Généralités sur L’anguille Européenne : Anguilla anguilla, (Linnaeus, 1758)

Généralités sur L’anguille Européenne : Anguilla anguilla, (Linnaeus, 1758)

Recherchée par les gourmets, mais énigmatique pour les naturalistes, l’Anguille a connu pendant des siècles les honneurs de la table. Selon Pline, elle n’avait pas de sexe, à la veille de mourir elle se frottait contre les pierres et les morceaux ainsi détachés devenaient d’autres Anguilles. Aristote, la fait sortir des entrailles de la terre, d’autres auteurs prétendent qu’elle naît spontanément de la vase ou de gouttes de rosée.
Description de l’espèce : Avec un squelette complètement ossifié, les anguilles se caractérisent par un corps allongé serpentiforme façonné (Lecompte-Finiger, 2004), de section arrondie antérieurement et peu comprimé postérieurement. La tête, est comprimée et les yeux sont ronds, avec un iris jaunâtre, les narines tubulaires avec des ouvertures branchiales étroites. La bouche terminale, est garnie de petites dents pectinées, disposées sur plusieurs rangées, mais la lèvre inférieure est débordante (la disposition des dents, est utilisée comme critère différentiel entre les espèces d’anguilles).
Avec une présence de nageoires pectorales et une absence de nageoires pelviennes, les nageoires impaires sont confluentes (anale, caudale), forment une lame continue sur le dos et sur la queue. La distance entre l’origine de la nageoire dorsale et celle anale, est un critère morphométrie important, pour la détermination des espèces (Ege, 1939).
L’anguille, possède une peau nue, riche en mucus, avec des écailles rudimentaires et ovalaires, très petites incluses profondément dans la peau, n’apparaissent que vers l’âge 5-6 ans. La ligne latérale, est bien développée. La coloration est variable, elle change avec le stade de développement et le biotope. L’anguille, doit nager de 20 à40 km /jour (Baras et al., 1994) pour atteindre les plages de fraie, elle supporte un long séjour à l’air libre : l’étroitesse des ouvertures branchial, la protégé contre la dessiccation et sa peau épaisse ,est le siège d’échanges gazeux (Fontaine, 1994). Les anguilles, peuvent vivre dans des intervalles de température qui s’échelonnent de 2º-3º c à 28º -30º c, selon leur température d’acclimatation. Sensible à la lumière, ce qui est un caractère du poisson abyssal, elle passe le jour enfoncée dans la vase, c’est sous le couvert de la nuit qu’elle chasse (Baras et al., 1994). Terreur des poissons d’eau douce, elle compte elle-même peu d’ennemis une fois qu’elle a atteint sa taille moyenne, elle profite alors des nuits ou la rosée est assez abondante pour humidifier ses branchies. Malgré sa gloutonnerie, l’anguille à l’instar de la majorité des poissons, elle est capable de jeûner assez longtemps, l’anguille argentée peut vivre jusqu’à 4 ans sans nourriture (Fernandez-Delgado et al., 1989).

Vie larvaire (migration transocéanique)

Le savant danois Johannes Smidt (1877-1933), ayant capturé les leptocéphales de même taille, prés des Iles Feroé dans l’atlantique venant d’ailleurs, entraînés par le courant du Gulf Stream, guidé par la taille, toujours plus faible en approchant de l’Amérique, il finit par repérer, en 1921 aprés dix-huit ans de recherche le lieu de ponte de l’anguille.
La ponte en Mer des Sargasses, se déroule en février- mars, les œufs sont déposés à environ mille pieds de profondeur dans deux fosses de la mer des Sargasses, prés des Bermudes cette zone et situé entre 22º et 29 º de latitude Nord et entre 48 º et 73 º de longitude Ouest.
L’éclosion des œufs est de mars à juillet, elles produisent des larves de 5 à 10 mm, qui se laissent porter par les courants marins (Gulf Stream), vers les côtes européennes. Compte-tenu de la faible capacité de nage des larves, on estime que la plupart de la migration est assurée par un transport vers l’ouest ,au sein de la branche principale du courant du Gulf Stream, puis par la dérive Nord Atlantique. Le courant des Açores, qui forme la composante Nord de la convergence subtropicale, apporterait les larves vers la Méditerranée, alors que la branche Nord de la Dérive Nord Atlantique diffuse les larves vers la partie septentrionale de l’aire de distribution. La branche sud de la dérive Nord Atlantique est la plus importante, elle diffuse les larves vers la partie centrale de l’Europe. Une remontée des larves, pourrait se faire par le courant de fond (eaux méditerranéennes), qui longe les côtes du Portugal et les côtes Espagnoles du golfe de Gascogne.
Les leptocéphales, vont progressivement entrer dans les eaux du courant océanique Nord-est de l’Atlantique (migration transocéanique), cette migration larvaire active et évaluer à un an et demi (Boetius et Harding, 1985). Sur le plateau continental , ces larves (75 mm) vont subir une première métamorphose (modifications morphologiques acquisition d’une forme subcylindrique anguilliforme), anatomiques (modification du tractus digestif et apparition de la dentition définitive),et physiologiques) pour devenir en août-septembre des « civelles » ), qui cessent de s’alimenter et puisent leurs réserves énergétiques ,ce qui engendre une importante perte de poids et diminution de taille .

Civelles et anguillettes

L’entrée des civelles, en estuaire est plus longue et plus précoce au sud de l’aire de répartition. Le recrutement et la colonisation des eaux continentales, sont soumis à un rythme endogène et dépendent des conditions physico-chimiques, hydrologiques et hydrodynamiques locales .
Stade civelle : Première métamorphose : Phase de migration margino-littorale et continentale anadrome Arrivée prés des côtes, en hiver et au début du printemps, la larve subit une première métamorphose, de plate et transparente qu’elle était, elle devient cylindrique, opalescente, puis opaque, le sang qui commence à circuler dans sons corps lui donne une teinte rose.
Autrement dit, ses cellules spéciales ou phagocytes absorbent ses tissus, les modifient et même vieille chaire, rebâtissent un animal nouveau qu’on appelle en Europe Civelle ou Pibalte , qui est l’objet d’un commerce important. Les civelles, se développent en anguillettes totalement pigmentées (Edeline, 2005).
L’arrivée des civelles, le long du littoral européen, varie en fonction de la distance parcourue depuis l’aire de ponte. Les premières arrivées s’observent avec un décalage dans le temps, selon deux gradients Sud-Nord en Atlantique et Ouest en méditerrané. Les civelles qui arrivent les premières sont plus grandes en taille que celles qui arrivent en fin de saison de migration.
La migration anadrome des civelles, a lieu en hiver et au début du printemps, entre mai et octobre, avec un mode d’arrivée en estuaire variable selon les sites considérés, mais généralement centré sur les mois de janvier ou février .
Les civelles, se déplacent lors de leur migration anadrome, en occupant toute la colonne d’eau en période de nouvelle lune, mais migrent en nageant prés du fond en période de pleine lune, surtout si les eaux sont claires. Ainsi, la luminosité nocturne et la turbidité des eaux qui limite l’effet de la lumière, conditionnent l’accessibilité des civelles aux engins de pêche de surface (Casamajor et al., 1999 ; Casamajor, 2001). Au stade civelle, A.anguilla adoptent un transport sélectif par marée montante, afin de pénétrer dans les fleuves et les lagunes (Gascuel ,1986).
Stade anguillettes : phase de colonisation des eaux continentales La civelle, se développe en anguillette totalement pigmentée, en passant par différents stades, qui correspondent aux stades V et VI de Schmidt(1922) (Strubberg, 1913 ; Elie, 1979 ; Elie et al., 1982). Le stade anguillette, est très souvent assimilé au stade d’anguille jaune (phase de sédentarisation). Les jeunes anguillettes, sexuellement non différenciées, nouvellement arrivées, poursuivent la colonisation des cours d’eau, avec un régime carnivore et opportuniste (Leconte-Finiger, 1983b ; Richards, 1987 ; Melhaoui, 1994 ; El-Hilali, 1998), elles adoptent un comportement nocturne et benthique. La phase de colonisation dure de 6 à 8 mois selon les régimes, certaines des anguilles vont s’arrêter plus tôt et poursuivre leur croissance en eaux saumâtre où en zone marine côtière (Elfman et al., 2000), elles peuvent effectuer l’intégralité de leur croissance en mer, en estuaire ou en eau douce .

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Cycle biologique et répartition géographique d’Anguilicola crassus

Les anguilles européennes, sont sensibles à plusieurs parasites, champignons, bactéries, et virus qui peuvent causer une éruption des maladies. Elles sont victimes de façon plus inquiétante de virus allochtones tels que Anguillicola crassus (Paggi et al., 1982 in Vigier, 1997 ; Neumann., 1985), c’est un nématode parasite de la vessie natatoire qui s’est répandu en Europe « à partir de cargaisons d’anguilles japonaises importées d’Asie sud -est (Taiwan New Zealand) en 1982 pour des installations aquacoles allemandes » (Neumann, 1985) . Ce parasite est maintenant présent dans toute l’Europe et s’est ensuite introduit au Canada et aux Etats-Unis, il constitue l’une des plus importantes menaces naturelles qui pèsent sur l’anguille européenne, il est responsable d’important taux de mortalité. Anguillicola crassus, engendre des manifestations mécaniques par l’inflammation des tissus de la vessie natatoire, qui s’opacifie et se dilate en suite. L’action toxique du parasite par la sécrétion d’une substance, rendrait l’anguille plus fragile, et compromettrait gravement son aptitude à migrer, il en résulte une plus forte dépense énergétique, afin de pallier les efforts musculaires pour migrer en profondeur.

Description du parasite 

Anguillicola, est un nématode hématophage qui peut infester l’anguille dès le stade civelle (Nimeth et al., 2000), qui se localise, au stade adulte dans la vessie gazeuse de Le diagnose de cette «anguillicolose» est très difficile, car l’examen de sang ne permet pas d’aboutir au diagnostique. Cependant, les anguilles à forte intensité parasitaire, montrent un abdomen flasque avec un ballonnement plus ou moins important et un anus hémorragique (Blanc ,1989). Après ouverture de la cavité abdominale, la vessie gazeuse apparaît opaque, nacrée et bosselée dans le cas d’infestation massive et renferme peu ou pas de gaz. Les parasites brun foncés, bien visibles et vivants et libres, baignent le plus souvent dans un liquide hémorragique rouge brunâtre, peu ou très abondant . Les femelles sont ovipares, l’utérus occupe la plus grande partie du corps avec des œufs, des embryons et même des larves mobiles et en voie de métamorphose dans leurs coques Les  tubes ovariens sont visibles macroscopiquement, sous forme de gros bourrelets blanchâtres.

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE 
PARTIE 1: GENERALITES
I- Milieu d’étude 
1- Caractéristiques du milieu 
1-1- Localisation
1-1-1. La partie intérieure
1-1-2. La zone côtière
2- Géologie 
3-La couverture végétale 
4-Caractères physico-chimique 
5 – La Production 
II- Biologie de l’espèce étudiée 
1- Généralités sur L’anguille Européenne Anguilla anguilla : Linnaeus , 1758 
1.1 Taxonomie
1-2- Description de l’espèce
1-3-Anatomie
1-3-1-Tube digestif
1-3-2- L’appareil circulatoire
1-3-3-L’appareil respiratoire
1-3-4- L’appareil génital
1-3-5- Vessie gazeuse
2-Aire de répartition 
3- CYCLE BIOLOGIQUE 
3-1-Vie larvaire (migration transocéanique)
3-2-Civelles et anguillettes
3-2-1-Stade civelle : Première métamorphose : phase de migration margino- littorale et continentale anadrome
3-2-2-Stade anguillettes : phase de colonisation des eaux continentales
3-3- Anguilles jaunes : phase de sédentarisation et de croissance
3-4- Anguilles argentées (deuxième métamorphose)
4-Parasitisme 
5- L’Anguille en Algérie et la législation 
III-Cycle biologiques et répartition géographique d’Anguilicola crassus 
1-Systématique 
2-Répartition géographique 
3- Description et cycle biologique 
3-1- Description du parasite
3-2-Cycle biologique
PARTIE II : EXPERIMENTALE
II. MATERIEL ET METHODES 
1-Echantillonnage
2. Régime alimentaire
2. 1. Prélèvement et conservation des estomacs
2. 2. Analyse des contenus des estomacs
2. 3. Analyse qualitative
2.4. Analyse quantitative
2.5. Indices alimentaires
3-Analyse parasitaire 
3.1. Prélèvement et conservation des vessies natatoires
3.2. Indices épidémiologiques
4. Embonpoint ou indice de condition (Kc)
III- RESULTATS
1. Régime alimentaire 
1.1. Coefficient de vacuité et composition de l’alimentation
1.2. Analyse quantitative et classement des proies
1.3. Variations du régime alimentaire
1.3.1. Variations saisonnières
1.3.2. Variations en fonction du sexe
1.3.3. Variations ontogénétiques
2-Parasitisme
2-1 : Analyse globale
2-2 : Variation des indices parasitaire
2-2-1 Variation temporelle
2-2-1-1-Prévalence
2-2-1- 2-L’intensité (degré d’infection)
2-2-1- 3-L’abondance
2-2-2 Variation en fonction du sexe
2-2-3 Variation de parasitisme en fonction de la taille de l’hôte
2-2-3-1 en fonction de la population totale
2-2-3-2 en fonction des stades de développements
3-L’embonpoint 
IV. DISCUSSION 
CONCLUSION ET PERSPECTIVES 
RESUME 
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 
ANNEXES

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