Facteurs influençant la qualité et la quantité de la semence

Facteurs environnementaux

Éclairement

Comme chez la femelle, le mâle est très sensible à la photopériode, dont dépend son activité sexuelle et sa libido. Il faut donc essayer d’augmenter l’éclairage artificiel des félins dont la fertilité reste discutable [73].
La période sèche est plus propice à la production d’une semence de bonne qualité chez le jaguar [49], étude explicitée en annexe 9.

Stress

Tout stress peut affecter la libido. Notons que le transport est un facteur de stress important et qu’il peut affecter de façon considérable la libido. Ceci peut poser problème lors de saillie organisée à distance pour les félidés sauvages.
La captivité joue un rôle non négligeable dans le tress des animaux. Aucune étude ne porte sur ce sujet de façon spécifique, mais la difficulté rencontrée par plusieurs parcs zoologiques à obtenir une reproduction satisfaisante de leurs félins en est la preuve.
Le comportement d’évitement des guépards face à leurs prédateurs, que sont le lion et la hyène tachetée Crocuta( crocuta), a des conséquences en ce qui concerne la reproduction. Ceci a été confirmé par cette étude [21] mettant en évidcenle fait que la reproduction des guépards est plus active dans des zones de faibles densités de leurs prédateurs.

Alimentation

La malnutrition est également un facteur de stress,mais plus insidieuses sont les carences. Seules les carences graves ou les déséquilibres majeurs durables produisent des effets nets. Parce que la fonction de reproduction est prioritaire, elle est l’une des premières à être affectée par les déficits nutritionnels [51].
D’un point de vue qualitatif, les aliments indispensables sont les acides gras essentiels, les vitamines liposolubles, la vitamine B12 (elle intervient dans le catabolisme des stéroïdes), l’acide pantolénique (cofacteur de la synthèse des stéroïdes), l’iode (qui intervient dans le métabolisme thyroïdien) et le phosphore (élément clé des transports d’énergie à l’échelle cellulaire).
De plus, le félin est sujet à des troubles du métabolisme de la vitamine A. L’hypervitaminose A provoque une dégénérescence testiculaire qui s’accompagne d’un arrêt de la spermatogénèse. Au contraire, du fait de leur imposibilité à métaboliser leβ carotène, les félidés sont très sujets aux hypovitaminoses A dont les conséquences sur la fonction de reproduction restent à démontrer. On note cependant que cette affection se traduit par l’apparition de lésions ankylosantes de la colonne vertébrale. La raideur qui en résulte peut rendre le coït impossible et/ou douloureux.

Interaction avec les molécules anesthésiques

Comme toute molécule chimique, il n’est pas insenséde penser que les agents anesthésiques peuvent interférer avec la qualité de la semence prélevée, positivement et/ou négativement.
Certains auteurs préconisent une prémédication : xylazine ROMPUN® à 1mg/kg par voie intramusculaire ; ou thiopental sodique (2,5 %) [6] et atropine (au rapport ¼) par voie intraveineuse lente jusqu’à suppression du reflexe d’agitation de s moustaches [42] ; ou encore acépromazine [73].
On utilise préférentiellement le protocole anesthésique suivant : kétamine IMALGENE 1000® administréeseule à 25 ‐ 33mg/kg en IM ou kétamine à 5 mg/kg associée à la médétomidine DOMITOR® à 80 µg/kg en SC ou encore médétomidine seule à 100‐150 µg/kg SC. Ce dernier protocole semble accroître la concentration en spermatozoïdes [78].
Les anesthésies répétées ne semblent pas altérerqualitéla de l’éjaculat [54].
De plus, selon Dooley et al. [20], la kétamine ne contribue pas au flux rétrograde de spermatozoïdes dans la vessie durant l’électroéjaculation comme cela avait pu être suspecté.
Le prélèvement par éjaculation pharmacologiquementinduite a également été étudié chez le chat par Zambelli et al. [79, 80]. L’isoflurane a aussi été testé et engendre une meilleure mobilité de la semence chez le chat domestique [41].
Un protocole anesthésique kétamine/propofol sur deslions a été aussi évalué [22], en comparaison à deux autres protocoles déjà utilisés. Le premier groupe de lions fut induits à la xylazine (1 mg/kg) puis à la kétamine (10 mg/kg) en intramusculaire, une antagonisation étant alors possible avec de la yohimbine à 0,1 mg/kg en intrav eineuse ; le deuxième groupe, induit par une injection de ketamine (10 mg/kg) en intramusculaire puis un relais kétamine (2 mg/kg) /diazepam (0,2 mg/kg) en intraveineuse ; et enfin le troisième groupe, anesthésié par une injecton intramusculaire de kétamine (10 mg/kg) puis relais veineux au propofol (1 mg/kg en bolus une fois puis à la demande, de 0,5 en 0,5 mg/kg). Une fréquence cardiaque plus faible et un tonus de la mâchoire moins prononcé furent observés dans le groupe un par rapport au groupe deux. Aucun effet secondaire n’a été observé suite à l’injection de propofol, qui peut donc être considéré comme approprié et sans dangers en tant qu’anesthésique de maintenance chez le lion.
Une autre étude sur le propofol vient corroborer la précédente, et ce chez les félidés en général.

Contamination urinaire

L’éjaculation rétrograde est le phénomène de refluxtotal ou partiel de la semence mâle lors de l’éjaculation, allant de la partie postérieure de l’urètre à la vessie. C’est un processus connu et mis en évidence chez l’homme, moins connu chez l’animal, mais décrit chez le chien [27].
Ainsi, comme l’étude de la neuro-physiologie de l’appareil génital mâle des félins nous l’a montré, la stimulation électrique des sondes rectales entraîne-t-elle la contraction des muscles lisses des voies spermatiques efférentes, et par la même,la contraction des muscles lisses vésicaux et urètraux. Les spermatozoïdes ayant reflués dans l’urètre et la vessie sont réexpulsés en présence d’urine. Ce milieu de pH acide n’est évidemment pas optimal pour la survie des spermatozoïdes, nous l’avons vu dans les paragraphes précédents.
Il est donc indispensable de pallier à ce problème de contamination urinaire.
Pour les prélèvements par électroéjaculation, on marquere qu’une contamination urinaire se produit le plus souvent à partir de 8V [28,76], et on observe fréquemment une contamination urinaire de l’éjaculât pour une tension supérieureà 6 V.
De plus l’importance du flux rétrograde varie d’un individu à l’autre. Nous avons vu précédemment que ce phénomène était présent physiologiquement chez certains chats. Il existe également une forte proportion de chats oligozoospermiques, mêmes s’ils sont matures sexuellement, ce qui est visible d’après la taille des organes génitaux externes et le développement des spicules sur le pénis. L’oligozoospermie peut être due au chat lui‐même ou au flux rétrograde vésical plus ou moins abondant.
Pour éviter la contamination urinaire, certains auteurs proposent de vidanger préalablement la vessie et de la laver avec du chlorure de sodium à 0,9 %. On peut la remplir ensuite avec du milieu de dilution afin de tamponner l’urine en prévention (Hill Debrandt, Institut zoologique de Berlin, données non publiées, communication personelle).
L’objectif de l’étude de Beaufays et al. est de mettre en évidence un avantage potentiel de l’utilisation de la phénylpropanolamine sur ce phénomène d’éjaculation rétrograde : une dose de 4 à 8 mg/kg de cette molécule administrée cinq jours avant l’électroéjaculation, per os, de façon journalière, diminue significativement la pression dans l’urètre distal et donc fait baisser considérablement le reflux [8]. D’un point de vue pratique, l’administration per os de la phénylpropanolamine avant la récolte de semence parélectroéjaculation est quasi voire même totalement impossible pour des espèces sauvages.
Un autre paramètre à considérer lors de prèlèvements de semence féline est le type de molécule d’anesthésie utilisé, permettant une moindre contamination urinaire. Par exemple, il faut éviter l’acépromazine en prémédication car elle prolonge fortement l’anesthésie et peut entraîner une contamination urinaire de l’éjaculat.

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