EFFET D’UNE SUBSTITUTION DU MAÏS PAR LES GOUSSES DE FAIDHERBIA ALBIDA SUR LES PERFORMANCES DE CROISSANCE DU POULET DE CHAIR
Utilisations de F. albida
Utilisation de F. albida dans les systèmes agro-pastoraux
Au Niger, Faidherbia albida est une espèce ubiquiste présente dans la bande Sud du pays, le long des vallées fertiles. Mais le plus beau peuplement se trouve sur les sols sableux des dallols et des forêts classées. L’omniprésence de F.albida dans tous les terroirs villageois montre qu’il est intensément lié aux civilisations agro-pastorales. Ce système à parcs s’est pendant longtemps identifié à la stratégie Sérère de conservation et de protection des écosystèmes agro-pastoraux ISRA(1997). Mais on observe actuellement une forte régression du peuplement à cause d’une surexploitation. Au niveau agro-écologique, F.albida joue un rôle primordial dans les systèmes de production. Par son système racinaire, il retient les sols, les protégeant ainsi contre l’érosion. Il les enrichit également en matière organique (apport d’humus) et par fixation de l’azote atmosphérique, contribuant ainsi à l’augmentation des rendements des cultures. Il intervient également en réduisant considérablement l‘évapotranspiration potentielle et son enracinement profond ne gêne pas les plantes. Son cycle inversé fait que sa présence sur les surfaces cultivées ne gêne pas la photosynthèse. Le feuillage et les fruits de F. albida sont d’excellents aliments pour le bétail; il est certainement l’essence forestière la plus importante pour les agro-pasteurs. Au Niger, la fructification de F.albida a lieu entre Février et Mai, période pendant laquelle l’essentiel des parcours est constitué d’herbe de valeur alimentaire médiocre. La production moyenne d’un arbre est de 135 kg par an. Ces données sont proches de celles rapportées par ISRA (1997) qui évaluait la production à environ 200 kg de biomasse foliaire et 150 kg de gousses par an pour l’arbre non émondé contre 20 kg seulement de gousses et autant en feuilles pour arbre émondé. C’est pourquoi actuellement, les populations locales conscientes de ce phénomène, s’opposent énergiquement à l’émondage exercé par les pasteurs transhumants. Ce contrôle est difficile quand on sait l’utilisation multiple de F.albida pratiquement indispensable pour toutes les activités de production du milieu rural. C’est pourquoi son exploitation est un important facteur de conflit entre agriculteurs et éleveurs.
Limites de l’utilisation de Faidherbia albida en alimentation animale
Ces limites sont liées à la présence éventuelle des facteurs antinutritionnels qui ont été identifiés chez les légumineuses en général.
Les facteurs anti-trypsiques
Les facteurs anti-trypsiques ou inhibiteurs trypsiques sont des protéines qui ont la propriété d’inhiber les protéases à sérine comme la trypsine et la chymotrypsine(LARBIER et LECLERCQ, 1992). Ils sont largement représentés dans le règne végétal et particulièrement abondants chez les légumineuses (PAGE et al., 1999).Dans le tube digestif, Ils agissent par la formation de complexes enzyme-inhibiteur irréversibles avec les enzymes tels que la trypsine, la chymotrypsine l’élastase, la pronase, l’endopeptidase, la papaïne, les inactivant ainsi (HUISMAN et JANSMAN 1991 ; LARBIER et LECLERCQ, 1992 ; DUC, 1996). Ces complexes(protéases digestives – facteurs anti-protéases) riches en acides aminés soufrés, sont excrétés intacts, ce qui augmente les pertes endogènes de protéines, diminue fortement la digestibilité des protéines et accentue la carence en acides aminés soufrés des légumineuses (DUC, 1996). La baisse de la concentration d’enzyme dans l’intestin grêle conduit, par rétroaction, à une hypersécrétion compensatrice de trypsine, ce qui provoque une hypertrophie du pancréas chez le poulet (DUC, 1996; CREVIEU-GABRIEL, 1999).
Les tannins
Les tannins sont des composés polyphénoliques qui se subdivisent en deux groupes: les tannins hydrolysables et les tannins condensés. Ce sont ces derniers que l’on trouve dans les graines de céréales et de légumineuses (DUC, 1996 ;CREVIEU-GABRIEL, 1999). Ils sont responsables de baisses de digestibilité des protéines et de l’amidon chez les oiseaux, par liaison aux protéines de l’aliment mais également avec celles des sucs digestifs, ce qui les rend inactives. Les tannins sont aussi responsables d’une augmentation des pertes de protéines endogènes en augmentant les sécrétions d’enzymes digestives (DUC, 1996 ; CREVIEU GABRIEL, 1999).
Les phytates
Les phytates, qui constituent la forme de réserve du phosphore de la plante, représentent de 0,5 à 3,4 % de la matière sèche des principales matières premières végétales utilisées en alimentation animale. Ils ont des propriétés chélatantes et forment des complexes avec les minéraux, mais aussi avec les protéines(CREVIEU-GABRIEL, 1999). Cependant les résultats des travaux sont mitigés sur leurs éventuels effets négatifs.
Les Lectines Ou phyto-hémagglutinines
Les lectines sont des glycoprotéines assez répandues dans le règne végétal, particulièrement chez les légumineuses (DUC, 1996 ; PAGE et al., 1999). Les Mêmes auteurs estiment que ces protéines présentent une capacité d’agglutination des molécules glucidiques qui leur confère, entre autres, la propriété d’agglutiner les hématies. Elles seraient responsables d’allergies alimentaires liées aux graines de légumineuses (PAGE et al., 1999). Selon CREVIEU-GABRIEL ,1999) les lectines ont la propriété de se fixer sur la muqueuse intestinale, où elles pourraient avoir différents effets antinutritionnels : diminuer l’absorption, favoriser la prolifération des cellules intestinales, augmenter la sécrétion de mucines, donc augmenter les pertes endogènes, perturber la perméabilité intestinale. Elles provoquent des retards de croissance et une inflammation des cellules épithéliales de l’intestin (DUC, 1996)
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