Généralités sur la balance des paiements

Par définition, la balance des paiements d’un pays est un document statistique enregistrant toutes les relations économiques effectuées pendant une période donnée, en général pendant un an, entre un pays et le reste du monde. Elle est présentée suivant les règles de la comptabilité en partie double. Ce document est nécessaire pour faire une analyse de l’état de santé de l’économie, pour savoir l’ouverture d’un pays sur l’extérieur, la conduite de la politique économique et monétaire d’un pays. Il est aussi utile pour déterminer certains agrégats de la comptabilité nationale. Il est classé le document le plus ancien au niveau macroéconomique, comparé à la comptabilité nationale qui n’a existé qu’au XXème siècle, car il a existé depuis 1816. La balance des paiements devrait être équilibrée, d’où il faudrait l’analyser poste par poste. Cependant, dans certains pays, cette définition n’est pas vérifiée. Le plus souvent, on entend parler du déficit de la balance des paiements, mais une balance déficitaire ne doit pas toujours être interprétée négativement, car elle peut être bénéfique pour le pays à long terme. Ou avoir une balance excédentaire ne devrait pas toujours réjouir un pays.

Madagascar a toujours connu une balance déficitaire. La crise qui touche le pays sur tous les plans (économique, politique, social…) depuis 2009 a pour conséquence : la chute des créations d’emploi, la perte d’emplois de nombreuses personnes et la diminution de l’aide au développement (financement traditionnelle de l’investissement public dans les infrastructures),… Devant cela, l’Etat malgache a opté pour une austérité budgétaire, où il a adopté des solutions telle la diminution des dépenses publiques et l’augmentation des recettes fiscales. Cependant, l’économie malgache a progressé durant l’année 2010 grâce à la production minière. Mais, le Produit Intérieur brut par habitant reste encore faible et se détériore d’année en année. L’année 2010 est marquée par une forte progression des consommations des ménages par rapport à l’année 2009. Ce sont surtout les échanges des biens et services, les opérations en capital et financières qui sont les plus touchées et qui ne cessent de diminuer tout au long de cette crise. Ce qui nous ramène à poser cette question : « Pourquoi la crise ne concerne que quelques secteurs, quelles sont les raisons de cette chute et de la balance déficitaire de Madagascar?» .

Présentation de la balance des paiements

Définitions

La balance des paiements est un document comptable dont l’objet est de recenser les échanges d’actifs réels, d’actifs financiers et d’actifs monétaires entre les agents résidents d’un pays et les agents non résidents au cours d’une période donnée (le plus souvent l’année). C’est un compte de flux mais non un compte de stock.

Selon Christian Labrousse dans le dictionnaire d’analyse économique, édition PUF, la BP est un état statistique ou sont systématiquement résumées pour une période donnée les transactions d’une économie avec le reste du monde ». La balance des paiements est un document statistique construit à partir de données provenant de déclarations des banques et des grandes entreprises, de sources douanières, administratives et diverses ou enquêtes. Compte tenu de son caractère macroéconomique, de la diversité des sources d’information, une balance des paiements en tant qu’état statistique ne peut donner que des valeurs approximatives de la réalité.

Ce document ne fournit pas ni l’état des dettes, ni l’état des créances pour un pays donné pendant une période considérée. Etant donnée que la balance des paiements retrace les transactions entre les résidents et les non résidents. La distinction entre résidents et non résidents permet de distinguer les agents économiques qui sont rattachés durablement à l’économie du pays considéré, de ceux qui ne le sont pas.

Les résidents « personnes physiques » comprennent notamment :
− les personnes de nationalité du pays considéré qui demeurent dans ce pays et les personnes de nationalité étrangère qui y résident depuis deux ans au moins ;
− les personnes de nationalité du pays qui résident à l’étranger depuis moins de deux ans ;
− les fonctionnaires civils et les militaires français en poste à l’étranger.

Les résidents « personnes morales » sont constitués par :
− les personnes morales dans le pays ou étrangères pour leurs seuls établissements situés dans le pays ;
− les ambassades, missions diplomatiques et consulats du pays à l’étranger .

Les acteurs concernés par la balance des paiements :
• les entreprises industrielles et commerciales qui effectuent des opérations d’exportations et/ou d’importations
• les entreprises de service, par exemple celles liées au tourisme, qui cherchent à équilibrer la balance des services.
• l’Etat ou les administrations publiques qui font des transferts publics, qui bénéficient des investissements et des financements voire des aides, qui doit en même temps tenir compte des dettes à rembourser et d’autres engagements.
• Les institutions financières qui accordent des prêts à ceux qui en ont besoin.

A ces acteurs s’ajoutent certaines institutions qui contribuent à l’élaboration de la balance des paiements c’est-à-dire la BCM, et l’INSTAT. Cette participation consiste à fournir des données fiables.

La balance des paiements est toujours équilibrée. Les opérations sont enregistrées selon le principe de comptabilisation en partie double, c’est-à-dire que chaque opération donne lieu à deux enregistrements de signes contraires. Il n’existe pas donc d’opération qui peut avoir lieu sans avoir été financé (exemple : un achat est une vente et une vente est un achat). Ce dernier est appelé le principe de l’échange. Cependant, les soldes intermédiaires peuvent être excédentaires ou déficitaires.

Les principales transactions de la balance des paiements 

Les opérations sont regroupées par type d’actifs concernés ou type d’activité économique. Les principaux postes de la balance des paiements sont :
❖ Les transactions sur biens
❖ Les transactions sur services
❖ les travailleurs non résidents travaillants dans le pays, les revenus du capital reçu ou/et versé par les résidents (exemple : intérêt, dividende, loyer)
❖ Les transferts courants (les contre partie comptables de dons faits ou reçus par le pays et à l’occasion de remise de dettes
❖ Les ventes ou achats de brevets
❖ Les investissements directs des non résidents dans le pays ou des résidents à l’étranger
❖ Les investissements de portefeuille (placement en titre de participation, les obligations, les titres du marché monétaire effectués par les non résidents dans le pays et par les résidents à l’étranger
❖ Les autres investissements (crédits commerciaux, les variations d’avoirs auprès d’organismes financiers)
❖ Les produits financiers dérivés (intérêt sur swaps, primes sur option, gains ou pertes sur contrat négocié sur les marchés à terme)
❖ Les variations d’avoirs de réserve (avoir et engagement des autorités monétaires du pays à l’égard de l’étranger.

Ces 10 différents postes sont regroupés en 3 comptes :
− Compte des transactions courantes
− Compte de capital
− Compte d’opérations financières .

Elle est composée de quatre éléments principaux dont trois comptes cités en dessus.

La balance des transactions courantes

La balance des transactions courantes ayant comme compte des transactions courantes. Elle est la première composante de la balance des paiements. Elle est l’ensemble des flux monétaires d’un pays résultant des échanges internationaux de biens et services, ainsi que des revenus et transferts courants. La balance commerciale résume les exportations et les importations des biens d’un pays. Les biens sont les marchandises échangées. Les importations d’un pays sont généralement évaluées au prix où elles sont livrables dans le pays acheteur, c’est à-dire en ajoutant au prix de la marchandise celui des frais de transport et d’assurances (cout, assurance, fret ou CAF). La valeur des exportations est quant à elle comptabilisée au départ du pays acheteur, c’est-à-dire que le coût du transport au delà du port de sortie n’est pas incluse dans la valeur de biens ou franco à bord (FAB).

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La balance des capitaux

La balance des capitaux, qui a comme compte associé le compte capital, recense l’ensemble des flux monétaires d’un pays résultant de l’achat ou de la vente d’actifs non financiers et les transferts de capital.

L’acquisition d’actifs non financiers regroupe les brevets, les droits d’auteur… La distinction de ces deux derniers est que le droit d’auteur protège les ouvrages originaux des auteurs, tandis que les brevets d’invention protègent des inventions et des découvertes. Ceux des transferts de capital sont les remises de dettes et l’aide à l’investissement.

La balance financière

La balance financière quant à elle associe au compte d’opération financière. Elle comporte donc les investissements directs, les investissements de portefeuille, les autres investissements, les produits financiers dérivés, les avoirs de réserve et autres.

Distinction entre Investissement Direct et Investissement de portefeuille : 

La distinction fondamentale entre IDE et investissement de portefeuille a été introduite en 1960 par S. Hymer. Dans une thèse qui ne sera publiée qu’en 1976, il met en évidence la différenciation de ces deux types. Il disait que l’IDE se traduit non seulement par un transfert de fonds financiers, mais aussi en général par un transfert de technologie et de capital humain (par l’intermédiaire des personnels expatriés s’impliquant dans la production à l’étranger).

L’investissement direct veut dire une détention de plus de 10% du capital de l’entreprise investie. Les IDE impliquent un pouvoir de décision de l’investisseur sur l’entreprise rachetée ou construite à l’étranger. Alors que les investissements de portefeuille ne sont que des titres de participation, d’où une détention d’au moins de 10% du capital de l’entreprise investie. Ils n’ont donc pas pour but de contrôler l’entreprise.

Les autres investissements regroupent les prêts du FMI, les prêts consentis au titre de développement, les prêts de refinancement.

Les produits financiers dérivés sont destinés à la couverture des risques.

Les avoirs de réserve sont les devises, l’or, DTS, la position de réserve au FMI.

Les comptes associés respectivement sont le compte de transactions courantes, le compte des capitaux, et le compte financier.

Le quatrième compte : Erreurs et omissions nettes

Le Fond Monétaire International a imposé une nouvelle présentation des balances des paiements depuis 1993. Cette nouvelle présentation permet une meilleure présentation. Dans cette présentation, la balance des paiements est séparée en trois comptes principaux ; auquel on ajoute un quatrième compte qui réalise l’ajustement. Ce quatrième compte est appelé le compte erreurs et omissions nettes. En fait, les données permettant de renseigner les lignes du document proviennent de sources différentes (statistiques douanières et déclarations bancaires). Cette contradiction entre exactitude comptable et approximation statistique justifie l’existence de ce poste « erreurs et omissions nettes ». Donc, ce compte enregistre la différence entre ressources et emplois comme les erreurs statistiques. Il permet donc l’ajustement des résultats en cas d’écarts inexpliqués.

Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE I : Généralités sur la balance des paiements
Chapitre 1 : Présentation de la balance des paiements
A. Définitions
B. Les principales transactions de la balance des paiements
1. La balance des transactions courantes
2. La balance des capitaux
3. La balance financière
4. La quatrième compte : erreurs et omissions nettes
5. Présentation standard de la balance des paiements
C. Ecriture de la balance des paiements
1. Principes d’enregistrement
2. Présentation type de la balance des paiements
3. Unité de compte
4. Exemple
D. Unité de la balance des paiements
1. Instrument primordial d’analyse des relations financières et non financières d’une économie vis-à-vis de l’extérieur
2. Indicateur capital pour la conduite de la politique économique et monétaire
3. Indicateur pour la détermination de certains agrégats de la comptabilité nationale
E. Différence entre la balance des paiements et la comptabilité nationale
Chapitre 2 : Les origines des théories de l’équilibre de la balance des paiements
A. L’attitude des mercantilistes à l’égard de la balance des paiements
1. Excédent de la balance et prix intérieurs
a. Hausse des prix intérieurs
b. Vendre cher et acheter à bon marché
2. Excédent de la balance et taux de change
B. Equilibre de la balance des paiements par le mécanisme des changes et des prix
1. Le mécanisme d’ajustement
2. L’influence du taux de change
C. Equilibre de la balance des paiements par les mouvements du revenu et de la dépense
1. Quantités monétaires en circulation, revenus, consommations et prix
2. Equilibre de la balance des paiements
Chapitre 3 : Soldes significatifs et les mécanismes d’ajustement de la balance des paiements
A. Soldes significatifs de la balance des paiements
1. La balance commerciale
2. la balance des transactions courantes
3. La balance de base
4. La balance globale
5. La balance des règlements officiels
6. La balance des mouvements monétaires
B. Les mécanismes d’ajustement de la balance des paiements
1. L’ajustement par les variations de prix
2. L’ajustement par les variations du revenu global
PARTIE II : Analyse de l’évolution de la balance des paiements avec les recommandations
Chapitre 1 : Evolution macroéconomique de l’économie malgache
A. Décomposition de la balance des paiements
1. Les transactions courantes
a. La balance commerciale
b. Les services
c. Les transferts courants
2. Les opérations en capital et financières
B. Le MID
1. Définitions
2. L’analyse des opérations sur le MID
3. Le stock de la dette extérieure et la position extérieure
a. Le stock de la dette extérieure
b. La position extérieure
Chapitre 2 : Comment améliorer le résultat de la balance des paiements à Madagascar
A. Augmenter les exportations en forte demande
1. Produits agricoles
2. Artisanat
3. Bois, matériaux de construction
4. Produits minéraux
5. Produits chimiques, gaz, plastique
6. Produits agricoles transformés
7. Services
B. Bien choisir les IDE acceptés
1. Activités de QMM
2. Succès des investissements
a. Création d’emploi
b. Entrée de fonds
c. Création d’infrastructures
C. Prioriser le secteur privé
1. Développer le secteur privé
2. Promouvoir une politique industrielle performante
D. Améliorer le financement des PME
1. Efforts de la part des entreprises
2. Efforts de la part des établissements financiers
3. Mesures pour l’Etat
E. Améliorer les infrastructures
CONCLUSION
LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX
BIBLIOGRAPHIE

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