FLORE ET VEGETATION ligneuses DU TERROIR DE KATANE

FLORE ET VEGETATION ligneuses DU TERROIR DE
KATANE

INTRODUCTION

Au Sahel, l’économie est basée sur l’agriculture qui occupe plus de 70% de la population (CORAF, 1999). Depuis les années 70, les ressources naturelles qui constituent le capital de base pour la production des populations rurales sont soumises à de fortes pressions. Celles ci sont liées d’une part à l’aridification du milieu (Toupet, 1989) et d’autre part aux activités anthropiques (Grouzis et Albergel, 1991) qui accentuent la péjoration des conditions climatiques. Les effets des sécheresses, associés aux pressions humaines ont entraîné une modification de la composition floristique, surtout ligneuse (Thiam, 1982 ; Akpo, 1990). Au Ferlo, les espèces ligneuses sont utilisées par les populations locales à différentes fins. Certaines espèces ligneuses comme Dalbergia melanoxylon ou Sterculia setigera sont menacées de disparition et répertoriées dans la liste rouge de l’UICN. Les ligneux sont assez souvent considérés comme faisant partie des organismes biologiques les plus stables de l’environnement (Kiéma et al., 1998). Ils renseignent en effet sur l’histoire du milieu, les pratiques des populations, mais aussi sur les perturbations. Dans son évolution, la strate ligneuse traduit l’état du peuplement dans son ensemble (Rogers, 1993). L’exploitation des ressources fourragères avec la mise en service des forages au Ferlo du Sénégal au profit des éleveurs peuls, sédentaires ou transhumants a exacerbé de fortes pressions sur le milieu. On a noté une diminution du couvert végétal et la disparition des habitats de la faune sauvage. Pour conserver ce milieu devenu fragile, l’Etat du Sénégal a érigé en 1972 certains terroirs peu modifiés au Ferlo en réserve de faune afin de protéger le milieu et de préserver la faune. Malheureusement avec l’augmentation de la population animale et humaine, les résultats n’ont pas été concluants. Pour renforcer ces actions, le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) ont assisté le gouvernement du Sénégal à travers le Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature (MEPN) dans le financement du Projet de Gestion Intégré des Ecosystèmes du Sénégal (PGIES). Trois grands types d’écosystèmes ont été retenus ; il s’agit des écosystèmes forestiers, des écosystèmes sylvo-pastoraux et des écosystèmes côtiers et littoraux. Ces sites correspondent au Parc National du Niokolo-Koba au Sénégal Oriental, aux deux réserves de faune du Ferlo (Nord et Sud), aux écosystèmes côtiers des Niayes et les Parcs Nationaux de la Basse Casamance et du Delta du Saloum. Au cours de ses activités, le PGIES a identifié dans la réserve de faune du Ferlo des problèmes de conservation de la biodiversité liés à la restriction des espaces utilisés par la faune endémique et celle migratrice venant du Parc de Niokolo Koba (PGIES, 2006). L’option alternative de démonstration du FEM a consisté en une approche communautaire intégrée, de planification stratégique, d’aménagement et de gestion des terroirs villageois, de création et de gestion durable des réserves naturelles communautaires (RNC) servant de zones tampons et de cogestion des aires protégées (APS) représentant les sanctuaires de la biodiversité (PGIES, 2003). Ainsi, le Comité de Pilotage du PGIES sur recommandations du Comité Scientifique et Technique a examiné la proposition concernant la transformation des deux réserves de Faune du FerloNord et Sud en une Réserve de Biosphère du Ferlo avec plusieurs noyaux centraux (PGIES, 2006). L’étude vise à établir les caractéristiques de la flore et de la végétation ligneuse du terroir de Katané dans la réserve de faune du Ferlo Nord par la description de l’état actuel de la flore et de la végétation ligneuse mais aussi la définition des principales unités de végétations.

Situations géographique et administrative

Le Ferlo (fig. 1a) est un espace dont les limites restent encore peu précises, il s’étend sur une superficie de 75 000 Km2 (Fall, 1997) à 90 000 Km2 (Giffard, 1974). a) b) Figure 1. Localisation du Ferlo (hâchuré : fig.a) et le terroir de Katané (hâchuré :fig.b) dans la réserve de faune du Ferlo-Nord 3 0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000 1963 1966 1969 1972 1975 1981 1984 1987 1990 1993 1996 1999 2002 2005 Années Pluiviométrie ( mm ) Situé au sud du bassin du Fleuve Sénégal, le Ferlo est limité : • à l’Est et au Nord par la vallée du Fleuve Sénégal ; • à l’Ouest par le lac de Guiers ; • au Sud par le bassin arachidier. Administrativement le Ferlo est à cheval sur les régions de Matam, de Saint-Louis, de Louga, de Tambacounda, de Diourbel et de Kaolack. 

Caractéristiques climatiques

Le climat est tropical sec de type sahélien avec deux saisons : une saison des pluies qui dure de 3 à 4 mois et une saison sèche plus longue qui dure 8 à 9 mois. La pluie intervient de par sa quantité et sa répartition sur la composition de la flore ainsi que sur la hauteur et la densité de la végétation. La pluviométrie moyenne de la station de référence (Ranérou) pour la série de données pluviométriques de 1963 à 2006 est de 450 mm (fig.2). La variabilité interannuelle des précipitations annuelles permet d’identifier deux périodes : • une période globalement humide de 1963 à 1969 caractérisée par une pluviométrie moyenne supérieure à 500 mm par an ; • une succession d’années sèches de 1970 à 2006 (7 années sur 27 ont enregistré une pluviométrie supérieure à la pluviométrie moyenne interannuelle. Figure 2. Evolution inter annuelle de la pluviométrie de 1963 à 2006 (Source : DMN) Les températures moyennes mensuelles sont fort variables, de 22,8°C (janvier) à 32,9°C (juin). Elles atteignent 40-45°C au cours du mois de mai. L’humidité relative de l’air est très variable avec des minima de 15% février-mars et des maxima de 90% en août. L’évaporation qui observe les mêmes variations que les températures accélère l’assèchement des mares (Dieme, 2003). Au Ferlo, le régime éolien est caractérisé par deux types de vents : • les alizés et les harmattans de novembre à mai ; ce sont des vents chauds et secs qui soufflent du Nord au Nord-Est et Nord-Ouest ; • les moussons soufflant du Sud au Sud-Ouest, de Juin à Octobre et qui sont responsables de la remontée du FIT et de l’arrivée des pluies. La saison des pluies commence en juin et se termine en septembre/octobre (fig. 3). Les mois de juillet, août et septembre totalisent 77,81 % des précipitations et constituent les mois biologiquement humides correspondant à la période où la pluviométrie moyenne mensuelle est supérieure ou égale à 160 mm. La saison sèche commence au mois de novembre et se termine au mois de juin.  Le bilan hydrique (fig.3) de la zone sur dix ans a permis de constater que l’évapotranspiration reste généralement élevée même pendant la saison des pluies (>40 mm/cm2 ). Figure 3. Evolution décennale (1997 à 2006) de la pluviométrie et de la transpiration à la station de référence de Ranérou

Sol et relief

Au Ferlo, Valenza et Diallo (1972) ont distingué: • un sol sableux au Nord, qui est une région constituée de dunes mobiles sur cuirasses issues de dépôts détritiques du Continental Terminal ; • un sol sablo-argileux à argilo-sableux au Sud, logé dans des vallées interdunaires et des dépressions ; • un sol latéritique au Sud-Est, à substrat cuirassé et ferrugineux, qualifié souvent de gravillonnaire du fait de l’affleurement des cuirasses secondaires suite à l’érosion hydrique. Le relief est relativement plat par rapport au reste du pays. Il est caractérisé par une vaste plaine incisée de vallées. Ce relief permet de distinguer 3 zones : la plaine alluviale du Fleuve Sénégal, le Diéri et enfin le Ferlo divisé en deux, le Ferlo sableux et le Ferlo latéritique (Déme, 2005).

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Ressources hydriques

Les ressources en eau sont très diversifiées au Ferlo, mais elles sont souvent sous-exploitées pour certaines (les nappes d’eau superficielles et celles du Mæstrichtien), tandis que d’autres n’existent que temporairement (mares). En effet, le Ferlo sableux ne présente aucune trace d’écoulement organisé et est caractérisé en saison des pluies par la présence d’une multitude de petites mares endoréiques. Le Ferlo cuirassé présente au contraire un réseau bien structuré de marigots à écoulement saisonnier de part et d’autre d’un axe de drainage principal. Cette zone porte le nom de vallée du Ferlo dans la partie amont, et de Bouma en aval, constitue l’ancien émissaire du lac de Guiers qui n’est plus fonctionnel actuellement (Barral, 1982). 

Les hommes et leurs activités

La population, de 550 000 habitants environ, est majoritairement composée des Peuls, des Wolofs, des Maures et des Toucouleurs. Sur la base des critères écologiques et des systèmes d’exploitation des ressources naturelles, les Peuls sont divisés en deux grands groupes : • les Peuls du Walo (grandes cuvettes argileuses du lit majeur du Sénégal, plus ou moins régulièrement inondées lors des crues du fleuve) qui sont localisés près des zones d’inondation ; le campement étant toujours à proximité des mares distantes de quelques dizaines de kilomètres au maximum. Pendant les premières pluies, ces derniers transitent au (1) (2) (1) 5 niveau de la zone tampon entre le Walo et le Diéri où les animaux trouvent les meilleurs pâturages. Ils élèvent surtout les petits ruminants, les ovins en particulier. • les Peuls du Diéri (zone des plateaux jamais inondée où se pratiquent les cultures pluviales) s’enfoncent beaucoup plus à l’intérieur du Ferlo pour regagner leurs campements d’hivernage, toujours situés à proximité des mares. Ils exploitent surtout les bovins. Les systèmes de production combinent trois activités économiques principales: l’élevage, la cueillette et l’agriculture (Touré, 1997). 

Élevage

L’élevage reste l’activité dominante et occupe prés de 90% de la population locale. Le cheptel est constitué essentiellement par les principales espèces qui sont entre autre les bovins, les ovins, les caprins, les équins, les asins et les camelins. Au Ferlo, le système d’élevage est pastoral. Il s’agit d’un système de type extensif basé sur l’exploitation des ressources naturelles et la mobilité des groupes pastoraux (éleveurs, leurs familles et animaux) à la recherche d’eau et de pâturages (Barral, 1982). 1.5.2 Cueillette Les activités de cueillette sont très anciennes dans la partie sud, il s’agit de l’exploitation de la gomme arabique obtenue par saignée de Acacia senegal, des fruits de jujubiers (Ziziphus mauritiana) et surtout des fruits de Balanites aegyptiaca. De nombreuses autres plantes sont exploitées à des fins alimentaires et médicinales (Touré et Arpaillange, 1986). 

Agriculture

Dans la partie nord, l’agriculture est pluviale et concerne essentiellement les Wolofs et les Toucouleurs. Les cultures sont essentiellement les céréales (mil sunna : Pennisetum gambicum), les légumineuses (niébé : Vigna sinensis) et une cucurbitacée (Citrullus lanatus) dont la chair est utilisée dans l’alimentation du bétail et les graines dans la fabrication d’une huile végétale. 1.6. Végétation La végétation du Ferlo se présente sous la forme d’un tapis herbacé continu piqueté d’arbres et d’arbustes. Les arbustes et arbres fréquemment épineux ne forment jamais une strate continue (Akpo, 1992). La végétation est dominée par la savane arbustive devenant arborée au niveau des réserves sylvo-pastorales. Le couvert végétal comporte deux strates : une strate arborée ou arbustive composée d’épineux plus ou moins clairsemés et une strate herbacée (Diakhaté, 2000). La strate arborée est dominée par les combrétacées et les mimosacées tan disque la strate herbacée est dominée par les graminées annuelles. 6 1.7. Faune sauvage L’évolution de la faune sauvage du Ferlo est caractérisée par deux périodes : la période avant l’installation des forages (avant les années 1950) et la période après les forages. Jusqu’au début du XXème siècle, la faune était relativement importante, on pouvait trouver une grande variété de d’animaux sauvages telle que : le lion (Panthera leo,(L.)), le chacal (Canis aureus, (L.)), l’hyène (Hyena hyena (K.)), la panthère (Panthera pardus, (L.)), le chat-tigre (Felis tigrina, (L.)), le lynx (Lynx pardinus, (L.)), la girafe (Giraffa camelopardalis (L.)), l’éléphant (Loxodonta africana, (B.)), le guépard (Acinonyx jubatus (S.)). Les fleuves et les marigots étaient peuplés de lamantins (Trichechus sénégalensis (D.)), d’hippopotames (Hippopotamus amphibius (L.)) et de crocodiles (Crocodylus niloticus (L.)). Jusqu’en 1960 le Ferlo présentait un échantillon assez complet de la faune sahélo-soudanienne : la gazelle (Gazelle dama mhorr (B.)), le cobe de roseaux (Kobus defassa (R.)), le céphalophe (Ourebia ourebi (Z.)), l’hippotrague (Hippotragus equinus (D.)), l’hyène rayée (Hyena hyena (K.)), le chacal (Canis aureus (L.)), le lycaon (Lycaon pictus (T.)), l’oryctérope (Orycteropus capensis (P.)), l’autriche (Sthrutio camelus (L.)), la grande outarde (Eupodotis melanogaster (R.)) et les pintades (Numida meleagris (L.)) (Barral, 1982). Avec l’installation des forages et la pression anthropique, beaucoup d’animaux ont disparu. Actuellement il y existe des espèces comme la gazelle front roux (Gazella rufifrons (G.)), la tortue sulcata (Geochelone sulcata (M.)), l’Autruche (Struthio camelus (L.)), le phacochère (Phacochoerus africanus (L.)), des reptiles comme le varan (Varanus niloticus (L.)), la pintade (Numida meleagris (L.)), le grand calao d’Abyssinie (Bucorvus abyssinicus (B.)), le francolin (Francolinus bicalcaratus (L.)), les outardes arabes (Eupodotis melanogaster (R.)) et le coucal (Centropus senegalensis, (L.)) (Barral, 1982). Des espèces entre temps disparues ont été réintroduites. Il s’agit de la gazelle (Gazelle dama mhor (B.)) et de l’oryx (Oryx algazelle (C.)) qui seraient endémiques (PGIES, 2006).

Table des matières

INTRODUCTION
Chapitre 1. PRESENTATION DU FERLO
1.1. Situations géographique et administrative
1.2. Caractéristiques climatiques
1.3. Sol et relief
1.4. Ressources hydriques
1.5. Les hommes et leurs activités
1.5.1 Élevage
1.5.2 Cueillette
1.5.3 Agriculture
1.6. Végétation
1.7. Faune sauvage
1.8. Le terroir de Katané dans la Réserve de faune du Ferlo-Nord
Chapitre 2. MATERIEL ET METHODES
2.1. Matériel
2.2. Méthodes utilisées
2.2.1. Echantillonnage des sites
2.2.2. Caractérisation de la végétation ligneuse
2.2.3. Traitement des données
Chapitre 3. RESULTATS
3.1. Etat actuel du peuplement
3.1.1. Diversité spécifique
3.1.2. Effectif
3.1.3. Densité
3.1.4. Surface terrière
3.1.5. Recouvrement
3.1.6. Importance écologique des espèces
3.2. Structure du peuplement
3.2.1. Variation selon la hauteur
3.2.2. Variation selon la grosseur du tronc
3.2.3 Variabilité spatiale
3.2.3.1. Mise en évidence de l’hétérogénéité du peuplement
3.2.3.2. Caractéristiques des groupements identifiés
3.2.3.3. Importance écologique des espèces
3.2.3.4. Structure des groupes
3.3. Régénération du peuplement
Chapitre 4. DISCUSSION & CONCLUSION
4.1. Discussion
4.2. CONCLUSION

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