Flore Ligneuse Du Parc Forestier Et Zoologique De Hann
La biodiversité au Sénégal
La diversité biologique est la variabilité des organismes vivants de tout origine, y compris entre autres, les écosystèmes terrestres, marins, et autres écosystèmes aquatiques et les complexe écologiques dont ils font partie ; cela comprend la diversité au sein des espèces et entre les espèces ainsi que celle des écosystèmes (Hermitte, 1992).
La diversité des écosystèmes
Les écosystèmes rencontrés au Sénégal peuvent être répartis en quatre grands groupes : terrestres, fluviaux et lacustres, marins et côtiers et un groupe d’écosystèmes particuliers. Les écosystèmes terrestres Ils sont répartis du Nord au Sud dans trois domaines climatiques : sahélien, soudanien et guinéen. Ils sont représentés par diverses formations végétales notamment les steppes, les savanes et les forêts (MEDD, 2015). Les steppes localisées au nord du pays sont caractérisées par une forte présence d’herbacées et de quelques espèces épineuses comme les genres Acacias et Balanites etc. Les savanes, situées au centre du pays, sont représentées par des espèces ligneuses comme Cordyla pinnata, Sclerocarya birrea, Zizyphus mauritiana, Sterculia setigera, Bombax costatum, Combretum glutinosum, Combretum micranthum et Anogeissus leiocarpus avec un taux de recouvrement du sol supérieure à 50% (Adam, 1968). Les forêts se rencontrent généralement dans la partie sud du pays. Elles sont caractérisées par la présence des espèces comme Erythrophleum guineense, Detarium senegalensis, Pterocarpus erinaceus etc.(Ba et Noba, 2001). Les écosystèmes fluviaux et lacustres Ces écosystèmes sont constitués par cinq grands fleuves et des lacs : le fleuve Sénégal, le fleuve Saloum, le fleuve Gambie, le fleuve Casamance, le fleuve Kayanga et le lac de Guiers (MEPN, 2014). A ces écoulements, s’ajoute le lac Rose qui est caractérisé par la présence d’une algue microscopique d’après le Centre de Suivi Ecologique (CSE, 2010). Dans ces écosystèmes, la flore est essentiellement constituée de plantes aquatiques dont certaines sont envahissantes (Typha australis, Pistia stratiotes, Salvinia molesta) (CSE, 2010). Les écosystèmes côtiers et marins 3 Les écosystèmes côtiers sont constitués de côtes sableuses, de côtes rocheuses, de zones deltaïques et estuariennes et par la zone économique exclusive qui s’étend sur environ 200 milles marins (MEDD, 2015). Ces écosystèmes s’étendent sur environ 700 km du littoral et des vasières au sud de l’embouchure de la Casamance présentant une diversité biologique particulièrement élevée (CSE, 2005). Cependant, les zones côtières et marines sont soumises à plusieurs contraintes qui affectent de façon négative la durabilité des ressources biologiques. C’est à dire, la forte valeur commerciale de certaines espèces, l’augmentation de l’effort de pêche dû en partie à la forte concentration humaine le long du littoral sont les principales causes de la surpêche (MEPN, 2014). Les écosystèmes particuliers De par leur caractère humide, de l’importance de leur diversité biologique, de leur fragilité et de leur rôle écologique, les Niayes et les mangroves sont considérées comme des écosystèmes particuliers (CSE, 2010). En effet les mangroves sont caractérisées par Rhizophora mangle, Rhizophora racemosa, Avicennia africana et Conocarpus erectus et s’étend sur 440.000 ha. Par contre les Niayes longent le littoral Nord du Sénégal (de Dakar à Saint-Louis sur 135km de long) et présentent une nappe phréatique proche de la surface avec l’humidité de l’air qui explique la présence d’espèces à affinité phytogéographique guinéenne (12%) (CSE, 2010).
La diversité des espèces
Les premières explorations botaniques en Afrique de l’Ouest remontent au 18e siècle d’après Schnell, (1976). Au Sénégal, les bases des connaissances floristiques actuelles sont jetées depuis le 19e siècle avec des travaux de Chevalier, (1900 ; 1938) ; de Trochain, (1940) ; de Raynal, (1963) ; de Adams, (1968) ; de Giffard, (1974) ; de Bérhaut, (1967, 1968, 1971, 1974, 1975 et 1976). Ces investigations qui se sont poursuivies avec les travaux de Goudiaby, (1996) ; de Ba et al. (1997) ; de Ba et Noba (2001) ; de Sambou (2004) ; et de Noba et al. (2010) ont permis de faire une estimation de la flore du pays à environ 2500 espèces végétales. De ces travaux, il en est ressorti que les Phanérogames sont de loin plus représentés et mieux connus que les cryptogames. Les travaux plus récents de Kane (2014) ont révélé l’existence de nouvelles espèces (champignons) pour la flore du Sénégal. Les résultats de ces différents travaux montrent que les investigations floristiques restent toujours à approfondir. Ce qui corrobore avec l’assertion d’Aubréville qui disait que «le travail d’un botaniste n’est jamais achevé; il le complète ou le modifie durant toute sa vie ». Aujourd’hui, sur le plan spécifique, le Sénégal compte environ 7830 espèces réparties entre les animaux (4330), les végétaux (3500), et les champignons (250) (MEDD, 2015; Samb, 2016). 4 Les plantes à fleurs et les mammifères constituent les groupes les mieux connus au Sénégal (Ba et Noba, 2001). Les autres groupes taxonomiques notamment les invertébrés, les bactéries, les champignons, les algues, les lichens, les Bryophytes et les Ptéridophytes sont mal connus (Ba et Noba, 2001 et Dieng, 2014) de même que la flore microbienne (MEPN, 1997). A l’état actuel des connaissances, les champignons 250 espèces (Kane, 2014), les Algues 125 espèces, les virus 40 espèces, les lichens 7 espèces, les Bryophytes 19 espèces et Ptéridophytes 38 espèces ont été recensées au Sénégal (MEDD, 2015). De plus, trois genres nouveaux et cinq espèces nouvelles de bactéries ont été découverts au Sénégal (MEDD, 2015). Les Angiospermes comptent environ 2500 espèces réparties dans plus de 1000 genres et 165 familles (Ba et Noba, 2001; Mballo, 2013). Les études antérieures (Ba et Noba, 2001, Noba et al, 2004) ont montré que les Dicotylédones sont largement plus représentées que les Monocotylédones au Sénégal avec comme pourcentage respectif 70 contre 30. Les familles les plus diversifiées sont les Poacées et les Fabacées avec respectivement 285 et 284 (CSE, 2010). Les Graminées et les Cypéracées totalisent 473 espèces herbacées, soit plus de 18% du nombre total d’espèces de plantes à fleurs rencontrées au Sénégal. Le nombre d’espèces végétales endémiques du pays varie suivant les auteurs, vingt-six (26) d’après Brenan 1978 et trente-trois (33) selon l’ISE. En effet la plupart de ces espèces sont des graminées.
La conservation ex situ
Ce mode de conservation consiste à préserver les espèces en dehors de leur habitat naturel (Kipalu, 2003). C’est le cas de la conservation dans les jardins botaniques et zoologiques, les totems, les banques de gêne sous forme de semence, tissu, ou encore dans d’autres types de collections vivantes. La conservation ex situ permet de maintenir l’espèce ou l’individu indépendamment du milieu où il a été prélevé (Lubini, 2005) afin de préserver le patrimoine génétique d’espèces très menacées, voire éteintes dans la nature.
La conservation in situ
Une conservation in situ consiste à maintenir les organismes vivants dans leurs milieux naturels (Convention sur la Diversité Biologique, 1992). En effet, elle permet à la nature de poursuivre l’évolution qui garantit la diversité biologique. Cela se justifie par le souci de concilier le maintien du processus évolutif dans leur habitat naturel et l’utilisation durable des ressources par les populations locales et la communauté internationale. Au Sénégal, la conservation in situ a été prise en compte depuis la période coloniale, ce qui lui a permis d’avoir actuellement un réseau important d’aires protégées (6 Parcs nationaux, 4 réserves de faunes et 3 réserves spéciales, 7 aires marines protégées, 213 forêts classées, 22 réserves naturelles communautaires, 27 unités pastorales etc.) (DPN, 2011 ; MEDD, 2015). Selon la définition actualisée de l’UICN (2008), une aire protégée est « un espace géographique clairement défini, reconnu, consacré et géré, par tout moyen efficace, juridique ou autre, afin d’assurer à long terme la conservation de la nature ainsi que les services écosystémiques et les valeurs culturelles qui lui sont associés ». Ces aires protégées couvrent environ 21 807 km², soit 11 % de la superficie totale du pays (Patrick Triplet, 2009). Plusieurs catégories sont reconnues : Parc National, Réserve Naturelle Intégrale, Forêt Classée, Périmètre de reboisement ou de restauration, Réserves forestières et Réserves Spéciales. Toutefois, la gestion de ces écosystèmes relève du domaine forestier classé (Parcs Nationaux, Réserves Naturelles, et Forêts Classées) et du domaine forestier protégé (zone d’exploitation) associée aux méthodes traditionnelles de la communauté locale (cimetières, bois sacrés, etc.). De plus, le domaine classé est confié au Service des Eaux et Forêts et à celui des Parcs Nationaux et couvre environ 31,7% du pays (Sambou., 2017).
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