La vaccination a pour but de permettre à l’organisme d’acquérir une immunité spécifique contre les agents responsables de maladies infectieuses bactériennes, virales et parasitaires par les mêmes mécanismes que l’infection naturelle, c’est-à-dire la mobilisation du système immunitaire et la fabrication d’anticorps spécifiques des agents vaccinants. Actuellement, près de 4 milliards de doses de vaccins sont utilisées dans le monde dans les programmes nationaux de vaccination. Ce chiffre a doublé en 10 ans. Il correspond à un peu moins de 4% des dépenses de santé mondiale (1). Les enfants constituent la majeure partie de la population dans les pays en voie de développement. Ils subissent souvent les conséquences de la pauvreté et de mauvaises conditions de vie dans de nombreuses régions. L’Organisation Mondiale de la Santé ou OMS a estimé qu’en 1984, quatre millions d’enfants sont morts avant leur premier anniversaire et que 4 autres millions ont été atteints d’un handicap physique ou mental dû à l’une des six maladies infectieuses suivantes : tuberculose, diphtérie, tétanos, coqueluche, poliomyélite et rougeole. C’est pour faire face à cette situation que l’OMS a décidé de créer en 1974, un programme spécial dénommé Programme Elargi de Vaccination ou PEV. En fait, le PEV a été lancé en 1977. Tout programme de vaccination doit être évalué en permanence. C’est ainsi qu’il peut être reformulé et amélioré de manière à atteindre ses objectifs.
LA VACCINATION
L’historique
L’histoire de la variole
Le 10 mai 1774, le Roi Louis XV meurt de la « petite vérole » en France. Lady Marie Wortley Montagnu accompagne son mari en Turquie et découvre en 1717 l’inoculation. Lady Marie fait inoculer sa fille, future comtesse de Bute en 1721. Georges I, après quelques essais sur des forçats, fait inoculer ses enfants en avril 1722, avec succès. Dès lors, l’évènement prend une ampleur nationale jusqu’aux premières victimes, source de polémiques. Très vite, l’opposition à l’inoculation se répand. Après un demi-siècle de désert, à la faveur d’une flambée épidémique dans le Middlesex, l’inoculation revient sur le devant de la scène. En 1755, il est décidé d’inoculer les enfants de l’hôpital parisien des enfants trouvés. Edward Jenner, en 1796, fait état de ses travaux sur la prévention de la variole et démontre les propriétés prophylactiques de l’inoculation du cow-pox ou « variole des vaches ». C’est de cette utilisation d’un matériel d’origine bovine, « vacca » en la latino-vache que sont nés les mots vaccin et vaccination.
Les vaccinations
C’est grâce aux travaux de Pasteur que la vaccination a pu se développer. En effet, près d’un siècle s’est écoulé entre la présentation de Jenner et la vaccination antirabique de Pasteur. En 1885, Louis Pasteur vaccine contre la rage le jeune Joseph Meister mordu par un chien enragé. C’est la première vaccination post-exposition. Cette étape a été le deuxième épisode décisif dans l’histoire de la vaccination et a ouvert l’ère vaccinale. Pasteur démontre l’origine des maladies infectieuses et prouve qu’il est possible de s’en protéger par l’injection de germes devenus non virulents par des procédés d’atténuation de cette virulence. Il laisse entrevoir la distinction entre le pouvoir pathogène et le pouvoir immunogène des germes. Les progrès de la microbiologie et la découverte de nombreux agents pathogènes vont permettre le développement des vaccins. En 1882, Robert Koch identifie le bacille tuberculeux et, en 1884, découvre le vibrion cholérique. Parallèlement, les travaux se multiplient et aboutissent à la mise au point de vaccins.
Les vaccins
Les caractéristiques d’un bon vaccin
Trois propriétés sont recherchées pour obtenir un bon vaccin :
– l’innocuité,
– la forte antigénicité,
– le bon pouvoir immunogène.
i) L’innocuité
Les premiers vaccins disponibles ont été responsables d’effets adverses parfois préjudiciables. La vaccination jennérienne a été à l’origine de complications, dont les unes sont assez directement imputables à l’hôte et les autres au vaccin luimême.
ii) L’antigénicité
Toutes les souches bactériennes et virales n’ont pas le même pouvoir antigénique. L’antigénicité d’un vaccin traduit la propriété qu’a le vaccin à entraîner une réponse de l’organisme et, en particulier, à favoriser la synthèse d’anticorps spécifiques et protecteurs.
Lorsqu’un agent pathogène présente plusieurs types antigéniques, l’infection naturelle par le représentant de l’un des types risque, en l’absence de communauté antigénique de groupe, d’entraîner la synthèse d’anticorps spécifiques ne protégeant que pour le type concerné. L’exemple le plus marquant est celui du virus de la poliomyélite antérieure aiguë pour lequel il existe trois virus antigéniquement différents ; il faut donc associer dans le vaccin des antigènes spécifiques de chacun de ces trois virus. En d’autres situations, l’agent pathogène varie au cours de son évolution. C’est le cas des virus responsables de la grippe.
iii) L’immunogénicité
Le pouvoir immunogène caractérise la capacité de stimuler l’ensemble des défenses immunitaires de l’organisme, immunité à médiation cellulaire et immunité humorale. Ce pouvoir est plus important pour les vaccins à virus vivant qui, se multipliant dans l’organisme, mettent en jeu l’ensemble du système immunitaire, comme le ferait l’infection naturelle. Il s’avère que les vaccins à virus tués, pour conserver un bon pouvoir immunogène, doivent être concentrés et que l’ajout d’adjuvants favorise le pouvoir immunitaire (sels d’alumine par exemple).
Les différents types de vaccins
On peut distinguer trois types de vaccins.
i) Les vaccins vivants atténués
Le but de la fabrication de tels vaccins est d’obtenir un agent vaccinant qui répond aux trois propriétés énoncées ci-dessus, tout en garantissant une bonne couverture vaccinale. Pour cela, il y a deux principes :
– sélectionner des souches qui naturellement sont peu virulentes ou,
– cultiver des souches sur différents milieux ou chez différents hôtes dans le but d’isoler par hasard une souche atténuée.
Calmette et Guérin ont obtenu par 230 repiquages successifs sur milieu à la pomme de terre biliée glycérinée, une souche atténuée de Mycobacterium bovis : le BCG.
• Avantages de ces vaccins
– après administration, ils entraînent une réaction de l’hôte similaire à l’infection naturelle ;
– du fait de leur multiplication, la production d’anticorps est durable et de bonne qualité ;
– la réponse immunitaire à médiation cellulaire est de bonne qualité et offre une résistance locale à la réinfection au niveau de porte d’entrée.
• Inconvénients
– la possibilité de retour à une virulence ne peut être totalement exclue ;
– la préparation des souches de vaccins sur des milieux artificiels ou en employant des substrats de culture peut favoriser la contamination des vaccins par des germes indésirables ;
– les vaccins vivants exigent le respect de bonnes conditions de conservation, en particulier la chaîne du froid (l’adjonction de stabilisants viraux (Mgcl2 pour le vaccin antipoliomyélite) permet de pallier partiellement ces inconvénients).
ii) Vaccins tués
Ces vaccins sont issus de l’inactivation de souches bactériennes ou virales qui ont donc perdu toute possibilité de multiplication dans l’organisme humain, mais qui ont conservé leurs propriétés antigéniques. Au niveau des fractions antigéniques, il faut distinguer :
– les anatoxines,
– les fractions antigéniques vraies,
– les vaccins produits par génie génétique.
iii) Les anatoxines
Deux anatoxines sont utilisées pour la vaccination en France : l’anatoxine tétanique et l’anatoxine diphtérique, préparées à partir des exotoxines respectivement de Clostridium tetani et Corynebacterium diphteriae. Les anatoxines sont particulièrement immunogènes. Ce qui explique que, chez l’adulte, la couverture vaccinale soit prolongée et que les rappels, sauf situation particulière, ne soient recommandés que tous les dix ans.
iv) Les fractions antigéniques vraies
Macleod en 1945 a mis au point le premier vaccin polysaccharidique, comme le pneumocoque, en utilisant un polysaccharide extrait de l’enveloppe. La société a accès aux :
– vaccin méningococcique A et C, à base d’extraits polysaccharidiques de capsule (il n’y a pas de vaccin disponible pour le méningocoque B. Des vaccins efficaces contre les types W135, Y et E sont disponibles) ;
– le vaccin contre le pneumocoque, à base d’extraits polysaccharidiques d’enveloppe ;
– le vaccin contre Haemophilus influenzae type b à base de polyoside, Hib ;
– le vaccin polyosidique Vi : Typhim Vi contre la fièvre typhoïde s’est substitué au classique TAB.
v) Les vaccins génétiques
Ces vaccins sont produits par des vecteurs viraux avirulents ; la dernière génération en est « le vaccin ADN ou ADNnu » .
INTRODUCTION |