Les infections sexuellement transmissibles(IST), anciennement dénommées maladies sexuellement transmissibles (MST) constituent une priorité sanitaire indiscutable. Si la très grande fréquence des IST classiques (gonococcies, syphilis, chlamydioses, chancre mou, trichomonases) ainsi que leurs complications propres, suffisent à en faire un problème de santé publique à part entière, les interactions remarquables de ces IST avec le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) leur confèrent de plus aujourd’hui une place de choix dans les stratégies de lutte contre l’expansion du syndrome d’immunodéficience Acquise (SIDA) .
Les IST sont aujourd’hui des causes importantes de morbidité et de mortalité dans les pays en développement. Leur prévalence élevée dans ce pays est liée à :
– la limitation des possibilités de diagnostic et de traitement
– la méconnaissance ou au manque de motivation à utiliser les méthodes de protection.
Leurs conséquences en terme de morbidité sont multiples :complications graves pour le sujet infecté lui-même (complications cardiaques et cérébrales de la syphilis par exemple), pour les nouveaux-nés (affections congénitales) et enfin pour la santé reproductive par l’atteinte de la fertilité des femmes ou le risque de grossesse extra-utérine (occlusion tubaire par infection chlamydienne) .
GENERALITES SUR LA SYPHILIS
Définition
La syphilis est une maladie infectieuse très contagieuse, qui se transmet par voie sexuelle mais qui peut parfois être transmise par voie sanguine ou par voie placentaire entre la mère et son enfant. Elle est due à une bactérie facile à reconnaître au microscope en raison de sa forme spiralée, Tréponema pallidum que l’on appelle en général le tréponème.
Historique
La compréhension de cette grande maladie est inséparable de son histoire, dont beaucoup d’épisodes sont encore obscurs. Cette maladie porte des noms différents selon les pays, mais serait en fait toujours la même. La syphilis a une origine américaine et il faudrait accuser directement Christophe Colomb et son équipage d’avoir ramené cette maladie des îles de Caraïbes. Cette théorie se justifie car les premières descriptions médicales de la syphilis datent de 1493, soit un an après la découverte officielle de l’Amérique. D’autre part, les marins des équipages espagnols, portugais, souvent des mercenaires se retrouvent peu après dans les armées françaises, italiennes ou autres, et vont diffuser rapidement la maladie. C’est à la renaissance, à l’aube du XVIè siècle que l’Europe connaîtra sa première grande épidémie de syphilis, qui a fait des ravages considérables. On peine à imaginer aujourd’hui l’ampleur des dégâts causés par cette maladie qui est responsable des lésions très différentes. La syphilis évolue en effet en plusieurs périodes, qui peuvent s’étaler sur plusieurs dizaines d’années, et qui se terminent en général par une atteinte cérébrale faisant sombrer les malades dans la folie. La littérature a payé un lourd tribut à cette maladie qui a torturé Guy Maupassant et Nietzsche. Historiquement, il y a beaucoup de similitude entre l’épidémie de syphilis et l’épidémie de SIDA que nous connaissons actuellement, même si les causes sont tout à fait différentes. La syphilis est une maladie bactérienne et le SIDA est une maladie virale. Mais dans les deux cas, il s’agit de maladies sexuellement transmissibles, universelles et pour lesquelles le seul et unique traitement a été pendant longtemps la prévention. Car si les médecins ont reconnu rapidement les lésions dues à la syphilis, en particulier au niveau cutané et au niveau cardiaque, ils ont eu beaucoup de difficultés à mettre au point des traitements. Les plus utilisés, au cours des siècles ont été le mercure, l’arsenic et bismuth. C’étaient des traitements douloureux, de longue durée et d’une efficacité modérée. Tout cet arsenal thérapeutique a aujourd’hui totalement disparu au profit du traitement antibiotique.
Les 3 phases de la syphilis
La première phase : à l’issue d’une période d’incubation de trois semaines environ après le rapport sexuel contaminant, les premiers signes apparaissent sous la forme de chancre. Il s’agit d’une petite plaie ronde, indurée, propre et indolore (bien visible chez l’homme, mais souvent interne chez la femme) qui se trouve au niveau des organes génitaux, et qui s’accompagne de l’inflammation d’un ganglion au niveau de l’aine. Parfois, le chancre se trouve localisé ailleurs « au niveau de l’anus, des amygdales, des lèvres, du mamelon. Ces symptômes vont disparaître, même en l’absence de traitement, au bout d’un mois environ. Mais la maladie continue à évoluer.
La seconde phase : pendant cette période, la personne atteinte est très contagieuse. Elle survient vers le 4è mois et s’étend habituellement sur deux ans environ. Le premier signe en est une éruption de plaques rosées qui n’atteignent pas le visage, ne sont pas douloureuses et ne démangent pas. Leur disparition spontanée survient en un à deux mois. Ensuite vont apparaître diverses lésions dermatologiques, tandis que des ganglions se mettent à grossir, principalement au niveau du cou.
La troisième phase : en l’absence de traitement, l’évolution de la syphilis passe par une longue période de latence, non contagieuse qui dure plusieurs années parfois jusqu’à 25 ans. Mais la maladie, chez certains, a continué à faire son chemin et va atteindre la plupart des organes, provoquant la cécité, la paralysie, des crises de folie et la mort.
Le chancre
Le chancre est souvent suffisant à faire le diagnostic, car il présente des signes caractéristiques (l’absence de douleur notamment) et il est accompagné d’un ganglion dans le creux inguinal, qui est également caractéristique. Le traitement à ce stade est court et entraîne une guérison définitive. Mais la gravité de l’évolution est due au fait que le chancre guérit spontanément et que souvent il passe inaperçu, en particulier chez les femmes. A ce stade le médecin fera un prélèvement au fond du chancre, et l’observation au microscope de ce prélèvement mettra en évidence le tréponème. Pour plus de sûreté, on fera également une prise de sang qui montrera une réaction précoce avec l’élévation de certaines immunoglobulines (Ig), signifiant l’infection syphilitique. Ce prélèvement et l’examen biologique confirment le diagnostic, car à ce stade, il est parfois difficile de faire la différence entre le chancre syphilitique et de nombreuses maladies en particulier l’herpès génital, certaines lésions provoquées par le gonocoque, ou tout simplement avec un furoncle ou dans la région anale avec des lésions dues aux hémorroïdes.
La syphilis secondaire
La période secondaire se manifeste deux mois plus tard, s’il n’y a pas eu de traitement. S’il y a eu un traitement mal conduit, on peut voir apparaître cette syphilis secondaire jusqu’à deux ans après le premier contact. Elle correspond à la diffusion du tréponème dans l’ensemble de l’organisme, et les lésions qu’elle provoque sont contagieuses. La syphilis secondaire provoque essentiellement une éruption cutanée la ROSEOLE. Celle-ci se manifeste par des petites taches rouges de 5 à 6 millimètres (mm) de diamètre, séparées les unes des autres. Elles ne démangent pas et disparaissent spontanément en un ou deux mois. Cette syphilis peut également se manifester par une atteinte des muqueuses (angine ou laryngite), ou encore par une plaque d’alopécie, perte localisée de cheveux. Toute perte de cheveux de cause inconnue chez un individu jeune doit faire suspecter la syphilis. Plus tardivement, la syphilis secondaire peut entraîner des lésions cutanées que l’on appelle des SYPHILIDES. Il s’agit de lésions papulaires souvent squameuses pouvant ressembler à une dermite séborrhéique ou encore des verrues, souvent de volume important. Ces lésions peuvent siéger n’importe où sur la peau, mais elles sont plus fréquentes dans la région génitale ou autour de l’anus. On peut aussi rencontrer de nombreuses maladies qui feront penser à une hépatite, une maladie osseuse ou articulaire, ou encore nerveuse.
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