GENERALITES SUR LE MANGUIER, LES TERMITES ET LE CHAMPIGNON METARHIZIUM ANISOPLIAE

Le Manguier (Mangifera indica L.)

Le Manguier, Mangifera indica L., appartient à l’Embranchement des Spermaphytes, à la Classe des Dicotylédones, à l’Ordre des Sapindales et à la Famille des Anacardiacées.
Il est originaire du nord de l’Inde, au pied de la chaîne Himalayenne (Arbonnier, 2000). Son introduction en Afrique a été l’œuvre des Arabes au 10ième siècle. Au Sénégal, l’introduction des variétés améliorées remonte à l’époque de la création du jardin d’essais de SOR (Saint-Louis) vers 1893 (USAID, 2006). Description du Manguier : Le Manguier est un arbre à grande cime étalée, arrondie et dense, atteignant dans le Sahel 10 m de haut (Arbonnier, 2000).
L’arbre dispose d’un système racinaire pivotant qui ne donne à sa formation que quelques ramifications pour assurer l’ancrage dans le sol (Ouédraogo, 2002) et lui permet d’absorber l’eau et les nutriments (Sitbon, 2004). Du tronc, partent les branches qui sont parfois très développées. Les feuilles, vert foncé, sont souvent en feuillage dense (Damour, 2003). Les jeunes feuilles peuvent être distinguées du reste du feuillage par leur couleur jaune rouge puis vert pâle qui vire au vert foncé à la taille adulte (Pardessus, 2002). Les inflorescences portées en position terminale des rameaux sont en forme de grappes ; elles sont constituées de fleurs mâles et de fleurs hermaphrodites blanchâtres ou jaunes rougeâtres (Bama, 2014). La pollinisation est assurée par les insectes. Les fruits, des drupes, sont larges avec un épiderme jaune, vert ou rouge à maturité selon la variété.
L’écologie du Manguier : Le Manguier, pour un bon développement et une bonne fructification, exige certaines conditions dans son milieu de vie (Ouédraogo, 2002). Il peut croître dans des régions au climat chaud et où les saisons humides et sèches sont bien marquées (Sitbon, 2004). Le Manguier ne supporte pas les eaux stagnantes, les inondations fréquentes ou prolongées et préfère les sols profonds, limoneux-sableux, bien drainés (Arbonnier, 2000), au pH compris entre 5,5 et 7,5 (Bama, 2014). Une bonne fructification nécessite une température moyenne de 25-30°C durant la période de floraison et de développement des fruits (Sitbon, 2004).
Les utilisations du Manguier : Le Manguier est généralement cultivé pour ses fruits même si les différentes parties de l’arbre sont utilisées par l’Homme. L’importance du fruit, la mangue, n’est plus à démontrer : consommation directe de la chaire, fabrication de jus de fruit, de bonbon, de confiture, etc. (Dembélé et al., 2013). Les fleurs, les feuilles, les fruits, l’écorce et les noyaux du Manguier sont largement utilisés en pharmacopée pour soigner de nombreuses maladies et affections (Arbonnier, 2000).

Les problèmes liés à la culture du Manguier

Comme toutes les autres spéculations agricoles, le manguier est l’objet d’attaques diverses (Ouédraogo, 2002). Celles-ci peuvent avoir lieu sur différentes parties de l’arbre (feuilles, fleurs, fruits, racines, tronc et branches…) ; leur importance varie suivant les conditions de l’environnement et les pratiques culturales. Selon l’USAID (2006), les problèmes phytosanitaires qui se posent à la filière mangue sont principalement liés aux maladies fongiques et aux insectes ravageurs.
Les maladies fongiques dues à des champignons : Deux maladies fongiques sont considérées comme des affections majeures du Manguier à l’échelle mondiale. Il s’agit de la maladie bactérienne des taches noires du Manguier due à Xanthomonas campestris pv. mangiferae indicae et l’anthracnose due à Colletotrichum gloeosporioides (Vannière et al., 2004). Le fruit attaqué, complètement déprécié, perd toute sa qualité marchande.
Les insectes ravageurs : Les insectes reconnus comme ravageurs du Manguier appartiennent aux Familles des Tephritidae (mouches des fruits), des Pseudococcidae (cochenilles farineuses), des Rhinotermitidae (Termites) et des Termitidae (Termites).
Les mouches des fruits Ceratitis Capitata, Ceratitis cosyra et Bactrocera dorsalis (syn. B. invadens) sont très dangereuses à cause de leur facilité de multiplication, du nombre élevé de leurs plantes-hôtes et des dégâts qu’elles provoquent (USAID, 2006). Ces espèces sont également préoccupantes du fait de leur statut de ravageur de quarantaine dans les principaux pays importateurs (Vannière et al., 2004).
Un autre ravageur qui a causé d’énormes dégâts sur les arbres fruitiers, les manguiers en particulier, est la Cochenille farineuse Rastrococcus invadens(USAID, 2006 ; Han et al., 2007). L’accumulation des sécrétions du ravageur (miellat) sur les feuilles, les fruits, les rameaux et le développement ultérieur des champignons saprophytes, provoquent un étouffement de l’arbre, une réduction de la photosynthèse et par conséquent, une réduction de la productivité de la plante (Hala et al., 2013).
Les attaques des manguiers par les Termites sont observées sur toutes les régions aériennes de l’arbre. Les troncs et les branches sont rongés sous les galeries et les placages. Les attaques peuvent être externes et limitées à l’écorce ou se poursuivre jusqu’au bois. Les conséquences des attaques sont des troncs et des branches creux, des branches mortes et des arbres morts, souvent de jeunes pieds. Le descriptif des attaques renseigne souvent sur les espèces responsables des dommages. Les Termites lignivores (Microcerotermes et Amitermes) et les Termites champignonnistes (Microtermes et Odontotermes) sont à l’origine de sérieux dégâts pouvant aller jusqu’au dépérissement des arbres attaqués (Ndiaye et Han, 2006).

La vie sociale et la composition de la colonie

Les Termites sont des insectes sociaux vivant en colonie. Dans chaque colonie il y’a une partie animée constituée par les individus termites et une partie inanimée correspondant aux structures biogéniques qu’ils ont édifiées (Eggleton, 2011). Selon les espèces, les nids des termites sont hypogés, arboricoles ou épigés. Les Termites communiquent avec l’extérieur grâce aux phéromones (Zaremski et al., 2009). Les phéromones sont spécifiques à chaque espèce. Ces substances chimiques sont très utilisées dans la quête de la nourriture.
Une colonie de Termites comprend les castes de reproducteurs et de neutres. Les reproducteurs sont de deux types : les reproducteurs imaginaux ou primaires (roi et reine) issus des essaimants et les reproducteurs secondaires qui sont des sexués de remplacement néoténiques. Les neutres sont constitués par les ouvriers et les soldats . En dehors des individus complétements développés, la termitière compte un nombre considérable de jeunes : ce sont les larves, blanches, laiteuses. Une division du travail s’opère dans chaque colonie.
Les ouvriers : Les ouvriers représentent la caste la plus importante par le nombre d’individus (Zaremski et al.,2009). Mâles ou femelles, ils sont stériles, aveugles et dépourvus d’ailes. Les ouvriers assurent plusieurs rôles dans la colonie. Ils sont les constructeurs du nid et des galeries qui permettent la vie et les déplacements à l’abri de la lumière (Zaremski et al., 2009). Ils assurent la récolte de la nourriture pour l’ensemble des membres de la colonie. Ce sont les ouvriers qui nourrissent les autres membres de la colonie par trophallaxie (échange de nourriture par la bouche) (Zaremski et al., 2009). Ils accordent également des soins attentifs aux œufs et aux jeunes larves. Les soldats : Les soldats, stériles aptères ne quittent jamais leur nid d’origine comme les ouvriers. Les soldats ne travaillent ni à la construction du nid, ni à l’entretien des jeunes. Ils ont pour rôle de défendre la colonie, soit grâce à leurs mandibules hypertrophiées, particulièrement pointues et allongées comme des cisailles et/ou par l’émission de substances toxiques (Zaremski et al., 2009). Les reproducteurs : Ils sont la caste la plus faiblement représentée dans une colonie. Ils disséminent l’espèce et en assurent la pérennité. Avec l’âge, l’abdomen de la femelle féconde se distend. Les nouvelles colonies se constituent à partir de reproducteurs ailés à la période d’essaimage ou d’individus néoténiques dans des cas particuliers comme l’éloignement de la termitière ou la disparition du couple royal (Zaremski et al., 2009).

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Les dégâts des Termites

Malgré leur impact bénéfique, certaines espèces de Termites constituent pour la plupart un problème à cause des dégâts occasionnés aux cultures et aux habitations. De nombreuses espèces de Termites ont été signalées comme ravageurs d’essences forestières (Agbogba et Roy-Noël, 1982), fruitières (Ndiaye et Han, 2002 ; 2006 ; 2007). Les dégâts causés par les Termites sont souvent supérieurs à 15%, atteignant même parfois 90% d’après Wood et Pearce (1991). En dévorant les radicelles et les parties externes des racines, du tronc et des branches, les Termites provoquent de nombreux dépérissements. Au niveau de la partie aérienne, le dessèchement progressif se propage des extrémités de l’arbre vers le bas, jusqu’à la mort du Manguier. Les dégâts sur le système racinaire sont peu visibles et ne préoccupent les planteurs que quand le dessèchement a atteint un stade avancé.

Le champignon entomopathogène Metarhizium anisopliae

Les insectes, comme la plupart des animaux, sont sensibles aux maladies causées par des organismes qui leurs sont pathogènes. Les pathogènes des insectes, appelés entomopathogènes, comprennent les virus, les bactéries, les protozoaires et les champignons (Benserradj, 2014). Les champignons entomopathogènes : Ils sont parmi les agents de lutte biologique utilisés contre les insectes nuisibles (Scholte et al.,2004). Les maladies fongiques chez les insectes sont fréquentes et répandues et souvent déciment les populations d’insectes (Hajek et St Leger, 1994).
Le parasitisme constitue pour les champignons entomopathogènes une forme d’adaptation qui contribue à la perpétuation de leurs espèces (Courtois, 1984). Contrairement à d’autres agents pathogènes de lutte biologique, les champignons n’ont pas besoin d’être ingérés pour infecter leurs hôtes, mais envahissent directement la cuticule et peuvent donc être utilisés pour le contrôle de tous les insectes (Milner, 2000). L’infection des insectes par les champignons entomopathogènes se produit par la voie tégumentaire (Ferron, 1975). Les champignons sont uniques parmi les pathogènes d’insectes puisqu’ils infectent leurs hôtes principalement à travers la cuticule externe bien que quelques taxons peuvent envahir par le canal alimentaire (Inglis et al., 2001). Metarhizium anisopliae fait partie des champignons entomopathogènes les plus utilisés pour le contrôle des insectes nuisibles.
Metarhizium anisopliae : L’espèce Metarhizium anisopliae a été initialement décrite par Metschnikoff sous le nom d’Entomophthora anisopliae et plus tard transférée au nouveau genre Metarhizium par Sorokin. Le sol est son principal habitat (Tkaczuk et al., 2014).
Taxonomie et classification : La classification de Metarhizium anisopliae a été sujette à plusieurs révisions au cours des dernières années. Par le passé, l’espèce a été classée principalement sous la division des Deutéromycètes, dans la classe des Hyphomycètes. Les membres de cette sous-division ont comme spécificité le fait de ne jamais produire, ou très rarement, des spores sexuées (Benserradj, 2014). Par contre, à l’heure actuelle, la plupart des mycologistes n’acceptent plus les Deuteromycota et ses sous-classes comme formant un assemblage taxonomique. Plusieurs espèces de champignons ont été associées avec des membres de la division des Ascomycota sur une base d’homologie d’ADN, dont l’espèce Metarhizium anisopliae (Inglis et al., 2001). Cette espèce fait dès lors partie du règne des Mycota, de la division des Ascomycota et de l’ordre des Hypocreales.

Table des matières

INTRODUCTION 
CHAPITRE I. GENERALITES SUR LE MANGUIER, LES TERMITES ET LE CHAMPIGNON METARHIZIUM ANISOPLIAE 
I. Le Manguier (Mangifera indica L.)
I.1. Description du Manguier
I.2. L’écologie du Manguier
I.3. Les utilisations du Manguier
I.4. La production de mangue au Sénégal
I.5. Les problèmes liés à la culture du Manguier
I.5.1. Les maladies fongiques dues à des champignons
I.5.2. Les insectes ravageurs
II. Les Termites
II.1. La vie sociale et la composition de la colonie
II.1.1. Les ouvriers
II.1.2. Les soldats
II.1.3. Les reproducteurs
II.2. Les groupes trophiques
II.3. Le rôle écologique des Termites
II.4. Les dégâts des Termites
II.5. Méthodes de lutte
III. Le champignon entomopathogène Metarhizium anisopliae 
III.1. Les champignons entomopathogènes
III.2. Metarhizium anisopliae
III.2.1. Taxonomie et classification
III.2.2. Mode d’infection
III.2.3. Produits à base de Metarhizium anisopliae
III.3. Facteurs affectant l’efficacité des champignons entomopathogènes
CHAPITRE II. MATERIEL ET METHODES 
I. Site d’étude
I.1. Données physiques de la région de Thiès
I.1.1. Les sols
I.1.2. La végétation
I.1.3. La faune
I.2. Données climatiques de la région de Thiès
I.2.1. La pluviométrie
I.2.2. La température et l’humidité
I.3. Présentation des vergers
II. Matériel
II.1. Matériel pour le contrôle de la viabilité des spores du Metarhizium anisopliae
II.2. Matériel pour le test d’attractivité/répulsion du Metarhizium anisopliae
II.3. Matériel utilisé pour le test en milieu paysan
II.4. La souche fongique
III. Méthodes
III.1. Contrôle de la viabilité des spores du Metarhizium anisopliae
III.2. Test d’attractivité/répulsion du Metarhizium anisopliae
III.3. Mise en œuvre des tests en milieu paysan
III.3.1. Dispositif expérimental
III.3.2. Echantillonnage des termites et identification des espèces
III.3.3. Préparation et application des traitements
III.4. Les paramètres mesurés
III.4.1. Le taux d’attaque
III.4.2. Le taux de réduction des attaques des termites sur les manguiers
III.4.3. Analyses statistiques
CHAPITRE III. RESULTAS 
I. Viabilité des spores du Metarhizium anisopliae 
II. Attractivité/répulsion du Metarhizium anisopliae
III. Evaluation de l’efficacité du Metarhizium anisopliae dans le contrôle des termites au champ
III.1. Situation de référence des attaques de termites dans les parcelles expérimentales
III.1.1. Les termites présents sur les manguiers
III.1.2. Les attaques des manguiers par les termites
III.1.3. La description des attaques
III.1.4. Les modalités d’attaque des termites rencontrés
III.1.4.1. Le cas des lignivores
III.1.4.2. Le cas des champignonnistes
III.2. Tests d’efficacité du Metarhizium anisopliae
III.2.1. Taux d’attaque des manguiers selon les traitements
III.2.2. Evolution des attaques des termites selon les traitements
DISCUSSION
CONCLUSION ET PERSPECTIVES 
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 

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