L’avortement provoqué est un phénomène social qui n’arrête pas de susciter des problèmes de par le monde entier. Plus précisément, l’avortement provoqué est devenu un phénomène mondial.
Par ailleurs, en ce qui concerne les représentations sociales de la féminité et de la jeune femme malgache, la maternité n’est socialement admise qu’au sein de la structure du mariage. Les rapports sexuels antérieurs au mariage sont socialement encore fortement blâmés. Toute maternité hors d’un lien marital marginaliserait donc les jeunes femmes. La jeune femme se doit d’être vierge au mariage. La virginité a donc son importance sociale et doit être jalousement gardée par la jeune fille à marier ; mais de nos jours, la virginité avant le mariage est peu à peu minimisée. Sur ce, nous pouvons dire que les jeunes de nos jours subissent une grande influence sur le plan culturel.
A Madagascar comme nous venons de dire ci-dessus, l’avortement provoqué devient un phénomène social de plus en plus fréquent : les difficultés qu’il implique et les malaises qu’il entraîne dans la société, les désordres qu’il introduit dans la vie du couple, le tort immense qu’il fait aux jeunes femmes en font un fléau dont il est urgent de limiter les ravages. Non seulement, l’avortement à risque devient une procédure dangereuse mais expose la femme à de graves complications. «Responsable de 40% des décès maternels, il est un problème de santé publique et de droit des femmes. D’où la nécessité de réviser la législation de l’avortement».
Certaines personnes affirment que l’avortement est la méthode de régulation de naissance la plus ancienne et l’une de celles qui sont les plus employées. On le pratique dans tous les pays et dans toutes les cultures quelles que soient les prescriptions de la loi et quels que soient les dangers qu’il entraîne. En effet, si ce n’était qu’une affaire d’efficacité des instruments et des méthodes, les grossesses non désirées pourraient être réduites au minimum. Au fait, l’efficacité des contraceptions dépend surtout de l’emploi continuel et correct.
GÉNÉRALITÉS SUR L’AVORTEMENT PROVOQUÉ
APPROCHE THÉORIQUE
Pouvoir être enceinte n’est pas pour la femme une simple connaissance. Il ne suffit pas qu’elle connaisse cette possibilité pour qu’elle s’en persuade. Ainsi pouvait déclarer une avortée : « On n’y croit pas, on ne croit pas que l’on peut tomber enceinte quand on ne le désire pas ».
Choisir, même inconsciemment, l’avortement, surtout pour les jeunes qui ne sont jamais réalisées comme mères, prend ainsi une signification particulière : il s’agit pour la femme de s’assurer de son intégrité fonctionnelle, de se reconnaître comme mère possible. Dans l’avortement, la mère est placée dans une situation où la réalité s’oppose à une autre réalité en puissance : celle de l’enfant à naître. L’avortement c’est aussi l’avortement d’un couple, le moment où il devra choisir concrètement à élever ou non l’enfant à venir ; c’est-à-dire de prendre une nouvelle dimension. La solution retenue, avortement ou accouchement, sera parfois conflictuelle.
ELUCIDATION DES TERMES
➤ « Les coupables » (ou les jeunes femmes entre 15 à 40 ans) : Il n’est pas question ici de juger les personnes — seulement l’acte — mais il faut bien les nommer. Il s’agit de la mère, dernier recours, qui est le premier responsable de l’avortement; du médecin qui le pratique ; du père qui pousse à l’avortement, ou s’en désintéresse et enfin de la famille, de l’entourage. C’est parfois tout un groupe qui est meurtrier mais c’est surtout la société elle-même. Dans la décision interviennent les considérations les plus diverses, morales, religieuses, maternelles, psychologiques, sociologiques, économiques, politiques.
➤ « La victime » (ou le fœtus avorté) : Elle est petite, innocente mais humaine comme nous, avec ses 46 chromosomes caractéristiques de l’espèce transmise par ses parents, unique grâce la combinaison particulière des chromosomes, 23 maternels et 23 paternels, tellement unique qu’aucun frère ou sœur ne pourront la remplacer.
Le petit être est d’abord zygote unicellulaire puis embryon jusqu’ huit semaines — il devient alors un individu presque complet – et enfin fœtus de huit semaines jusqu’au terme. Son cœur bat au dix-neuvième jour. A neuf semaines, il pèse trois grammes et mesure 3 centimètres. Dans état actuel de nos connaissances, il n’est pas viable — c’est-à-dire pouvant vivre hors du sein maternel — avant quatre mois et demi de grossesse.
➤ « L’avortement » : C’est le processus volontaire qui vient interrompre le développement du bébé à naître dans l’utérus afin de lui imposer une mort certaine. Avortement signifie donc l’expulsion d’un fœtus ou d’un embryon vivant d’une femme avec l’intention de supprimer le dit fœtus ou le dit embryon. En d’autres termes, il se définit comme l’interruption avant son terme du processus de gestation, c’est-à-dire le développement qui commence à la conception par la fécondation d’un ovule par un spermatozoïde formant ainsi un œuf, se poursuit par la croissance de l’embryon, puis du fœtus, et qui s’achève normalement à terme par la naissance d’un nouvel individu de l’espèce.
L’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) est chez l’être humain, au-delà d’un phénomène physiologique concernant la femme enceinte et l’embryon ou le fœtus qu’elle porte, un phénomène social, touchant la cellule familiale et la société dans leurs valeurs morales. À ce titre, il n’y a rien d’étonnant qu’il soit sujet à controverse tant du point de vue juridique que religieux et philosophique. Le débat est spécialement vif, car ce qui constitue l’un des pires crimes pour les uns (meurtre d’un être innocent et sans défense) représente un droit pour les autres (libre disposition de son corps, pour la femme). L’avortement peut être spontané : on parle de fausse couche. Le terme médical de fausse couche s’applique quel que soit le terme de la grossesse du premier jour de la grossesse jusque la prise en charge médicale du fœtus. Avant 12 semaines d’aménorrhée c’est une fausse couche précoce et après cette période il s’agit d’une fausse couche tardive (la majorité des œufs fécondés ne sont pas viables dans des conditions normales et sont éliminés très rapidement par l’organisme).
La grossesse peut être interrompue volontairement sans raison médicale on parle alors d’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG). Enfin, la grossesse peut être interrompue pour des raisons médicales tenant soit au fœtus soit à la femme enceinte. On parle dans ce cas d’Interruption Médicale ou Thérapeutique de Grossesse (IMTG).
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