Fuite et reconstruction la quête

Fuite et reconstruction la quête

Fuite et reconstruction la quête Dans les quatre romans étudiés la reconstruction identitaire débute avec la fuite des personnages féminins. En voulant devenir les acteurs de leur histoire, de leur vie et de leurs choix, les personnages doivent d’abord fuir le foyer familial afin d’entreprendre leur quête de soi, mêlant ainsi les deux récits. La recherche d’identité se poursuit par différentes étapes qui entraînent une nouvelle fuite des personnages féminins. Il ne s’agit plus seulement d’échapper à l’espace familial mais aussi au nouvel environnement, les enfermant à son tour dans une construction s’éloignant de leurs attentes. Les romans de Maïssa Bey révèlent deux récits de fugue, Malika et Amina se trouvant confrontées à un espace hostile, à un univers carcéral duquel il faut s’échapper. Dans Amour, Prozac et autres curiosités de Lucía Etxebarria, les narratrices n’utilisent jamais le mot « quête ». Pourtant, c’est bien la recherche de soi qui parcourt chacun de leur récit à travers la fuite de la construction première, la perte des repères de définitions instaurée par le conflit entre les attributions et les aspirations, et le désir de se constituer autre. Chez Virginie Despentes, si la quête apparaît de façon brusque et nécessaire pour Claudine, elle ne commence pour Pauline qu’à la mort de sa jumelle. C’est seulement en s’emparant de l’identité de Claudine que celle-ci aspire à une vie nouvelle pouvant lui apporter la réussite et la gloire. Les mots « quête » ou « recherche d’identité » ne sont jamais employés dans le roman de Lucía Etxebarria. Cependant, comme pour les autres romans étudiés, c’est le départ du domicile parental des personnages féminins qui enclenche la nouvelle formation de soi. Le départ de Cristina correspond, à l’image des personnages féminins de Maïssa Bey, à une fuite. Cette première, en conflit permanent avec le personnage de la mère, désire échapper à la violence de leurs disputes et à s’affranchir des règles maternelles. Elle cherche à obtenir une liberté refusée par la mère et à adopter une nouvelle vie, marquée par son opposition avec celle imposée au domicile parental :

L’espace de la jeunesse se développe entre deux temps familiaux : celui de la famille d’origine (dans le rôle d’enfant) et celui de la famille qui sera fondée (dans le rôle de conjoint et parent). Dans cet entre-deux, les valeurs s’affichent en opposition à tout ce qui touche au monde ménager : la vraie vie est ailleurs, ouverte, légère, entraînée dans un élan soutenu par le groupe des copains et copines. La jeunesse est le temps où le pouvoir d’invention de soi par soi est au La liberté doit se jouir de façon individuelle, sans impératif et sans attache. La rupture avec le personnage de la mère implique la fuite des obligations, des ordres et des cris. Aussi, la scène de violente dispute avec le personnage de Iain entraîne la séparation du couple. La jalousie du personnage masculin, sa possessivité et son agressivité verbale ne peuvent être tolérées par Cristina. Son comportement nuit à sa quête de liberté aussi elle ne peut que rompre. Le départ d’Ana du domicile familial s’inscrit dans une construction logique de son propre foyer et de sa vie d’adulte. A l’inverse de Cristina, Ana veut quitter sa condition de jeune fille pour devenir femme. Ce n’est pas la mère qu’il faut fuir mais le personnage d’Anita au profit de celui d’Ana. Cependant, celui-ci correspond à une quête de légitimité dans son nouveau rôle social. En effet, il s’agit pour le personnage féminin de devenir une épouse honorable en se mariant avec un homme reconnu comme respectable et de bonne situation. Sa vie de femme se construit dans le but d’obtenir l’approbation d’Antonio :

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Ana cherche à obtenir le respect qu’Antonio lui a refusé, aussi il faut nécessairement que la légitimité de sa nouvelle position soit reconnue par ce personnage. Le départ du foyer et le mariage résultent chez Ana d’une quête de réussite sociale, qui ne peut être accordée que par Antonio : « […] tout ce que j’ai accumulé pour prouver à Antonio que je survivrais, que je valais beaucoup mieux que ce qu’il croyait » (« todo lo que acumulé para demostrarle a Antonio que sobreviviría, que valía mucho más de lo que él se creía » p.226). Son viol a marqué la narratrice puisqu’il l’a inscrit dans un rôle de putain. Pour prouver son droit au respect Ana doit obtenir l’approbation de celui qui lui a enlevé ce droit :

 

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