Généralités sur l’agriculture biologique
Concepts généraux
Actuellement, les acteurs de la vie agroéconomie cherchent à concevoir une agriculture moins intensive respectant l’environnement. La notion du développement durable occupe d’ailleurs la pensée des économistes et agronomes et l’agriculture biologique semble répondre à cette attente. Dans ce chapitre, nous essayerons d’abord de définir l’agriculture biologique ainsi que le développement durable.
L’agriculture biologique
Dans cette section, nous allons définir l’agriculture biologique à partir des définitions des départements règlementaires, en donnant également les règlementations existantes sur l’agriculture biologique, puis nous allons donner quelques principes et objectifs de cette agriculture.
Définitions
D’une manière générale l’agriculture biologique est définie comme un système de production qui n’utilise pas des fertilisants chimiques de synthèse, ou encore des pesticides chimiques. Seulement, ces définitions manquent des aspects particuliers car en fait sur un marché, reconnaître que les produits sont issus d’une culture biologique s’avère difficile. La garantie pour les consommateurs n’est pas assurée. Ainsi des définitions règlementaires et aussi des certifications permettent de gagner la confiance des consommateurs et d’assurer la vente des produits biologiques. D’ailleurs, ces règlements différencient l’agriculture biologique des autres formes d’agriculture durable surtout en matière de production et de commercialisation. Du fait, les principaux cadres règlementaires à savoir : l’IFOAM, le Codex alimentarius de la FAO, le département de l’agriculture biologique des États-Unis ont apporté leurs définitions comme suit : Pour le Département d’Agriculture des États-Unis: «L’agriculture biologique est un système de production qui évite ou exclut largement l’utilisation de fertilisants de composition synthétique, de pesticides, de régulateurs de croissance et de compléments alimentaires du bétail. Les systèmes d’agriculture biologique se caractérisent, dans la mesure du possible, par la rotation des cultures, les résidus de cultures, les engrais animaux, les légumineuses, les engrais verts, les restes organiques non produits dans les champs et les aspects de contrôle biologique des épidémies pour conserver la 5 productivité et la condition du sol, les nutriments de la plante et contrôler les insectes, les mauvaises herbes et autres fléaux». De son côté la FAO dans le codex alimentarius (2001) a affirmé que : « L’Agriculture biologique est un système de gestion de production holistique qui favorise et met en valeur la santé de l’agro écosystème, y compris la biodiversité, les cycles biologiques et l’activité biologique des sols. Elle met en avant l’utilisation de pratiques de gestion de préférence à l’utilisation d’intrants provenant de l’extérieur de l’exploitation, prenant en compte le fait que les conditions régionales exigent des systèmes localement adaptés. Ceci s’accomplit en recourant, lorsque cela est possible, à des méthodes agronomiques, biologiques et mécaniques, par opposition à l’utilisation de matériaux synthétiques, pour remplir toute fonction spécifique dans le système». Et enfin, selon l’IFOAM (2002) : « L’agriculture biologique est un système de production agricole qui promeut la production d’aliments et de textiles sains, du point de vue environnemental, social et économique, et qui exclut l’utilisation de composés de synthèse tels que fertilisants, pesticides, régulateurs de croissance, additifs alimentaires pour le bétail, et organismes génétiquement modifiés. » Toutefois, ces principes de normalisation et définitions règlementaires soulèvent des controverses. En fait, les pionniers de l’agriculture biologique voient les définitions règlementaires et la certification comme des techniques réductrices et comme des instruments de pouvoir car ce type d’agriculture est d’abord selon eux un ensemble de pratiques qui respecte les équilibres de la nature et le bien-être animal, et non un « mode de production n’autorisant que des produits de traitement présents sur une liste positive4 ». Tout compte fait, ces diverses définitions nous permettent de répondre aux questions : qu’est-ce que c’est l’agriculture biologique ? Comment reconnaître qu’un produit est « bio » ? 4 SYLVANDER B., (2005), Les bases de l’agriculture biologique : définitions, réglementations, histoire et état des lieux, IRD, p.5 6 1.1.1.2) Les règlementations en agriculture biologique : techniques- certification Actuellement, les seules règlementations reconnues à l’échelle internationale sont celles de l’Union Européenne et celles des Etats Unis. Ces deux règlementations sont presque similaires mais on peut constater toutefois un peu de différence notamment en matière de procédures. Ces règlementations montrent qu’un produit est reconnu bio lorsqu’il est assorti sur l’emballage des marques biologiques ainsi que le logo des labels des associations respectives lors de sa commercialisation, par exemple : le logo AB qui permet de garantir aux consommateurs que le produit en vente respecte des normes définies par l’IFOAM ainsi que des normes ajustées selon la situation régionale ou locale d’un pays pour être biologique. Le logo garantit que le produit est composé de 95% des ingrédients biologiques5 . Ce produit respecte également un cahier de charges précis et subit des contrôles stricts. Les cahiers de charges de l’agriculture biologique ont en général été élaborés par des organisations de la société civile, tant au niveau international qu’au niveau national. La Commission européenne en a adopté une version officielle : il s’agit du règlement CE n°834/2007, entré en vigueur depuis le 1er janvier 20096 . a Les techniques : L’agriculture biologique exclut l’application de matériaux synthétiques : engrais, pesticides, et autres produits chimiques de synthèse. Elle interdit également l’utilisation de produits dérivés d’organisme génétiquement modifié ou OGM. Par contre, les pratiques courantes sont : – la rotation culturale : la succession planifiée de plusieurs cultures sur une même parcelle ; – l’assolement : la répartition des cultures sur l’exploitation ; – l’association végétale : la culture de différentes espèces sur une même parcelle ; – l’incorporation dans le sol de matières organiques compostées ou non ; – la culture de légumineuses, d’engrais verts ;