Généralités sur Hirschfeldia incana (L.) Lagr-Foss
Position systématique et description botanique de Hirschfeldia incana (L.)
Position systématique de H. incana (L.) Hirschfeldia incana (L.) est une espèce appartenant au genre Hirschfeldia. L’appartenance à ce genre est très controversée et même certaines formes d’espèce de ce genre seraient toujours allouées à d’autres genres et renommées (Siemens, 2011). Néanmoins, l’espèce Hirschfeldia incana appartient au règne végétal, au sous-règne des Plantes vascularisées, à l’embranchement des Phanérogames, au sous embranchement des Angiospermes, à la classe des Dicotylédones, à l’ordre des Brassicales, à la famille des Brassicacées et au genre Hirschfeldia (Fahr, 2014). Dans cette famille des Brassicacées d’environ 3800 espèces réparties dans plus de 338 genres (Al-Shehbaz et al., 2006), d’après l’analyse des gènes de la phytochrome A (PHYA) et du gène chloroplastique ndhF, H. incana serait plus étroitement apparentée à l’espèce Brassica oleracea (Beilstein et al., 2008; Warwick et al., 2011). H. incana est synonyme à Sinapis incana, S. geniculata, Brassica incana, B. geniculata, B adpressa et Hirschfeldia adpressa (Parsons et al., 2001). Par ailleurs, elle est plus communément connue sous le nom de « Hoary mustard » aux Etats-Unis et de « Faux rapistre blanchâtre » en France (Parsons et al., 2001 ; Fahr, 2014).
Description botanique de H. incana (L.)
Lagr-Foss H. incana (L.) est une Brassicacée, annuelle ou bisannuelle, thermophile et nitrophile pouvant atteindre 1,5 m de haut. Elle est généralement ramifiée et possède une production individuelle de graines élevée (Gupta, 2013 ; Fahr, 2014). Cette plante anciennement considérée comme une herbe sauvage (Parsons et al., 2001) apparaît sous forme de rosette (Planche 1A). Les feuilles vert-grises se distinguent en deux types (Planche 1B) : des feuilles supérieures sessiles, glabres, étroitement lancéolées avec une marge dentée et des feuilles inférieures pétiolées, densément pileuses, profondément lobées avec un grand lobe terminal largement ovale et une marge grossièrement dentée. Ses fleurs (Planche 1C) sont de couleur jaune pâle et de diamètre variant de 1,2 à 1,6 cm. Elles sont constituées de 4 sépales inégaux de moins de 5 cm de long et 4 pétales de moins de 4 mm de large. Elles se forment à l’extrémité des branches en forme des grappes de fleurs. Les fruits (Planche 1E) sont des gousses cylindriques de 1,2 à 1,5 cm de long et de 1 à 1,5 cm de large, remplies de perles dont chacune est munie d’une nervure dorsale diffuse et d’un bec cylindrique. Chaque perle contient 2 à 3 graines d’environ 1 mm de diamètre de couleur brune rougeâtre (Planche 1B). Les graines Généralités sur Hirschfeldia incana (L.) Lagr-Foss 4 possèdent à maturité une dormance tégumentaire pouvant être levée après une période d’un mois de post-maturation. La tige de cette plante longue de 30 à 100 cm et de couleur verte grisâtre, est soit ramifiée ou non. Elle est densément couverte sur sa moitié inférieure par des poils raides blancs pointés vers le bas. Elle possède un système racinaire pivotant mince avec des ramifications latérales fibreuses dans les 30 cm supérieurs du sol (Parsons et al., 2001; Fahr, 2014). Elle boucle son cycle de vie sur un ou deux ans. Après la levée de la dormance tégumentaire, ses graines germent facilement en automne en produisant une rosette de feuilles profondément lobée. La tige apparait au centre de cette rosette de feuilles à partir de mi-février. La floraison par contre commence en septembre et se poursuit tant que l’humidité est suffisante jusqu’en février. A cette date, les tiges meurent et ne persistent dans le sol que les racines qui attendent que les conditions environnementales (humidité surtout) redeviennent normales pour qu’elles poussent à nouveau (Parsons et al., 2001 ; Fahr, 2014). Hirschfeldia incana est normalement une espèce à pollinisation croisée (allogame) du fait de la protogynie qui s’oppose à l’autofécondation. Cependant, certains individus de l’espèce sont capables de s’autoféconder (Siemens, 2011 ; Gupta, 2013). Planche 1 : Plante de Hirschfeldia incana et organes aériens A : Hirschfeldia incana poussant sur des scories métallifères ; B : Graines de H. incana ; C : Fleur mature de H. incana ; D : Feuille et tiges portant des fleurs; E : Grappe fruit de H. incana A B C D E
Origine, diffusion et répartition géographique
Origine de H. incana (L.)
H. incana est une espèce originaire de l’Asie occidentale et centrale, de l’Afrique du nord et a été signalée comme indigène et introduite dans certaines régions d’Europe (USDANRCS, 2016). Il y a toujours une controverse au sujet du statut d’indigène ou d’introduit de cette espèce en Europe. Néanmoins, il est rapporté que H. incana est une espèce native des régions méditerranéennes et des Îles Normandes (Parsons et al., 2001 ; Fahr, 2014).
Diffusion et répartition géographique
De son centre d’origine, Hirschfeldia incana s’est très largement diffusée dans le monde entier (Photo 2). Sa propagation est entièrement due aux mouvements de ses graines, généralement dans la boue adhérant au stock, aux machines, aux autres véhicules et aux vêtements. Les eaux circulantes à la surface des terres ont également participé à la diffusion de ses graines (Parsons et al., 2001). Ainsi, elle a été introduite par l’homme en Amérique du Nord (particulièrement en Californie et au Mexique), en Afrique du Sud, en Nouvelle-Zélande et en Australie pendant les dernières années du 19e siècle (Parsons et al., 2001 ; Fahr, 2014). En Europe, elle s’est bien établie dans les parties ouest, centrale et sud-est (Chronopoulos et al., 2005; Gupta, 2013). Hirschfeldia incana est une espèce bien adaptée des zones à température moyennement chaude, où elle pousse comme adventive occasionnelle sur les sols les plus fertiles des sites perturbés. Elle pousse en grandes colonies sur les bordures des routes, le long des clôtures et dans les friches agricoles (Gupta et al., 2013 ; Fahr, 2014).