METHODE D’ANALYSES ET PREMIERES ANALYSES
Méthodologie
Afin de faire apparaître des fonctions discursives des particules birmanes, il nous semble indispensable que nos analyses s’appuient sur une approche quantitative ainsi que qualitative. Le quantitatif nous mène sur les pistes des phénomènes représentatifs de la langue, et le qualitatif met en lumière leur fonctionnement et leur rôle dans la langue. En premier lieu, à l’aide des outils informatiques, nous considérons les « lexèmes » qu’on appelle d’habitude token ou lexical item en anglais et qui apparaissent le plus souvent dans notre corpus de 251 344 syllabes. Le tableau 55 illustre les lexèmes qui apparaissent avec une fréquence supérieure à 2 000 dans l’ensemble du corpus, (soit au total 29 lexèmes) qui sont présentés dans l’ordre décroissant sur la liste de fréquence. A cette liste, nous avons ajouté deux sous catégories – discours spontané et discours non-spontané – qui pourront servir de référence si nécessaire. Nous estimons que si le même lexème se manifeste avec une fréquence importante ou comparable dans les trois catégories, cela signifie probablement qu’il s’agit d’un phénomène significatif du birman parlé en général. Sinon, ces listes complémentaires nous permettent de voir si certaines caractéristiques discursives identifiées d’après le corpus total reflètent un phénomène général de la langue, ou s’il s’agit d’une caractéristique plutôt spécifique au genre de discours (i.e. plus typique du discours spontané où les locuteurs ont à communiquer sans avoir trop le temps de réfléchir à l’avance, tout en respectant les codes de la communication vis-à-vis de leur interlocuteur ; ou typique du discours non spontané qui permet souvent d’autres moyens de préparer l’énonciation). N.B. Rappelons que les lexèmes sont présentés ici selon notre système de transcription [cf. 3.2.2]. Toutefois, dans les analyses qui suivent, les exemples qui illustrent leurs divers emplois sont présentés en transcription phonétique, en birman et glosés [cf. Liste des abréviations].
Analyses qualitatives
En vue de l’identification des PEN, notre méthode est simple, mais exige néanmoins un travail minutieux : nous examinerons les particules en question dans diverses collocations (à base de dizaines ou de centaines d’exemples). Les diverses collocations de chacune des particules sélectionnées permettront d’établir un inventaire des constructions syntaxiques dans lesquelles elles apparaissent. Ce faisant, nous chercherons à savoir si la particule apparaît, par exemple, après un syntagme nominal ou verbal ; avec un morphème dépendant ou une autre particule ; dans une proposition affirmative, négative ou interrogative ; avec les pronoms ou les noms propres, etc. Pour chaque construction syntaxique, nous étudierons également avec quelle fréquence apparaissent les collocations examinées. L’idée est de ne pas tenir compte des cas isolés, qui risquent d’être des lapsus ou des expressions idiosyncratiques, à moins qu’il y ait, selon notre jugement, quelque chose de significatif. Ce genre d’incidents ne conduit pas à des conclusions sur l’emploi des PEN : il nous suggère simplement d’être aux aguets pour d’autres exemples semblables dans d’autres corpus à l’avenir. En outre, nous tenons à souligner que lors de ces observations il est indispensable de prendre en considération quelques aspects sociolinguistiques et socioculturels qui nous aident à interpréter en ce qui concerne l’usage réel de la langue. Par exemple, afin de bien comprendre le contexte dans lequel l’énoncé se produit, il est important de savoir qui est le locuteur, de qui (et de quoi) on parle, etc. Alors qu’il est assez simple d’identifier les référents et les signifiés des pronoms en langues occidentales telles que le français (par exemple, je se réfère au locuteur ou à la locutrice de l’énoncé, il ou elle se réfère à la 3e personne dont on parle, etc.), le système d’emploi des pronoms s’avère être moins simple en birman [cf. 1.3.2.1.1.b. Pronoms personnels] où les noms propres ou les termes de parenté s’emploient très souvent à la place des pronoms personnels je, tu, etc., surtout chez les jeunes locutrices, lorsqu’elles parlent avec quelqu’un de supérieur (par l’âge% ) ou dans les relations intimes ou familiales. Le seul moyen de savoir si un nom propre ou un terme de parenté est employé avec sa valeur propre ou en tant que pronom, est d’étudier son contexte situationnel dans le discours.