Facteurs déterminants de l’efficience des banques des trois pays du
Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie)
Méthodologie
Pour examiner les facteurs qui influencent l’efficience des banques, nous utilisons une approche à deux étapes (two-step approach) comme le propose Coelli et al. (1998). En d’autres termes, les mesures de l’efficience obtenues précédemment par la méthode DEA sont utilisées comme étant la variable dépendante (expliquée), tandis que, des facteurs spécifiques aux conditions macroéconomiques, sectorielles ou à la banque sont présentés comme étant des variables indépendantes (explicatives). La régression est effectuée selon un modèle Tobit1 . Ce dernier est plus adéquat à notre étude qu’une simple régression par la méthode des moindres carrés. En effet, le modèle Tobit est utilisé lorsque la variable dépendante est censurée ou limitée. Dans notre cas, l’efficience des banques varie entre 0 et 1. Le modèle Tobit est une extension du modèle Probit, développé par James Tobin., d’où l’appellation Tobit. En effet, il s’agit d’un modèle qui se trouve entre la méthode des moindres carrées et les modèles de régression à variable qualitative2 . C’est pour cette raison que dans le cas des variables dépendantes limitées, les modèles Tobit génèrent des estimations plus consistantes aux coefficients de la régression, contrairement aux estimations de la méthode des moindres carrés. En ce qui concerne l’examen des facteurs qui influencent l’efficience des banques, plusieurs études ont choisi un modèle Tobit. Nous citons par exemple, Grigorian & Monole (2002) pour les banques commerciales des pays en transition, Alrafadi et al.(2014) pour les banques commerciales libyennes, Adhegaonar V. (2015) pour le cas des banques commerciales en Inde, Gunes et Yilmaz (2016) pour le cas des banques Turques.
Spécification du modèle
L’efficience des banques, notamment dans les trois pays du Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie), est influencée par plusieurs facteurs que nous avons regroupés en trois différentes catégories; des facteurs spécifiques à la banque, des facteurs qui concernent le secteur dans lequel évoluent cette banque, et enfin, des facteurs qui concernent les conditions économiques dans lequel opèrent la banque. La régression ressemble alors à la fonction suivante: Yij= f (Bij, Mj, Sj) Où: Yij est une mesure de l’efficience de la banque i; Bij représente les variables spécifiques à la banque j; Mj indique les variables qui caractérisent l’environnement macroéconomique de la banque i; Sj concerne les variables qui caractérisent l’ensemble du secteur financier dans lequel évolue la banque i. III.2. 1. Spécification de la régression Tobit Un choix de variables (pour chaque catégorie) doit être effectué pour élaborer un modèle définitif. Nous rappelons que nous ne pouvons pas évoquer toutes les variables qui peuvent influencer l’efficience. Aussi, les données de certaines variables ne sont pas disponibles. Au premier lieu, les données concernant les variables suivantes sont collectées: Les variables spécifiques à la banque: – Une variable qualitative (PUB) correspond à la propriété publique, elle prend la valeur de 1 si la banque est détenue par l’Etat, et la valeur de 0 autrement. – La taille de la banque (SIZE) mesurée par le logarithme du total des actifs de la banque i. – Une variable quantitative (LIQ) qui n’est que le ratio du total des crédits distribué par la banque i par rapport au total de ses dépôts. 226 – Le risque du crédit encouru par la banque i (CREDIT) mesuré par le total des prêts accordés par la banque au total de ses actifs. Il est aussi une mesure de l’importance du crédit qu’octroie la banque. En effet, plus ce taux est élevé plus la banque encoure plus de risque. – La rentabilité de la banque, mesurée par le ratio du résultat de l’exercice divisé par le total des actifs de la banque i (ROA). Les variables spécifiques au secteur financier: Une seule variable est retenue concernant les variables qui caractérisent le secteur financier. Il s’agit de la variable RISKBANK qui représente le risque dans le secteur bancaire obtenu par le ratio du total des créances douteuses au total des prêts distribués par le secteur bancaire. Les variables qui caractérisent l’environnement macroéconomique: – Une variable qui caractérise le développement économique du pays obtenu par le PIB par habitant (PIB_H). – L’inflation (INFLATION), pour démontrer quel impact a l’inflation sur l’efficience des banques. La liste des variables présentée ci-dessus n’est pas exhaustive car certaines variables sont retirées de la régression pour éviter tout problème de muticolinéarité. Par exemple, on peut citer la variable qualitative (FOREIGN) qui prend la valeur de 1 si la banque est étrangère, et la valeur de 0, si la banque est nationale qui semble avoir une forte corrélation avec la variable qui désigne les banques publiques. Aussi, le progrès technologique du secteur bancaire, la taille du marché financier, la croissance économique et le ratio de M2/PIB sont aussi fortement corrélés.
Hypothèses du modèle
– Propriété étatique de la banque (PUB): nous considérons que la présence de l’Etat dans le secteur bancaire réduit la concurrence dans le marché. Aussi, les banques publiques cherchent à accomplir des services financiers, parfois avec une certaine logique sociale, plutôt que, de maximiser le profit. Ainsi, les banques publiques sont supposées être moins efficientes que les banques privées. H0: La propriété publique de la banque n’affecte pas l’efficience bancaire Ha: La propriété publique affecte négativement l’efficience des banques. – Une taille grandissante des banques permet d’obtenir des économies d’échelle. Ceci permet aux banques d’être plus efficientes H0: la taille de la banque n’a pas d’impacte sur l’efficience des banques Ha:La taille de la banque est positivement liée à l’efficience de celle-ci – Plus la banque est liquide, plus elle est dans la capacité de gérer les risques et tout imprévu. Nous estimons que les banques liquides sont plus performantes. H0: La liquidité de la banque ne détermine pas l’efficience Ha: la liquidité de la banque affecte positivement l’efficience bancaire – Les banques qui encourent le plus de risque, sont des banques qui gèrent mal leurs ressources et qui octroient maladroitement les crédits. Elles sont donc moins efficientes. H0: Le risque n’est pas un critère de l’inefficience bancaire Ha: Le risque est négativement lié à l’efficience des banques. – Le rendement des actifs bancaires a été longuement utilisé comme mesure de la performance des banques. En effet, il est tout à fait naturel de penser que les banques les plus profitables sont les banques les plus efficientes.