GENERALITES SUR L’AGROFORESTERIE

 GENERALITES SUR L’AGROFORESTERIE

L’agroforesterie : pratique agricole et/ou discipline scientifique

Le concept d’agroforesterie renvoie dans un premier temps, à un système traditionnel et ancien de gestion des terres, associant dans le temps et dans un espace donné, des espèces ligneuses pérennes à la production agricole (les cultures annuelles, notamment) et/ou pastorale et dont les interactions accroissent les bénéfices tout en respectant l’équilibre homme-nature. Dans ce cas, il faut le distinguer de l’agroforesterie en tant que discipline scientifique, relativement jeune (car datant d’une trentaine d’années) et qui selon Alexandre (2002) vise à étudier, créer et enseigner des systèmes agricoles permanents, à rendement optimisé par l’intégration d’espèces forestières à l’agroécosystème… lequel comprend l’homme et ses traditions.  De la pratique ancestrale à la discipline scientifique Les origines du concept d’agroforesterie restent encore controversées. Simard (2012) par exemple, souligne que le terme agroforesterie a été formulé pour la première fois en 1971 par Joseph H. Hulse, alors qu’il menait des études sur la foresterie sociale en Afrique pour le compte du Centre de Recherches pour le Développement International (CRDI). Alors que pour Torquebiau (2007), les grandes lignes du concept d’agroforesterie furent établies en 1977, dans un rapport d’un groupe d’experts internationaux mandatés par le CRDI pour réfléchir aux problèmes posés par la déforestation en milieu tropical. C’est avec la création du Centre International pour la Recherche en Agroforesterie (ICRAF) en 1978 (qui est devenu le Centre Mondial d’Agroforesterie en 2002), que l’agroforesterie en tant que discipline a connu un essor remarquable. Elle apparait dès lors, comme un outil précieux permettant de concilier développement socioéconomique et durabilité des ressources naturelles. Aujourd’hui, l’agroforesterie apparait comme un moyen non négligeable pour l’atteinte des principaux objectifs visés par la convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, la convention sur la diversité biologique, la convention sur la lutte contre la désertification, ainsi que les Objectifs 1, 4, 5, 6 et 7 du Millénaire pour le Développement. Au Sénégal, elle constitue un outil précieux pour l’atteinte des objectifs visés par la Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP-II), et la loi d’orientation agrosylvopastorale (LOASP).  L’agroforesterie : un domaine à caractère pluridisciplinaire Il faut signaler de passage, que l’agroforesterie est à la croisée de plusieurs disciplines : la foresterie, l’agronomie, l’écologie, la pédologie, l’élevage, l’aquaculture et les pêcheries, la gestion du territoire ainsi que l’économie et la sociologie (Agroforestry Systems, 1982, cité par Dussault, 2008).

Le parc agroforestier

Nous faisons ici, la nuance entre le concept d’agroforesterie, qui fait référence à une pratique agricole et celui de parc agroforestier qui fait plutôt référence à un paysage agraire « et/ou pastoral », caractérisé par la présence délibérée d’un certain nombre d’espèces ligneuses. Les parcs agroforestiers traduisent une manipulation volontaire des arbres par l’homme dans les systèmes de production agricoles (Boffa, 2000). Selon Boffa (2000), « les parcs sont généralement définis comme des paysages agraires où des arbres adultes sont disséminés dans des champs cultivés ou des jachères récentes ». Le nom attribué à un parc agroforestier découle généralement de celui de l’espèce végétale ligneuse (généralament sélectionnée) prédominante dans sa végétation. Le parc agroforestier à F. albida rencontré dans le bassin arachidier nord du Sénégal en est une parfaite illustration. Il peut y arriver que plusieurs espèces (sélectionnées) soient codominantes dans un parc : on parle alors de parc mixte. Entre autres exemples, nous retenons le parc mixte à Vitellaria paradoxa- Sclerocarya birrea décrit par Rouxel (2002) à M’Pébougou Sokala (Ségou/ Mali).

Typologie des parcs agroforestiers

Plusieurs auteurs ont proposé une topologie des parcs agroforestiers, en se basant soit sur leur processus de genèse (Pélissier, 1964), soit sur le niveau d’intervention de l’homme (Boffa, 2000),) ou encore sur leurs fonctions respectives (Seignobos, 1982, cité par Boffa 2000). Dans ce rapport, nous nous limiterons aux cinq (5) types de parcs définis par Boffa (2000), à savoir, les parcs résiduels, les parcs formés à partir des conditions créées par le défrichement, les parcs sélectionnés, les parcs construits, les parcs dont les espèces sont disséminées par les agriculteurs dans une sorte de « proto-arboriculture ». Le type 1 est représenté par les parcs résiduels. C’est le type le moins élaboré et le plus éphémère. Dans ce type de parc, les espèces ligneuses utiles ou trop difficiles à abattre sont laissées sur pied après le défrichement, mais leur densité ne reflète pas nécessairement  l’importance de leur usage (Boffa, 2000). L’éventail d’espèces conservées est relativement élevé dans ce type de parc et ne peut que diminuer après une sélection plus poussée. L’auteur cite comme exemples de parcs résiduels, les parcs à Cordyla pinnata, qui s’étendent selon Sall (1993), cité par Sène (1994) de Gossas (situé au nord de Kaolack) à la frontière gambienne. Le type 2 est représenté par les parcs formés à partir des conditions créées par le défrichement. Il se compose généralement d’espèces héliophiles favorisées par le défrichement et d’espèces qui deviennent dominantes grâce à leur capacité de régénération rapide par drageonnement (Seignobos 1982, cité par l’auteur). Parmi les espèces typiques de ces parcs figurent certaines espèces du genre Acacia et Prosopis africana qui favorise la production agricole et fournit un excellent fourrage (Boffa, 2000). Le type 3 est représenté par les parcs sélectionnés. Ces parcs se composent d’espèces qui faisaient partie de la végétation initiale et que les agriculteurs ont protégés de façon délibérée dans les champs pour bénéficier de leurs multiples avantages, notamment la production d’aliments et de fourrage et le maintien de la fertilité du sol. Leur composition et leur densité correspondent aux besoins des unités familiales et villageoises. Sont classés dans ce type, les parcs à Elaeis guineensis et ceux à Vitellaria paradoxa (Karité), auquel Parkia biglobosa (Néré) et Tamarindus indica (tamarinier) sont généralement associés (Pélissier, 1980). Le type 4 est représenté par les parcs construits. Un parc de ce type se compose d’espèces qui n’appartenaient nécessairement pas à la végétation d’origine, ou du moins pas dans les densités observées après la sélection pratiquée par les agriculteurs. Ces parcs sont plus élaborés car les arbres y sont non seulement protégés, mais également élagués et parfois soignés en vu d’obtenir un port élancé et des houppiers développés. Le parc à Faidherbia albida est l’un des meilleurs exemples de ce type de parc. L’espèce s’y transforme généralement en un arbre de haute taille lorsqu’elle est émondée dés le début de sa croissance. Ce type de parc (construit) a également été dénommé « parc de remplacement », dans le cas du F. albida (Seignobos, 1982, cité par Boffa, 2000) car l’espèce, qui peut être absente des conditions climaciques, remplace parfois partiellement la végétation spontanée (Pélissier, 1980).

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