducation, en formant des dirigeants politiques, des juristes, des artistes, des écrivains et des journalistes concourt à la stimulation du développement d’un pays .
Pour Jarousse, « l’éducation est un processus productif, au sens d’un processus de transformation, dans la mesure où l’homme constitue à la fois sa matière première et son produit final ». Il insiste ainsi sur le rôle producteur de l’éducation.
Types d’éducation
Il s’avère sine qua non de souligner que les moyens avec lesquels on atteint ces dextérités intellectuelles sont plusieurs. C’est pourquoi on distingue deux dimensions de l’éducation : l’éducation formelle et l’éducation non formelle.
L’éducation formelle
Selon l’UNESCO, on appelle éducation formelle « le système éducatif avec ses structures hiérarchiques et une succession chronologique d’étapes allant de l’école primaire à l’université et qui englobe toutes les études théoriques de caractère général, divers programmes spécialisés ainsi que des établissements dispensant une formation professionnelle et technique à temps complet » (UNESCO, 1964). Cette institution met donc l’accent sur les structures formalisées à l’instar des écoles et des universités. Cependant, André PAGE souligne dans ce qu’il entend par « formelle » l’aspect volontaire de cette formation en affirmant que l’« éducation formelle se réfère à toute activité délibérée de formation visant au développement des facultés intellectuelles et à l’acquisition de connaissances générales ou spécialisées y compris celles conduisant à l’obtention d’une compétence professionnelle ». Mais cette définition est sujette à controverses d’autant que les enfants surtout ceux des préscolaires vont à l’école contre leur gré mais suivant celle de leurs parents. Cette éducation est tout de même qualifiée de formelle, c’est l’aspect systémique qui compte. L’école qu’ils fréquentent fait partie du système éducatif.
L’éducation informelle
Par contre, l’éducation est « informelle » lorsque « l’expérience de chaque jour ; les influences et ressources éducatives du milieu, à savoir la famille, le voisinage, le lieu de travail et le loisir, le marché, la bibliothèque et les grands moyens d’information permettent à chaque individu d’acquérir des moyens de penser, un système de valeurs, des connaissances et des compétences techniques»(UNESCO 1964). Elle concerne les initiatives situées en dehors de l’école. Cette définition en dit long sur les sources où l’on puise ce genre d’éducation. Toutefois, André PAGE la complète en évoquant « tous les phénomènes qui, en dehors d’une volonté délibérée d’action spécifique de formation influencent les attitudes, les comportements, les modes de pensée, les connaissances ».
Certains qualifie même ce type d’enseignement d’« éducation parallèle » vu les moyens de communication de masse qui abondent et qui permettent de diffuser rapidement et sans difficulté des informations.
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