Étude des liens entre connectivité structurale et fonctionnelle chez les patients atteints de sclérose en plaques
Les différents phénotypes de SEP
L’expression clinique de la SEP est variable en fonction des régions du système nerveux central touchées et de la forme évolutive de la maladie. Elle peut toucher le système moteur, le système sensitif, le nerf optique et le système autonome mais également toute région du cerveau, de la fosse postérieure ou de la moelle épinière. Peu de signes sont spécifiques en dehors du signe de Lhermitte (sensation de décharge électrique descendant le long de la colonne vertébrale à la flexion de la tête) et du phénomène d’Uhthoff (aggravation transitoire des symptômes lors de l’élévation de la température corporelle). On distingue actuellement 4 phénotypes différents en fonction des symptômes initiaux et du mode évolutif de la maladie (Lublin et al., 2014) : la forme récurrente rémittente, la forme secondairement progressive, la forme primaire progressive (qui peut être accompagnée ou non de poussée inflammatoires) et le syndrome cliniquement isolé L’histoire naturelle de la SEP a été décrite grâce à plusieurs études réalisées avant l’apparition des traitements de fond efficaces. Ces études ont montré que la SEP débute classiquement par la forme récurrente rémittente (RR) chez 85% des patients (Weinshenker, 1995). Elle est caractérisée par une évolution par poussées (déficit neurologique nouveau d’installation subaiguë durant plus de 24h en l’absence de fièvre ou d’infection) qui surviennent environ tous les 2 ans avec une régression complète du handicap entre les poussées. Après 20 ans d’évolution 80% des patients vont rentrer dans la phase secondairement progressive caractérisée par des poussées moins fréquentes, laissant plus de séquelles et entrecoupées par une progression lente du handicap (Rovaris et al., 2006). La SEP primaire progressive, d’âge de début plus tardif, touche 15% des patients et est définie 10 par une progression linéaire insidieuse du handicap (avec ou sans poussées) dès le début de la maladie (dans 80% des cas une ataxie ou une paraparésie spastique) qui persiste aubdelà de 6 à 12 mois (Miller and Leary, 2007). Le syndrome cliniquement isolé (CIS) est caractérisé par une atteinte clinique focale isolée, en l’absence d’antécédent neurologique antérieur, qui touche le plus souvent la moelle épinière (40%), le nerf optique (20%) ou le tronc cérébral (10b20%) (Miller et al., 2012). L’addition par la suite de marqueurs cliniques et radiologiques d’activité de la maladie à ces formes phénotypiques a permis une considération moins statique des patients. La SEP est considérée comme « active » en fonction de la fréquence des poussées, de la présence de nouvelles lésions sur l’IRM en séquence T2 et de la présence d’un rehaussement des lésions après injection de produit de contraste. La classification actuelle (Lublin et al., 2014) distingue les patients en fonction de leur forme clinique mais aussi du caractère actif ou non de leur pathologie avec 2 sousbtypes pour le CIS et la SEP RR (actif ou non actif) et 4 sous types pour les formes progressives primaires et secondaires (active avec progression, active sans progression, non active avec progression et non active sans progression)
Histoire*naturelle*de*la*maladie,*handicap*et*facteurs*pronostiques
Le temps pour passer de la forme récurrente rémittente à la forme secondairement progressive (et donc l’installation d’un handicap irréversible) est de 5 à 25 ans. Environ un tiers des patients présenteront une forme dite « bénigne » (McAlpine, 1964) de la maladie avec une vie quasi normale, les deux tiers restants évolueront vers une forme progressive avec l’utilisation d’un fauteuil roulant (après 30 ans d’évolution) pour la moitié d’entre eux (Confavreux and Vukusic, 2014). L’espérance de vie est réduite d’environ 6 à 7 ans chez les patients atteints de SEP même si le décès n’est pas directement lié à la maladie (EDMUS, SURVIMUS). 11 La quantification du handicap en pratique clinique est estimée grâce à deux échelles fonctionnelles principales : Le score EDSS (Expanded Disability Status Scale) (Kurtzke, 1983) s’échelonne de 0 (examen neurologique normal) à 10 (décès dû à la SEP) avec des paliers déterminant dans l’évolution de la maladie comme le niveau 4 (périmètre de marche limité à 500m). Il reflète surtout le handicap moteur et surestime les symptômes liés aux atteintes médullaires (Annexe 1). Le MSFC (Multiple Sclerosis Functional Composite) (Cutter et al., 1999) est un score composite regroupant 3 sousbtests fonctionnels : un test de marche chronométré de 7 mètres, un test de dextérité manuelle (Nine Hole Peg Test) et l’évaluation des fonctions cognitives par la PASAT (Paced Auditory Serial Addition Test) (Tombaugh, 2006). Il présente l’avantage d’évaluer plus précisément le handicap moteur au quotidien mais aussi et surtout de quantifier l’atteinte cognitive. Il est actuellement utilisé par la majorité des études en complément de l’EDSS. Le délai médian pour atteindre le score EDSS 4 serait de 8 ans (Confavreux and Vukusic, 2014). Il constitue un tournant évolutif dans le décours de la maladie puisqu’il semblerait qu’une fois l’EDSS 4 atteint (limitation de la marche), la progression de la maladie soit la même pour tous les patients, indépendamment de l’hétérogénéité clinique antérieure, comme si la maladie devenait amnésique de son histoire antérieure (Leray et al., 2010).
La sclérose en plaques |
