Généralité sur les produits halieutiques transformés

Les produits halieutiques transformés sont une alternative à la consommation de poissons frais lorsque ces derniers ne sont pas disponibles ou que les prix sont trop élevés (Ndoye et al., 2002). La transformation porte essentiellement sur les espèces de poissons pélagiques capturées par la pêche artisanale. Une part non négligeable des captures est transformée par les femmes des petites et microentreprises.

Le secteur de la transformation est un levier puissant de lutte contre l’appauvrissement des populations notamment les plus défavorisées (Mbaye, 2005). Il joue un rôle essentiel, dans la valorisation des produits halieutiques, dans la diminution des pertes, dans l’approvisionnement des villes et des villages éloignés des zones côtières, dans la couverture des besoins en protéines d’une grande partie de la population, grâce à l’accessibilité économique des produits et à leur durée de conservation qui permet une distribution plus étendue sur tout le territoire sans équipement frigorifique.

Cette transformation de poissons est géographiquement éclatée au Sénégal. Elle se pratique tout au long du littoral maritime avec sept cent kilomètres de côtes poissonneuses. Les principaux sites de transformations sont ceux de Joal, de Mbour, de Kayar, de Saint-Louis et de Dakar où Thiaroye sur mer et Bargny dominent. En 2003, 39 610 tonnes de produits pour une valeur commerciale de 10,240 milliards de F CFA ont été transformées dont 17 766 tonnes exportées pour une valeur commerciale de 6,517 milliards de F CFA (DPM, 2003 ; In MBAYE en 2005).

Ces produits transformés sont rapidement attaqués par les insectes et les acariens qui les consomment. Parmi ces insectes, Dermestes maculatus apparait comme le plus fréquemment rencontré et en plus forte densité, suivi de D. frischii ; D. ater est rarement rencontré au Sénégal (Gueye-N’Diaye, 1991). Selon Gueye N’Diaye le poisson braisé-séché, salé ou non appelé Ketiakh semble être le type de produit transformé le plus sensible aux attaques de Dermestes, en particulier D. maculatus au Sénégal. II. Généralités sur les Insectes ravageurs des poissons transformés Les insectes ravageurs de poissons traités sont les mouches (Diptères) et les coléoptères généralement de la famille des Dermestidae. Toutes les mouches qui s’attaquent aux poissons Effet larvicides des huiles essentielles de C.viminalis, X. aethiopica et M. spicata sur les Dermestes spp. traités font partie des Cyclorrhaphes, et la majorité appartient à la famille des Calliphoridés (Haines & Rees, 1989).

Les principaux coléoptères nuisibles aux poissons séchés au Sénégal sont les Necrobia rufipes et les Dermestes spp. (Haines & Rees, 1989 ; Gueye-NDiaye, 1991). Les Necrobia rufipes sont minoritaires lorsqu’ils sont associés aux Dermestes dans les poissons transformés et stockés. Ils se distinguent de ces derniers par leur petite taille, par leur couleur qui présente un éclat métallique brillant bleu- vert. D. maculatus et D. frischii sont les espèces qui infestent le plus souvent les poissons transformés en milieu tropical notamment au Sénégal. II.1. Systématiques des Dermestes spp. Les deux espèces (D. maculatus et D. frischii) sont localement appelées « gunuur » pour les adultes et « sakh » pour les larves, par les transformatrices. Dermestes maculatus a été décrit pour la première fois en 1774 par Degeer et Dermestes frischii en 1792 par Kugelann.

Ils ont la même position systématique, seul le nom de l’espèce change. Règne : Animales Embranchement : Arthropodes Sous embranchement des antennates ou mandibulates Super classe: Hexapodes Classe : Insectes Ordre : Coléoptères Famille : Dermestidae Sous-famille : Dermestinae Genre : Dermestes Sous genre : Dermestinus Espèce : D. maculatus ou D. frischii II.2. Description et Biologie des Dermestes spp. D. maculatus et D. frischii sont les espèces les plus communes que l’on observe sur les poissons séchés sous les tropiques. Ils ont une préférence selon la teneur en sel du poisson.

En effet D. maculatus s’attaque en particulier au poisson d’eau douce et D. frischii au poisson Effet larvicides des huiles essentielles de C.viminalis, X. aethiopica et M. spicata sur les Dermestes spp. marin, mais il y a des exceptions (Haines & Rees, 1989 ; Delobel & Tran, 1993 ; GueyeN’Diaye & Sembène 2007). Les Dermestes sont extrêmement résistants et peuvent jeuner durant une très longue période. Les larves des deux espèces portent de nombreuses soies contrairement aux nymphes qui sont plus petites et ont une forme ovale.

Elles sont immobiles et permettent de distinguer le mâle de la femelle : la femelle porte sur le dernier sternite abdominal une paire d’ébauches génitales divergentes et formées de deux lobes ; chez le mâle ces ébauches génitales sont aplaties et arquées (Sembéne, 1994). II.2.1. Dermestes maculatus  Description Le corps de l’adulte est brun-rougeâtre à noir.

Les quatre (4) premiers sternites abdominaux blancs portent chacun deux taches noires glabres situées latéralement alors que le dernier qui est noir présente deux (2) bandes arquées blanches en position sublatérale. Chaque élytre est terminé, au niveau de la suture, par une pointe. Figure1 : Adultes de Dermestes spp. Figure 2 : Larves de Dermestes spp. (Photos : WILANE, 2011) Figure 1a : Vue dorsale de l’adulte de D. maculatus Figure 1b : vue ventrale de l’abdomen d’un adulte male de D. maculatus http://www.dermestidae.com/Dermestesmaculatus.html Effet larvicides des huiles essentielles de C.viminalis, X. aethiopica et M. spicata sur les Dermestes spp. La larve est brune rougeâtre avec une bande médiodorsale claire allant en s’amincissant vers l’arrière pour se transformer en tâches isolées (Delobel & Tran, 1993 ; Sembéne, 1994).  Biologie Selon les conditions climatiques les femelles pondent des œufs dans la profondeur de la chaire du poisson moins de 12 heures après la copulation, et cette ponte peut être améliorée par la présence d’eau libre dans leur boite d’élevage.

L’éclosion a lieu environ 48 heures après la ponte. Le développement larvaire devient complet dans 33 à 35 jours au cours de laquelle sept mues se produisent et le corps atteint une longueur de 14 mm (Osuji, 1975b). En présence de pièces intactes de poissons, le dernier stade larvaire entre à l’intérieur d’un de ces poissons et se nymphose, mais lorsque des poudres de poissons sont utilisés, une phase de repos pré nymphale est observée. L’adulte émerge environ 11 jours après le dernier stade larvaire (Osuji, 1975b). Le développement optimal de Dermestes maculatus Deg est obtenu pour une température de 27°C et une humidité de 75% sur du poisson totalement ou partiellement séché (Delobel & Tran, 1993 ; Sembéne, 1994). 

Dermestes frischii 

Description Le corps de l’adulte est brun-noir à noir. La face ventrale de l’abdomen est blanche, présentant deux (2) tâches latérales noires glabres sur chaque sternite, même le dernier qui en porte une troisième sur la partie distale médiane (Delobel & Tran, 1993 ; Sembéne, 1994). L’extrémité des élytres n’est pas terminée en pointe. Figure 2a : Vue dorsale de l’adulte de D. frischii Figure 2b : Vue ventrale de l’abdomen de l’adulte de D. frischii http://www.dermestidae.com/Dermestesfrischi. Effet larvicides des huiles essentielles de C.viminalis, X. aethiopica et M. spicata sur les Dermestes spp. La larve a une bande médiodorsale claire présentant la même largeur de la tête au pygidium. 

Biologie Après l’accouplement les femelles pondent des œufs sur leur nourriture. Le rythme de ponte est accéléré par la présence d’eau de boisson dans les boites d’élevages. L’éclosion donne des larves qui vont subir neuf (9) mues pour atteindre le stade nymphal. Au dernier stade la larve mesure entre 14 et 16 mm (Delobel & Tran, 1993 ; Sembéne, 1994). Dermestes frischii a un développement optimal pour une température de 30 à 33°C et une humidité relative de 75 à 90%. Il est plus tolérant vis-à-vis du sel que D. maculatus (Delobel & Tran, 1993 ; Sembéne, 1994). Les adultes de Dermestes volent et peuvent donc facilement se disperser vers de nouvelles sources d’aliments.

Les larves causent plus de dégâts dans les poissons séchés que les autres stades. III. Les pertes de produits halieutiques transformés dues aux Dermestes spp. L’infestation initiale est généralement due à l’invasion par les adultes volants et rampants, qui pondent leurs œufs sur les poissons partiellement ou entièrement séchés. La nutrition des larves et des adultes de Dermestes spp. provoque des pertes quantitatives considérables de poissons séchés. La perte de qualité peut aussi être due à la présence de d’exuvies d’insectes.

L’importance et la valeur des pertes quantitatives causées aux poissons séchés par Dermestes spp. ont été évalués par différents chercheurs et les estimations vont jusqu’à 50% de pertes de poids, selon la durée de l’entreposage, la teneur en sel, l’humidité, les conditions climatiques et les conditions générales d’hygiènes pendant le traitement et le stockage (Haines & Rees, 1989 ; Gueye N’Diaye, 1991). Selon Kabahenda et al. (2009), les coléoptères entraînent 50% des pertes durant l’entreposage sur une durée 25 à 26 mois. Lale et al. (2009) estiment que D. maculatus seul peut entrainer 13-17 % de pertes de poissons séchés pendant trois (3) mois de stockage. Les ravageurs peuvent aussi entraîner la fragmentation des poissons fumés.

La présence de ces ravageurs vivants ou morts, ou par leurs exuvies, provoque un changement de la qualité visuelle qui peut réduire la valeur du poisson. En plus ces insectes sont souvent transmetteurs des spores de moisissure et d’autres microorganismes dans les poissons séchés ou créent des conditions propices à la croissance de ces microorganismes sur les poissons déjà séchés. Effet larvicides des huiles essentielles de C.viminalis, X. aethiopica et M. spicata sur les Dermestes spp.

Les méthodes de lutte contre les ravageurs de poissons transformés

Plusieurs méthodes de lutte ont été développées contre les ravageurs de poissons séchés.

. Utilisation d’insecticides de synthèses Les insectes ravageurs de poissons séchés peuvent être contrôlés par utilisation d’insecticides de synthèses soit par contact direct ou soit par fumigation. IV.1.1. Méthode par contact Il ya trente (30) différents insecticides de contact qui ont été utilisés pour protéger les poissons et les produits de pêche mais actuellement seul trois (03) composés ont une Limite Maximale de Résidus défini (LMR) permettant leur utilisation sur les poissons séchés. Ce sont le primiphos-methyl à 10 mg/kg, pyréthrins à 3 mg/kg et piperonyl butoxide à 20 mg/kg utilisés ensemble en synergie (Golob et al., 1996).

Primiphos-méthyl, organophosphoré est un produit chimique utilisé partout dans le monde pour protéger les denrées stockées. Son utilisation sur les poissons séchés doit être améloirée mais son action doit être complétée par addition de fenitrothion pour tuer tous les stades de développement des D. maculatus car les larves ont une capacité de résister au primiphosmethyl seul (Golob et al., 1996). Des émulsions de pyréthrines inférieur à 0.02% ont été utilisées avec succès par trempage pour tuer tous les adultes et les larves de Dermestes frischii infestant le poisson séché et permet de prévenir une éventuelle ré infestation pendant six (06) semaines (Golob et al., 1996). Des expériences menées au Sénégal par Guèye-N’Diaye et al. (1995) montrent que le traitement avec deltaméthrine est plus efficace dans la lutte contre une infestation mixte de Dermestes spp. et N. rufipes. Ils démontrent aussi que le traitement par trempage est plus efficace que le traitement par pulvérisation