FONDEMENT THEORIQUE SUR L’INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER ET SUR LA CROISSANCE

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Effets positifs d’IDE sur la croissance

Dans les modèles néoclassiques de type Solow, l’IDE est conçu comme un ajout au stock de capital dans le pays hôte. Dans cette vision, il n’y a pas de différence substantielle entre capital étranger et capital intérieur. Ce qui permet donc de déduire que l’impact de l’IDE sur la croissance est similaire à celui du capital intérieur. Selon eux, l’IDE entretient la croissance en améliorant l’allocation optimale des ressources grâce à la réaffectation des capitaux dans des pays où ils sont abondants vers ceux où ils sont rares. Il entraine donc les hausses du revenu national, de l’exportation et de la rémunération des travailleurs.
Dans les modèles de croissance endogène, le rôle de l’IDE va au-delà du simple impact que les néoclassiques la considère, il peut affecter de façon endogène la croissance par l’accumulation de connaissance grâce au transfert de la technologie et du savoir-faire. En effet, il entraîne, en dehors des capitaux physiques, un important transfert en termes de formation, d’acquisition de compétence, de nouvelles pratiques de gestion.
Borensztein, De Gregorio et Lee (1998), ont montré, quant à eux, que l’investissement direct étranger entretient la croissance économique grâce à la réduction des coûts liés à l’introduction d’un nouveau type de capital, en accélérant ainsi le taux d’accumulation. Grossmann G. and Helpman E. (1991) estiment que les pays en développement peuvent accélérer leur croissance dans le contexte d’interactions avec les autres pays par l’intermédiaire de firme multinationale grâce à l’acquisition de nouvelles connaissances. Cette dernière se traduit à travers la diffusion technologique qui a des effets externes sur l’économie des pays d’accueil.Les externalités technologiques peuvent se réaliser de différentes manières. Leur premier vecteur est l’effet d’imitation. Les firmes domestiques améliorent leur efficacité en adoptant des technologies utilisées par des filiales étrangères (Blomstrom and Kokko, 1997; Javorcik, 2004). Cette adoption peut se faire par ou via le recrutement de travailleurs formés par ces filiales. Par ailleurs, pour certains auteurs, la présence de firmes étrangères peut inciter les firmes domestiques à utiliser leurs ressources de manière plus efficace. C’est l’effet d’encouragement.
D’ailleurs, l’entrée ou l’implantation des FMN dans un pays d’accueil peut affecter les
salaires de plusieurs manières. Les FMN peuvent payer des salaires plus élevés que les firmes domestiques. En faisant ainsi, les multinationales peuvent contribuer indirectement à l’accroissement des salaires payés par les entreprises domestiques. Ceci est connu sous le nom des retombés sur les salaires. C’est ainsi que « les emplois dans les multinationales restent
recherchés en PVD, en raison du chômage, mais aussi parce que les salaires y sont supérieurs à ceux des firmes locales mais inférieurs à ceux de la multinationale en pays d’origine.»11
En résumé, l’IDE reçu est supposé stimuler la croissance de l’économie d’accueil à plusieurs niveaux. Directement, d’abord, par sa contribution à la valeur ajoutée et par les gains de productivité que génèrent les transferts de technologie qui s’opèrent à destination des entreprises locales rachetées ou intégrées dans les chaines de production. Mais au-delà de ces effets directs sur la production et sur la modernisation des équipements productifs, les IDE peuvent avoir des effets positifs plus indirects sur les entreprises du pays d’accueil et leur productivité. Ceux-ci se réalisent par les reports de technologie ou de connaissance (spillovers) qu’ils entraînent via les relations d’approvisionnement et de fourniture avec des firmes locales, via la formation de la main-d’œuvre qui peut profiter à des entreprises locales du fait du turn-over, ou, enfin, via la réduction des coûts d’information et de transaction facilitant l’accès aux marchés mondiaux pour les firmes locales partenaires des filiales étrangères.

Effets négatifs d’IDE sur la croissance

L’analyse dépendantiste (Amin, Emmanuel), issue des analyses marxistes sur l’impérialisme portant sur le rôle des IDE dans les pays en développement conclue que la présence de firme multinationale augmente les inégalités de revenus dans la mesure où ces firmes sont généralement localisées dans des enclaves (zones franches), essentiellement reliées au marché international. Les emplois ainsi créés représenteraient une faible part de la main d’œuvre avec des salaires plus élevés que dans le reste du pays où la majorité des pauvres resterait marginalisée. Les économistes « dépendatistes » mettent aussi l’accent sur l’influence que les firmes multinationales peuvent exercer sur la définition des politiques économiques des pays hôtes.
BREWER(1991) a montré empiriquement qu’il existe une corrélation négative entre la croissance économique et l’IDE. Une telle corrélation revient à l’effet de domination exercée par les firmes étrangères qu’elle peut décourager la firme locale à développer son propre activité de R&D, cela veut dire que l’ID E peut avoir un effet négatif sur la croissance économique.
Selon LIN(2005), SAGGI(2007), MARKUSEN et VENABLES(1999), l’effet de la concurrence exercée par la FMN sur les firmes d’une même industrie entraine des effets néfastes sur les entreprises d’accueils. Si l’on considère que les firmes étrangères sont généralement plus performantes que les firmes domestiques, alors leur présence peut entraîner soit une chute de la production de firmes domestiques soit une baisse du nombre de ces firmes. Autrement dit, l’entrée des firmes multinationales peut affecter négativement les firmes locales étant donné leur pouvoir de marché en terme d’avantages technologiques, des produits de marques, ainsi que des techniques agressives de marketing (Kumar, et Pradhan, 2002). Agosin et Mayer (2000) ont analysé l’effet des valeurs retardées des flux d’IDE sur les taux d’investissement des pays hôtes afin d’examiner l’effet de l’IDE sur l’investissement domestique (effet d’éviction ou effet d’entraînement) sur la période 1970 -1995. Ils ont trouvé que l’IDE exerce : un effet d’entraînement sur l’investissement domestique dans les pays asiatiques, un effet d’éviction dans les pays de l’Amérique Latine, enfin un effet neutre en Afrique.

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Catalyseur d’effets d’IDE

Les avantages générés par les IDE ne se manifestent cependant pas de manière automatique et ne se répartissent pas équitablement entre les pays, les secteurs et les collectivités locales. Ils diffèrent de la capacité d’absorption du pays d’accueil. La politique nationale du pays d’accueil12 joue un rôle important pour tirer le maximum d’avantages de la présence étrangère dans l’économie locale. S’interroger sur les conditions permettant aux IDE d’influencer positivement la croissance d’un pays consiste à analyser la façon dont l’impact des IDE sur la croissance est influencé par le niveau d’autres variables domestiques. En effet, il est possible d’imaginer que les flux d’IDE entrants n’exercent un rôle favorable sur la croissance qu’à la condition qu’ils soient combinés avec d’autres facteurs complémentaires. Ces variables complémentaires des IDE peuvent être les facteurs habituellement mobilisés pour expliquer la croissance, comme le travail, le capital et le progrès technique, et, selon l’expression de Fontagné et Guérin (1997), des catalyseurs de la croissance, à savoir l’insertion commerciale, le niveau du capital humain, les infrastructures, la taille du secteur bancaire et financier. Borensztein, De Gregorio et Lee (1998), étalonnant la capacité d’absorption technologique par le niveau de développement humain du pays récepteur, montrent que l’IDE n’a d’impact positif que si le niveau de scolarisation de la population dépasse un seuil donné. De Mello (1999), Lipsey (2000), Görg et Greenaway (2004) et Xu (2000) montrent que plus l’écart technologique entre les firmes du pays d’origine et d’accueil est important, plus l’impact de l’IDE sur l’économie destinataire est réduit. Hermès et Lensink (2003) et Alfaro, Chandra, Kalemli-Ozcan et Sayek (2004) ont mis en évidence le rôle de catalyseur que joue le développement financier pour amplifier les effets de report des IDE sur l’économie d’accueil. Le degré d’ouverture commerciale et la stratégie d’insertion internationale suivie par le pays d’accueil comptent également puisque Balasubramanyam, Salisu et Sapsford (1996) ont validé l’hypothèse selon laquelle les pays qui pratiquent des stratégies de promotion des exportations convergent plus vite, que ceux qui pratiquent la substitution aux importations.

Table des matières

REMERCIEMENTS
SOMMAIRE
LISTE DES ABREVIATIONS
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
INTRODUCTION
PARTIE I : FONDEMENT THEORIQUE SUR L’INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER ET SUR LA CROISSANCE
Chapitre1 : Concepts théoriques sur l’investissement direct étranger et la croissance
Section1 : Définitions et théories sur la croissance
1.1. Définition de la croissance
1.2. Théories sur la croissance
1.2.1. Le modèle de croissance post-keynésien
1.2.2. Le modèle de SOLOW
1.2.3. Le modèle de croissance endogène
Section2 : Définitions -Caractéristiques – Déterminants de l’investissement direct étranger
2.1. Définitions et caractéristique de l’IDE
2.1.1. Investissement direct étranger
2.1.2. Firme multinationale
2.1.3. Investisseur direct étranger
2.1.4. Entreprise d’investissement direct
2.2. Déterminants d’IDE
2.2.1. La théorie du cycle des produits
2.2.2. Les théories de l’oligopole international
2.2.3. Le paradigme OLI (Organisation, Localisation, Internalisation)
2.3. Les stratégies de la firme multinationale
Chapitre2 : Revue de la littérature sur l’IDE et la croissance
Section1 : Lien entre IDE et croissance
1.1. Effets positifs d’IDE sur la croissance
1.2. Effets négatifs d’IDE sur la croissance
Section 2 : Catalyseur d’effets d’IDE
PARTIEII: ANALYSE EMPIRIQUE DE L’EFFETS DES INVESTISSEMENTS DIRECTS ETRANGERS SUR LA CROISSANCE DE MADAGASCAR
Chapitre3 : Réalités sur les IDE à Madagascar
Section1 : Situation macroéconomique à Madagascar
1.1. Contexte économique
1.2. Historique de l’IDE à Madagascar
1.3. Caractéristiques d’IDE à Madagascar
1.3.1. IDE par branche d’activités
1.3.2. Pays investisseurs à Madagascar
Section2 : Environnement et évolution d’investissement direct étranger à Madagascar
2.1.Évolution d’IDE à Madagascar
2.1.1. Flux des IDE entrants à Madagascar
2.1.2. Stock des IDE à Madagascar
2.2. Environnement d’IDE à Madagascar
2.2.1. Atouts de Madagascar
2.2.2. Handicaps de Madagascar
Chapitre4 : Analyse de l’efficacité de l’investissement direct étranger face à la croissance de Madagascar
Section1 : Analyse de la performance de l’IDE vis-à-vis de la croissance à Madagascar
1.1. Investissement et croissance économique de Madagascar
1.2. L’effet de l’IDE sur la croissance de Madagascar
1.2.1. Effet d’IDE sur l’emploi
1.2.2. Effet d’IDE sur les recettes fiscales
1.2.3. Effet d’IDE sur le commerce extérieur
1.2.4. Effet d’IDE sur la valeur ajoutée
Section2 : Perspectives
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES MATIERES

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