FACTEURS EMPECHANT L’AGRICULTURE DEJOUER SES ROLE

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Faiblesse de la productivité agricole

La productivité agricole s’est développée plus lentement à Madagascar que dans la plupart des autres pays à potentiel agro climatique similaire. Avant le début de la Révolution verte asiatique, la moyenne des rendements rizicoles à Madagascar était identique à celle observée en Indonésie. Au cours des quarante dernières années, les rendements rizicoles en Indonésie se sont multipliés, alors qu’ils ont stagné à Madagascar (cf. graphique 2). Aujourd’hui, l’écart entre la moyenne des rendements réalisés par les agriculteurs et les rendements maximum atteignables dans des conditions expérimentales se trouve proche de 75 % à Madagascar contre 20 % en Indonésie. La faiblesse de la productivité agricole à Madagascar peut être attribuée à de multiples causes sous-jacentes décrites ci-dessous : ™ L’utilisation de pratiques agricoles dépassées : à cause des connaissances insuffisantes des producteurs en matière de technologies améliorées, et de la faiblesse des programmes de formation et de vulgarisation. L’expérience de nombreux pays montre que la manière la plus efficace de fournir des services de conseil et de vulgarisation consiste en l’adoption de systèmes pluralistes qui rassemblent les institutions publiques, les entreprises privées et les organisations de la société civile. Un tel système n’existe pas à Madagascar. ™ La disponibilité limitée et le coût élevé des intrants améliorés (surtout les semences et les engrais), ce qui s’explique par le faible développement des systèmes de distribution d’intrants, le niveau élevé des coûts de transport et la faiblesse du secteur privé. ™ La faible utilisation de crédit pour la production causée par le manque de demande effective de financement bancaire, d’une part, et d’une offre de service inappropriée, d’autre. De nombreux producteurs agricoles manquent des connaissances et des compétences nécessaires pour recourir au financement du secteur bancaire, et ceux qui en sont dotés sont considérés par des banques comme des clients non attractifs parce qu’ils ne peuvent fournir que très peu de garanties et parce qu’ils présentent des plans d’investissement pour les activités considérées comme risquées.  ™ La déficience des infrastructures de production, surtout des infrastructures d’irrigation, ainsi que des aires de séchage et des magasins de stockage. En outre, une des raisons majeures de la faiblesse de la productivité de riz réside dans le manque de maîtrise efficace de l’eau. La proportion de terres cultivées irriguées apparaît relativement élevée selon les normes mondiales – environ 31 % en 2005 – mais presque 3/4 des terres irriguées le sont par l’utilisation de micro-périmètres, généralement à faible maîtrise d’eau (INSTAT, 2008) ™ . Le faible capital humain. Les travailleurs agricoles souffrent d’une diminution de leur capacité physique (résultat de la mauvaise nutrition, de l’insuffisance des services ruraux de santé, et de la prévalence des maladies débilitantes) et d’un manque de compétences (attribuable au manque d’opportunités d’éducation pour la population rurale, en particulier d’opportunités de formation professionnelle). ™ L’absence de sécurité foncière, due à un système qui repose depuis toujours sur les systèmes traditionnels d’allocation et d’administration de terre, lesquels découragent l’investissement dans les améliorations de la productivité, surtout l’irrigation et la construction de terrasses (cf. Note sur la gestion du foncier). Bien que 86 % de la terre utilisée pour l’agriculture soit classée propriété privée, seuls 8 % des chefs de ménage détiennent un titre formel de propriété pour leur terrain (INSTAT ,2008). ™ La dégradation des ressources naturelles, due à l’utilisation de pratiques agricoles nuisibles à l’environnement et non durables, notamment les méthodes de culture sur brûlis utilisées pour le défrichement de terrain et l’agriculture itinérante (cf. Note sur l’environnement). 

Sous performance des marchés agricoles

La médiocrité de la performance des marchés agricoles de Madagascar peut être attribuée à plusieurs causes sous-jacentes, dont deux méritent une attention particulière : ¾ Infrastructure inadaptée pour la commercialisation, notamment les infrastructures de transport, qui nuisent à l’intégration des marchés agricoles. Comme cela est mis en évidence, de nombreuses régions restent enclavées car le réseau routier existant se révèle sous-développé et mal entretenu. L’Indice d’Accès Rural pour Madagascar, défini comme le pourcentage de population rurale qui vit à moins de 2 km d’une route praticable toute l’année, est de 2,4 %, taux extrêmement faible comparé aux autres pays en développement (Banque Mondiale, 2009). L’entretien routier coûte cher, en partie à cause des dégâts causés par les fréquents orages et cyclones tropicaux. 36 ¾ Climat des affaires non favorable qui décourage l’investissement privé, en particulier pour les petites et moyennes entreprises qui ne disposent pas des moyens financiers et humains pour faire face aux procédures règlementaires longues et coûteuses (cf. Note sur le climat des affaires). La majorité des opérateurs dans le secteur agricole restent confinés dans le secteur informel, ce qui les prive de l’accès au financement bancaire et aux programmes de soutien organisés par le Gouvernement. Ces pesanteurs administratives agissent également comme des barrières à l’entrée, et découragent l’arrivée des investisseurs potentiels. Des années de sous investissement expliquent que les marchés agricoles demeurent sous-développés, peu compétitifs, et trop souvent soumis à la manipulation d’un petit nombre d’acteurs économiquement dominants et politiquement protégés. III- Faiblesse des institutions, incohérence des politiques et mauvaise gouvernance : Les institutions publiques opérant dans l’agriculture à Madagascar entre se trouvent fragmentées, insuffisamment pourvues de personnel qualifié, et gérées de manière souvent incohérente. La responsabilité des fonctions-clés est distribuée entre plusieurs ministères et agences, ce qui nuit à la mise en place d’une vision globale pour le développement du secteur. Avant la crise politique, des progrès avaient été effectués dans l’élaboration d’une approche budgétaire programmatique intégrée, mais cet effort s’était ralenti à cause de l’alignement insuffisant du secteur sur une stratégie bien définie, de la carence d’un plan d’investissement entièrement budgétisé, et de l’absence d’un cadre de dépenses à moyen terme. L’éclatement du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche en trois ministères séparés augmente le risque de fragmenter encore plus le fonctionnement du secteur. o Inefficacité des politiques. Si les politiques agricoles à Madagascar ont varié au cours des années, leur trait commun a été le recours aux initiatives, programmes et projets ponctuels pour fournir des solutions immédiates à des urgences. Les politiques agricoles ont tendance à être modifiées au rythme des changements de dirigeants politiques. De nombreuses initiatives et programmes spéciaux, malgré leur bonne intention initiale, ont été financièrement non soutenables Les participants œuvrant le long de la chaîne d’approvisionnement sont frustrés et soulignent fréquemment l’inefficacité des politiques du Gouvernement. La principale critique émane des agriculteurs, transformateurs et commerçants dans le sous-secteur du riz, notamment en raison des messages divergents du 37 Gouvernement concernant la production, l’importation et le commerce de ce produit stratégique. Le problème apparaît similaire pour d’autres sous-secteurs, par exemple ceux de la vanille et du letchi, où le gouvernement a introduit une politique de prix éloignée des règles du marché, relativement coûteuse et risquant d’introduire des incitations perverses pour les producteurs et négociants. o Faible gouvernance : La politique agricole à Madagascar n’est pas à l’abri des influences politiques, qui conduisent parfois à des comportements opportunistes plutôt qu’à l’adoption de mesures cohérentes visant à maximiser l’efficacité du secteur dans le long terme. Les exemples ne manquent pas, tels les récents efforts pour imposer des prix minimum à l’exportation pour les letchis et la vanille, ainsi que l’utilisation de campagnes de production qui ont favorisé excessivement des types particuliers d’engrais de production locale. A travers ces facteurs qui empêchent l’agriculture de jouer son rôle dans sa contribution au développement rural, le chapitre suivant sera consacré sur quelques propositions de manières pour relancer l’agriculture afin qu’elle puisse réellement participer au développement rural à Madagascar. 

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