Généralités sur la gestion des opérations et de la production
/ Concepts de base
Avant de définir ce qu’est la gestion de la production, il est utile de présenter une définition de la production. « La production est une transformation de ressources appartenant à un système productif et conduisant à la création de biens ou de services « 3 La production est l’activité première de l’entreprise « Elle consiste à transformer, assembler des matières et des composants pour proposer des biens et des services »4 Donc la notion de la production est fondée sur l’utilisation et la transformation des ressources afin de créer des biens ou des services. Les ressources mobilisées dans le processus de production peuvent être de quatre types : 5 – des équipements (bâtiments, machines, outillage, etc.) ; – des hommes (opérateurs intervenant soit directement dans le processus de transformation, soit indirectement pour en permettre le bon déroulement ou même l’existence, ce qui correspond à des activités dites de support) ; – des matières (matières premières, composants, etc.) ; – des informations techniques ou procédurales (gammes, nomenclatures, consignes, procédures, etc.) ou relatives à l’état et à l’utilisation du système productif (ce qui permet de programmer la production et de réagir aux perturbations observées). « La production est une activité, un processus qui rend les biens utiles, c’est-à-dire susceptibles de satisfaire les besoins humains. La création d’utilités peut être considérée sous deus aspects : un aspect technique et un aspect économique »6 Du point de vue technique, la production recouvre l’ensemble des opérations nécessaires à l’élaboration d’un produit à partir des matières premières disponibles. Du point de vue économique, la création d’utilités s’étudie au regard du résultat attendu par le consommateur comme par le producteur, autant au niveau individuel qu’au niveau collectif. Cette définition repose sur l’idée de l’utilité, considérant la production comme un processus de transformation de biens afin de satisfaire les besoins humains. La création d’utilités satisfait les besoins du consommateur en répondant à ses désirs ainsi que le producteur par la vente de ses produits. Quant à la gestion de la production, « la gestion de la production analyse la manière dont s’effectuent la combinaison et la transformation des facteurs en fonction des objectifs poursuivis »7 Parmi les définitions de la gestion de la production, on retient celle de V. Giard. « La gestion de production a pour objet la recherche d’une organisation efficace de la production de biens et de services »8 Aussi bien que l’organisation, la gestion de la production on comprend le pilotage de cette fonction.
Evolution historique de la gestion des opérations et de la production
La révolution industrielle au 19e siècle a permis de transiter d’une économie traditionnelle qui repose sur l’agriculture à une économie basée sur la production mécanisée, et avec le développement de la machinerie et de l’automatisation, la gestion de production a connu un grand essor. A la fin du 19e siècle, les idées de la rationalisation du travail sont apparues dans le cadre de ce qu’on appelle le Taylorisme. En fait, le Taylorisme est tiré de l’ingénieur américain Fredérick Winslow Taylor (1816-1915) 10 père du management scientifique et le premier à avoir étudier scientifiquement le travail par une méthode qui repose sur la division du 9 Alain Courtois. Maurice Pillet. Chantal Martin-Bonnefous.gestion de production.4ème édition p6 10 Anne Gratacap.la gestion de la production.Dunod.Paris2002 p13 14 travail en tâches simples et répétitives, tout en se basant sur des principes qu’il exposa dans son œuvre « Principales of Scientific Management » en 191111 Parmi les grands principes12 qui caractérisent le Taylorisme on cite : – la décomposition du travail (Parcellisation) en activités élémentaires afin d’éliminer les tâches inutiles. – la division du travail en tâches élémentaires très restreintes, puis les affecter aux mêmes travailleurs de façon à augmenter leurs habiletés. Il est à noter qu’Adam Smith en 1776, a bien démontré les avantages de division du travail pour la fabrication des épingles. – les temps imposés pour accomplir le travail dans les temps voulus (Chronométrage). – l’individualisation des postes, c’est-à-dire que chaque poste de travail est conçu de sorte que l’ouvrier puisse effectuer son travail sans avoir à échanger avec ses pairs. – La séparation entre la conception, l’exécution et le contrôle des tâches, c’est-à-dire que la direction se charge de la gestion et les opérateurs se contentent d’exécuter leurs tâches. Ce sont pratiquement, ces principes qui ont donné naissance à l’organisation scientifique du travail (OST) et qui ont également révolutionné l’approche de la productivité. Le Taylorisme a prouvé son efficacité au sein des entreprises américaines durant longtemps, cependant, les principes sur lesquels se fondait ce dernier ont été mis en cause d’autant plus que ce système industriel déshumanise le travail et démotive les ouvriers ce qui a favorisé l’apparition d’un nouveau courant de pensée : l’Ecole des Relations Humaine [Elton Mayo (1880-1949)]13 qui insistait sur l’importance du facteur humain dans le comportement de l’homme au travail point de vue psychologique (Motivation, relations dans le groupe, …) et non 11 Anne Gratacap op cité p13 12 P Laurent.F Bouard op cité p26 13 P Laurent F Bouard.op cité p27 15 seulement physiologique (mouvements, les temps, les gestes, …) comme le suggérait Taylor. Vient après Henry Ford qui a élaboré une nouvelle méthode de travail industriel : le fordisme caractérisé par la production de masse. Henry Ford a inventé le principe de la chaîne de montage dans les années 192014, et a instauré également le principe de standardisation en permettant de produire en grande séries et de réduire les coûts de production, ce qui a entraîné en contrepartie un accroissement de la production et de la productivité. A partir de 1945, de nombreuses techniques issues de théories mathématiques sont mises au point par le professeur Patrick Blackett et son groupe de Manchester15 pour résoudre certains problèmes d’organisations des opérations militaires tels que l’implantation optimale de radars de surveillance dans le cadre de la Recherche Opérationnelle. Ces techniques de recherche opérationnelle aidant à la prise de décision se sont rapidement propagées pour toucher plusieurs domaines de gestion de l’entreprise notamment la gestion de la production grâce à l’essor de l’informatique. A partir des années 1970, le système classique Taylorien-Fordien commence à atteindre ses limites en raison de la concurrence et l’incapacité du système à répondre à la diversification de la production, il a fallu donc repenser ce système rigide et envisager un système susceptible de répondre à une demande de plus en plus exigeante et variée par une production flexible. Pour répondre à ces contraintes dont la flexibilité, les usines japonaises ont instauré un nouveau modèle « Le jsute-à-temps ».